contes du monde
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Le roi Cunomor
En ce temps-là, à Morvah, non loin de Penzance, il y avait un roi qu'on appelait Cunomor. Ses sujets l'aimaient bien, car c'était un bon roi. Il venait souvent partager le repas des uns et des autres et s'informer de leurs soucis, désirant avant tout faire respecter le justice sur ses terres. Mais chacun s'étonnait de le voir toujours la tête recouverte d'un bonnet de fourrure qui descendait jusqu'à ses oreilles, et cela été comme hiver, qu'il fît froid ou qu'il fît chaud.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que le roi Cunomor avait un secret : il avait des oreilles de cheval, et c'est pour cela qu'il se cachait toujours la tête sous un bonnet de fourrure. Et seul son barbier connaissait cette particularité, mais le roi lui avait fait jurer, sous peine d'être pendu, de ne jamais la révéler à un quelconque être humain. Le barbier, terrifié, avait aussitôt juré, et il avait tenu parole. Mais le secret lui pesait si lourdement qu'un jour il ne put tenir plus longtemps. Passant près d'un marécage où poussaient des roseaux, il fit un trou dans le sol, se pencha, mit sa tête à l'intérieur et prononça ces paroles :
- Le roi Cunomor a des oreilles de cheval !
Puis il reboucha soigneusement le trou et s'en alla, satisfait. Il avait révélé le secret, certes, mais non à un être humain : il l'avait confié à la terre, il n'avait donc pas trahi son serment.
Mais il avait oublié que la terre est la mère de tous les êtres. A l'emplacement du trou qu'il avait fait, un roseau poussa et grandit. Un jour, un musicien vint dans le marécage chercher des roseaux pour en faire de petites flûtes. Il coupa le roseau qui avait poussé dans le trou et s'en fit donc un chalumeau, bien content d'avoir trouvé ce qu'il fallait, car, le lendemain, il devait jouer des airs dans un bal qui se tenait au village.
Or, le roi Cunomor avait tenu à participer à la fête. Il vint se mêler aux villageois, plaisanta avec eux et se montra joyeux compagnon. Puis vint l'heure des danses. C'est lui qui ouvrit le bal avec la paysanne la plus jolie qu'on pût trouver. Ils se mirent donc en place, au milieu de la prairie, et les musiciens montèrent sur une estrade improvisée avec des planches sur des tonneaux. Et ils commencèrent à jouer.
Le roi n'avait pas fait trois pas qu'on entendit distinctement le chalumeau qui chantait des paroles au lieu des sons habituels. On prêta l'oreille avec attention et tous ceux qui étaient là en furent ébahis : car voici ce que chantait le chalumeau :
- Le roi Cunomor a des oreilles de cheval ! Le roi Cunomor a des oreilles de cheval ! Le roi Cunomor a des oreilles de cheval !
Et plus le musicien jouait en tapant du pied sur les planches, plus le chalumeau répétait la même chanson.
Le roi comprit très bien les paroles. Il commença par en être furieux, puis il se dit qu'il perdrait la face s'il ne faisait pas quelque chose. Il s'arrêta de danser et imposa le silence autour de lui. Puis, d'un geste brusque, il arracha son bonnet de fourrure.
- Voyez ! s'écria-t-il, la chanson a raison. Je ne vois pas pourquoi je cacherai davantage la vérité !
Tous purent voir que le roi Cunomor avait effectivement des oreilles de cheval. Et c'est depuis ce jour-là qu'on ne l'appela plus que le roi Mark.
* * *
Le nom de Mark est celtique (marc'h en breton et march en gallois) et signifie "cheval". Il est normal que ce conte soit raconté au village de Morvah, car le nom de Morvah est une altération du Morvarch, "cheval de mer".
Cette même histoire est racontée en de nombreux lieux du pays de Galles qui comportent le terme "march", et elle est également connue au hameau de Plomarc'h, près de Douarnenez, en Bretagne, où le roi s'appelle Guivarc'h. Il s'agit bel et bien du roi Marck de la légende de Tristan et Iseult, à l'origine personnage historique ayant régné, au VIème siècle sur une double Domnonée, à la fois le Cornwall-Devon et le nord de la Bretagne armoricaine.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que le roi Cunomor avait un secret : il avait des oreilles de cheval, et c'est pour cela qu'il se cachait toujours la tête sous un bonnet de fourrure. Et seul son barbier connaissait cette particularité, mais le roi lui avait fait jurer, sous peine d'être pendu, de ne jamais la révéler à un quelconque être humain. Le barbier, terrifié, avait aussitôt juré, et il avait tenu parole. Mais le secret lui pesait si lourdement qu'un jour il ne put tenir plus longtemps. Passant près d'un marécage où poussaient des roseaux, il fit un trou dans le sol, se pencha, mit sa tête à l'intérieur et prononça ces paroles :
- Le roi Cunomor a des oreilles de cheval !
Puis il reboucha soigneusement le trou et s'en alla, satisfait. Il avait révélé le secret, certes, mais non à un être humain : il l'avait confié à la terre, il n'avait donc pas trahi son serment.
Mais il avait oublié que la terre est la mère de tous les êtres. A l'emplacement du trou qu'il avait fait, un roseau poussa et grandit. Un jour, un musicien vint dans le marécage chercher des roseaux pour en faire de petites flûtes. Il coupa le roseau qui avait poussé dans le trou et s'en fit donc un chalumeau, bien content d'avoir trouvé ce qu'il fallait, car, le lendemain, il devait jouer des airs dans un bal qui se tenait au village.
Or, le roi Cunomor avait tenu à participer à la fête. Il vint se mêler aux villageois, plaisanta avec eux et se montra joyeux compagnon. Puis vint l'heure des danses. C'est lui qui ouvrit le bal avec la paysanne la plus jolie qu'on pût trouver. Ils se mirent donc en place, au milieu de la prairie, et les musiciens montèrent sur une estrade improvisée avec des planches sur des tonneaux. Et ils commencèrent à jouer.
Le roi n'avait pas fait trois pas qu'on entendit distinctement le chalumeau qui chantait des paroles au lieu des sons habituels. On prêta l'oreille avec attention et tous ceux qui étaient là en furent ébahis : car voici ce que chantait le chalumeau :
- Le roi Cunomor a des oreilles de cheval ! Le roi Cunomor a des oreilles de cheval ! Le roi Cunomor a des oreilles de cheval !
Et plus le musicien jouait en tapant du pied sur les planches, plus le chalumeau répétait la même chanson.
Le roi comprit très bien les paroles. Il commença par en être furieux, puis il se dit qu'il perdrait la face s'il ne faisait pas quelque chose. Il s'arrêta de danser et imposa le silence autour de lui. Puis, d'un geste brusque, il arracha son bonnet de fourrure.
- Voyez ! s'écria-t-il, la chanson a raison. Je ne vois pas pourquoi je cacherai davantage la vérité !
Tous purent voir que le roi Cunomor avait effectivement des oreilles de cheval. Et c'est depuis ce jour-là qu'on ne l'appela plus que le roi Mark.
* * *
Le nom de Mark est celtique (marc'h en breton et march en gallois) et signifie "cheval". Il est normal que ce conte soit raconté au village de Morvah, car le nom de Morvah est une altération du Morvarch, "cheval de mer".
Cette même histoire est racontée en de nombreux lieux du pays de Galles qui comportent le terme "march", et elle est également connue au hameau de Plomarc'h, près de Douarnenez, en Bretagne, où le roi s'appelle Guivarc'h. Il s'agit bel et bien du roi Marck de la légende de Tristan et Iseult, à l'origine personnage historique ayant régné, au VIème siècle sur une double Domnonée, à la fois le Cornwall-Devon et le nord de la Bretagne armoricaine.
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Re: contes du monde
Caresse du vent
Il y a bien longtemps, si longtemps que nul ne se souvient du moment où c’était, vivait sur la terre un peuple en communion totale avec la nature. Ils chassaient, pêchaient, construisaient des embarcations dans des troncs d’arbres brûlés ou fabriquaient des mocassins pour ne pas avoir mal aux pieds. L’organisation de cette société était parfaite à bien des égards et les nombreuses tribus qui composaient ce peuple vivaient en harmonie.
Dans une de ces tribus, il y avait un chaman appelé "Celui-qui-Sait-Tout". Il avait le pouvoir de guérir les maladies et de communiquer avec le monde de l’au-delà et les forces spirituelles qui habitent chaque élément de la nature : les animaux, les plantes, les astres, la pluie... Celui-qui-Sait-Tout avait une fille très belle prénommée "Caresse-du-Vent". Tous les guerriers de la tribu rêvaient de l’épouser parce qu’elle était pourvue de nombreuses qualités. Elle ne regardait aucun des guerriers qui lui faisaient la cour. Tout le jour, elle rangeait, nettoyait, faisait mille corvées pour elle mais aussi pour ses voisins. Jamais elle ne refusait de rendre un servie. Son tepee était le mieux rangé de la tribu et tout le jour, elle était affairée.
Une nuit, pendant la saison des fruits bien mûrs, Caresse-du-Vent a fait un songe. Un Manitou lui est apparu.
Le Manitou est un personnage qui possède des dons surnaturels - c’est la représentation vivante d’une des forces de la nature.
Celui qui vient dans son rêve est le Manitou de l’Air. Il lui apprend qu’il l’aime depuis le premier jour où il l’a vue et que jamais elle ne trouvera sur la terre aucun homme qui réussira à la rendre aussi heureuse que lui.
Le matin, lorsqu’elle se réveille, elle se souvient très bien de son rêve et elle en est troublée. Elle sort de son tepee pour aller chercher de l’eau fraîche et trouve juste devant l’entrée une superbe paire de mocassins brodés de perles multicolores. Sa jeune sœur "Perle-d’Orage" qui sort en même temps qu’elle trouve les mocassins fort à son goût et les lui demande. Caresse-du-Vent les lui donne et toutes les deux partent vers la rivière.
Chaque nuit, le rêve se reproduit. Chaque matin, lorsqu’elle sort de son tepee, Caresse-du-vent trouve un nouveau présent devant l’entrée : un collier, une tunique de peaux, un bandeau, une ceinture. A chaque fois, elle donne les cadeaux à sa jeune sœur qui est bien heureuse d’avoir une sœur aussi généreuse.
Mais à force de mal dormir la nuit, Caresse-du-Vent perd sa gaieté naturelle et ses forces semblent d’amenuiser. Elle reste souvent songeuse pendant de longs moments. Son père qui l’observe depuis plusieurs lunes se résout à lui parler un soir car il a bien compris d’où venait le tourment de sa fille.
- Dis moi, Caresse-du-Vent, tu sembles bien triste depuis la lune des cerises rouges. T’est-il arrivé quelque chose ? Si tu as du souci, je peux certainement t’aider.
Caresse-du-Vent ne détourne pas les yeux. Elle s’assied à côté de son père et lui raconte l’objet de son trouble.
- Père, je suis jeune et il est grand temps que je prenne un époux mais nul guerrier de la tribu ne me plaît. Chaque nuit, dans mes songes, le Manitou de l’air me demande de devenir son épouse. Je ne sais pas quoi faire et surtout, je ne sais pas comment le rencontrer car je sens que je l’aime un peu plus chaque jour. Chaque matin, lorsque je m’éveille, je trouve un présent devant le tepee. Je l’offre à Perle-d’Orage car je ne peux accepter de si beaux présents.
Celui-qui-Sait-Tout n’est pas étonné. Il se met à réfléchir et demande à ne pas être dérangé durant trois jours. Il entonne alors un chant magique qu’il psalmodie. Au bout des trois jours, il appelle sa fille :
- Caresse-du-Vent, j’ai parlé au Grand-Esprit. Tu dois maintenant décider de ton avenir. Si tu veux trouver le Manitou de l’Air, il te faut quitter la tribu et entreprendre un long voyage pour retrouver celui que ton cœur aime. Le Grand-Esprit y met cependant une condition : jamais tu ne pourras revenir parmi nous car tu vas subir une métamorphose.
Caresse-du-Vent sent très bien ce qu’elle doit faire. Elle aime son père, sa jeune sœur et sa tribu mais elle est certaine aussi qu’elle aime plus que tout le Manitou de l’Air. Elle n’a pas peur d’une métamorphose. Elle rassemble quelques affaires et se met en chemin dès le matin du jour suivant après avoir serré longuement son père et sa sœur dans ses bras.
Elle marche tout le jour sans prendre le temps de s’arrêter. Au moment où le soleil est se couche, la faim commence à la tenailler. Elle s’installe dans le creux d’un gros rocher non loin d’un cours d’eau, mange quelques galettes de maïs et boit un peu d’eau. La fatigue l’enveloppe et elle s’endort bientôt. En rêve, elle voit à nouveau le Manitou qui lui dit qu’ils seront très bientôt réunit. Au matin, Caresse-du-Vent s’éveille. Au moment de se mettre debout, elle ne peut utiliser ses bras ; ceux-ci sont devenus de grandes ailes, ses pieds, des serres et son nez, un bec.
Avec beaucoup de difficultés, elle arrive sur le bord de la rivière et voit son reflet dans l’eau. D’une belle jeune femme, elle est devenue un aigle royal. Le choc est si grand, qu’elle se met à pleurer. Soudain, à côté de son reflet, elle voit un second reflet - un second aigle royal.
- Bonjour Caresse-du-Vent, je suis le Manitou de l’Air et le Manitou plus heureux du monde. En la regardant, il s’aperçoit de ses larmes qui ruissellent et tombent sur le sol. Pourquoi pleures-tu ? Ton père et ta sœur te manquent ? Es-tu malade ?
- Ce n’est rien répond-elle en essuyant ses larmes d’un coup d’aile. J’ai été surprise par mon apparence. Je suis moi aussi bien heureuse de te rencontrer enfin. Il y a si longtemps que je t’attends.
- Partons, dit le Manitou de l’Air. Les chasseurs ne vont pas tarder à arriver dans la plaine et il ne faudrait pas qu’il t’arrive quelque chose.
Si le Manitou de l’Air s’envola sans problème, Caresse-du-Vent éprouva bien plus de difficultés. Elle prit de l’altitude avec difficultés, manqua de retomber sur le sol mille fois mais finit par s’affranchir. Ils passèrent tous deux au-dessus de la tribu où vivait Caresse-du-vent juste au moment où le chaman sortait de son tepee. Celui-ci leva la tête et sourit. Il avait reconnu sa fille qui s’envolait vers son destin. Il ne fit cependant aucun signe et Caresse-du-vent poursuivit sa route avec un petit pincement de cœur.
Ils volèrent très longtemps et arrivèrent dans l’antre du Manitou de l’Air. Un désordre indescriptible y régnait. Tout était sans dessus-dessous. Le manitou de l'Air raconta à Caresse-du-Vent qu’il ne parvenait pas à remettre de l’ordre chez lui car le vent du Nord, le vent de l’Est, le vent de l’Ouest et le vent du Sud ne faisaient pas attention lorqu’ils rentraient de leurs voyages. Il avait beau leur demander de respecter sa demeure mais à chaque fois, au lieu de l’écouter, ils se mettaient à souffler plus fort encore.
Nullement découragée, Caresse-du-Vent entreprit de ranger sa nouvelle demeure. Sans doute précédée de sa réputation, aucun des vents n’osa jamais souffler à l’intérieur et la demeure resta propre et bien rangée.
Caresse-du-Vent et le Manitou de l'Air vivent depuis très heureux. De leur histoire, une expression est née : " L’air ne fait pas la chanson " évidemment, puisqu'il fait les grandes histoires d’amours.
Dans une de ces tribus, il y avait un chaman appelé "Celui-qui-Sait-Tout". Il avait le pouvoir de guérir les maladies et de communiquer avec le monde de l’au-delà et les forces spirituelles qui habitent chaque élément de la nature : les animaux, les plantes, les astres, la pluie... Celui-qui-Sait-Tout avait une fille très belle prénommée "Caresse-du-Vent". Tous les guerriers de la tribu rêvaient de l’épouser parce qu’elle était pourvue de nombreuses qualités. Elle ne regardait aucun des guerriers qui lui faisaient la cour. Tout le jour, elle rangeait, nettoyait, faisait mille corvées pour elle mais aussi pour ses voisins. Jamais elle ne refusait de rendre un servie. Son tepee était le mieux rangé de la tribu et tout le jour, elle était affairée.
Une nuit, pendant la saison des fruits bien mûrs, Caresse-du-Vent a fait un songe. Un Manitou lui est apparu.
Le Manitou est un personnage qui possède des dons surnaturels - c’est la représentation vivante d’une des forces de la nature.
Celui qui vient dans son rêve est le Manitou de l’Air. Il lui apprend qu’il l’aime depuis le premier jour où il l’a vue et que jamais elle ne trouvera sur la terre aucun homme qui réussira à la rendre aussi heureuse que lui.
Le matin, lorsqu’elle se réveille, elle se souvient très bien de son rêve et elle en est troublée. Elle sort de son tepee pour aller chercher de l’eau fraîche et trouve juste devant l’entrée une superbe paire de mocassins brodés de perles multicolores. Sa jeune sœur "Perle-d’Orage" qui sort en même temps qu’elle trouve les mocassins fort à son goût et les lui demande. Caresse-du-Vent les lui donne et toutes les deux partent vers la rivière.
Chaque nuit, le rêve se reproduit. Chaque matin, lorsqu’elle sort de son tepee, Caresse-du-vent trouve un nouveau présent devant l’entrée : un collier, une tunique de peaux, un bandeau, une ceinture. A chaque fois, elle donne les cadeaux à sa jeune sœur qui est bien heureuse d’avoir une sœur aussi généreuse.
Mais à force de mal dormir la nuit, Caresse-du-Vent perd sa gaieté naturelle et ses forces semblent d’amenuiser. Elle reste souvent songeuse pendant de longs moments. Son père qui l’observe depuis plusieurs lunes se résout à lui parler un soir car il a bien compris d’où venait le tourment de sa fille.
- Dis moi, Caresse-du-Vent, tu sembles bien triste depuis la lune des cerises rouges. T’est-il arrivé quelque chose ? Si tu as du souci, je peux certainement t’aider.
Caresse-du-Vent ne détourne pas les yeux. Elle s’assied à côté de son père et lui raconte l’objet de son trouble.
- Père, je suis jeune et il est grand temps que je prenne un époux mais nul guerrier de la tribu ne me plaît. Chaque nuit, dans mes songes, le Manitou de l’air me demande de devenir son épouse. Je ne sais pas quoi faire et surtout, je ne sais pas comment le rencontrer car je sens que je l’aime un peu plus chaque jour. Chaque matin, lorsque je m’éveille, je trouve un présent devant le tepee. Je l’offre à Perle-d’Orage car je ne peux accepter de si beaux présents.
Celui-qui-Sait-Tout n’est pas étonné. Il se met à réfléchir et demande à ne pas être dérangé durant trois jours. Il entonne alors un chant magique qu’il psalmodie. Au bout des trois jours, il appelle sa fille :
- Caresse-du-Vent, j’ai parlé au Grand-Esprit. Tu dois maintenant décider de ton avenir. Si tu veux trouver le Manitou de l’Air, il te faut quitter la tribu et entreprendre un long voyage pour retrouver celui que ton cœur aime. Le Grand-Esprit y met cependant une condition : jamais tu ne pourras revenir parmi nous car tu vas subir une métamorphose.
Caresse-du-Vent sent très bien ce qu’elle doit faire. Elle aime son père, sa jeune sœur et sa tribu mais elle est certaine aussi qu’elle aime plus que tout le Manitou de l’Air. Elle n’a pas peur d’une métamorphose. Elle rassemble quelques affaires et se met en chemin dès le matin du jour suivant après avoir serré longuement son père et sa sœur dans ses bras.
Elle marche tout le jour sans prendre le temps de s’arrêter. Au moment où le soleil est se couche, la faim commence à la tenailler. Elle s’installe dans le creux d’un gros rocher non loin d’un cours d’eau, mange quelques galettes de maïs et boit un peu d’eau. La fatigue l’enveloppe et elle s’endort bientôt. En rêve, elle voit à nouveau le Manitou qui lui dit qu’ils seront très bientôt réunit. Au matin, Caresse-du-Vent s’éveille. Au moment de se mettre debout, elle ne peut utiliser ses bras ; ceux-ci sont devenus de grandes ailes, ses pieds, des serres et son nez, un bec.
Avec beaucoup de difficultés, elle arrive sur le bord de la rivière et voit son reflet dans l’eau. D’une belle jeune femme, elle est devenue un aigle royal. Le choc est si grand, qu’elle se met à pleurer. Soudain, à côté de son reflet, elle voit un second reflet - un second aigle royal.
- Bonjour Caresse-du-Vent, je suis le Manitou de l’Air et le Manitou plus heureux du monde. En la regardant, il s’aperçoit de ses larmes qui ruissellent et tombent sur le sol. Pourquoi pleures-tu ? Ton père et ta sœur te manquent ? Es-tu malade ?
- Ce n’est rien répond-elle en essuyant ses larmes d’un coup d’aile. J’ai été surprise par mon apparence. Je suis moi aussi bien heureuse de te rencontrer enfin. Il y a si longtemps que je t’attends.
- Partons, dit le Manitou de l’Air. Les chasseurs ne vont pas tarder à arriver dans la plaine et il ne faudrait pas qu’il t’arrive quelque chose.
Si le Manitou de l’Air s’envola sans problème, Caresse-du-Vent éprouva bien plus de difficultés. Elle prit de l’altitude avec difficultés, manqua de retomber sur le sol mille fois mais finit par s’affranchir. Ils passèrent tous deux au-dessus de la tribu où vivait Caresse-du-vent juste au moment où le chaman sortait de son tepee. Celui-ci leva la tête et sourit. Il avait reconnu sa fille qui s’envolait vers son destin. Il ne fit cependant aucun signe et Caresse-du-vent poursuivit sa route avec un petit pincement de cœur.
Ils volèrent très longtemps et arrivèrent dans l’antre du Manitou de l’Air. Un désordre indescriptible y régnait. Tout était sans dessus-dessous. Le manitou de l'Air raconta à Caresse-du-Vent qu’il ne parvenait pas à remettre de l’ordre chez lui car le vent du Nord, le vent de l’Est, le vent de l’Ouest et le vent du Sud ne faisaient pas attention lorqu’ils rentraient de leurs voyages. Il avait beau leur demander de respecter sa demeure mais à chaque fois, au lieu de l’écouter, ils se mettaient à souffler plus fort encore.
Nullement découragée, Caresse-du-Vent entreprit de ranger sa nouvelle demeure. Sans doute précédée de sa réputation, aucun des vents n’osa jamais souffler à l’intérieur et la demeure resta propre et bien rangée.
Caresse-du-Vent et le Manitou de l'Air vivent depuis très heureux. De leur histoire, une expression est née : " L’air ne fait pas la chanson " évidemment, puisqu'il fait les grandes histoires d’amours.
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Re: contes du monde
Chichelin
Par pitié, ma bonne dame, la charité ! implora la mendiante. Elle avait senti au loin la bonne odeur des pois chiches qui s’échappait par la fenêtre.
- J’en ai déjà si peu pour moi que si je vous en donne, il ne m’en restera plus, répondit la femme.
- Eh bien, que tous tes pois chiches se transforment en enfants à ta charge ! vociféra la pauvresse qui n’était autre qu’une sorcière.
Au même moment s’échappèrent de la marmite des enfants par dizaine. Il y avait autant d’enfants qu’il y avait de pois. Ils étaient minuscules et se mirent à crier et à pleurer tous en même temps :
- J’ai faim, j’ai froid, j’ai ma. Maman, prends-moi sur tes genoux, Maman, Maman ...
La femme prit peur et se mit elle aussi à crier et à gesticuler dans tous les sens. Les enfants s’enfuirent par toutes les fentes de la maison, par les fenêtres et par la porte. Puis, ce fut le silence. La femme réalisa que les enfants avaient tous disparus. Elle se mit à pleurer :
- Mon Dieu ! pourquoi n’en ai-je pas gardé un seul ? Il aurait pu m’aider un peu ; serait aller porter le déjeuner à mon homme ! et elle commença à fouiller chaque recoin de la maison. Elle regarda dans tous les pots, les casseroles, sous les tapis ... Rien. Elle se remit à pleurer de plus belle et s’assit la tête entre les mains.
Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre une toute petite voix lui dire :
- Ne pleure pas, Maman. Moi, je suis là !
Elle regarda sur le pilon du mortier et y découvrit un tout petit garçon, gros comme un pois chiche. Il avait les poings sur les hanches et la regardait avec intensité.
- Ah ! Mon petit amour ! dit la femme. Comment t’appelles-tu ?
- Chichelin, répondit l’enfant qui se laissa glisser le long du mortier avec adresse.
- Viens mon tout petit ! Tu vas aller porter son repas à ton père qui travaille dans sa boutique, dit la femme.
Elle posa sur la tête de l’enfant un panier tellement grand qu’on aurait pu croire que le panier se déplaçait tout seul. L’enfant arriva à la boutique et cria :
- Bonjour, père ; j’ai apporté votre déjeuner.
L’homme se demanda s’il n’avait pas rêvé. Il n’avait pas d’enfant et qui donc avait bien pu l’appeler " Père " ?
Il s’avança sur la devanture de la boutique et vit le panier rempli de vivres. Il le souleva et découvrit ...
- Je suis Chichelin, né ce matin même dans votre cuisine d’un pois chiche, dit l’enfant d’une voix joyeuse.
- Bienvenue à toi, mon fils. Mange avec moi un morceau. Si tu veux, je t’emmènerai en tournée. Je fais le métier de rémouleur et je parcours les villages afin d’affûter les outils, les couteaux et les ciseaux.
Après le repas, ils partirent à la recherche de travail. Ils discutaient tout au long du chemin tant et si bien que les gens qui rencontraient le rémouleur le croyait devenu fou. Arrivé dans la cour d’une ferme où il avait souvent de l’ouvrage, il se mit à crier sa harangue.
- " Couteaux, ciseaux, outils à aiguiser - Bonnes gens, ne laissez pas le rémouleur passer "
Le fermier sortit à son appel et lui dit :
- J’aurais bien eu des outils à affûter pour toi mais je n’ai nulle envie de les confier à un homme qui a perdu sa raison.
- Que dis-tu, demanda le père ? Un homme qui a perdu sa raison ? Voudrais-tu dire que je suis devenu fou ?
- Ben oui, un homme qui parle seul est forcément un fou, répondit le fermier.
- Mais je ne parlais pas tout seul ; je parlais avec mon fils, expliqua le rémouleur.
- C’est bien ce qu’il disait, renchérit la fermière qui avait rejoint son mari, tu es devenu fou. Où est-il ton fils ?
- Dans ma poche, tout simplement.
Tous les gens de la ferme s’étaient approchés et riaient de bon cœur. Le rémouleur mit la main dans sa poche et en ressortit Chichelin qui se tenait à califourchon sur son pouce.
Tout le monde fut enthousiasmé par ce petit enfant. Le fermier demanda au rémouleur de le lui prêter afin qu’il garde son bœuf. Chichelin s’installa sur la corne du bœuf et on les laissa dans le champs. Deux voleurs qui passaient par là virent l’animal et crurent qu’il n’était pas gardé. Au moment où ils s’approchèrent Chichelin se mit à hurler :
- Au voleur ! Au voleur !
Le paysan accourut dès les premiers cris et trouva les deux voleurs cloués sur place.
- D’où vient cette voix, demandèrent-ils ?
- C’est Chichelin. Regardez-le, il est perché sur la corne du bœuf.
- Prête-le nous, tu en seras largement récompensé, dirent les voleurs.
Le fermier accepta et Chichelin partit avec les voleurs pour les écuries du Roi. Elles étaient bien entendu fermées à clé mais Chichelin passa par la serrure et ouvrit la porte. Il détacha les chevaux, se percha sur l’oreille d’une jument et entraîna le troupeau dehors. Les voleurs sautèrent en selle et s’enfuirent au galop vers leur repaire.
- Nous sommes trop fatigués, dirent-ils à Chichelin. Donne à manger aux animaux. Nous allons dormir un peu.
Chichelin remplit sa tâche mais, fatigué lui aussi, il tomba dans une mangeoire et s’endormit. Un cheval l’avala avec l’avoine sans s’en rendre compte. Lorsque les voleurs se réveillèrent, ils cherchèrent Chichelin.
- Chichelin, Chichelin, où es-tu ?
- Je suis là, répondit l’enfant dans la panse du cheval !
- Oui, mais quel cheval ?
- Celui-ci !
- Lequel ?
- Celui-ci !
Ils pensaient avoir trouvé lequel et se mirent à lui ouvrir le ventre mais point de Chichelin. Ils ouvrirent un second, un troisième, un quatrième cheval mais toujours rien. Tout le troupeau y passa mais toujours pas de Chichelin. Le troupeau en entier fut éventré. Ils se débarrassèrent des carcasses et un loup qui passait par là profita de l’aubaine. Il goba Chichelin sans s’en rendre compte. Voilà l’enfant dans le ventre du loup.
Le loup était très gourmand et avait encore faim. Il repéra une chèvre qui broutait dans un pré. Au moment où il allait bondir, Chichelin se mit à hurler :
- Au loup, au loup ! d’une voix si puissante que le berger arriva armé d’un bâton.
Le loup ne demanda pas son reste et s’enfuit vers sa tanière. Il se posait des questions : comment son ventre s’était-il mis à crier ? Sans doute avait-il encore faim et il repartit en direction de la bergerie. Il guetta, rampa, se faufila et au moment où il allait bondir sur un agneau, Chichelin se mit à crier :
- Au loup, au loup ! d’une voix puissante. Le Berger réveillé en sursaut, se leva d’un bond et partit à la poursuite du loup. Celui-ci rentra dans sa tanière. Toujours les mêmes questions lui tournaient dans la tête : pourquoi son ventre s’était-il mis à crier ? Il se dit qu’il avait trop d’air et se concentra pour expulser cet air. Chichelin fut projeté et se retrouva dehors. Il courut se cacher dans un buisson.
Il y trouva trois voleurs qui étaient en train de compter l’argent qu’ils avaient volé. L’un d’eux faisait les parts :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois reprend en écho Chichelin
- Suffit, dit le voleur ! en regardant ses complices avec un air réprobateur. Je n’arrive pas à compter.
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois repris le rusé Chichelin
Celui qui comptait se rua sur son complice et le roua de coups. Il le laissa pour mort.
- Tu vois ce qui t’attend, dit-il au troisième. Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois répondit Chichelin
- Je te jure que je n’ai rien ... mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Il se retrouva comme son complice, roué de coups et mort.
Le voleur se remit à compter :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois dit Chichelin
Le voleur crut qu’un esprit maléfique se cachait dans le buisson. Il s’enfuit sans demander son reste, laissant son magot sur place.
Chichelin referma soigneusement le sac, le plaça sur sa tête et repartit vers sa maison. Il trouva sa mère en pleurs d’avoir perdu son enfant.
- Maman, maman, je suis de retour, regarde.
La mère souleva le sac sans même regarder le contenu et embrassa son fils.
- Mon Chichelin, je suis tellement heureuse de te retrouver.
Il va sans dire qu’ils vécurent tous les trois très heureux.
- J’en ai déjà si peu pour moi que si je vous en donne, il ne m’en restera plus, répondit la femme.
- Eh bien, que tous tes pois chiches se transforment en enfants à ta charge ! vociféra la pauvresse qui n’était autre qu’une sorcière.
Au même moment s’échappèrent de la marmite des enfants par dizaine. Il y avait autant d’enfants qu’il y avait de pois. Ils étaient minuscules et se mirent à crier et à pleurer tous en même temps :
- J’ai faim, j’ai froid, j’ai ma. Maman, prends-moi sur tes genoux, Maman, Maman ...
La femme prit peur et se mit elle aussi à crier et à gesticuler dans tous les sens. Les enfants s’enfuirent par toutes les fentes de la maison, par les fenêtres et par la porte. Puis, ce fut le silence. La femme réalisa que les enfants avaient tous disparus. Elle se mit à pleurer :
- Mon Dieu ! pourquoi n’en ai-je pas gardé un seul ? Il aurait pu m’aider un peu ; serait aller porter le déjeuner à mon homme ! et elle commença à fouiller chaque recoin de la maison. Elle regarda dans tous les pots, les casseroles, sous les tapis ... Rien. Elle se remit à pleurer de plus belle et s’assit la tête entre les mains.
Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre une toute petite voix lui dire :
- Ne pleure pas, Maman. Moi, je suis là !
Elle regarda sur le pilon du mortier et y découvrit un tout petit garçon, gros comme un pois chiche. Il avait les poings sur les hanches et la regardait avec intensité.
- Ah ! Mon petit amour ! dit la femme. Comment t’appelles-tu ?
- Chichelin, répondit l’enfant qui se laissa glisser le long du mortier avec adresse.
- Viens mon tout petit ! Tu vas aller porter son repas à ton père qui travaille dans sa boutique, dit la femme.
Elle posa sur la tête de l’enfant un panier tellement grand qu’on aurait pu croire que le panier se déplaçait tout seul. L’enfant arriva à la boutique et cria :
- Bonjour, père ; j’ai apporté votre déjeuner.
L’homme se demanda s’il n’avait pas rêvé. Il n’avait pas d’enfant et qui donc avait bien pu l’appeler " Père " ?
Il s’avança sur la devanture de la boutique et vit le panier rempli de vivres. Il le souleva et découvrit ...
- Je suis Chichelin, né ce matin même dans votre cuisine d’un pois chiche, dit l’enfant d’une voix joyeuse.
- Bienvenue à toi, mon fils. Mange avec moi un morceau. Si tu veux, je t’emmènerai en tournée. Je fais le métier de rémouleur et je parcours les villages afin d’affûter les outils, les couteaux et les ciseaux.
Après le repas, ils partirent à la recherche de travail. Ils discutaient tout au long du chemin tant et si bien que les gens qui rencontraient le rémouleur le croyait devenu fou. Arrivé dans la cour d’une ferme où il avait souvent de l’ouvrage, il se mit à crier sa harangue.
- " Couteaux, ciseaux, outils à aiguiser - Bonnes gens, ne laissez pas le rémouleur passer "
Le fermier sortit à son appel et lui dit :
- J’aurais bien eu des outils à affûter pour toi mais je n’ai nulle envie de les confier à un homme qui a perdu sa raison.
- Que dis-tu, demanda le père ? Un homme qui a perdu sa raison ? Voudrais-tu dire que je suis devenu fou ?
- Ben oui, un homme qui parle seul est forcément un fou, répondit le fermier.
- Mais je ne parlais pas tout seul ; je parlais avec mon fils, expliqua le rémouleur.
- C’est bien ce qu’il disait, renchérit la fermière qui avait rejoint son mari, tu es devenu fou. Où est-il ton fils ?
- Dans ma poche, tout simplement.
Tous les gens de la ferme s’étaient approchés et riaient de bon cœur. Le rémouleur mit la main dans sa poche et en ressortit Chichelin qui se tenait à califourchon sur son pouce.
Tout le monde fut enthousiasmé par ce petit enfant. Le fermier demanda au rémouleur de le lui prêter afin qu’il garde son bœuf. Chichelin s’installa sur la corne du bœuf et on les laissa dans le champs. Deux voleurs qui passaient par là virent l’animal et crurent qu’il n’était pas gardé. Au moment où ils s’approchèrent Chichelin se mit à hurler :
- Au voleur ! Au voleur !
Le paysan accourut dès les premiers cris et trouva les deux voleurs cloués sur place.
- D’où vient cette voix, demandèrent-ils ?
- C’est Chichelin. Regardez-le, il est perché sur la corne du bœuf.
- Prête-le nous, tu en seras largement récompensé, dirent les voleurs.
Le fermier accepta et Chichelin partit avec les voleurs pour les écuries du Roi. Elles étaient bien entendu fermées à clé mais Chichelin passa par la serrure et ouvrit la porte. Il détacha les chevaux, se percha sur l’oreille d’une jument et entraîna le troupeau dehors. Les voleurs sautèrent en selle et s’enfuirent au galop vers leur repaire.
- Nous sommes trop fatigués, dirent-ils à Chichelin. Donne à manger aux animaux. Nous allons dormir un peu.
Chichelin remplit sa tâche mais, fatigué lui aussi, il tomba dans une mangeoire et s’endormit. Un cheval l’avala avec l’avoine sans s’en rendre compte. Lorsque les voleurs se réveillèrent, ils cherchèrent Chichelin.
- Chichelin, Chichelin, où es-tu ?
- Je suis là, répondit l’enfant dans la panse du cheval !
- Oui, mais quel cheval ?
- Celui-ci !
- Lequel ?
- Celui-ci !
Ils pensaient avoir trouvé lequel et se mirent à lui ouvrir le ventre mais point de Chichelin. Ils ouvrirent un second, un troisième, un quatrième cheval mais toujours rien. Tout le troupeau y passa mais toujours pas de Chichelin. Le troupeau en entier fut éventré. Ils se débarrassèrent des carcasses et un loup qui passait par là profita de l’aubaine. Il goba Chichelin sans s’en rendre compte. Voilà l’enfant dans le ventre du loup.
Le loup était très gourmand et avait encore faim. Il repéra une chèvre qui broutait dans un pré. Au moment où il allait bondir, Chichelin se mit à hurler :
- Au loup, au loup ! d’une voix si puissante que le berger arriva armé d’un bâton.
Le loup ne demanda pas son reste et s’enfuit vers sa tanière. Il se posait des questions : comment son ventre s’était-il mis à crier ? Sans doute avait-il encore faim et il repartit en direction de la bergerie. Il guetta, rampa, se faufila et au moment où il allait bondir sur un agneau, Chichelin se mit à crier :
- Au loup, au loup ! d’une voix puissante. Le Berger réveillé en sursaut, se leva d’un bond et partit à la poursuite du loup. Celui-ci rentra dans sa tanière. Toujours les mêmes questions lui tournaient dans la tête : pourquoi son ventre s’était-il mis à crier ? Il se dit qu’il avait trop d’air et se concentra pour expulser cet air. Chichelin fut projeté et se retrouva dehors. Il courut se cacher dans un buisson.
Il y trouva trois voleurs qui étaient en train de compter l’argent qu’ils avaient volé. L’un d’eux faisait les parts :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois reprend en écho Chichelin
- Suffit, dit le voleur ! en regardant ses complices avec un air réprobateur. Je n’arrive pas à compter.
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois repris le rusé Chichelin
Celui qui comptait se rua sur son complice et le roua de coups. Il le laissa pour mort.
- Tu vois ce qui t’attend, dit-il au troisième. Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois répondit Chichelin
- Je te jure que je n’ai rien ... mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Il se retrouva comme son complice, roué de coups et mort.
Le voleur se remit à compter :
- Un, deux, trois, quatre, cinq
- Sept, quatre, deux, trois dit Chichelin
Le voleur crut qu’un esprit maléfique se cachait dans le buisson. Il s’enfuit sans demander son reste, laissant son magot sur place.
Chichelin referma soigneusement le sac, le plaça sur sa tête et repartit vers sa maison. Il trouva sa mère en pleurs d’avoir perdu son enfant.
- Maman, maman, je suis de retour, regarde.
La mère souleva le sac sans même regarder le contenu et embrassa son fils.
- Mon Chichelin, je suis tellement heureuse de te retrouver.
Il va sans dire qu’ils vécurent tous les trois très heureux.
crodan00- Nombre de messages : 22306
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Re: contes du monde
Djus-d’la-Moüse
Nous sommes en 760 dans la bonne ville de Liège en Belgique. C’est le mois d’août et un bébé vient miraculeusement de voir le jour entre deux pavés du quartier " Djus-d’la-Moüse " au-delà de la Meuse. C'est un quartier mal aimé, méprisé même, des bourgeois de la ville. Il y a là-bas tout un peuple d’artisans, d’ouvriers et de commerçants qui vit en bonne intelligence dans un esprit d’entraide et avec un amour de la liberté.
La naissance de ce bébé rose et potelé se répand de ruelle en impasse et chaque habitant veut voir le nouveau-né. Quelle n’est pas la surprise des habitants de l’entendre gazouiller. Il s’éclaircit la voix puis se met à chanter. La chanson qu’il chante est loin d’être anodine ; c’est une chanson à boire et il l’entonne à pleins poumons : "Allons la Mère Gaspard, encore un verre, encore un verre !"
Chacun se propose alors pour adopter un enfant aussi peu ordinaire. Les boulangers veulent l’élever avec leurs deux enfants ; il ne manquera jamais de pain, il sera bien entouré, bien aimé. Leurs voisins protestent. Ils n’ont déjà pas le temps de s’occuper de leurs enfants qui traînent dans les rues tout au long du jour. Que feraient-ils avec un enfant de plus ? Le mineur propose de le prendre chez lui.
- Nous avons déjà cinq enfants, un en plus ne nous fait pas peur.
Les voisins trouvent à redire. Ils n’ont déjà pas de quoi nourrir leur progéniture et se serrent la ceinture du 1 janvier au 31 décembre.
Un peu à l’écart, à quelques pas du gros de la foule, un couple regarde le bambin avec des yeux remplis d’amour. Ils rêvent depuis si longtemps d’avoir un bébé. Timidement, ils s’avancent, main dans la main.
- Nous pourrions peut-être le prendre chez nous. Nous lui donnerons de la tendresse et de l’amour. Nous n'avons pas d'enfant et une grande maison.
- Bonne idée ! dit le charcutier. Qui plus est, vous habitez au centre du quartier. Nous pourrons ainsi voir souvent l'enfant. Il sera un peu notre enfant à tous et nous veillerons à ce qu’il ne manque de rien.
- Maintenant il faut lui donner un nom ! dit le poissonnier.
- Appelons-le François ! dit la mercière, c'est un nom joli et facile à retenir.
Ainsi fut fait. Cependant au quartier Djus-d’la-Moüse, personne ne l’appelle François mais Tchantchès, un diminutif qui lui va plutôt bien. Le garçon est gai comme un pinson, toujours souriant. Il rit dès son lever et seule une chose le met en colère. Il ne peut supporter de voir un récipient contenant de l’eau.
Pour nourriture, il reçoit des harengs saur qu'il trouve fort à son goût. Mais le hareng saur est excessivement salé et enflamme son gosier. Son père, à l’insu de sa femme, lui donne des biscuits trempés dans du Peket, un alcool de genièvre dont raffolent les Liégeois, qu'il aime beaucoup.
Le jour du baptême de Tchantchès, toute la population s’est donné rendez-vous à l’église. Il y a tant de monde dans le bâtiment, qu’un mouvement de la foule déstabilise la marraine qui laisse échapper son filleul. Il vient heurter son nez sur le bord du baptistère. Il n'en faut pas plus pour qu'une rumeur se répande : Tchantchès est devenu invulnérable.
Au fil des ans, son nez enfle, grossit, atteint une grandeur démesurée. Ses parents dépensent une fortune en baume et onguents de toutes sortes. Hélas ! rien n’y fait et le visage de Tchantchès devient difforme. Grâce à sa gaieté naturelle, son énorme nez ne le rend pas foncièrement laid mais plutôt drôle. Il devient même le modèle des masques de carnaval.
Un jour, qu'il attrape la rougeole, le médecin lui prescrit de boire un verre d’eau ferrugineuse chaque matin pour le guérir. Sa maman rassemble dans une marmite remplie d’eau tout ce qu’elle possède comme objets en fer : des clous, des fers à cheval, des vieilles clés ... Chaque matin, elle prélève un verre de cette mixture. Ce n’est pas bon du tout mais Tchantchès est un enfant obéissant qui ne veut surtout pas faire de peine à sa mère. Il vide son verre d’un trait en faisant un terrible grimace.
Un matin, il vide son verre comme à son habitude mais un morceau de fer reste coincé dans son gosier. Il ne peut plus lever ni baisser la tête, seulement la tourner de droite à gauche et de gauche à droite. Comme il aime tout particulièrement regarder les nuages, il prend l’habitude de se coucher sur le dos pour les contempler. Pour regarder les insectes sur le sol, il se couche sur le ventre. Sa joie de vivre n’est pas altérée pour autant.
Tchantchès grandit. En se regardant dans le miroir, il se rend compte de sa laideur. Il a honte, il est de plus en plus malheureux. Il ne sort de sa maison que le soir ou lorsqu’il est certain de ne rencontrer personne dans la rue. Il souffre atrocement de la solitude alors qu’il est fait pour rire, pour chanter et être bon avec le monde.
En 770, il vient d’avoir dix ans. A l’approche du 15 août et des fêtes de l’Assomption, les habitants recherchent activement celui qui acceptera de jouer le rôle de Saint Macrew. Personne ne veut se balader toute la journée dans une chaise à porteurs, le visage maculé de suie et devant subir les quolibets des villageois. Tchantchès, las de solitude, se propose et plutôt que de plier l’échine sous les plaisanteries, il répond du tac au tac ce qui lui vaut l’admiration de tout le quartier.
La laideur est peu de chose et l’humour et l’intelligence la font bien souvent oublier. Il a été sacré " Prince de Djus-d’la Moûse " et rencontre bien d’autres aventures. On dit qu’il est enterré place de l’Yser là ou s’élève encore aujourd’hui sa statue. Si vous passez par Liège, dans ce quartier, regardez bien... vous le rencontrerez certainement car il est immortel.
La naissance de ce bébé rose et potelé se répand de ruelle en impasse et chaque habitant veut voir le nouveau-né. Quelle n’est pas la surprise des habitants de l’entendre gazouiller. Il s’éclaircit la voix puis se met à chanter. La chanson qu’il chante est loin d’être anodine ; c’est une chanson à boire et il l’entonne à pleins poumons : "Allons la Mère Gaspard, encore un verre, encore un verre !"
Chacun se propose alors pour adopter un enfant aussi peu ordinaire. Les boulangers veulent l’élever avec leurs deux enfants ; il ne manquera jamais de pain, il sera bien entouré, bien aimé. Leurs voisins protestent. Ils n’ont déjà pas le temps de s’occuper de leurs enfants qui traînent dans les rues tout au long du jour. Que feraient-ils avec un enfant de plus ? Le mineur propose de le prendre chez lui.
- Nous avons déjà cinq enfants, un en plus ne nous fait pas peur.
Les voisins trouvent à redire. Ils n’ont déjà pas de quoi nourrir leur progéniture et se serrent la ceinture du 1 janvier au 31 décembre.
Un peu à l’écart, à quelques pas du gros de la foule, un couple regarde le bambin avec des yeux remplis d’amour. Ils rêvent depuis si longtemps d’avoir un bébé. Timidement, ils s’avancent, main dans la main.
- Nous pourrions peut-être le prendre chez nous. Nous lui donnerons de la tendresse et de l’amour. Nous n'avons pas d'enfant et une grande maison.
- Bonne idée ! dit le charcutier. Qui plus est, vous habitez au centre du quartier. Nous pourrons ainsi voir souvent l'enfant. Il sera un peu notre enfant à tous et nous veillerons à ce qu’il ne manque de rien.
- Maintenant il faut lui donner un nom ! dit le poissonnier.
- Appelons-le François ! dit la mercière, c'est un nom joli et facile à retenir.
Ainsi fut fait. Cependant au quartier Djus-d’la-Moüse, personne ne l’appelle François mais Tchantchès, un diminutif qui lui va plutôt bien. Le garçon est gai comme un pinson, toujours souriant. Il rit dès son lever et seule une chose le met en colère. Il ne peut supporter de voir un récipient contenant de l’eau.
Pour nourriture, il reçoit des harengs saur qu'il trouve fort à son goût. Mais le hareng saur est excessivement salé et enflamme son gosier. Son père, à l’insu de sa femme, lui donne des biscuits trempés dans du Peket, un alcool de genièvre dont raffolent les Liégeois, qu'il aime beaucoup.
Le jour du baptême de Tchantchès, toute la population s’est donné rendez-vous à l’église. Il y a tant de monde dans le bâtiment, qu’un mouvement de la foule déstabilise la marraine qui laisse échapper son filleul. Il vient heurter son nez sur le bord du baptistère. Il n'en faut pas plus pour qu'une rumeur se répande : Tchantchès est devenu invulnérable.
Au fil des ans, son nez enfle, grossit, atteint une grandeur démesurée. Ses parents dépensent une fortune en baume et onguents de toutes sortes. Hélas ! rien n’y fait et le visage de Tchantchès devient difforme. Grâce à sa gaieté naturelle, son énorme nez ne le rend pas foncièrement laid mais plutôt drôle. Il devient même le modèle des masques de carnaval.
Un jour, qu'il attrape la rougeole, le médecin lui prescrit de boire un verre d’eau ferrugineuse chaque matin pour le guérir. Sa maman rassemble dans une marmite remplie d’eau tout ce qu’elle possède comme objets en fer : des clous, des fers à cheval, des vieilles clés ... Chaque matin, elle prélève un verre de cette mixture. Ce n’est pas bon du tout mais Tchantchès est un enfant obéissant qui ne veut surtout pas faire de peine à sa mère. Il vide son verre d’un trait en faisant un terrible grimace.
Un matin, il vide son verre comme à son habitude mais un morceau de fer reste coincé dans son gosier. Il ne peut plus lever ni baisser la tête, seulement la tourner de droite à gauche et de gauche à droite. Comme il aime tout particulièrement regarder les nuages, il prend l’habitude de se coucher sur le dos pour les contempler. Pour regarder les insectes sur le sol, il se couche sur le ventre. Sa joie de vivre n’est pas altérée pour autant.
Tchantchès grandit. En se regardant dans le miroir, il se rend compte de sa laideur. Il a honte, il est de plus en plus malheureux. Il ne sort de sa maison que le soir ou lorsqu’il est certain de ne rencontrer personne dans la rue. Il souffre atrocement de la solitude alors qu’il est fait pour rire, pour chanter et être bon avec le monde.
En 770, il vient d’avoir dix ans. A l’approche du 15 août et des fêtes de l’Assomption, les habitants recherchent activement celui qui acceptera de jouer le rôle de Saint Macrew. Personne ne veut se balader toute la journée dans une chaise à porteurs, le visage maculé de suie et devant subir les quolibets des villageois. Tchantchès, las de solitude, se propose et plutôt que de plier l’échine sous les plaisanteries, il répond du tac au tac ce qui lui vaut l’admiration de tout le quartier.
La laideur est peu de chose et l’humour et l’intelligence la font bien souvent oublier. Il a été sacré " Prince de Djus-d’la Moûse " et rencontre bien d’autres aventures. On dit qu’il est enterré place de l’Yser là ou s’élève encore aujourd’hui sa statue. Si vous passez par Liège, dans ce quartier, regardez bien... vous le rencontrerez certainement car il est immortel.
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Re: contes du monde
Désiré
Désiré s'engagea dans une ferme pour garder les troupeaux. Le travail était plaisant, grand air, nourriture saine et bien le temps pour penser...
Au bout de trois étés, il décida de s'en aller. Son temps était venu de visiter le monde. Il demanda à son maître de lui donner ses gages.
Très avare, le fermier prit une bourse dans sa poche. Elle ne contenait que trois écus mais il estima que c'était suffisant pour un manant, un moins que rien. Désiré remercia et s'en alla, tout guilleret. C'était bien plus qu'il n'en avait espéré.
Il marcha pendant trois jours, faisant tinter ses écus, toute sa fortune. La route était belle, le temps clément et le voyage particulièrement agréable. Il arriva bientôt à un carrefour. Sous un arbre, se tenait assis un très vieil homme, sale, malpropre, crotté, les habits en haillons et les cheveux hirsutes. C'était un triste spectacle que ce vieillard. D'une voix chevrotante et mal assurée, il réussit à articuler quelques mots :
"Pour l'amour de Dieu, beau jeune homme, faites-moi la charité !
- Très volontiers, Grand-père. J'ai dans cette bourse trois écus. Je te les donne de bon cœur. Prends-les. J'ai bien encore trois années pour en gagner autant !
- Merci, mon fils. Dieu te le rendra mais avant de continuer ton chemin, pour te récompenser, je t'accorde trois souhaits. Demande ce que tu voudras et tu seras exaucé.
- Je voudrais un lance-pierres qui ne manque jamais son but, une guitare qui fait danser et la parole juste, celle qui permette qu'on ne puisse jamais rien me refuser."
Le vieillard réalisa les vœux de Désiré qui repartit en direction du Sud, son fusil à la main et sa guitare dans le dos.
Sur la route, il dansait, il courait, il chantait. Il se sentait le plus heureux des hommes.
A la hauteur d'un petit bois, il s'arrêta à l'ombre d'un grand chêne pour se reposer. L'air était doux et un parfum de fleurs flottait en suspension. Il ne tarda pas à s'endormir. Soudain, il entendit une voix derrière lui qui disait :
"Comme j'aimerais posséder ce rossignol. Son chant est plus pur qu'une cascade. Je suis prêt à donner n'importe quoi pour l'obtenir !"
Désiré reconnut la voix du maître qu'il venait de quitter quelques jours plus tôt. Il prit son lance-pierres et d'un geste assuré visa l'oiseau qui s'écroula dans un buisson d'églantiers et d'épines. L'avare y pénétra et Désiré prit sa guitare et se mit à jouer un air entraînant. Emporté par la musique magique, le maître se mit à danser, à bondir dans les épines qui le griffaient, l'entaillaient, le blessaient, déchiquetaient ses vêtements.
"Arrêt, arrête !" cria le maître au jeune homme. "Je te donnerai cinq cent écus. Je t'en supplie arrête de jouer."
Désiré s'interrompit. Le fermier sortit en sang du buisson et remit les cinq cent écus promis.
Mais l'homme au lieu de rentrer chez lui partit pour le bourg tout proche où il s'empressa de dénoncer Désiré à la justice.
Il ne fut pas long le temps avant que la maréchaussée ne prenne en chasse Désiré qui ne se doutait de rien. Il fut arrêté, amené chez les juges, condamné à être pendu le jour même au terme d'un procès sommaire.
La potence était déjà prête. Elle trônait déjà au centre de la grand-place du village. Le fermier, les juges et toute la population des environs se trouvaient réunis en cercle autour d'elle pour assister au spectacle.
Lorsque Désiré arriva, escorté de son bourreau, demanda :
"Puisque je vais mourir, accordez-moi une dernière faveur. Donnez-moi ma chère guitare pour que j'en joue une dernière fois !
- Ne le faites pas ! Ne le faites pas ! Ou liez-moi !" s'écria la fermier.
C'était sans compter sur la parole juste. Les juges ne purent refuser ce dernier désir au condamné.
Dès les premières notes qui s'échappèrent de l'instrument, le fermier, les juges et le peuple se mirent à danser, tourner, sauter sans jamais s'arrêter. Ils étaient fatigués, lassés, exténués. Ils demandèrent grâce à Désiré lui promettant la vie sauve.
Le jeune homme s'interrompit et tous s'arrêtèrent.
Au bout de trois étés, il décida de s'en aller. Son temps était venu de visiter le monde. Il demanda à son maître de lui donner ses gages.
Très avare, le fermier prit une bourse dans sa poche. Elle ne contenait que trois écus mais il estima que c'était suffisant pour un manant, un moins que rien. Désiré remercia et s'en alla, tout guilleret. C'était bien plus qu'il n'en avait espéré.
Il marcha pendant trois jours, faisant tinter ses écus, toute sa fortune. La route était belle, le temps clément et le voyage particulièrement agréable. Il arriva bientôt à un carrefour. Sous un arbre, se tenait assis un très vieil homme, sale, malpropre, crotté, les habits en haillons et les cheveux hirsutes. C'était un triste spectacle que ce vieillard. D'une voix chevrotante et mal assurée, il réussit à articuler quelques mots :
"Pour l'amour de Dieu, beau jeune homme, faites-moi la charité !
- Très volontiers, Grand-père. J'ai dans cette bourse trois écus. Je te les donne de bon cœur. Prends-les. J'ai bien encore trois années pour en gagner autant !
- Merci, mon fils. Dieu te le rendra mais avant de continuer ton chemin, pour te récompenser, je t'accorde trois souhaits. Demande ce que tu voudras et tu seras exaucé.
- Je voudrais un lance-pierres qui ne manque jamais son but, une guitare qui fait danser et la parole juste, celle qui permette qu'on ne puisse jamais rien me refuser."
Le vieillard réalisa les vœux de Désiré qui repartit en direction du Sud, son fusil à la main et sa guitare dans le dos.
Sur la route, il dansait, il courait, il chantait. Il se sentait le plus heureux des hommes.
A la hauteur d'un petit bois, il s'arrêta à l'ombre d'un grand chêne pour se reposer. L'air était doux et un parfum de fleurs flottait en suspension. Il ne tarda pas à s'endormir. Soudain, il entendit une voix derrière lui qui disait :
"Comme j'aimerais posséder ce rossignol. Son chant est plus pur qu'une cascade. Je suis prêt à donner n'importe quoi pour l'obtenir !"
Désiré reconnut la voix du maître qu'il venait de quitter quelques jours plus tôt. Il prit son lance-pierres et d'un geste assuré visa l'oiseau qui s'écroula dans un buisson d'églantiers et d'épines. L'avare y pénétra et Désiré prit sa guitare et se mit à jouer un air entraînant. Emporté par la musique magique, le maître se mit à danser, à bondir dans les épines qui le griffaient, l'entaillaient, le blessaient, déchiquetaient ses vêtements.
"Arrêt, arrête !" cria le maître au jeune homme. "Je te donnerai cinq cent écus. Je t'en supplie arrête de jouer."
Désiré s'interrompit. Le fermier sortit en sang du buisson et remit les cinq cent écus promis.
Mais l'homme au lieu de rentrer chez lui partit pour le bourg tout proche où il s'empressa de dénoncer Désiré à la justice.
Il ne fut pas long le temps avant que la maréchaussée ne prenne en chasse Désiré qui ne se doutait de rien. Il fut arrêté, amené chez les juges, condamné à être pendu le jour même au terme d'un procès sommaire.
La potence était déjà prête. Elle trônait déjà au centre de la grand-place du village. Le fermier, les juges et toute la population des environs se trouvaient réunis en cercle autour d'elle pour assister au spectacle.
Lorsque Désiré arriva, escorté de son bourreau, demanda :
"Puisque je vais mourir, accordez-moi une dernière faveur. Donnez-moi ma chère guitare pour que j'en joue une dernière fois !
- Ne le faites pas ! Ne le faites pas ! Ou liez-moi !" s'écria la fermier.
C'était sans compter sur la parole juste. Les juges ne purent refuser ce dernier désir au condamné.
Dès les premières notes qui s'échappèrent de l'instrument, le fermier, les juges et le peuple se mirent à danser, tourner, sauter sans jamais s'arrêter. Ils étaient fatigués, lassés, exténués. Ils demandèrent grâce à Désiré lui promettant la vie sauve.
Le jeune homme s'interrompit et tous s'arrêtèrent.
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Re: contes du monde
Djus-d’la-Moüse
Nous sommes en 760 dans la bonne ville de Liège en Belgique. C’est le mois d’août et un bébé vient miraculeusement de voir le jour entre deux pavés du quartier " Djus-d’la-Moüse " au-delà de la Meuse. C'est un quartier mal aimé, méprisé même, des bourgeois de la ville. Il y a là-bas tout un peuple d’artisans, d’ouvriers et de commerçants qui vit en bonne intelligence dans un esprit d’entraide et avec un amour de la liberté.
La naissance de ce bébé rose et potelé se répand de ruelle en impasse et chaque habitant veut voir le nouveau-né. Quelle n’est pas la surprise des habitants de l’entendre gazouiller. Il s’éclaircit la voix puis se met à chanter. La chanson qu’il chante est loin d’être anodine ; c’est une chanson à boire et il l’entonne à pleins poumons : "Allons la Mère Gaspard, encore un verre, encore un verre !"
Chacun se propose alors pour adopter un enfant aussi peu ordinaire. Les boulangers veulent l’élever avec leurs deux enfants ; il ne manquera jamais de pain, il sera bien entouré, bien aimé. Leurs voisins protestent. Ils n’ont déjà pas le temps de s’occuper de leurs enfants qui traînent dans les rues tout au long du jour. Que feraient-ils avec un enfant de plus ? Le mineur propose de le prendre chez lui.
- Nous avons déjà cinq enfants, un en plus ne nous fait pas peur.
Les voisins trouvent à redire. Ils n’ont déjà pas de quoi nourrir leur progéniture et se serrent la ceinture du 1 janvier au 31 décembre.
Un peu à l’écart, à quelques pas du gros de la foule, un couple regarde le bambin avec des yeux remplis d’amour. Ils rêvent depuis si longtemps d’avoir un bébé. Timidement, ils s’avancent, main dans la main.
- Nous pourrions peut-être le prendre chez nous. Nous lui donnerons de la tendresse et de l’amour. Nous n'avons pas d'enfant et une grande maison.
- Bonne idée ! dit le charcutier. Qui plus est, vous habitez au centre du quartier. Nous pourrons ainsi voir souvent l'enfant. Il sera un peu notre enfant à tous et nous veillerons à ce qu’il ne manque de rien.
- Maintenant il faut lui donner un nom ! dit le poissonnier.
- Appelons-le François ! dit la mercière, c'est un nom joli et facile à retenir.
Ainsi fut fait. Cependant au quartier Djus-d’la-Moüse, personne ne l’appelle François mais Tchantchès, un diminutif qui lui va plutôt bien. Le garçon est gai comme un pinson, toujours souriant. Il rit dès son lever et seule une chose le met en colère. Il ne peut supporter de voir un récipient contenant de l’eau.
Pour nourriture, il reçoit des harengs saur qu'il trouve fort à son goût. Mais le hareng saur est excessivement salé et enflamme son gosier. Son père, à l’insu de sa femme, lui donne des biscuits trempés dans du Peket, un alcool de genièvre dont raffolent les Liégeois, qu'il aime beaucoup.
Le jour du baptême de Tchantchès, toute la population s’est donné rendez-vous à l’église. Il y a tant de monde dans le bâtiment, qu’un mouvement de la foule déstabilise la marraine qui laisse échapper son filleul. Il vient heurter son nez sur le bord du baptistère. Il n'en faut pas plus pour qu'une rumeur se répande : Tchantchès est devenu invulnérable.
Au fil des ans, son nez enfle, grossit, atteint une grandeur démesurée. Ses parents dépensent une fortune en baume et onguents de toutes sortes. Hélas ! rien n’y fait et le visage de Tchantchès devient difforme. Grâce à sa gaieté naturelle, son énorme nez ne le rend pas foncièrement laid mais plutôt drôle. Il devient même le modèle des masques de carnaval.
Un jour, qu'il attrape la rougeole, le médecin lui prescrit de boire un verre d’eau ferrugineuse chaque matin pour le guérir. Sa maman rassemble dans une marmite remplie d’eau tout ce qu’elle possède comme objets en fer : des clous, des fers à cheval, des vieilles clés ... Chaque matin, elle prélève un verre de cette mixture. Ce n’est pas bon du tout mais Tchantchès est un enfant obéissant qui ne veut surtout pas faire de peine à sa mère. Il vide son verre d’un trait en faisant un terrible grimace.
Un matin, il vide son verre comme à son habitude mais un morceau de fer reste coincé dans son gosier. Il ne peut plus lever ni baisser la tête, seulement la tourner de droite à gauche et de gauche à droite. Comme il aime tout particulièrement regarder les nuages, il prend l’habitude de se coucher sur le dos pour les contempler. Pour regarder les insectes sur le sol, il se couche sur le ventre. Sa joie de vivre n’est pas altérée pour autant.
Tchantchès grandit. En se regardant dans le miroir, il se rend compte de sa laideur. Il a honte, il est de plus en plus malheureux. Il ne sort de sa maison que le soir ou lorsqu’il est certain de ne rencontrer personne dans la rue. Il souffre atrocement de la solitude alors qu’il est fait pour rire, pour chanter et être bon avec le monde.
En 770, il vient d’avoir dix ans. A l’approche du 15 août et des fêtes de l’Assomption, les habitants recherchent activement celui qui acceptera de jouer le rôle de Saint Macrew. Personne ne veut se balader toute la journée dans une chaise à porteurs, le visage maculé de suie et devant subir les quolibets des villageois. Tchantchès, las de solitude, se propose et plutôt que de plier l’échine sous les plaisanteries, il répond du tac au tac ce qui lui vaut l’admiration de tout le quartier.
La laideur est peu de chose et l’humour et l’intelligence la font bien souvent oublier. Il a été sacré " Prince de Djus-d’la Moûse " et rencontre bien d’autres aventures. On dit qu’il est enterré place de l’Yser là ou s’élève encore aujourd’hui sa statue. Si vous passez par Liège, dans ce quartier, regardez bien... vous le rencontrerez certainement car il est immortel.
La naissance de ce bébé rose et potelé se répand de ruelle en impasse et chaque habitant veut voir le nouveau-né. Quelle n’est pas la surprise des habitants de l’entendre gazouiller. Il s’éclaircit la voix puis se met à chanter. La chanson qu’il chante est loin d’être anodine ; c’est une chanson à boire et il l’entonne à pleins poumons : "Allons la Mère Gaspard, encore un verre, encore un verre !"
Chacun se propose alors pour adopter un enfant aussi peu ordinaire. Les boulangers veulent l’élever avec leurs deux enfants ; il ne manquera jamais de pain, il sera bien entouré, bien aimé. Leurs voisins protestent. Ils n’ont déjà pas le temps de s’occuper de leurs enfants qui traînent dans les rues tout au long du jour. Que feraient-ils avec un enfant de plus ? Le mineur propose de le prendre chez lui.
- Nous avons déjà cinq enfants, un en plus ne nous fait pas peur.
Les voisins trouvent à redire. Ils n’ont déjà pas de quoi nourrir leur progéniture et se serrent la ceinture du 1 janvier au 31 décembre.
Un peu à l’écart, à quelques pas du gros de la foule, un couple regarde le bambin avec des yeux remplis d’amour. Ils rêvent depuis si longtemps d’avoir un bébé. Timidement, ils s’avancent, main dans la main.
- Nous pourrions peut-être le prendre chez nous. Nous lui donnerons de la tendresse et de l’amour. Nous n'avons pas d'enfant et une grande maison.
- Bonne idée ! dit le charcutier. Qui plus est, vous habitez au centre du quartier. Nous pourrons ainsi voir souvent l'enfant. Il sera un peu notre enfant à tous et nous veillerons à ce qu’il ne manque de rien.
- Maintenant il faut lui donner un nom ! dit le poissonnier.
- Appelons-le François ! dit la mercière, c'est un nom joli et facile à retenir.
Ainsi fut fait. Cependant au quartier Djus-d’la-Moüse, personne ne l’appelle François mais Tchantchès, un diminutif qui lui va plutôt bien. Le garçon est gai comme un pinson, toujours souriant. Il rit dès son lever et seule une chose le met en colère. Il ne peut supporter de voir un récipient contenant de l’eau.
Pour nourriture, il reçoit des harengs saur qu'il trouve fort à son goût. Mais le hareng saur est excessivement salé et enflamme son gosier. Son père, à l’insu de sa femme, lui donne des biscuits trempés dans du Peket, un alcool de genièvre dont raffolent les Liégeois, qu'il aime beaucoup.
Le jour du baptême de Tchantchès, toute la population s’est donné rendez-vous à l’église. Il y a tant de monde dans le bâtiment, qu’un mouvement de la foule déstabilise la marraine qui laisse échapper son filleul. Il vient heurter son nez sur le bord du baptistère. Il n'en faut pas plus pour qu'une rumeur se répande : Tchantchès est devenu invulnérable.
Au fil des ans, son nez enfle, grossit, atteint une grandeur démesurée. Ses parents dépensent une fortune en baume et onguents de toutes sortes. Hélas ! rien n’y fait et le visage de Tchantchès devient difforme. Grâce à sa gaieté naturelle, son énorme nez ne le rend pas foncièrement laid mais plutôt drôle. Il devient même le modèle des masques de carnaval.
Un jour, qu'il attrape la rougeole, le médecin lui prescrit de boire un verre d’eau ferrugineuse chaque matin pour le guérir. Sa maman rassemble dans une marmite remplie d’eau tout ce qu’elle possède comme objets en fer : des clous, des fers à cheval, des vieilles clés ... Chaque matin, elle prélève un verre de cette mixture. Ce n’est pas bon du tout mais Tchantchès est un enfant obéissant qui ne veut surtout pas faire de peine à sa mère. Il vide son verre d’un trait en faisant un terrible grimace.
Un matin, il vide son verre comme à son habitude mais un morceau de fer reste coincé dans son gosier. Il ne peut plus lever ni baisser la tête, seulement la tourner de droite à gauche et de gauche à droite. Comme il aime tout particulièrement regarder les nuages, il prend l’habitude de se coucher sur le dos pour les contempler. Pour regarder les insectes sur le sol, il se couche sur le ventre. Sa joie de vivre n’est pas altérée pour autant.
Tchantchès grandit. En se regardant dans le miroir, il se rend compte de sa laideur. Il a honte, il est de plus en plus malheureux. Il ne sort de sa maison que le soir ou lorsqu’il est certain de ne rencontrer personne dans la rue. Il souffre atrocement de la solitude alors qu’il est fait pour rire, pour chanter et être bon avec le monde.
En 770, il vient d’avoir dix ans. A l’approche du 15 août et des fêtes de l’Assomption, les habitants recherchent activement celui qui acceptera de jouer le rôle de Saint Macrew. Personne ne veut se balader toute la journée dans une chaise à porteurs, le visage maculé de suie et devant subir les quolibets des villageois. Tchantchès, las de solitude, se propose et plutôt que de plier l’échine sous les plaisanteries, il répond du tac au tac ce qui lui vaut l’admiration de tout le quartier.
La laideur est peu de chose et l’humour et l’intelligence la font bien souvent oublier. Il a été sacré " Prince de Djus-d’la Moûse " et rencontre bien d’autres aventures. On dit qu’il est enterré place de l’Yser là ou s’élève encore aujourd’hui sa statue. Si vous passez par Liège, dans ce quartier, regardez bien... vous le rencontrerez certainement car il est immortel.
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Re: contes du monde
ERIK, le paysan rusé
Un jour, un paysan était allé dans la forêt avec son cheval et son traîneau pour faire la provision de bois. Il n’avait pas terminé son ouvrage qu’un énorme ours s’approcha de lui et lui dit :
- Donne-moi ton cheval sinon cet été, tu pourras faire attention à tes moutons.
- Oh l’Ours ! répondit le paysan, il ne me reste pas plus de bois à la maison, pas une seule petite bûche. Je t’en prie, laisse-moi ramener cette charge de rondins jusque chez moi. Tu ne voudrais pas que je meure de froid ? Demain, je te promets de te ramener le cheval.
L’ours le laissa partir mais lui signifia que s’il ne tenait pas sa promesse, il le payerait très cher.
En chemin, il rencontra un renard. Celui-ci en voyant son air triste lui demanda :
- Pourquoi as-tu l’air si malheureux ? dit le rusé compère.
- Oh le Renard ! répondit le paysan, j’ai rencontré l’ours dans la forêt et il m’a fait promettre de lui ramener mon cheval demain sinon, il s’attaquera à mes moutons cet été.
- Ce n’est pas si terrible ! dit le renard. Si tu promets de me donner le plus gras des agneaux de ton étable, je te délivrerai de ta promesse à l’ours.
Le paysan trop heureux de sauver son cheval accepta avec empressement.
- Ecoute bien, dit le renard. Demain, tu amèneras ton cheval à l’ours. Je serai sur le sommet de la colline et je chanterai tellement fort que l’ours ne manquera pas de te demander " mais qu’est-ce que cela ? " Tu auras simplement à lui répondre " C’est Pierre, le chasseur ". Pour le reste, tu n’as pas besoin de t’inquiéter.
Le lendemain, le paysan conduisit son cheval comme prévu. Il allait le lui remettre le cheval quand il entendit une chanson.
- Qu’est-ce que cela ? demanda l’ours, visiblement inquiet.
- Ce n’est que Pierre, le chasseur, le meilleur tireur de toute la région.
- N’as-tu vu aucun ours dans la forêt ? demanda une voix venant du haut de la colline.
- Réponds que non, lui souffla l’ours.
- Non, chasseur, je n’ai vu aucun ours, répondit le paysan.
- Mais dis-moi, qu’est-ce qui se tient à côté de toi ? demanda encore la voix.
- Dis-lui que c’est un vieux tronc d’arbre, lui souffla l’ours.
- C’est un vieux tronc d’arbre que je vais charger, dit le paysan.
- Veux-tu que je descende pour t’aider à le charger ? demanda la voix.
- Attache-moi vite et dit que tu as terminé, souffla l’ours.
- Je te remercie mais c’est déjà fait, dit le paysan. Il attacha l’ours de telle façon qu’il ne pouvait plus remuer.
La voix s’éleva à nouveau et demanda :
- Comment se fait-il que tu n’aies pas encore planté ta hache dans le tronc comme le font tous les bûcherons ?
Le paysan prit sa hache et, d’un coup net, brisa le crâne de l’ours. Il s’en retournait chez lui lorsque le renard surgit au premier carrefour. Tous les deux prirent le chemin de la maison mais arrivé à proximité de l’entrée du village le renard s’arrêta.
- Je ne veux pas aller plus loin. Je crains tes chiens. Va me chercher l’agneau mais mets-le dans un sac pour que personne ne se doute de ma présence.
L’homme rentra dans la bergerie et se préparait à mettre un agneau bien dodu dans un sac quand sa femme arriva.
- Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda celle-ci.
- Je vais porter un agneau au renard, dit le paysan. Il m’a délivré de l’ours et je le lui ai promis.
- Un agneau pour le renard ! s’exclama la ménagère. Sais-tu combien de poules et de canards il a déjà volé ? Il m’en volera encore, ça, j’en suis certaine. Il s’est déjà bien payé sans ton concours. Mets les chiens dans le sac et offre-les lui.
L’homme trouva ce conseil judicieux. Il mit ses deux chiens dans un sac et revient vers le renard qui l’attendait avec impatience et se pourléchait déjà les babines.
- Ah te voilà ! Ouvre vite ton sac et grand merci, dit le renard.
Les chiens s’échappèrent et se jetèrent sur le renard qui surpris, n’eut pas le temps de s’enfuir.
Le paysan et ses deux chiens revinrent vers la maison trop heureux d’avoir sauvé à la fois le cheval et l’agneau.
- Donne-moi ton cheval sinon cet été, tu pourras faire attention à tes moutons.
- Oh l’Ours ! répondit le paysan, il ne me reste pas plus de bois à la maison, pas une seule petite bûche. Je t’en prie, laisse-moi ramener cette charge de rondins jusque chez moi. Tu ne voudrais pas que je meure de froid ? Demain, je te promets de te ramener le cheval.
L’ours le laissa partir mais lui signifia que s’il ne tenait pas sa promesse, il le payerait très cher.
En chemin, il rencontra un renard. Celui-ci en voyant son air triste lui demanda :
- Pourquoi as-tu l’air si malheureux ? dit le rusé compère.
- Oh le Renard ! répondit le paysan, j’ai rencontré l’ours dans la forêt et il m’a fait promettre de lui ramener mon cheval demain sinon, il s’attaquera à mes moutons cet été.
- Ce n’est pas si terrible ! dit le renard. Si tu promets de me donner le plus gras des agneaux de ton étable, je te délivrerai de ta promesse à l’ours.
Le paysan trop heureux de sauver son cheval accepta avec empressement.
- Ecoute bien, dit le renard. Demain, tu amèneras ton cheval à l’ours. Je serai sur le sommet de la colline et je chanterai tellement fort que l’ours ne manquera pas de te demander " mais qu’est-ce que cela ? " Tu auras simplement à lui répondre " C’est Pierre, le chasseur ". Pour le reste, tu n’as pas besoin de t’inquiéter.
Le lendemain, le paysan conduisit son cheval comme prévu. Il allait le lui remettre le cheval quand il entendit une chanson.
- Qu’est-ce que cela ? demanda l’ours, visiblement inquiet.
- Ce n’est que Pierre, le chasseur, le meilleur tireur de toute la région.
- N’as-tu vu aucun ours dans la forêt ? demanda une voix venant du haut de la colline.
- Réponds que non, lui souffla l’ours.
- Non, chasseur, je n’ai vu aucun ours, répondit le paysan.
- Mais dis-moi, qu’est-ce qui se tient à côté de toi ? demanda encore la voix.
- Dis-lui que c’est un vieux tronc d’arbre, lui souffla l’ours.
- C’est un vieux tronc d’arbre que je vais charger, dit le paysan.
- Veux-tu que je descende pour t’aider à le charger ? demanda la voix.
- Attache-moi vite et dit que tu as terminé, souffla l’ours.
- Je te remercie mais c’est déjà fait, dit le paysan. Il attacha l’ours de telle façon qu’il ne pouvait plus remuer.
La voix s’éleva à nouveau et demanda :
- Comment se fait-il que tu n’aies pas encore planté ta hache dans le tronc comme le font tous les bûcherons ?
Le paysan prit sa hache et, d’un coup net, brisa le crâne de l’ours. Il s’en retournait chez lui lorsque le renard surgit au premier carrefour. Tous les deux prirent le chemin de la maison mais arrivé à proximité de l’entrée du village le renard s’arrêta.
- Je ne veux pas aller plus loin. Je crains tes chiens. Va me chercher l’agneau mais mets-le dans un sac pour que personne ne se doute de ma présence.
L’homme rentra dans la bergerie et se préparait à mettre un agneau bien dodu dans un sac quand sa femme arriva.
- Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda celle-ci.
- Je vais porter un agneau au renard, dit le paysan. Il m’a délivré de l’ours et je le lui ai promis.
- Un agneau pour le renard ! s’exclama la ménagère. Sais-tu combien de poules et de canards il a déjà volé ? Il m’en volera encore, ça, j’en suis certaine. Il s’est déjà bien payé sans ton concours. Mets les chiens dans le sac et offre-les lui.
L’homme trouva ce conseil judicieux. Il mit ses deux chiens dans un sac et revient vers le renard qui l’attendait avec impatience et se pourléchait déjà les babines.
- Ah te voilà ! Ouvre vite ton sac et grand merci, dit le renard.
Les chiens s’échappèrent et se jetèrent sur le renard qui surpris, n’eut pas le temps de s’enfuir.
Le paysan et ses deux chiens revinrent vers la maison trop heureux d’avoir sauvé à la fois le cheval et l’agneau.
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Re: contes du monde
Gantelet, le Bossu
Le pauvre Gantelet (nommé ainsi parce qu'il accrochait toujours à son petit chapeau de paille un brin de campanule, ou gant de bergère) souffrait doublement de son infirmité car les paysans alentour avaient peur de son aspect un peu monstrueux et le tenaient en quarantaine. Sa bosse était gigantesque, "on aurait dit que son corps était roulé en boule et placé sur ces épaules, pesant tellement sur sa tête que lorsqu'il était assis il devait appuyer le menton sur ses genoux". Quelques ignorants des environs racontaient même à son sujet des histoires bizarres, mais ce n'était probablement que de l'envie, car Gantelet était un artisan fort doué pour tresser la paille et le jonc dont il faisait des paniers et des chapeaux si beaux qu'ils se vendaient plus cher que tous les autres.
Un soir que Gantelet revenait de Cahir, une jolie petite ville, et regagnait sa demeure, il s'assit un moment près des anciens fossés de Knockgrafton pour soulager sa lassitude. C'est alors qu'il entendit monter des douves une musique fort belle, mais qui semblait d'un autre monde, une mélodie si prenante que le bossu écouta de toutes ses oreilles jusqu'à être lassé de l'entendre répéter. Au bout d'un temps, la musique s'arrêta. Alors Gantelet se mit à chanter le même air, de plus en plus fort, et il s'entendit accompagner par des voix qui venaient de plus bas. Les elfes furent enchantés des variations qu'il apportait à leur chant, ils "décidèrent sur-le-champ d'attirer en leur compagnie ce mortel mieux doué qu'eux-mêmes pour la musique et un tourbillon transporta en un clin d'oeil le petit Gantelet parmi eux". Les esprits, ravis, rendirent un juste hommage au talent du bossu, qu'ils mirent au-dessus de tous leurs musiciens, ils lui firent fête et honneur "comme s'il était le premier personnage du royaume".
Quelque temps après Gantelet remarqua un jour que les elfes étaient en grande consultation autour de lui, ce qui ne manqua pas de l'alarmer, mais un des esprits se détacha des autres et lui dit
"Gantelet à la voix d'or !
Ne doute pas, ni ne déplore,
Car la bosse que jusqu'alors
Ton dos croyait porter encore
Est à tes pieds, et donc d'abord
Regarde-la, Gantelet d'or !"
Gantelet se sentit soudain plus léger que d'habitude, et il fut pris d'une telle exaltation "qu'il aurait pu sauter d'un bond jusqu'à la lune". Il regarda autour de lui, émerveillé ; pour la première fois de sa vie il pouvait lever la tête, et tout lui semblait de plus en plus beau. "Subjugué par la spendeur qui s'offrait à ses yeux, la tête lui tourna et sa vision se troubla." Il tomba alors dans un profond sommeil. Quand il en sortit, bien plus tard, ce n'était plus le même homme. Vêtu d'un habit flambant neuf dont les esprits avaient dû lui faire présent, il vit qu'il était devenu désormais "un petit jeune homme bien troussé".
A quelque temps de là, quand l'histoire de sa bosse se fut répandue dans la campagne environnante, une vieille femme vint frapper chez lui pour demander les détails de sa "guérison", à l'intention du fils d'une de ses amies, lequel était bossu aussi. Gantelet, de caractère aimable et confiant, ne se fit pas prier pour décrire son aventure. La femme lui fit mille remerciements et s'en retourna chez elle. Elle rapporta à son amie le récit de Gantelet et elles se mirent en route avec le bossu vers l'ancien fossé de Knockgrafton. Or ce bossu, il s'appelait Jack Follin, "était depuis sa naissance un être geignard, irritable et plein de ruse". Quand il entendit la musique des fées il fut si pressé de se débarrasser de sa bosse qu'il ne pensa pas un instant qu'il devait attendre le bon moment pour essayer une variation, ni même se soucier de bien chanter. Il interrompit sans vergogne la musique des elfes avec ses braillements, "pensant que là où il en est passé un, deux passeront mieux, et que si Gantelet avait reçu un habit neuf, on lui en donnerait deux".
Un tel comportement provoqua la colère des esprits. Ils traînèrent violemment Jack Follin au fond de la douve et l'entourèrent avec force cris et hurlements. L'un deux se détacha et lui dit
"Jack Follin, Jack Follin !
Si mal venus tes mots
Dans nos chants si joyeux
Qu'en ce château ruiné
Ta vie sera plus dure -
Voilà deux bosses pour Jack Follin !"
Et alors "vingt des elfes les plus robustes fixèrent la bosse de Gantelet par-dessus la sienne, aussi fermement que si des maîtres charpentiers l'avaient clouée avec des clous en or".
Puis les esprits boutèrent l'infortuné hors de leur demeure à grands coups de pieds. Au matin les deux femmes le trouvèrent à demi mort, les deux bosses sur le dos. Il va sans dire que le voyage de retour, alourdi qu'il était d'un poids énorme, eut raison de ses forces.
Un soir que Gantelet revenait de Cahir, une jolie petite ville, et regagnait sa demeure, il s'assit un moment près des anciens fossés de Knockgrafton pour soulager sa lassitude. C'est alors qu'il entendit monter des douves une musique fort belle, mais qui semblait d'un autre monde, une mélodie si prenante que le bossu écouta de toutes ses oreilles jusqu'à être lassé de l'entendre répéter. Au bout d'un temps, la musique s'arrêta. Alors Gantelet se mit à chanter le même air, de plus en plus fort, et il s'entendit accompagner par des voix qui venaient de plus bas. Les elfes furent enchantés des variations qu'il apportait à leur chant, ils "décidèrent sur-le-champ d'attirer en leur compagnie ce mortel mieux doué qu'eux-mêmes pour la musique et un tourbillon transporta en un clin d'oeil le petit Gantelet parmi eux". Les esprits, ravis, rendirent un juste hommage au talent du bossu, qu'ils mirent au-dessus de tous leurs musiciens, ils lui firent fête et honneur "comme s'il était le premier personnage du royaume".
Quelque temps après Gantelet remarqua un jour que les elfes étaient en grande consultation autour de lui, ce qui ne manqua pas de l'alarmer, mais un des esprits se détacha des autres et lui dit
"Gantelet à la voix d'or !
Ne doute pas, ni ne déplore,
Car la bosse que jusqu'alors
Ton dos croyait porter encore
Est à tes pieds, et donc d'abord
Regarde-la, Gantelet d'or !"
Gantelet se sentit soudain plus léger que d'habitude, et il fut pris d'une telle exaltation "qu'il aurait pu sauter d'un bond jusqu'à la lune". Il regarda autour de lui, émerveillé ; pour la première fois de sa vie il pouvait lever la tête, et tout lui semblait de plus en plus beau. "Subjugué par la spendeur qui s'offrait à ses yeux, la tête lui tourna et sa vision se troubla." Il tomba alors dans un profond sommeil. Quand il en sortit, bien plus tard, ce n'était plus le même homme. Vêtu d'un habit flambant neuf dont les esprits avaient dû lui faire présent, il vit qu'il était devenu désormais "un petit jeune homme bien troussé".
A quelque temps de là, quand l'histoire de sa bosse se fut répandue dans la campagne environnante, une vieille femme vint frapper chez lui pour demander les détails de sa "guérison", à l'intention du fils d'une de ses amies, lequel était bossu aussi. Gantelet, de caractère aimable et confiant, ne se fit pas prier pour décrire son aventure. La femme lui fit mille remerciements et s'en retourna chez elle. Elle rapporta à son amie le récit de Gantelet et elles se mirent en route avec le bossu vers l'ancien fossé de Knockgrafton. Or ce bossu, il s'appelait Jack Follin, "était depuis sa naissance un être geignard, irritable et plein de ruse". Quand il entendit la musique des fées il fut si pressé de se débarrasser de sa bosse qu'il ne pensa pas un instant qu'il devait attendre le bon moment pour essayer une variation, ni même se soucier de bien chanter. Il interrompit sans vergogne la musique des elfes avec ses braillements, "pensant que là où il en est passé un, deux passeront mieux, et que si Gantelet avait reçu un habit neuf, on lui en donnerait deux".
Un tel comportement provoqua la colère des esprits. Ils traînèrent violemment Jack Follin au fond de la douve et l'entourèrent avec force cris et hurlements. L'un deux se détacha et lui dit
"Jack Follin, Jack Follin !
Si mal venus tes mots
Dans nos chants si joyeux
Qu'en ce château ruiné
Ta vie sera plus dure -
Voilà deux bosses pour Jack Follin !"
Et alors "vingt des elfes les plus robustes fixèrent la bosse de Gantelet par-dessus la sienne, aussi fermement que si des maîtres charpentiers l'avaient clouée avec des clous en or".
Puis les esprits boutèrent l'infortuné hors de leur demeure à grands coups de pieds. Au matin les deux femmes le trouvèrent à demi mort, les deux bosses sur le dos. Il va sans dire que le voyage de retour, alourdi qu'il était d'un poids énorme, eut raison de ses forces.
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Re: contes du monde
Kagsagsuk, l'orphelin
Il était une fois un pauvre orphelin qui vivait parmi des hommes durs dans le Nord du Canada, un endroit qui s'appelle aujourd'hui le Nunavuk. Son nom était Kagsagsuk. Il habitait avec sa vieille mère adoptive dans une misérable cabane, à côté du portail d'une grande maison où il n'avait pas le droit d'entrer. A vrai dire, Kagsagsuk n'osait même pas pénétrer dans la cabane, et il restait couché sur le seuil, cherchant une place chaude parmi les chiens. Lorsque, le matin, les hommes de la grande maison éveillaient leurs chiens avec des coups de cravache, le pauvre garçon en recevait aussi. Comme il avait mal, il criait: "Nah, nah, wa, wa, wa!" et tous se moquaient de lui, parce qu'il se comportait comme un chien.
Lorsque les hommes de la grande maison se mettaient à manger toutes sortes d'aliments congelés, de la chair ou de la peau de morse, le petit Kagsagsuk les regardait avec envie de son coin. De temps en temps, ils le faisaient venir, en le soulevant par ses narines. Ils lui jetaient quelques restes de viande congelée, mais sans lui donner de couteau pour la couper. Il était obligé de se servir de ses dents, comme un chien! Un jour, par cruauté et par bêtises, les hommes de la grande maison, lui arrachèrent une dent sur deux au prétexte qu'il mangeait de trop. La vie qui était déjà bien difficile devint insupportable pour Kagsagsuk.
Sa mère adoptive qui était brave et bonne lui avait donné des souliers et une petite lance, pour qu'il puisse jouer dehors, devant la maison, avec les autres enfants. Mais ceux-ci le jetaient à terre, car il était resté petit et faible. Ils le roulaient dans la neige puis ils emplissaient ses habits, et le maltraitaient cruellement. Les fillettes aussi, lui jetaient de la neige et de la boue. Ainsi, le pauvre garçon était tourmenté de tous les côtés.
Avec le temps, il prit de l'âge et se risqua à s'éloigner davantage de la maison, jusque dans les montagnes. Il cherchait des lieux isolés et réfléchissait à la façon de devenir fort. Sa mère adoptive avait bien essayé de lui apprendre mais Kagsagsuk, comme tous les enfants devait faire ses expériences tout seul.
Un jour, il se plaça entre deux hautes montagnes et cria:
-"Seigneur de la Force, viens à moi! Seigneur de la Force, montre-toi à moi!"
Un grand ours parut. Kagsagsuk fut tellement effrayé et qu'il se mit à courir, mais le monstre le rattrapa et le jeta à terre violemment. Il était incapable de se relever. Il entendit soudain craquer quelque chose, et il aperçut une quantité d'os de chien marin, pareils aux osselets dont se servent les enfants pour jouer dans la cour de l'école. Les petits os tombaient de son corps comme l'eau tombe de la cascade. L'ours lui dit: "Ces petits os ont empêché ta croissance." Il frotta sa queue autour du corps du garçon et, pour la seconde fois, de petits os s'en échappèrent. Il recommença une troisième, une quatrième et même une cinquième fois et à chaque opération, des petits os tombaient sur le sol. L'ours lui dit:
-"Si tu veux devenir grand et fort, tous les jours tu dois venir t'exercer à la lutte avec moi."
Kagsagsuk s'en retourna chez lui, soulagé. Il courut, même, en faisant rouler des pierres sur sa route. Lorsqu'il approcha de la maison, des fillettes crièrent:
-"Voilà Kagsagsuk. Jetons-lui de la boue!" Et les garçons le frappèrent et le tourmentèrent comme auparavant. Lui, se laissa faire et alla se coucher, à son habitude, entre les chiens.
Tous les jours, il rencontrait l'ours et s'astreignait à chaque fois aux mêmes exercices. Chaque jour, il se sentait devenir plus fort. Il roulait maintenant de véritables blocs de rochers sur la route. Il devenait plus fort de jours en jours. Enfin, l'ours ne fut plus en mesure de le vaincre, et lui dit:
-"C'est assez maintenant! Nulle créature humaine ne pourra plus triompher de toi. Continue encore à t'en tenir à tes anciennes habitudes, mais, quand l'hiver sera venu et que la mer sera gelée, il sera temps de montrer ta force. Alors, trois ours puissants paraîtront, qui tomberont de ta main."
Un jour d'automne, les hommes de la grande maison rapportèrent sur l'eau un gros tronc d'arbre flottant, qu'ils attachèrent à quelques blocs de pierre sur la plage car ils le trouvaient bien trop lourd pour l'emporter immédiatement. A la nuit tombante, Kagsagsuk dit à sa mère adoptive:
- "Donne-moi mes souliers, mère, afin que je puisse aller voir ce bois."
Dès que tous furent couchés, il s'en fut vers la plage, délia les attaches, jeta le tronc d'arbre sur ses épaules et le porta derrière la maison où il l'enfouit profondément dans le sol.
Lorsqu'au matin, un des hommes sortit, il s'écria:
-"Le bois est parti!" Les autres le rejoignirent et virent que les attaches avaient été rompues et ils étaient très surpris, car le bois avait disparu et cependant ni les flots ni le vent n'avaient pu l'emporter. Mais, une vieille femme, qui passait là par hasard, dit soudain:
-"Voyez donc, le tronc est là!" Tous accoururent, poussèrent de grands cris et s'exclamèrent: --"Certes, il doit y avoir parmi nous un homme d'une force exceptionnelle! " Et chacun d'eux se rengorgea pour faire croire que c'était lui.
Au début de l'hiver, Kagsagsuk fut encore plus maltraité que par le passé par les habitants de la grande maison, voisine de la cabane de sa mère. Mais lui ne modifia en rien sa manière de se comporter, il continuait à dormir parmi les chiens afin de ne pas éveiller de soupçon. Lorsque la mer fut toute recouverte de glace, la chasse aux phoques fut interrompue et, quand les jours redevinrent plus longs, des hommes accoururent annonçant qu'on avait aperçu trois ours polaires escalader un glacier. Personne n'osa sortir pour aller les combattre. L'heure d'agir était venue pour Kagsagsuk.
-"Mère, dit-il, donne-moi mes souliers, je veux aller voir ces ours." Sa mère adoptive s'inquiéta mais lui jeta cependant ses souliers et dit
-"Dans ce cas, rapporte-moi, du moins, une peau d'ours pour couverture, et une autre pour me coucher dessus." Il prit les souliers, mit ses hardes sur son corps, et s'élança à la rencontre des ours. Les hommes, qui se trouvaient devant leur maison, crièrent:
-"Quoi? N'est-ce point Kagsagsuk? Que peut-il bien vouloir faire? Qu'il retourne chez lui! " Et les jeunes filles dirent:
-"Il est devenu fou!" Kagsagsuk se fraya un chemin à travers les habitants du village comme s'ils n'étaient qu'un tas de petits poissons. Il se mit à courir. Il était tellement léger que ses talons semblaient toucher sa nuque, et la neige en tourbillonnant étincelait de toutes les teintes de l'arc-en-ciel en se dispersant sous ses pas. Il monta tout en haut du glacier à la force de ses bras. Soudain, sans savoir d'où il venait, un ours énorme leva une patte vers lui. Kagsagsuk se tourna une fois sur lui-même, saisit l'animal par ses pattes de devant et le jeta contre le glacier, de sorte que les os s'y écrasèrent et le corps de l'ours tomba en bas, sur la glace, aux pieds des assistants, les villageois qui l'avaient suivi. Il leur cria:
-"C'est là ma première capture! Enlevez-lui la peau et dépecez-le." Les gens pensèrent:
-"Le second ours le tuera sûrement! "
Une fois encore, le spectacle se répéta, et le corps du second animal fut jeté sur la glace. Uis vint le troisième ours. Kagsagsuk le saisit par les pattes de devant, le fit tournoyer au-dessus de sa tête et en frappa l'un des hommes qui s'était approché de lui. Aussitôt Kagsagsuk s'écria:
-"Celui-ci s'est conduit cruellement et injustement avec moi!" Il frappa un second homme en hurlant:
-"Celui-ci m'a traité encore plus mal, il m'a laissé avoir faim." Puis il frappa un troisième, un quatrième, un cinquième homme et tous se mirent à fuir, saisis d'une épouvante sauvage.
Mais il arriva derrière eux et alla vers sa mère adoptive à qui il lui remit les deux peaux d'ours, en disant:
-"Voici une peau pour ton lit et une autre pour t'en couvrir." Puis il lui ordonna de dépecer la chair du troisième ours et de la faire cuire.
Les habitants de la grande maison le prièrent d'entrer dans leur demeure. Mais il ne fit que jeter un regard par-dessus le seuil, selon son habitude, et dit:
-"Je n'entrerai pas, à moins que l'un de vous ne vienne me soulever par les narines, comme auparavant." Personne n'osa plus le faire, maintenant; sa vieille mère adoptive s'approcha alors de lui et le fit. Tous étaient soudain très aimables avec lui. L'un dit:
-"Approche-toi donc un peu plus!" L'autre:
-"Ne te mets donc pas là-bas où le banc est nu. Il y a là une meilleure place pour Kagsagsuk." Mais lui refusa toutes ces invitations et prit place sur le banc de pierre. Quelques-uns lui dirent:
-"Nous avons des souliers pour Kagsagsuk." D'autres:
-"Voici des pantalons pour lui." Et les jeunes filles rivalisaient à qui offrirait de lui coudre des vêtements. Un homme ordonna à l'une d'elles d'apporter de l'eau pour "notre cher Kagsagsuk". Lorsque la jeune fille revint - c'était l'une de celles qui l'avaient le plus cruellement tourmenté et taquiné - il l'attira contre lui et la serra si fort qu'il l'écrasa. Alors, il dit:
-"Il me semble qu'elle s'est écrasée". Mais les parents de la jeune fille dirent:
-"Oh! cela ne fait rien! Elle ne valait d'ailleurs pas grand'chose. Et nous avons d'autres enfants encore." Ensuite, quand les garçons entrèrent dans la salle, il les appela et leur fit de même. Il tua tous ceux qui l'avaient maltraité et tourmenté, et toujours, les parents disaient:
-"Oh! cela ne fait rien! Il ne valait pas grand'chose. Il ne faisait que jouer!" Ainsi, Kagsagsuk continua à supprimer tous ceux qui l'avaient maltraité et il ne s'arrêta que lorsque tous furent tués de sa main.
Quant à ceux qui avaient été bons pour lui, car comme partout il y en avait, il fut bon pour eux, lui aussi. Il répartit entre les affamés ce que les hommes de la grande maison avaient mis de côté pour l'hiver. Il s'occupa des pauvres et s'en alla loin sur la mer, dans son kayak, pour les servir. Il s'en alla vers le Sud, vers le Nord, vers l'Est, vers l'Ouest et accomplit de hauts faits. Aujourd'hui encore, on se montre les traces de ses actes héroïques, - ce qui prouve que l'histoire de Kagsagsuk est vraie.
Lorsque les hommes de la grande maison se mettaient à manger toutes sortes d'aliments congelés, de la chair ou de la peau de morse, le petit Kagsagsuk les regardait avec envie de son coin. De temps en temps, ils le faisaient venir, en le soulevant par ses narines. Ils lui jetaient quelques restes de viande congelée, mais sans lui donner de couteau pour la couper. Il était obligé de se servir de ses dents, comme un chien! Un jour, par cruauté et par bêtises, les hommes de la grande maison, lui arrachèrent une dent sur deux au prétexte qu'il mangeait de trop. La vie qui était déjà bien difficile devint insupportable pour Kagsagsuk.
Sa mère adoptive qui était brave et bonne lui avait donné des souliers et une petite lance, pour qu'il puisse jouer dehors, devant la maison, avec les autres enfants. Mais ceux-ci le jetaient à terre, car il était resté petit et faible. Ils le roulaient dans la neige puis ils emplissaient ses habits, et le maltraitaient cruellement. Les fillettes aussi, lui jetaient de la neige et de la boue. Ainsi, le pauvre garçon était tourmenté de tous les côtés.
Avec le temps, il prit de l'âge et se risqua à s'éloigner davantage de la maison, jusque dans les montagnes. Il cherchait des lieux isolés et réfléchissait à la façon de devenir fort. Sa mère adoptive avait bien essayé de lui apprendre mais Kagsagsuk, comme tous les enfants devait faire ses expériences tout seul.
Un jour, il se plaça entre deux hautes montagnes et cria:
-"Seigneur de la Force, viens à moi! Seigneur de la Force, montre-toi à moi!"
Un grand ours parut. Kagsagsuk fut tellement effrayé et qu'il se mit à courir, mais le monstre le rattrapa et le jeta à terre violemment. Il était incapable de se relever. Il entendit soudain craquer quelque chose, et il aperçut une quantité d'os de chien marin, pareils aux osselets dont se servent les enfants pour jouer dans la cour de l'école. Les petits os tombaient de son corps comme l'eau tombe de la cascade. L'ours lui dit: "Ces petits os ont empêché ta croissance." Il frotta sa queue autour du corps du garçon et, pour la seconde fois, de petits os s'en échappèrent. Il recommença une troisième, une quatrième et même une cinquième fois et à chaque opération, des petits os tombaient sur le sol. L'ours lui dit:
-"Si tu veux devenir grand et fort, tous les jours tu dois venir t'exercer à la lutte avec moi."
Kagsagsuk s'en retourna chez lui, soulagé. Il courut, même, en faisant rouler des pierres sur sa route. Lorsqu'il approcha de la maison, des fillettes crièrent:
-"Voilà Kagsagsuk. Jetons-lui de la boue!" Et les garçons le frappèrent et le tourmentèrent comme auparavant. Lui, se laissa faire et alla se coucher, à son habitude, entre les chiens.
Tous les jours, il rencontrait l'ours et s'astreignait à chaque fois aux mêmes exercices. Chaque jour, il se sentait devenir plus fort. Il roulait maintenant de véritables blocs de rochers sur la route. Il devenait plus fort de jours en jours. Enfin, l'ours ne fut plus en mesure de le vaincre, et lui dit:
-"C'est assez maintenant! Nulle créature humaine ne pourra plus triompher de toi. Continue encore à t'en tenir à tes anciennes habitudes, mais, quand l'hiver sera venu et que la mer sera gelée, il sera temps de montrer ta force. Alors, trois ours puissants paraîtront, qui tomberont de ta main."
Un jour d'automne, les hommes de la grande maison rapportèrent sur l'eau un gros tronc d'arbre flottant, qu'ils attachèrent à quelques blocs de pierre sur la plage car ils le trouvaient bien trop lourd pour l'emporter immédiatement. A la nuit tombante, Kagsagsuk dit à sa mère adoptive:
- "Donne-moi mes souliers, mère, afin que je puisse aller voir ce bois."
Dès que tous furent couchés, il s'en fut vers la plage, délia les attaches, jeta le tronc d'arbre sur ses épaules et le porta derrière la maison où il l'enfouit profondément dans le sol.
Lorsqu'au matin, un des hommes sortit, il s'écria:
-"Le bois est parti!" Les autres le rejoignirent et virent que les attaches avaient été rompues et ils étaient très surpris, car le bois avait disparu et cependant ni les flots ni le vent n'avaient pu l'emporter. Mais, une vieille femme, qui passait là par hasard, dit soudain:
-"Voyez donc, le tronc est là!" Tous accoururent, poussèrent de grands cris et s'exclamèrent: --"Certes, il doit y avoir parmi nous un homme d'une force exceptionnelle! " Et chacun d'eux se rengorgea pour faire croire que c'était lui.
Au début de l'hiver, Kagsagsuk fut encore plus maltraité que par le passé par les habitants de la grande maison, voisine de la cabane de sa mère. Mais lui ne modifia en rien sa manière de se comporter, il continuait à dormir parmi les chiens afin de ne pas éveiller de soupçon. Lorsque la mer fut toute recouverte de glace, la chasse aux phoques fut interrompue et, quand les jours redevinrent plus longs, des hommes accoururent annonçant qu'on avait aperçu trois ours polaires escalader un glacier. Personne n'osa sortir pour aller les combattre. L'heure d'agir était venue pour Kagsagsuk.
-"Mère, dit-il, donne-moi mes souliers, je veux aller voir ces ours." Sa mère adoptive s'inquiéta mais lui jeta cependant ses souliers et dit
-"Dans ce cas, rapporte-moi, du moins, une peau d'ours pour couverture, et une autre pour me coucher dessus." Il prit les souliers, mit ses hardes sur son corps, et s'élança à la rencontre des ours. Les hommes, qui se trouvaient devant leur maison, crièrent:
-"Quoi? N'est-ce point Kagsagsuk? Que peut-il bien vouloir faire? Qu'il retourne chez lui! " Et les jeunes filles dirent:
-"Il est devenu fou!" Kagsagsuk se fraya un chemin à travers les habitants du village comme s'ils n'étaient qu'un tas de petits poissons. Il se mit à courir. Il était tellement léger que ses talons semblaient toucher sa nuque, et la neige en tourbillonnant étincelait de toutes les teintes de l'arc-en-ciel en se dispersant sous ses pas. Il monta tout en haut du glacier à la force de ses bras. Soudain, sans savoir d'où il venait, un ours énorme leva une patte vers lui. Kagsagsuk se tourna une fois sur lui-même, saisit l'animal par ses pattes de devant et le jeta contre le glacier, de sorte que les os s'y écrasèrent et le corps de l'ours tomba en bas, sur la glace, aux pieds des assistants, les villageois qui l'avaient suivi. Il leur cria:
-"C'est là ma première capture! Enlevez-lui la peau et dépecez-le." Les gens pensèrent:
-"Le second ours le tuera sûrement! "
Une fois encore, le spectacle se répéta, et le corps du second animal fut jeté sur la glace. Uis vint le troisième ours. Kagsagsuk le saisit par les pattes de devant, le fit tournoyer au-dessus de sa tête et en frappa l'un des hommes qui s'était approché de lui. Aussitôt Kagsagsuk s'écria:
-"Celui-ci s'est conduit cruellement et injustement avec moi!" Il frappa un second homme en hurlant:
-"Celui-ci m'a traité encore plus mal, il m'a laissé avoir faim." Puis il frappa un troisième, un quatrième, un cinquième homme et tous se mirent à fuir, saisis d'une épouvante sauvage.
Mais il arriva derrière eux et alla vers sa mère adoptive à qui il lui remit les deux peaux d'ours, en disant:
-"Voici une peau pour ton lit et une autre pour t'en couvrir." Puis il lui ordonna de dépecer la chair du troisième ours et de la faire cuire.
Les habitants de la grande maison le prièrent d'entrer dans leur demeure. Mais il ne fit que jeter un regard par-dessus le seuil, selon son habitude, et dit:
-"Je n'entrerai pas, à moins que l'un de vous ne vienne me soulever par les narines, comme auparavant." Personne n'osa plus le faire, maintenant; sa vieille mère adoptive s'approcha alors de lui et le fit. Tous étaient soudain très aimables avec lui. L'un dit:
-"Approche-toi donc un peu plus!" L'autre:
-"Ne te mets donc pas là-bas où le banc est nu. Il y a là une meilleure place pour Kagsagsuk." Mais lui refusa toutes ces invitations et prit place sur le banc de pierre. Quelques-uns lui dirent:
-"Nous avons des souliers pour Kagsagsuk." D'autres:
-"Voici des pantalons pour lui." Et les jeunes filles rivalisaient à qui offrirait de lui coudre des vêtements. Un homme ordonna à l'une d'elles d'apporter de l'eau pour "notre cher Kagsagsuk". Lorsque la jeune fille revint - c'était l'une de celles qui l'avaient le plus cruellement tourmenté et taquiné - il l'attira contre lui et la serra si fort qu'il l'écrasa. Alors, il dit:
-"Il me semble qu'elle s'est écrasée". Mais les parents de la jeune fille dirent:
-"Oh! cela ne fait rien! Elle ne valait d'ailleurs pas grand'chose. Et nous avons d'autres enfants encore." Ensuite, quand les garçons entrèrent dans la salle, il les appela et leur fit de même. Il tua tous ceux qui l'avaient maltraité et tourmenté, et toujours, les parents disaient:
-"Oh! cela ne fait rien! Il ne valait pas grand'chose. Il ne faisait que jouer!" Ainsi, Kagsagsuk continua à supprimer tous ceux qui l'avaient maltraité et il ne s'arrêta que lorsque tous furent tués de sa main.
Quant à ceux qui avaient été bons pour lui, car comme partout il y en avait, il fut bon pour eux, lui aussi. Il répartit entre les affamés ce que les hommes de la grande maison avaient mis de côté pour l'hiver. Il s'occupa des pauvres et s'en alla loin sur la mer, dans son kayak, pour les servir. Il s'en alla vers le Sud, vers le Nord, vers l'Est, vers l'Ouest et accomplit de hauts faits. Aujourd'hui encore, on se montre les traces de ses actes héroïques, - ce qui prouve que l'histoire de Kagsagsuk est vraie.
crodan00- Nombre de messages : 22306
Age : 72
Localisation : Soings en sologne
Emploi : sans (handicapé)
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Date d'inscription : 12/01/2007
Feuille de personnage
des:
Re: contes du monde
L'amitié des deux chacals
Il y a fort longtemps, vivaient dans l'immensité du désert deux chacals qui s'aimaient d'une amitié sincère, un peu comme s'aiment deux frères. Ils s'entraidaient et chacun pouvait compter sur l'autre en cas de coup dur. Ils partageaient les mêmes peines mais aussi les mêmes joies. Ils ne frayaient avec aucun autre animal préférant passer tout leur temps ensemble. Ensemble, ils recherchaient leur nourriture. Ensemble ils buvaient et mangeaient. Ensemble ils se rafraîchissaient à l'ombre des mêmes rares arbres du désert lorsque le soleil les tourmentaient de ses ardents trop ardents.
Or un jour, alors qu'ils étaient à la recherche de nourriture, l'un à côté de l'autre, sur un terrain aride et brûlé de soleil, ils virent surgissant devant eux un lion affamé qui était lui aussi à la recherche d'une proie. Plutôt que de fuir, les deux amis s'immobilisèrent et firent face à l'ennemi avec opiniâtreté. Le lion fort surpris ne put s'empêcher de leur demander :
- Eh bien, pourriez-vous m'expliquer par quel prodige vous ne vous êtes pas enfui à mon approche ? Etes-vous inconscients ? Ne voyez-vous pas que je suis affamé et à la recherche de nourriture ?
L'un des deux chacals prit la parole et dit :
- Pour sûr, ô seigneur ! Nous sommes fort conscients de cet état de fait. Nous avons vu que tu étais en chasse et que tu allais te jeter sur nous et nous dévorer. Nous avons cependant décidé de ne pas fuir. Quoi que nous fassions, aussi vite que nous puissions courir, tu nous rattraperais. Nous avons donc décidé de ne pas fuir. Nous préférons que tu ne sois pas épuisé au moment où tu décideras de nous dévorer. Nous préférons mourir rapidement et non souffrir par une mort lente.
Le lion qui avait écouté avec attention les paroles du chacal lui dit :
- Le roi des animaux n'est pas en colère d'entendre des paroles sincères. Il sait reconnaître le courage et l'audace de ses sujets. Il se doit d'être grand et généreux envers ses sujets sans défense.
Sur ce, le roi du désert disparut et depuis ce jour, il accorda la paix aux deux chacals.
Or un jour, alors qu'ils étaient à la recherche de nourriture, l'un à côté de l'autre, sur un terrain aride et brûlé de soleil, ils virent surgissant devant eux un lion affamé qui était lui aussi à la recherche d'une proie. Plutôt que de fuir, les deux amis s'immobilisèrent et firent face à l'ennemi avec opiniâtreté. Le lion fort surpris ne put s'empêcher de leur demander :
- Eh bien, pourriez-vous m'expliquer par quel prodige vous ne vous êtes pas enfui à mon approche ? Etes-vous inconscients ? Ne voyez-vous pas que je suis affamé et à la recherche de nourriture ?
L'un des deux chacals prit la parole et dit :
- Pour sûr, ô seigneur ! Nous sommes fort conscients de cet état de fait. Nous avons vu que tu étais en chasse et que tu allais te jeter sur nous et nous dévorer. Nous avons cependant décidé de ne pas fuir. Quoi que nous fassions, aussi vite que nous puissions courir, tu nous rattraperais. Nous avons donc décidé de ne pas fuir. Nous préférons que tu ne sois pas épuisé au moment où tu décideras de nous dévorer. Nous préférons mourir rapidement et non souffrir par une mort lente.
Le lion qui avait écouté avec attention les paroles du chacal lui dit :
- Le roi des animaux n'est pas en colère d'entendre des paroles sincères. Il sait reconnaître le courage et l'audace de ses sujets. Il se doit d'être grand et généreux envers ses sujets sans défense.
Sur ce, le roi du désert disparut et depuis ce jour, il accorda la paix aux deux chacals.
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Re: contes du monde
L'arbre merveilleux
Il y était une fois un pauvre garçon qui chaque jour devait garder les cochons. Chaque matin, il les menait dans la forêt toute proche, afin de les engraisser avec les faines des hêtres et les glands des chênes. Il grandissait et se trouvait proche de ses dix-huit ans quand un matin, alors qu’il s’était aventuré un peu plus loin qu’à l’ordinaire, il se trouva au pied d’un grand arbre. Il était si haut que ses branches se perdaient dans les nuages. " Mais qu'est-ce que cet arbre ? Se demanda-t-il. Comme j’aimerais voir le monde depuis le haut de sa cime ! Essayons ! " Il entreprit donc de grimper. Il grimpa et grimpa encore le long du tronc de l’arbre. Il grimpait encore lorsque midi sonna au clocher de la vieille église ; il grimpait toujours lorsque le soleil se coucha sur la plaine. Il grimpait toujours et n’était encore parvenu qu’aux premières branches lorsqu’il fit tout à fait noir. Heureusement, il était parvenu à une fourche et il résolut de passer la nuit dans ce nid de fortune attaché par les lanières de son fouet afin de ne pas tomber.
Lorsqu’il se réveilla au matin, il recommença son ascension. A midi, il était parvenu à une certaine hauteur dans le branchage sans pour autant voir le sommet de l’arbre. Il grimpait toujours lorsque le soir descendit doucement. L’arbre se déployait en une infinité de branches et ne semblait pas vouloir se terminer. Il s’apprêtait à passer une nuit encore lié par les lanières de son fouet lorsqu’il découvrit un village disposé dans la frondaison de l’arbre.
- D'où viens-tu ? lui demandèrent les paysans, fort surpris à sa vue.
- Je viens d’en bas, répondit le garçon.
- Tu as donc fait un bien long voyage ! dirent les paysans. Reste chez nous, nous trouverons à t’employer.
- L'arbre prend-il fin ici ? demanda le garçon.
- Oh non, le sommet est encore un bon bout plus haut.
- Je ne peux donc pas rester chez vous. Mais j’aimerais manger quelque chose. J’ai tellement faim et je suis si las. Pourrais-je passer la nuit ici ? Demain, je repartirai.
Les paysans lui donnèrent à manger et à boire et le laissèrent dormir chez eux. Au matin, il remercia pour leur bon accueil et il se remit en route le long du tronc.
Le soleil était déjà très haut dans le ciel quand il parvint à un immense château. A l’une des fenêtres, se tenait une superbe jeune fille. Celle-ci paru fort réjouie lorsqu’elle le vit et elle l’invita à venir demeurer chez elle.
- L'arbre prend-il fin ici ? demanda le garçon.
- Oh non, le sommet est encore un bon bout plus haut mais tu ne peux aller plus haut. Je t’en prie, implora-t-elle, reste auprès de moi.
- Que fais-tu ici toute seule ? demanda le garçon.
- Je suis la fille d’un roi mais un enchanteur m’a enfermée ici pour que j’y vive et que j’y meure.
Et elle éclata en gros sanglots.
Le garçon paru ému par les pleurs de la princesse.
- Je veux bien passer un peu de temps auprès de toi et qui sait, peut-être pourrais-je t’aider.
Le garçon pénétra dans le château et comme la fille était belle et gracieuse, elle lui plut chaque jour un peu plus. Il resta à ses côtés, un jour, deux jours, trois jours, une semaine… et le temps s’évanouit pour lui. Ses moindres désirs étaient comblés sans même qu’il ait le besoin d’en parler. Il ne vit jamais l’enchanteur et il vivait heureux dans l’arbre auprès de la princesse.
Tout aurait été pour le mieux si la princesse ne lui avait défendu de pénétrer dans une pièce du château, une chambre située à l’extrême Nord.
Si tu y pénètres, lui avait-elle dit, tu nous rendrais malheureux l’un et l’autre…
Il avait obéi pendant un certain temps mais l’idée d’y aller se faisait un peu plus insistante.
Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Quelle est cette chose qui pourrait nous rendre malheureux ? Je veux le savoir.
Un jour que la princesse était dans sa chambre occupée à broder, il prit les clés suspendues dans la grande salle et s’en alla vers la chambre interdite. Il chercha longtemps la bonne clé et finalement, la lourde porte s’ouvrit. A l’intérieur, il n’y avait rien si ce n’est un corbeau noir fixé sur le mur par trois clous en or. L’un lui traversait le cou et les deux autres retenaient ses ailes.
- Ah ! Enfin te voilà ! Heureusement que tu t’es décidé à venir ! Je suis presque mort de soif ! Donne-moi un peu d’eau qui se trouve dans la cruche posée sur la table sans quoi je périrai !
Le jeune homme réfléchit mais son bon cœur se laissa attendrir. Il pensa qu’en pareille situation, il serait bien heureux qu’on lui donne un peu d’eau.
Il versa une goutte d’eau au corbeau dans le bec du corbeau. A peine avait-elle touché la langue de l’oiseau que le clou qui tenait son cou roula sur le sol.
- Qu’est-ce que cela ? demanda le garçon.
- Ce n’est rien répondit l’animal. Donne-moi encore une goutte. Ne me laisse pas mourir.
- Si tu le veux, dit le garçon qui versa une seconde goutte d’eau sur la langue de l’oiseau.
- Cette fois, c’est le clou qui tenait l’aile droite qui roula sur le sol.
- C’en est assez ! dit le garçon.
- Je t’en supplie. Sois bon avec moi ! Une seule goutte. Donne-moi une seule goutte et puis je te laisserai tranquille.
Lorsque le garçon la lui eut donnée, le troisième clou se détacha aussitôt. L’oiseau, libéré de ses liens, étendit les ailes et s’envola par la fenêtre en croassant.
Le garçon, fort effrayé, courut rapidement hors de la chambre dont il referma à clé la lourde porte. Pourvu que la princesse ne s’en aperçoive pas, se dit-il tout bas. Hélas ! la princesse s’en était aperçue. Au moment où il pénétrait dans la salle où elle se trouvait, elle se piqua au doigt et pâle et tremblante, elle le regarda entrer.
- Tu es allé dans la salle interdite, lui dit-elle. L’enchanteur qui m’a ensorcelé va bientôt arriver pour m’enlever et tu me retrouveras difficilement.
Elle se mit à pleurer et le garçon ne parvint pas à la consoler même lorsqu’il lui promit que où qu’elle soit par le monde, il la retrouverait.
Le lendemain à son réveil, la princesse avait disparu. Il resta durant trois jours et trois nuits à l’attendre mais las d’attendre, il se remit en route. Il grimpa et grimpa encore le long du tronc de l’arbre. Il avançait toujours plus haut dans le branchage jusqu’à ce qu’il soit parvenu à une forêt si dense et si sombre qu’aucun rayon de lumière ne réussissait à pénétrer. Il cherchait sa princesse sans découvrir aucune trace de son passage. Au bout du troisième jour, il aperçut enfin une clarté dans l’obscurité. Il la suivit et ce n’est que trois jours plus tard qu’il parvint dans une clairière où il trouva une petite cabane de chasse. Il y entra et découvrit sa princesse étendue sur son lit.
- Comment as-tu pu me retrouver, s’étonna-t-elle ?
- Ne t’avais-je pas promis de te retrouver où que tu sois dans le monde ? mais ne perdons pas de temps. Il faut fuir avant que l’enchanteur ne revienne te chercher.
Ils coururent à travers la forêt sans se retourner jusqu’à ce que la princesse, épuisée, demande grâce. Ils s’assirent au pied d’un grand chêne et la princesse posa sa tête sur les genoux de son compagnon et s’endormit. Il la contemplait, tout à son bonheur de l’avoir retrouvée lorsqu’il remarqua un petit sac en jute attaché à son cou. Il l’ouvrit et y découvrit une pierre merveilleuse tant par sa couleur que par sa forme. Il s’amusait à laisser des rayons de lumière la traverser, s’émerveillait de ses reflets et la posa finalement dans l’herbe.
Lorsqu’il voulut la reprendre, un corbeau l’avait saisie et voletait de branches en branches.
C’est encore un coup de l’enchanteur, pensa le jeune homme effrayé.
Il entreprit de la récupérer et jeta des pierres en direction de l’oiseau sans jamais l’atteindre. Le corbeau volait de branches en branches ; d’arbres en arbres poursuivi par le garçon. Finalement, il disparut et le garçon voulut revenir vers la princesse. Il ne retrouva jamais son chemin et s’égara plus profondément dans la forêt.
Il avait marché longtemps lorsqu’il rencontra un homme fort beau et richement vêtu. Il lui expliqua qu’il cherchait son amie et lui demanda s’il connaissait un grand chêne.
- Les arbres tel que celui que tu me décris sont nombreux dans la forêt. Viens plutôt avec moi, tu t’en trouveras bien et tu auras tout le temps pour réfléchir à ce qu'il te faut faire pour retrouver ta princesse.
Il suivit l’homme sans prendre attention au chemin qu’il suivait, perdu qu’il était dans ses pensées et ses remords. Mais tout cela ne changeait rien à son chagrin.
Ils arrivèrent bientôt près d’une belle maison blanche où onze jeunes garçons étaient assis autour d’une table richement couverte.
- Maintenant que vous êtes au complet, vous resterez toujours près de moi et vous aurez tout ce que vous désirerez mais au bout de l’année, il vous faudra résoudre les trois énigmes. Celui qui ne le pourra devra mourir alors que celui qui réussira recevra une bourse pleine d’or. Les onze jeunes gens se réjouirent mais le jeune homme se tut et pensa : "Que m’importe de mourir ! La vie ne m’est plus une joie. Mais qui sait si je résous les énigmes si je ne retrouverai pas ma princesse…"
La vie suivait son cours. Les onze jeunes gens vivaient joyeusement alors que le douzième restait silencieux dans son coin, rêvant de sa princesse perdue.
Lorsqu’elle s’était réveillée, la princesse avait bien deviné que l’enchanteur lui avait encore joué un tour. Elle se mit donc en route courageusement dans la forêt et atteint après des jours de marche un petit village où elle se fit construire une petite auberge. Elle fit une belle enseigne où l'on pouvait lire "ici, on reçoit gratuitement ceux qui sont malades, tristes et sans secours " car elle pensait que son bien aimé, reviendrait peut-être un jour, malade et désespéré.
L’année avait passé fort vite sans que les onze garçons de la belle maison n’aient songé aux trois énigmes. Le douzième, au contraire, y pensait de plus en plus.
Un soir, qu’il se sentait anxieux et tourmenté, il s’en alla dans la forêt et s’étendit sous un arbre. Il entendit des oiseaux atterrir sur la cime et il reconnut la voix de son maître qui, il lui sembla était aussi celle du corbeau auquel il avait jadis donné à boire. Il se tint immobile et écouta.
- Demain, dit la voix, nous tuerons douze jeunes garçons dont celui qui a voulu ravir ma princesse. Celle-ci vit seule et triste à mourir mais elle va être mienne pour toujours.
- Comment peux-tu en être si certain ? croassa une autre voix.
- Demain, ils devront résoudre trois énigmes dont ils ne connaissent pas les réponses.
- Croa, croa, croa ! Et que sont ces énigmes ? croassa la troisième voix.
- Ce sont trois toutes petites questions : De quoi est faite la maison ? D’où vient la nourriture ? Pourquoi ne fait-il jamais nuit à l’intérieur de la maison ?
- Croa, croa, croa ! Et quelles sont les réponses ? croassa la seconde voix.
- La maison est faite avec des os d’hommes pécheurs. La nourriture vient de la cuisine du diable et la lumière vient de la pierre que j’ai volé au jeune garçon et qui est suspendue dans la grande salle.
- Croa, croa, croa ! Tous les trois s’envolèrent.
Pour la première fois depuis un an, le garçon passa une excellente nuit.
Le lendemain, le maître appela les douze garçons et leur demanda de se mettre en file, les uns derrière les autres. Il s’installèrent et le jeune homme se plaça le dernier.
- Voici arrivé le jour des énigmes. Répondez-moi les uns après les autres. De quoi est faite la maison ? interrogea le maître.
-De glaise, dit le premier ; de bois dit le second ; de pierres dit le troisième ; de briques dit le quatrième ; de boue dit le cinquième ; de torchis dit le sixième ; de paille dit le septième ; de verre dit le huitième ; de fer dit le neuvième ; de cailloux dit le dixième ; de carton dit le onzième ; d’os d’hommes pécheurs dit le dernier.
- Tu as deviné juste mais passons à la seconde énigme.
- D’où provient la nourriture que vous manger ?
- De la cuisine, dit le premier ; de la forêt dit le second ; de la gargote dit le troisième ; de la voisine dit le quatrième ; des animaux dit le cinquième ; du jardin dit le sixième ; du marché dit le septième ; des arbres dit le huitième ; des racines dit le neuvième ; de la mer dit le dixième ; du ciel dit le onzième ; de la cuisine du diable dit le dernier.
- Tu as deviné juste mais passons à la troisième énigme.
- D’où vient la lumière qui éclaire si vivement la maison jusque dans la nuit ?
- D’une lampe, dit le premier ; du soleil dit le second ; de la lune dit le troisième ; des étoiles dit le quatrième ; du feu dit le cinquième ; de la terre dit le sixième ; de la forge dit le septième ; d’une bougie dit le huitième ; de la foudre dit le neuvième ; de la mer dit le dixième ; du ciel dit le onzième ; de la pierre que tu m’as volée et qui se trouve au plafond dit le dernier.
- Tu as deviné juste. Voici la bourse qui ne s’épuise jamais et il trancha la tête aux onze autres compagnons du jeune homme qui dans l'intervalle s’était précipité dans la grande salle et avait récupéré la pierre de la princesse. Il s'était remis en route, toujours plus haut dans l’arbre, sans grand espoir pourtant de revoir la princesse.
Il errait las, misérable, malheureux lorsqu’il se présenta devant l’auberge construite par la princesse. Il lut l’enseigne mais il avait bien les moyens de payer son gîte grâce à la bourse qui ne se vide jamais. Il entra et fut accueilli par la princesse. Ils ne se reconnurent cependant pas tant les années les avaient changés l’un et l’autre. Une servante le conduisit vers sa chambre et voulut lui faire de la lumière.
- Ce n’est pas la peine, déclara-t-il et il tira de sa poche la pierre lumineuse qui éclaira toute la pièce.
La servante se précipita chez sa maîtresse pour lui raconter le prodige. La princesse très intéressée se rendit auprès de son hôte et lui demanda d’où provenait cette pierre. La question à peine posée, ils se reconnurent à la lumière magique.
Après que la princesse l’eut bien soigné, ils eurent tous deux le désir de retourner dans leur patrie et entreprirent la longue descente vers la terre. Lorsqu’ils furent arrivés tout en bas, ils ne se retrouvèrent rien de paysages qu’ils avaient laissés. Aux champs avaient fait place des gratte-ciel et des autoroutes. Personne ne les reconnut. Leurs parents étaient morts depuis longtemps. Ils se rendirent compte qu’eux aussi étaient devenus bien vieux. Ils tombèrent en poussière et personne ne put jamais expliquer qui ils étaient et d’où ils venaient. A côté du petit tas de cendre, on retrouva la pierre brillante qu’un enfant emporta et personne n’en entendit plus jamais parler.
Lorsqu’il se réveilla au matin, il recommença son ascension. A midi, il était parvenu à une certaine hauteur dans le branchage sans pour autant voir le sommet de l’arbre. Il grimpait toujours lorsque le soir descendit doucement. L’arbre se déployait en une infinité de branches et ne semblait pas vouloir se terminer. Il s’apprêtait à passer une nuit encore lié par les lanières de son fouet lorsqu’il découvrit un village disposé dans la frondaison de l’arbre.
- D'où viens-tu ? lui demandèrent les paysans, fort surpris à sa vue.
- Je viens d’en bas, répondit le garçon.
- Tu as donc fait un bien long voyage ! dirent les paysans. Reste chez nous, nous trouverons à t’employer.
- L'arbre prend-il fin ici ? demanda le garçon.
- Oh non, le sommet est encore un bon bout plus haut.
- Je ne peux donc pas rester chez vous. Mais j’aimerais manger quelque chose. J’ai tellement faim et je suis si las. Pourrais-je passer la nuit ici ? Demain, je repartirai.
Les paysans lui donnèrent à manger et à boire et le laissèrent dormir chez eux. Au matin, il remercia pour leur bon accueil et il se remit en route le long du tronc.
Le soleil était déjà très haut dans le ciel quand il parvint à un immense château. A l’une des fenêtres, se tenait une superbe jeune fille. Celle-ci paru fort réjouie lorsqu’elle le vit et elle l’invita à venir demeurer chez elle.
- L'arbre prend-il fin ici ? demanda le garçon.
- Oh non, le sommet est encore un bon bout plus haut mais tu ne peux aller plus haut. Je t’en prie, implora-t-elle, reste auprès de moi.
- Que fais-tu ici toute seule ? demanda le garçon.
- Je suis la fille d’un roi mais un enchanteur m’a enfermée ici pour que j’y vive et que j’y meure.
Et elle éclata en gros sanglots.
Le garçon paru ému par les pleurs de la princesse.
- Je veux bien passer un peu de temps auprès de toi et qui sait, peut-être pourrais-je t’aider.
Le garçon pénétra dans le château et comme la fille était belle et gracieuse, elle lui plut chaque jour un peu plus. Il resta à ses côtés, un jour, deux jours, trois jours, une semaine… et le temps s’évanouit pour lui. Ses moindres désirs étaient comblés sans même qu’il ait le besoin d’en parler. Il ne vit jamais l’enchanteur et il vivait heureux dans l’arbre auprès de la princesse.
Tout aurait été pour le mieux si la princesse ne lui avait défendu de pénétrer dans une pièce du château, une chambre située à l’extrême Nord.
Si tu y pénètres, lui avait-elle dit, tu nous rendrais malheureux l’un et l’autre…
Il avait obéi pendant un certain temps mais l’idée d’y aller se faisait un peu plus insistante.
Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Quelle est cette chose qui pourrait nous rendre malheureux ? Je veux le savoir.
Un jour que la princesse était dans sa chambre occupée à broder, il prit les clés suspendues dans la grande salle et s’en alla vers la chambre interdite. Il chercha longtemps la bonne clé et finalement, la lourde porte s’ouvrit. A l’intérieur, il n’y avait rien si ce n’est un corbeau noir fixé sur le mur par trois clous en or. L’un lui traversait le cou et les deux autres retenaient ses ailes.
- Ah ! Enfin te voilà ! Heureusement que tu t’es décidé à venir ! Je suis presque mort de soif ! Donne-moi un peu d’eau qui se trouve dans la cruche posée sur la table sans quoi je périrai !
Le jeune homme réfléchit mais son bon cœur se laissa attendrir. Il pensa qu’en pareille situation, il serait bien heureux qu’on lui donne un peu d’eau.
Il versa une goutte d’eau au corbeau dans le bec du corbeau. A peine avait-elle touché la langue de l’oiseau que le clou qui tenait son cou roula sur le sol.
- Qu’est-ce que cela ? demanda le garçon.
- Ce n’est rien répondit l’animal. Donne-moi encore une goutte. Ne me laisse pas mourir.
- Si tu le veux, dit le garçon qui versa une seconde goutte d’eau sur la langue de l’oiseau.
- Cette fois, c’est le clou qui tenait l’aile droite qui roula sur le sol.
- C’en est assez ! dit le garçon.
- Je t’en supplie. Sois bon avec moi ! Une seule goutte. Donne-moi une seule goutte et puis je te laisserai tranquille.
Lorsque le garçon la lui eut donnée, le troisième clou se détacha aussitôt. L’oiseau, libéré de ses liens, étendit les ailes et s’envola par la fenêtre en croassant.
Le garçon, fort effrayé, courut rapidement hors de la chambre dont il referma à clé la lourde porte. Pourvu que la princesse ne s’en aperçoive pas, se dit-il tout bas. Hélas ! la princesse s’en était aperçue. Au moment où il pénétrait dans la salle où elle se trouvait, elle se piqua au doigt et pâle et tremblante, elle le regarda entrer.
- Tu es allé dans la salle interdite, lui dit-elle. L’enchanteur qui m’a ensorcelé va bientôt arriver pour m’enlever et tu me retrouveras difficilement.
Elle se mit à pleurer et le garçon ne parvint pas à la consoler même lorsqu’il lui promit que où qu’elle soit par le monde, il la retrouverait.
Le lendemain à son réveil, la princesse avait disparu. Il resta durant trois jours et trois nuits à l’attendre mais las d’attendre, il se remit en route. Il grimpa et grimpa encore le long du tronc de l’arbre. Il avançait toujours plus haut dans le branchage jusqu’à ce qu’il soit parvenu à une forêt si dense et si sombre qu’aucun rayon de lumière ne réussissait à pénétrer. Il cherchait sa princesse sans découvrir aucune trace de son passage. Au bout du troisième jour, il aperçut enfin une clarté dans l’obscurité. Il la suivit et ce n’est que trois jours plus tard qu’il parvint dans une clairière où il trouva une petite cabane de chasse. Il y entra et découvrit sa princesse étendue sur son lit.
- Comment as-tu pu me retrouver, s’étonna-t-elle ?
- Ne t’avais-je pas promis de te retrouver où que tu sois dans le monde ? mais ne perdons pas de temps. Il faut fuir avant que l’enchanteur ne revienne te chercher.
Ils coururent à travers la forêt sans se retourner jusqu’à ce que la princesse, épuisée, demande grâce. Ils s’assirent au pied d’un grand chêne et la princesse posa sa tête sur les genoux de son compagnon et s’endormit. Il la contemplait, tout à son bonheur de l’avoir retrouvée lorsqu’il remarqua un petit sac en jute attaché à son cou. Il l’ouvrit et y découvrit une pierre merveilleuse tant par sa couleur que par sa forme. Il s’amusait à laisser des rayons de lumière la traverser, s’émerveillait de ses reflets et la posa finalement dans l’herbe.
Lorsqu’il voulut la reprendre, un corbeau l’avait saisie et voletait de branches en branches.
C’est encore un coup de l’enchanteur, pensa le jeune homme effrayé.
Il entreprit de la récupérer et jeta des pierres en direction de l’oiseau sans jamais l’atteindre. Le corbeau volait de branches en branches ; d’arbres en arbres poursuivi par le garçon. Finalement, il disparut et le garçon voulut revenir vers la princesse. Il ne retrouva jamais son chemin et s’égara plus profondément dans la forêt.
Il avait marché longtemps lorsqu’il rencontra un homme fort beau et richement vêtu. Il lui expliqua qu’il cherchait son amie et lui demanda s’il connaissait un grand chêne.
- Les arbres tel que celui que tu me décris sont nombreux dans la forêt. Viens plutôt avec moi, tu t’en trouveras bien et tu auras tout le temps pour réfléchir à ce qu'il te faut faire pour retrouver ta princesse.
Il suivit l’homme sans prendre attention au chemin qu’il suivait, perdu qu’il était dans ses pensées et ses remords. Mais tout cela ne changeait rien à son chagrin.
Ils arrivèrent bientôt près d’une belle maison blanche où onze jeunes garçons étaient assis autour d’une table richement couverte.
- Maintenant que vous êtes au complet, vous resterez toujours près de moi et vous aurez tout ce que vous désirerez mais au bout de l’année, il vous faudra résoudre les trois énigmes. Celui qui ne le pourra devra mourir alors que celui qui réussira recevra une bourse pleine d’or. Les onze jeunes gens se réjouirent mais le jeune homme se tut et pensa : "Que m’importe de mourir ! La vie ne m’est plus une joie. Mais qui sait si je résous les énigmes si je ne retrouverai pas ma princesse…"
La vie suivait son cours. Les onze jeunes gens vivaient joyeusement alors que le douzième restait silencieux dans son coin, rêvant de sa princesse perdue.
Lorsqu’elle s’était réveillée, la princesse avait bien deviné que l’enchanteur lui avait encore joué un tour. Elle se mit donc en route courageusement dans la forêt et atteint après des jours de marche un petit village où elle se fit construire une petite auberge. Elle fit une belle enseigne où l'on pouvait lire "ici, on reçoit gratuitement ceux qui sont malades, tristes et sans secours " car elle pensait que son bien aimé, reviendrait peut-être un jour, malade et désespéré.
L’année avait passé fort vite sans que les onze garçons de la belle maison n’aient songé aux trois énigmes. Le douzième, au contraire, y pensait de plus en plus.
Un soir, qu’il se sentait anxieux et tourmenté, il s’en alla dans la forêt et s’étendit sous un arbre. Il entendit des oiseaux atterrir sur la cime et il reconnut la voix de son maître qui, il lui sembla était aussi celle du corbeau auquel il avait jadis donné à boire. Il se tint immobile et écouta.
- Demain, dit la voix, nous tuerons douze jeunes garçons dont celui qui a voulu ravir ma princesse. Celle-ci vit seule et triste à mourir mais elle va être mienne pour toujours.
- Comment peux-tu en être si certain ? croassa une autre voix.
- Demain, ils devront résoudre trois énigmes dont ils ne connaissent pas les réponses.
- Croa, croa, croa ! Et que sont ces énigmes ? croassa la troisième voix.
- Ce sont trois toutes petites questions : De quoi est faite la maison ? D’où vient la nourriture ? Pourquoi ne fait-il jamais nuit à l’intérieur de la maison ?
- Croa, croa, croa ! Et quelles sont les réponses ? croassa la seconde voix.
- La maison est faite avec des os d’hommes pécheurs. La nourriture vient de la cuisine du diable et la lumière vient de la pierre que j’ai volé au jeune garçon et qui est suspendue dans la grande salle.
- Croa, croa, croa ! Tous les trois s’envolèrent.
Pour la première fois depuis un an, le garçon passa une excellente nuit.
Le lendemain, le maître appela les douze garçons et leur demanda de se mettre en file, les uns derrière les autres. Il s’installèrent et le jeune homme se plaça le dernier.
- Voici arrivé le jour des énigmes. Répondez-moi les uns après les autres. De quoi est faite la maison ? interrogea le maître.
-De glaise, dit le premier ; de bois dit le second ; de pierres dit le troisième ; de briques dit le quatrième ; de boue dit le cinquième ; de torchis dit le sixième ; de paille dit le septième ; de verre dit le huitième ; de fer dit le neuvième ; de cailloux dit le dixième ; de carton dit le onzième ; d’os d’hommes pécheurs dit le dernier.
- Tu as deviné juste mais passons à la seconde énigme.
- D’où provient la nourriture que vous manger ?
- De la cuisine, dit le premier ; de la forêt dit le second ; de la gargote dit le troisième ; de la voisine dit le quatrième ; des animaux dit le cinquième ; du jardin dit le sixième ; du marché dit le septième ; des arbres dit le huitième ; des racines dit le neuvième ; de la mer dit le dixième ; du ciel dit le onzième ; de la cuisine du diable dit le dernier.
- Tu as deviné juste mais passons à la troisième énigme.
- D’où vient la lumière qui éclaire si vivement la maison jusque dans la nuit ?
- D’une lampe, dit le premier ; du soleil dit le second ; de la lune dit le troisième ; des étoiles dit le quatrième ; du feu dit le cinquième ; de la terre dit le sixième ; de la forge dit le septième ; d’une bougie dit le huitième ; de la foudre dit le neuvième ; de la mer dit le dixième ; du ciel dit le onzième ; de la pierre que tu m’as volée et qui se trouve au plafond dit le dernier.
- Tu as deviné juste. Voici la bourse qui ne s’épuise jamais et il trancha la tête aux onze autres compagnons du jeune homme qui dans l'intervalle s’était précipité dans la grande salle et avait récupéré la pierre de la princesse. Il s'était remis en route, toujours plus haut dans l’arbre, sans grand espoir pourtant de revoir la princesse.
Il errait las, misérable, malheureux lorsqu’il se présenta devant l’auberge construite par la princesse. Il lut l’enseigne mais il avait bien les moyens de payer son gîte grâce à la bourse qui ne se vide jamais. Il entra et fut accueilli par la princesse. Ils ne se reconnurent cependant pas tant les années les avaient changés l’un et l’autre. Une servante le conduisit vers sa chambre et voulut lui faire de la lumière.
- Ce n’est pas la peine, déclara-t-il et il tira de sa poche la pierre lumineuse qui éclaira toute la pièce.
La servante se précipita chez sa maîtresse pour lui raconter le prodige. La princesse très intéressée se rendit auprès de son hôte et lui demanda d’où provenait cette pierre. La question à peine posée, ils se reconnurent à la lumière magique.
Après que la princesse l’eut bien soigné, ils eurent tous deux le désir de retourner dans leur patrie et entreprirent la longue descente vers la terre. Lorsqu’ils furent arrivés tout en bas, ils ne se retrouvèrent rien de paysages qu’ils avaient laissés. Aux champs avaient fait place des gratte-ciel et des autoroutes. Personne ne les reconnut. Leurs parents étaient morts depuis longtemps. Ils se rendirent compte qu’eux aussi étaient devenus bien vieux. Ils tombèrent en poussière et personne ne put jamais expliquer qui ils étaient et d’où ils venaient. A côté du petit tas de cendre, on retrouva la pierre brillante qu’un enfant emporta et personne n’en entendit plus jamais parler.
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Re: contes du monde
L'arbre qui chantait
Il y a très, très longtemps, un vieux sorcier entreprit un long voyage.
Un jour qu'il avait tant et tant marché qu'il ne sentait plus ses pieds, il décida de chercher un endroit pour se reposer.
C'est alors qu'il entendit soudain chanter. Ce n'était pas un chant comme celui des oiseaux, ni comme celui du vent à travers les feuilles, mais une voix claire, qui prononçait des mots qu'il ne comprenait point.
Poursuivant son chemin, il arriva dans une clairière. Juste au centre, se dressait un arbre majestueux, dont les feuilles brillaient au soleil. On eût dit qu'il était en or!
Alors, le sorcier entendit à nouveau le chant, mais, cette fois, plus fort que précédemment. Regardant tout autour de lui, il ne vit personne. Il n'y avait là que les branches dorées de l'arbre, plus quelques souris grises qui couraient dans l'herbe.
Le sorcier s'assit contre l'arbre pour souffler un peu. Il songea qu'il serait sage de piquer un petit somme avant de continuer sa route.
Mais le chant le tenait éveillé! Enervé, il regarda encore autour de lui, sans rien remarquer d'anormal.
"Il faut que je trouve ce chanteur! ", se dit-il. "J'aimerais bien qu'il se taise, pour que je puisse me reposer. "
Le vieux sorcier se leva et observa les alentours à travers le feuillage de l'arbre. Ce faisant, il posa ses mains sur le tronc et sentit l'écorce vibrer. Il comprit alors que le chant provenait de l'arbre lui-même!
-"Tiens ! Cela fait bien longtemps que je n'avais plus, entendu un arbre chanter!", grommela-t-il. "Mais, par chance, je connais encore le moyen de le faire cesser! "
Il sortit de la poche de son manteau long morceau de corde et le lança en l'air tout en marmonnant une formule. La corde se tortilla quelque peu, puis s'enroula deux fois autour du tronc. Le sorcier prononça ensuite d'autres mots magiques, puis il termina en faisant un gros nœud dans la corde. Aussitôt, le l'arbre d'or cessa de chanter.
-"Je vais enfin pouvoir me reposer", soupira le sorcier avant de s'allonger dans l'herbe.
Mais il découvrit alors des rubans de fumée, qui se dégageaient des racines de l'arbre. Peu à peu, la fumée s'épaissit, jusqu'à former un gros nuage gris, qui changea progressivement de couleur. Il devint d'abord gris foncé, et puis noir.
Tout à coup... il se mit à tournoyer sur lui-même et se transforma en un hideux génie aux longues oreilles, avec un gros nez bourgeonnant de verrues, des bras démesurés et des mains larges des pelles!
-"Hahaha! Hihihi! ", ricana le génie. "Quel stupide sorcier tu es! Il y a des années, un de tes confrères m'a enfermé dans cet arbre. Mais maintenant que tu lui as cloué le bec, je suis libre! Et j'ai fort envie de te dévorer! "
Ce disant, le génie saisit le vieux sorcier par la barbe.
Heureusement, ce dernier savait que les esprits des bois sont toujours idiots! Et celui-là semblait encore plus bête que les autres...
-"Vas-tu me faire mijoter ou rôtir?", demanda-t-il au génie. "Tu sais que les vieux sorciers ne se mangent pas crus. Tu aurais des crampes d'estomac! "
L'affreux génie réfléchit quelques instants.
"Je vais faire un grand feu et t'attacher à une branche. Ensuite, je te ferai rôtir au-dessus des flammes", déclara-t-il, tout content.
-"Mais je vais m'enfuir pendant que tu allumeras le feu", insinua le sorcier.
-"C'est vrai ... ", admit le génie. "Je vais... euh ... je vais ... "
-"Pourquoi ne me ligotes-tu pas? ", suggéra le sorcier. "Ainsi, je serai incapable de fuir. "
-"Très bonne idée! ", s'exclama le génie. "Mais à quoi donc vais-je t'attacher? "
-"A cet arbre, bien sûr! ", répondit le sorcier. "Utilise donc la corde que j'avais enroulée autour du tronc pour le faire taire! "
Convaincu, l'esprit des bois alla détacher la corde.
Il commença par défaire le nœud... tout comme le sorcier l'avait espéré. En effet, dès que la corde eut été dénouée, l'enchantement se trouva rompu!
L'arbre se remit à chanter et le génie, de violet qu'il était, vira au mauve foncé. Puis, très lentement, il se transforma en fumée noire, puis en fumée grise, pour disparaître enfin en minces rubans de vapeur blanche.
Le sorcier remit alors la corde dans la poche de son large manteau. Avant de se remettre en route, il prononça quelques mots magiques et ni bête ni homme -pas même un sorcier - ne revit jamais le génie des bois.
Un jour qu'il avait tant et tant marché qu'il ne sentait plus ses pieds, il décida de chercher un endroit pour se reposer.
C'est alors qu'il entendit soudain chanter. Ce n'était pas un chant comme celui des oiseaux, ni comme celui du vent à travers les feuilles, mais une voix claire, qui prononçait des mots qu'il ne comprenait point.
Poursuivant son chemin, il arriva dans une clairière. Juste au centre, se dressait un arbre majestueux, dont les feuilles brillaient au soleil. On eût dit qu'il était en or!
Alors, le sorcier entendit à nouveau le chant, mais, cette fois, plus fort que précédemment. Regardant tout autour de lui, il ne vit personne. Il n'y avait là que les branches dorées de l'arbre, plus quelques souris grises qui couraient dans l'herbe.
Le sorcier s'assit contre l'arbre pour souffler un peu. Il songea qu'il serait sage de piquer un petit somme avant de continuer sa route.
Mais le chant le tenait éveillé! Enervé, il regarda encore autour de lui, sans rien remarquer d'anormal.
"Il faut que je trouve ce chanteur! ", se dit-il. "J'aimerais bien qu'il se taise, pour que je puisse me reposer. "
Le vieux sorcier se leva et observa les alentours à travers le feuillage de l'arbre. Ce faisant, il posa ses mains sur le tronc et sentit l'écorce vibrer. Il comprit alors que le chant provenait de l'arbre lui-même!
-"Tiens ! Cela fait bien longtemps que je n'avais plus, entendu un arbre chanter!", grommela-t-il. "Mais, par chance, je connais encore le moyen de le faire cesser! "
Il sortit de la poche de son manteau long morceau de corde et le lança en l'air tout en marmonnant une formule. La corde se tortilla quelque peu, puis s'enroula deux fois autour du tronc. Le sorcier prononça ensuite d'autres mots magiques, puis il termina en faisant un gros nœud dans la corde. Aussitôt, le l'arbre d'or cessa de chanter.
-"Je vais enfin pouvoir me reposer", soupira le sorcier avant de s'allonger dans l'herbe.
Mais il découvrit alors des rubans de fumée, qui se dégageaient des racines de l'arbre. Peu à peu, la fumée s'épaissit, jusqu'à former un gros nuage gris, qui changea progressivement de couleur. Il devint d'abord gris foncé, et puis noir.
Tout à coup... il se mit à tournoyer sur lui-même et se transforma en un hideux génie aux longues oreilles, avec un gros nez bourgeonnant de verrues, des bras démesurés et des mains larges des pelles!
-"Hahaha! Hihihi! ", ricana le génie. "Quel stupide sorcier tu es! Il y a des années, un de tes confrères m'a enfermé dans cet arbre. Mais maintenant que tu lui as cloué le bec, je suis libre! Et j'ai fort envie de te dévorer! "
Ce disant, le génie saisit le vieux sorcier par la barbe.
Heureusement, ce dernier savait que les esprits des bois sont toujours idiots! Et celui-là semblait encore plus bête que les autres...
-"Vas-tu me faire mijoter ou rôtir?", demanda-t-il au génie. "Tu sais que les vieux sorciers ne se mangent pas crus. Tu aurais des crampes d'estomac! "
L'affreux génie réfléchit quelques instants.
"Je vais faire un grand feu et t'attacher à une branche. Ensuite, je te ferai rôtir au-dessus des flammes", déclara-t-il, tout content.
-"Mais je vais m'enfuir pendant que tu allumeras le feu", insinua le sorcier.
-"C'est vrai ... ", admit le génie. "Je vais... euh ... je vais ... "
-"Pourquoi ne me ligotes-tu pas? ", suggéra le sorcier. "Ainsi, je serai incapable de fuir. "
-"Très bonne idée! ", s'exclama le génie. "Mais à quoi donc vais-je t'attacher? "
-"A cet arbre, bien sûr! ", répondit le sorcier. "Utilise donc la corde que j'avais enroulée autour du tronc pour le faire taire! "
Convaincu, l'esprit des bois alla détacher la corde.
Il commença par défaire le nœud... tout comme le sorcier l'avait espéré. En effet, dès que la corde eut été dénouée, l'enchantement se trouva rompu!
L'arbre se remit à chanter et le génie, de violet qu'il était, vira au mauve foncé. Puis, très lentement, il se transforma en fumée noire, puis en fumée grise, pour disparaître enfin en minces rubans de vapeur blanche.
Le sorcier remit alors la corde dans la poche de son large manteau. Avant de se remettre en route, il prononça quelques mots magiques et ni bête ni homme -pas même un sorcier - ne revit jamais le génie des bois.
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Re: contes du monde
L'histoire de Raboutity
Un jour, Raboutity grimpa sur un arbre, mais comme la branche était pourrie, il tomba et se cassa la jambe. Assis par terre, et tenant sa jambe cassée entre les mains, il dit :
- L'arbre a cassé la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que l'arbre.
- C’est vrai, je suis fort, dit l'arbre, mais le vent me plie et me casse.
Le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity, il n'y a rien de plus fort que le vent.
- C’est vrai, je suis fort, dit le vent; mais le mur se dresse et je ne peux plus passer.
Le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le mur.
- C’est vrai, je suis fort, dit le mur; mais le rat ronge le mortier et fait un trou.
Le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le rat.
- C’est vrai, je suis fort, dit le rat; mais le chat me mange.
Le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le chat.
- C’est vrai, je suis fort, dit le chat; mais la corde m'étrangle.
La corde étrangle le chat; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que la corde.
- C’est vrai, je suis forte, dit la corde; mais le couteau me coupe.
Le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le couteau.
- C’est vrai, je suis fort, dit le couteau; mais le feu me brûle.
Le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat, le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre, l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le feu.
- C’est vrai, je suis fort, dit le feu, mais l'eau m'éteint.
L'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat ; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n’y a rien de plus fort que l'eau.
- C’est vrai, je suis forte, dit l'eau ; mais le bateau flotte sur moi.
Le bateau flotte sur l'eau; l’eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le bateau.
- C’est vrai, je suis fort, dit le bateau, mais si je donne contre un rocher, il me brise.
Le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le rocher.
- C’est vrai, je suis fort, dit le rocher, mais le crabe me perce.
Le crabe perce le rocher ; le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu ; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le crabe.
- C’est vrai, je suis fort, dit le crabe, mais l’homme m’attrape et m’arrache les pattes.
L’homme attrape le crabe; le crabe perce le rocher; le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que l’homme.
- C’est vrai, je suis fort, dit l’homme, mais Zanahary, le dieu malgache, me fait mourir.
Zanahary fait mourir l’homme; l’homme attrape le crabe; le crabe perce le rocher; le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; le rocher; l’arbre casse la jambe de Raboutity; rien n’est plus fort que Zanahary
.- L'arbre a cassé la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que l'arbre.
- C’est vrai, je suis fort, dit l'arbre, mais le vent me plie et me casse.
Le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity, il n'y a rien de plus fort que le vent.
- C’est vrai, je suis fort, dit le vent; mais le mur se dresse et je ne peux plus passer.
Le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le mur.
- C’est vrai, je suis fort, dit le mur; mais le rat ronge le mortier et fait un trou.
Le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le rat.
- C’est vrai, je suis fort, dit le rat; mais le chat me mange.
Le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le chat.
- C’est vrai, je suis fort, dit le chat; mais la corde m'étrangle.
La corde étrangle le chat; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que la corde.
- C’est vrai, je suis forte, dit la corde; mais le couteau me coupe.
Le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le couteau.
- C’est vrai, je suis fort, dit le couteau; mais le feu me brûle.
Le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat, le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre, l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le feu.
- C’est vrai, je suis fort, dit le feu, mais l'eau m'éteint.
L'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le chat mange le rat ; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n’y a rien de plus fort que l'eau.
- C’est vrai, je suis forte, dit l'eau ; mais le bateau flotte sur moi.
Le bateau flotte sur l'eau; l’eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le bateau.
- C’est vrai, je suis fort, dit le bateau, mais si je donne contre un rocher, il me brise.
Le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le rocher.
- C’est vrai, je suis fort, dit le rocher, mais le crabe me perce.
Le crabe perce le rocher ; le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu ; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que le crabe.
- C’est vrai, je suis fort, dit le crabe, mais l’homme m’attrape et m’arrache les pattes.
L’homme attrape le crabe; le crabe perce le rocher; le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que l’homme.
- C’est vrai, je suis fort, dit l’homme, mais Zanahary, le dieu malgache, me fait mourir.
Zanahary fait mourir l’homme; l’homme attrape le crabe; le crabe perce le rocher; le rocher brise le bateau; le bateau flotte sur l'eau éteint le feu; le feu brûle le couteau; le couteau coupe la corde; la corde étrangle le chat; le mange le rat; le rat troue le mur; le mur arrête le vent; le vent plie l'arbre; l'arbre casse la jambe de Raboutity; le rocher; l’arbre casse la jambe de Raboutity; rien n’est plus fort que Zanahary
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Re: contes du monde
L'histoire du hibou
Il était une fois, un hibou. Comme chacun sait, ou ne le sait pas, le hibou est un grand timide. Il croit qu'il est laid - si laid que personne ne peut le regarder s’il lui arrive de croiser quelqu’un. Si laid, qu'il cause des accidents de la route. Si laid, que les bébés se mettent à hurler s'ils aperçoivent son visage. Pour toutes ces raisons, le hibou ne sort jamais pendant le jour. Il attend la nuit noire, lorsque personne ne peut le voir.
Un soir, alors qu’il est dehors, le hibou rencontre une jeune fille. Ils se mettent à parler et elle l'invite dans sa maison. Il accepte et les voilà assis sous le porche pendant plusieurs heures à discuter. Le hibou dès le premier instant tombe amoureux de la fille et, ce qui tombe bien, elle aussi. Elle l'invite à revenir la nuit suivante et il revient. Ils s’asseyent sous le porche et parlent pendant des heures, presque jusqu'à l'aube. Par moment, ils se tiennent même la main. Nuit après nuit, le hibou revient rendre visite à sa belle et nuit après nuit il s’en va avant l'aube, si bien que la jeune femme ne peut vraiment pas savoir à quoi il ressemble.
La jeune femme a des amis qui ont entendu parler de ce prétendant de la nuit et veulent savoir à quoi il ressemble car ils aiment beaucoup leur amie et sont heureux qu'elle ait enfin rencontré quelqu'un dont elle est tombée amoureuse.
- Pourquoi le Hibou ne te rend-t-il jamais visite pendant le jour, lui demandent-ils ?
- Parce qu’il travaille, répond la fille et lorsqu’il rentre chez lui, il doit faire son ménage, préparer son dîner et il ne peut venir qu’à la nuit tombée.
- Nous voulons le rencontrer, ont dit ses amis.
- Bien sûr, il ne travaille pas le dimanche. Pourquoi n’organisez-vous pas une grande fête en son honneur ? Vous pourriez ainsi tous le rencontrer.
La jeune fille est certaine que c’est la meilleure des idées et lorsque son amoureux vient le soir, elle l’invite pour le dimanche suivant. Une fête sera donnée en son honneur par ses amis. Le Hibou est pourtant vraiment très timide mais il accepte. Vous savez que quand on aime, on est capable de vaincre toutes ses peurs.
Le jours passent. Le dimanche arrive. Le hibou est très nerveux. Il demande à son cousin le coq de l’accompagner car plus le temps passe, plus il a peur.
En chemin, le hibou commence à regarder le coq et à se comparer à lui.
Le coq est grand et bien habillé » pense-t-il en regardant le cheveux roux du coq, ses vêtements colorés et ses bottines jaunes. A côté de lui, je suis morne et terne, se dit-il encore en regardant ses vêtements bruns et en plus de tout, je suis laid. Plus ils se rapprochent de la maison, plus il a peur.
Mon cousin le coq, dit soudain le Hibou, j'ai oublié quelque chose chez moi. Entrez donc sans moi et vous direz que j'ai dû rentrer à la maison mais que je serai de retour d’ici un moment. Le coq entre et fait le message du hibou.
Un peu plus tard, dès qu’il fait très sombre, le hibou arrive à la fête. Il craint un peu que la fille et sa famille ne soient fâchés de son retard mais il se fait violence et avance d’un pas.
Le coq qui l’attend sous le porche, le voit et semble tout à fait effrayé.
- Hibou, demanda-t-il qu'est ce donc cela sur votre tête ?
- C'est un chapeau, répond le hibou. Beaucoup de gens portent des chapeaux.
- C’est vrai, dit le coq, mais ils les portent sur la tête, et pas comme vous, tout autour de la tête.
- Je me suis blessé aux yeux, dit le hibou, Ils ne supportent pas la lumière. Mon chapeau les protège.
- Oui , réplique le coq et il protège aussi le reste de votre tête.
- Ne vous moquez pas de mon chapeau mais dites-moi plutôt ce qu’on a dit de mon retard. Sont-ils en colère ?
- Ils le seront bien plus si vous n’entrez pas, dit le coq.
- J'entre, j'entre, dit le hibou, mais promettez-moi d’abord une chose.
- Quoi donc ?
- Je dois être de retour à la maison avant le lever du soleil. Essayer donc de me prévenir à temps, plutôt que de chanter au lever du soleil, comme vous faites d'habitude ?
Il ne faut surtout pas que la jeune femme voit son visage à la lumière du jour.
- Bien sûr, hibou, bien sûr dit le coq et il le fait entrer à l’intérieur.
A cet instant précis, la fête bat son plein. Les batteurs jouent et les chanteurs chantent et leur musique donne quelque chose dans le genre de « Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! » «
C’est justement la chanson préférée du hibou et quand il l'entend, il veut danser. Il va près de sa jeune amie, lui fait des excuses pour son retard et ils partent sur la piste de danse. Vous savez que le hibou est timide mais ce que vous en savez pas c’est qu’il est un excellent danseur. Plus il danse, moins il sait où il est et moins il sait où il est et plus il danse. « Dong-aada- dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-dong-aaii-ee-ooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong. Dong-aada-dong-aada-aaii-eee-oooo! » ça dure ainsi toute la nuit.
Le hibou s’amuse tellement qu'il oublie le temps et soudain, il entend son cousin le coq, qui complètement ivre, chante. Il a manqué l'aube et la lumière du jour entre dans la pièce. Le hibou affolé cherche une fenêtre. Il est certain que la fille en voyant son visage, comprendra combien il est laid. Il vole en tous sens. Son chapeau tombe sur le sol. Il vole de plus en plus vite et découvre une fenêtre ouverte par laquelle il s’enfuit. La jeune fille hurle « Hibou! revient!" Elle se précipite par la porte mais en vain. « Hibou! revient!" Le hibou ne l'a pas entendue.
La jeune fille rentre chez elle. Elle aide à tout remettre en ordre. Personne ne sait que penser du comportement étrange du hibou. Le soir, elle s’assied sous le porche et attend. Elle espère qu'il reviendra, mais il ne revient pas. Chaque soir, elle attend et chaque soir, elle espère. Elle repense sans cesse à cette soirée, combien tout a été si agréable. Elle repense au hibou qui danse si bien et comment il l’a regardée. Elle revoit son visage presque rond, ses grands yeux et son petit nez. Elle se dit qu’il a un visage fort, un visage attirant. Elle a aimé ses yeux tout de suite mais elle ne sait pas que le hibou se croit laid.
Elle l'attend des nuits, des jours, des semaines, des mois mais il ne revient pas. Pendant une année entière elle l'attend et puis un jour, elle rencontre quelqu'un d'autre et l'épouse. Mais chaque matin, lorsque le chant du coq la réveille aux premiers rayons du soleil, elle ne peut s’empêcher de penser au Hibou et se demande encore aujourd’hui pourquoi il s’est enfuit en courant et où il est parti?????????
Un soir, alors qu’il est dehors, le hibou rencontre une jeune fille. Ils se mettent à parler et elle l'invite dans sa maison. Il accepte et les voilà assis sous le porche pendant plusieurs heures à discuter. Le hibou dès le premier instant tombe amoureux de la fille et, ce qui tombe bien, elle aussi. Elle l'invite à revenir la nuit suivante et il revient. Ils s’asseyent sous le porche et parlent pendant des heures, presque jusqu'à l'aube. Par moment, ils se tiennent même la main. Nuit après nuit, le hibou revient rendre visite à sa belle et nuit après nuit il s’en va avant l'aube, si bien que la jeune femme ne peut vraiment pas savoir à quoi il ressemble.
La jeune femme a des amis qui ont entendu parler de ce prétendant de la nuit et veulent savoir à quoi il ressemble car ils aiment beaucoup leur amie et sont heureux qu'elle ait enfin rencontré quelqu'un dont elle est tombée amoureuse.
- Pourquoi le Hibou ne te rend-t-il jamais visite pendant le jour, lui demandent-ils ?
- Parce qu’il travaille, répond la fille et lorsqu’il rentre chez lui, il doit faire son ménage, préparer son dîner et il ne peut venir qu’à la nuit tombée.
- Nous voulons le rencontrer, ont dit ses amis.
- Bien sûr, il ne travaille pas le dimanche. Pourquoi n’organisez-vous pas une grande fête en son honneur ? Vous pourriez ainsi tous le rencontrer.
La jeune fille est certaine que c’est la meilleure des idées et lorsque son amoureux vient le soir, elle l’invite pour le dimanche suivant. Une fête sera donnée en son honneur par ses amis. Le Hibou est pourtant vraiment très timide mais il accepte. Vous savez que quand on aime, on est capable de vaincre toutes ses peurs.
Le jours passent. Le dimanche arrive. Le hibou est très nerveux. Il demande à son cousin le coq de l’accompagner car plus le temps passe, plus il a peur.
En chemin, le hibou commence à regarder le coq et à se comparer à lui.
Le coq est grand et bien habillé » pense-t-il en regardant le cheveux roux du coq, ses vêtements colorés et ses bottines jaunes. A côté de lui, je suis morne et terne, se dit-il encore en regardant ses vêtements bruns et en plus de tout, je suis laid. Plus ils se rapprochent de la maison, plus il a peur.
Mon cousin le coq, dit soudain le Hibou, j'ai oublié quelque chose chez moi. Entrez donc sans moi et vous direz que j'ai dû rentrer à la maison mais que je serai de retour d’ici un moment. Le coq entre et fait le message du hibou.
Un peu plus tard, dès qu’il fait très sombre, le hibou arrive à la fête. Il craint un peu que la fille et sa famille ne soient fâchés de son retard mais il se fait violence et avance d’un pas.
Le coq qui l’attend sous le porche, le voit et semble tout à fait effrayé.
- Hibou, demanda-t-il qu'est ce donc cela sur votre tête ?
- C'est un chapeau, répond le hibou. Beaucoup de gens portent des chapeaux.
- C’est vrai, dit le coq, mais ils les portent sur la tête, et pas comme vous, tout autour de la tête.
- Je me suis blessé aux yeux, dit le hibou, Ils ne supportent pas la lumière. Mon chapeau les protège.
- Oui , réplique le coq et il protège aussi le reste de votre tête.
- Ne vous moquez pas de mon chapeau mais dites-moi plutôt ce qu’on a dit de mon retard. Sont-ils en colère ?
- Ils le seront bien plus si vous n’entrez pas, dit le coq.
- J'entre, j'entre, dit le hibou, mais promettez-moi d’abord une chose.
- Quoi donc ?
- Je dois être de retour à la maison avant le lever du soleil. Essayer donc de me prévenir à temps, plutôt que de chanter au lever du soleil, comme vous faites d'habitude ?
Il ne faut surtout pas que la jeune femme voit son visage à la lumière du jour.
- Bien sûr, hibou, bien sûr dit le coq et il le fait entrer à l’intérieur.
A cet instant précis, la fête bat son plein. Les batteurs jouent et les chanteurs chantent et leur musique donne quelque chose dans le genre de « Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! » «
C’est justement la chanson préférée du hibou et quand il l'entend, il veut danser. Il va près de sa jeune amie, lui fait des excuses pour son retard et ils partent sur la piste de danse. Vous savez que le hibou est timide mais ce que vous en savez pas c’est qu’il est un excellent danseur. Plus il danse, moins il sait où il est et moins il sait où il est et plus il danse. « Dong-aada- dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-dong-aaii-ee-ooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong. Dong-aada-dong-aada-aaii-eee-oooo! » ça dure ainsi toute la nuit.
Le hibou s’amuse tellement qu'il oublie le temps et soudain, il entend son cousin le coq, qui complètement ivre, chante. Il a manqué l'aube et la lumière du jour entre dans la pièce. Le hibou affolé cherche une fenêtre. Il est certain que la fille en voyant son visage, comprendra combien il est laid. Il vole en tous sens. Son chapeau tombe sur le sol. Il vole de plus en plus vite et découvre une fenêtre ouverte par laquelle il s’enfuit. La jeune fille hurle « Hibou! revient!" Elle se précipite par la porte mais en vain. « Hibou! revient!" Le hibou ne l'a pas entendue.
La jeune fille rentre chez elle. Elle aide à tout remettre en ordre. Personne ne sait que penser du comportement étrange du hibou. Le soir, elle s’assied sous le porche et attend. Elle espère qu'il reviendra, mais il ne revient pas. Chaque soir, elle attend et chaque soir, elle espère. Elle repense sans cesse à cette soirée, combien tout a été si agréable. Elle repense au hibou qui danse si bien et comment il l’a regardée. Elle revoit son visage presque rond, ses grands yeux et son petit nez. Elle se dit qu’il a un visage fort, un visage attirant. Elle a aimé ses yeux tout de suite mais elle ne sait pas que le hibou se croit laid.
Elle l'attend des nuits, des jours, des semaines, des mois mais il ne revient pas. Pendant une année entière elle l'attend et puis un jour, elle rencontre quelqu'un d'autre et l'épouse. Mais chaque matin, lorsque le chant du coq la réveille aux premiers rayons du soleil, elle ne peut s’empêcher de penser au Hibou et se demande encore aujourd’hui pourquoi il s’est enfuit en courant et où il est parti?????????
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Re: contes du monde
L'homme gris
On raconte que dans le royaume d'Islande, il y a bien longtemps, si longtemps que personne ne sait plus quand cela était, vivaient un roi, son épouse, la reine et leur fille unique. Le roi était très riche en argent et en biens, et aussi en bétail. A cette époque, juste derrière le château royal, vivaient dans leur petite cabane, un très vieil homme et sa très vieille femme. Le vieil homme ne possédait qu'une seule vache et c'est d'elle qu'il tirait toute sa subsistance.
Un dimanche, le pauvre vieil homme se rendit à l'église avec sa femme, comme ils le faisaient chaque semaine. Ce jour là, le pasteur parla de la charité : "Celui qui donne, disait-il, recevra au centuple." Cela fit beaucoup d'effet sur le vieil homme qui se mit à réfléchir. En chemin, il ne put s'empêcher d'en parler à sa femme :
-"Tu as entendu ce qu'a dit le pasteur ?"
-"Evidemment, j'étais à côté de toi mais je t'en prie ne prend pas ses paroles au pied de la lettre. Ce n'était qu'une image", dit sa femme qui avait la tête sur les épaules. Mais l'homme n'était pas satisfait. Il ne pouvait oublier ces paroles, et, tout le jour, il les retourna dans tous les sens dans sa tête.
Le lendemain, après avoir passé une très mauvaise nuit, il résolut de donner sa seule et unique vache. Il appela des ouvriers et leur demanda de construire une étable qui pourrait contenir cent vaches. Sa femme se fâcha et le traita de sot. C'était leur première dispute après tant d'années de mariage.
Mais malgré la querelle, le vieillard ne changea pas d'avis et se posa la question de savoir à qui il allait donner sa vache. Il pensa d'abord au roi. Il lui serait facile d'en rendre cent sur le champs. Mais finalement, il se dit que le mieux serait encore de la donner au pasteur qui voudrait faire honneur à sa parole et se montrerait par conséquent le plus charitable.
Il prit sa vache et s'en alla chez le pasteur.
Ce dernier fut très surpris de le voir arriver en compagnie de sa vache. Lorsque le vieillard lui eut raconté l'objet de sa visite, il se fâcha et se moqua même de lui en lui disant:
- "Que tu es sot. Tu n'as vraiment rien compris à mon sermon !"
Le pauvre vieux, tout penaud, s'en retourna chez lui…
Chemin faisant, une violente tempête se leva. La neige se mit à tomber en rafales. Le vent soufflait si fort que l'homme ne pouvait avancer qu'avec peine. Tout en luttant contre les éléments, il pensait au pasteur et à ses paroles. Il avait le cœur lourd et des larmes lui piquaient les yeux. Tout à coup, un homme surgit devant lui. Il portait un grand sac sur son épaule, et lui demanda:
-"Où te rends-tu ainsi, avec ta vache?"
Le vieillard s'arrêta et lui raconta toute son histoire.
-"Oh ! dit l'étranger. Il vaut mieux que tu prennes mon sac en échange de ta vache, car qui sait ce qui peut lui advenir par une pareille tempête! Et certainement, je suis certain que tu ne le regretteras pas."
Le vieux aurait bien voulu savoir d'abord ce qu'il y avait dans le sac mais l'étranger ne voulait rien dire. Le vieux était tiraillé entre l'envie de garder sa vache et celle de voir le contenu du sac. N'en pouvant plus, il prit le sac, donna sa vache, et chacun s'en alla de son côté. Le sac était vraiment très lourd. Le vieux imaginait ce qu'il pouvait contenir : de la nourriture, des vêtements, des objets en argent, des pièces d'or, des bijoux… Finalement, il opta pour la nourriture.
Arrivé chez lui, couvert de neige, il cria à sa femme :
-"Mets vite mettre une marmite d'eau sur le feu, car au lieu de la vache, je rapporte quelque chose à faire cuire…" Lorsque l'eau se mit à bouillir, le vieux ouvrit le sac et y trouva quelque chose qui remuait, quelque chose de vivant. Un homme, tout gris de la tête aux pieds, en sortit.
-"Eh! l'ami s'écria celui-ci, si tu songes à faire cuire quelque chose, je te conseille de prendre autre chose que moi!"
Le vieil homme était tellement surpris et effrayé qu'il ne savait que dire. Sa femme se mit en colère pour la seconde fois :
-"D'abord, tu donnes notre unique vache, qui nous donnait du lait, du beurre et du fromage, et voilà que tu introduis à présent un étranger dans la maison, pour que nous le nourrissions."
Sans dire un mot, l'homme gris sortit et revint peu de temps après, avec un gras agneau dans ses bras. Il le tua et le mit à rôtir. Les deux vieux prirent peur. L'agneau n'avait-il pas été volé ? Comme il ne leur restait plus rien, ils le mangèrent. Le manège dura un certain temps ainsi. Dès qu'un agneau était mangé, l'homme gris en apportait un autre, le préparait et les deux vieux vivaient l'estomac plein. Chaque matin, ils remerciaient Dieu de leur avoir envoyé l'homme gris qui était devenu leur fournisseur de nourriture.
Vous vous demandez, j'en suis certaine, d'où venaient les agneaux ? La réponse est simple : l'homme gris les volaient dans les troupeaux du roi. Il pensait que celui-ci était bien assez riche et qu'il pouvait faire un geste en faveur de ses sujets les plus pauvres.
Agneau après agneau, le troupeau diminuait et le berger préposé à leur garde lorsqu'il s'en aperçut, se rendit chez le roi et lui raconta que des agneaux disparaissaient de son troupeau. Le roi fut très étonné et très irrité.
-"Ce ne peut être qu'un étranger, dit-il. Depuis que je règne, jamais personne encore n'a volé dans mon royaume." Il fit aussitôt rechercher dans toutes les maisons si un étranger était venu. C'est de cette façon, qu'il fut informé que depuis un soir d'hiver, un homme gris avait emménagé chez les deux vieux qui habitaient juste derrière le château royal. Le roi le convoqua. Et l'homme gris vint.
Dans leur cabane, les deux vieux gémissaient et pleuraient: "Maintenant, il va certainement être tué. C'est notre faute. Nous aurions dû être attentifs et savoir d'où venaient les agneaux…"
-"M'as-tu volé des agneaux?" demanda le roi.
-"Certes, dit l'homme gris, c'est moi qui l'ai fait."
-"Pourquoi? demanda le roi. Ne sais-tu pas que c'est un délit?"
-"Je l'ai fait pour les deux vieux qui habitent juste derrière le château royal. Sire roi, tu possèdes plus de bêtes que tu ne peux manger. N'est-ce pas justice que de prendre aux riches pour donner aux pauvres ? Sans cela, les deux vieux seraient morts de faim autrement."
Le roi se mit à réfléchir :
- "N'as-tu rien appris d'autre que voler ? N'es-tu pas capable de travailler ?"
L'homme gris expliqua au roi qu'il ne volait pas comme un voleur. Il ne faisait qu'enlever un peu à celui qui en avait trop. Il aimait ce qu'il faisait et il voulait devenir un maître-voleur dans le genre.
-"Maître-voleur ce n'est pas un métier et tu seras mis à mort pour l'exemple. Où en arriverons-nous si l'un enlève ce qui appartient à l'autre au motif que l'un est plus pauvre que l'autre ?" Soudain le roi s'arrêta. Une idée lumineuse venait de lui traverser l'esprit. "Je pourrais te faire grâce si tu sais réellement voler avec art, et que tu le fasses, naturellement, avec mon autorisation."
L'homme gris dit qu'il voulait bien essayer et demanda ce qu'il lui faudrait voler.
-"Demain, dit le roi, je ferai garder mon plus beau bœuf par tous mes serviteurs. Tente de le voler pendant qu'il sera dans la forêt."
L'homme gris accepta la proposition et rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il demanda une corde et s'endormit jusqu'au lendemain matin.
Dès potron-minet, il se rendit dans la forêt et se suspendit par la corde à un arbre, juste à l'endroit où il savait que devaient passer les serviteurs du roi avec le bœuf. Lorsque ceux-ci virent l'homme gris suspendu tout en haut de l'arbre, ils se dirent qu'il avait dû voler d'autres gens encore, que ceux-ci l'avaient tué. Ils étaient très heureux car ils pensèrent qu'ils n'avaient plus besoin de veiller avec tant d'attention sur le bœuf…
Mais, à peine les serviteurs se furent-ils éloignés, que l'homme gris courut à un autre endroit où il savait que devaient passer les serviteurs du roi avec le bœuf. Il alla se suspendre aux branches d'un autre arbre. Cette fois, les serviteurs furent stupéfaits. "Y avait-t-il donc deux hommes gris dans le royaume, où bien était-ce de la magie? Ils décidèrent d'éclaircir le mystère. Ils attachèrent le bœuf à un arbre et s'en retournèrent vers le premier arbre voir le premier homme gris.
Pendant ce temps, l'homme gris délia le bœuf et le mena dans la cabane des deux pauvres vieux. Il tua le bœuf, lui enleva la peau, et, de son suif, fit des bougies.
Quant aux serviteurs, lorsqu'ils ne retrouvèrent plus le premier homme gris, ils retournèrent vite vers le bœuf et s'aperçurent alors que celui-ci avait disparu tout comme le second homme gris. Ils rentrèrent au château et annoncèrent au roi la perte du bœuf.
Le roi fit aussitôt appeler l'homme gris. Dans leur cabane, les deux vieux pleuraient en disant:
-"Cette fois, on le tuera sûrement, gémirent les deux pauvres gens. Nous n'aurions pas dû manger le bœuf !"
Au palais, le roi était assis sur son trône et il s'adressa en ces termes à l'homme gris:
-"Ainsi donc, tu as volé mon bœuf."
-"Oui, Sire, pour sauver ma vie."
-"Bien, bien, je te fais grâce. Mais, je vois que la tâche était beaucoup trop facile. Je voudrais que tu me donnes un second échantillon de ton art. Cette nuit, j'aimerais que tu enlèves nos draps de lit, à la reine et à moi! "
-"Oh, s'écria l'homme gris, c'est bien difficile ce que vous me demandez!"
Le roi leva les yeux au ciel et dit : "Cela te regarde! "
L'homme gris rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il demanda de la farine et fit cuire un pot d'épaisse bouillie. Puis, il ferma solidement le pot et s'en alla vers le château. Sans se faire voir, il s'y glissa et y resta caché.
Le soir, les portes du château furent verrouillées avec soin. La garde fut renforcée mais il y avait bien longtemps que le rusé homme gris se trouvait à l'intérieur.
Vers dix heures, le roi et la reine allèrent se coucher. Lorsqu'ils furent endormis, l'homme gris s'approcha de leur lit et versa l'épaisse bouillie sur le drap, juste entre le roi et la reine. Puis, il se cacha de nouveau. Quand la reine sentit l'humidité du drap, elle s'éveilla et s'écria:
-"Mais, mon cher ami, tu as mouillé le lit! Qu'est-ce donc?"
-"Je n'y songe guère, s'indigna le roi, c'est toi qui l'a mouillé! "
Une violente querelle s'éleva entre les souverain. Longtemps, ils se rejetèrent la faute. Mais, comme ils étaient fatigués, ils prirent les draps et les jetèrent dans un coin. A aucun moment, ils ne songèrent à l'homme gris. A peine furent-ils endormis de nouveau, que l'homme gris s'approcha et emporta les draps. Rusé comme il était, il réussit à sortir du château et rentra chez les deux vieux qui furent bien étonnés de voir les draps royaux chez eux.
Le matin lorsque le roi s'éveilla et il vit que ses draps de lit avaient disparu. Il fit aussitôt appeler l'homme gris. Dans leur cabane, les deux vieux pleuraient en disant: "C'est notre faute. Maintenant, il va certainement être tué. Un roi ne peut pardonner cela!"
Mais au château, le roi accueillit l'homme gris en souriant.
-"Tu es réellement presque un maître-voleur, dit-il. Mais je n'ai toujours pas encore éprouvé suffisamment ton art. Si tu veux vraiment devenir un maître voleur, il te faut, cette nuit, nous enlever nous-mêmes, la reine et moi, de notre lit." Evidemment, le roi savait cette tâche impossible et il ricanait en pensant que cette fois, l'homme gris serait défait.
L'homme gris rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il mit sur sa tête le grand chapeau usé du vieux et en remplit les trous avec les bougies tirées du suif du bœuf abattu. Ensuite, il prit un sac plein d'écrevisses et beaucoup de petites bougies.
Lorsque minuit sonna, il fixa une petite bougie sur le dos de chacune des écrevisses et les laissa courir dans le cimetière attenant à l'église. de son côté, il se mit à sonner les cloches et alluma tous les cierges de l'église. Le roi et la reine furent réveillés par le son des cloches et s'approchèrent de la fenêtre. Ils virent que de dizaines de petites lumières dansaient sur les tombes et que l'église était toute illuminée, cependant que les cloches n'arrêtaient pas de sonner. Sous le portail de l'église, ils virent une étrange silhouette et ils pensèrent qu'un ange était descendu du ciel leur apporter quelque message. Ils se précipitèrent tels qu'ils étaient, en chemise de nuit.
Arrivés devant l'église, ils tombèrent à genoux et demandèrent ce que tout cela signifiait.
-"Le dernier jour est venu, dit la figure immobile. Voyez les âmes des morts, qui se rendent au ciel pour implorer le pardon de leurs péchés."
-"Que nous faut-il faire pour l'obtenir nous aussi?" demanda le roi.
-"Il vous faut entrer dans ce sac, dit l'homme gris, afin que je vous conduise jusqu'aux portes du ciel car je suis un ange." Et il ouvrit tout grand le sac dans lequel il avait apporté les écrevisses et les bougies.
Le roi entra donc dans le sac et la reine le suivi. Aussitôt, l'homme gris referma le sac et s'écria:
-"Je ne suis nullement un ange, mais l'homme gris, et j'ai accompli ce que vous m'avez ordonné. Maintenant, que vous êtes en mon pouvoir, je pourrais vous rendre ridicules devant tout votre peuple, mais j'ai un marché à vous proposer : je voudrais que vous preniez les deux pauvres vieux auprès de vous et que vous partagiez avec eux tout ce dont vous avez de trop et eux pas assez. Pour moi, je vous demande votre fille unique pour femme, ainsi que la moitié de votre royaume et je vous promets de ne plus jamais voler."
Le roi était tellement effrayé qu'il accepta le marché ainsi l'homme gris les reconduisit dans leur lit. Lorsque le roi se retrouva sous sa chaude couverture et qu'il fut un peu remis de ses émotions de la nuit, il dit:
-"Qui es-tu donc, en réalité? Et d'où viens-tu?"
L'homme gris lui révéla qu'il était le fils du roi voisin. Son père l'avait envoyé dans le monde pour y apprendre quelque chose de bien. En chemin, il avait entendu parler des deux pauvres gens et il avait vu le vieux qui conduisait sa vache. Il avait simplement voulu accomplir le désir du vieux, et justifier ainsi les paroles du pasteur.
Dès le lendemain, le roi prit les deux vieux auprès de lui, et veilla à ce que personne dans son royaume n'eût jamais plus faim. Il célébra les noces de l'homme gris avec sa fille. Et aucun homme, dès lors, ne vola plus, car tous avaient suffisamment.
Un dimanche, le pauvre vieil homme se rendit à l'église avec sa femme, comme ils le faisaient chaque semaine. Ce jour là, le pasteur parla de la charité : "Celui qui donne, disait-il, recevra au centuple." Cela fit beaucoup d'effet sur le vieil homme qui se mit à réfléchir. En chemin, il ne put s'empêcher d'en parler à sa femme :
-"Tu as entendu ce qu'a dit le pasteur ?"
-"Evidemment, j'étais à côté de toi mais je t'en prie ne prend pas ses paroles au pied de la lettre. Ce n'était qu'une image", dit sa femme qui avait la tête sur les épaules. Mais l'homme n'était pas satisfait. Il ne pouvait oublier ces paroles, et, tout le jour, il les retourna dans tous les sens dans sa tête.
Le lendemain, après avoir passé une très mauvaise nuit, il résolut de donner sa seule et unique vache. Il appela des ouvriers et leur demanda de construire une étable qui pourrait contenir cent vaches. Sa femme se fâcha et le traita de sot. C'était leur première dispute après tant d'années de mariage.
Mais malgré la querelle, le vieillard ne changea pas d'avis et se posa la question de savoir à qui il allait donner sa vache. Il pensa d'abord au roi. Il lui serait facile d'en rendre cent sur le champs. Mais finalement, il se dit que le mieux serait encore de la donner au pasteur qui voudrait faire honneur à sa parole et se montrerait par conséquent le plus charitable.
Il prit sa vache et s'en alla chez le pasteur.
Ce dernier fut très surpris de le voir arriver en compagnie de sa vache. Lorsque le vieillard lui eut raconté l'objet de sa visite, il se fâcha et se moqua même de lui en lui disant:
- "Que tu es sot. Tu n'as vraiment rien compris à mon sermon !"
Le pauvre vieux, tout penaud, s'en retourna chez lui…
Chemin faisant, une violente tempête se leva. La neige se mit à tomber en rafales. Le vent soufflait si fort que l'homme ne pouvait avancer qu'avec peine. Tout en luttant contre les éléments, il pensait au pasteur et à ses paroles. Il avait le cœur lourd et des larmes lui piquaient les yeux. Tout à coup, un homme surgit devant lui. Il portait un grand sac sur son épaule, et lui demanda:
-"Où te rends-tu ainsi, avec ta vache?"
Le vieillard s'arrêta et lui raconta toute son histoire.
-"Oh ! dit l'étranger. Il vaut mieux que tu prennes mon sac en échange de ta vache, car qui sait ce qui peut lui advenir par une pareille tempête! Et certainement, je suis certain que tu ne le regretteras pas."
Le vieux aurait bien voulu savoir d'abord ce qu'il y avait dans le sac mais l'étranger ne voulait rien dire. Le vieux était tiraillé entre l'envie de garder sa vache et celle de voir le contenu du sac. N'en pouvant plus, il prit le sac, donna sa vache, et chacun s'en alla de son côté. Le sac était vraiment très lourd. Le vieux imaginait ce qu'il pouvait contenir : de la nourriture, des vêtements, des objets en argent, des pièces d'or, des bijoux… Finalement, il opta pour la nourriture.
Arrivé chez lui, couvert de neige, il cria à sa femme :
-"Mets vite mettre une marmite d'eau sur le feu, car au lieu de la vache, je rapporte quelque chose à faire cuire…" Lorsque l'eau se mit à bouillir, le vieux ouvrit le sac et y trouva quelque chose qui remuait, quelque chose de vivant. Un homme, tout gris de la tête aux pieds, en sortit.
-"Eh! l'ami s'écria celui-ci, si tu songes à faire cuire quelque chose, je te conseille de prendre autre chose que moi!"
Le vieil homme était tellement surpris et effrayé qu'il ne savait que dire. Sa femme se mit en colère pour la seconde fois :
-"D'abord, tu donnes notre unique vache, qui nous donnait du lait, du beurre et du fromage, et voilà que tu introduis à présent un étranger dans la maison, pour que nous le nourrissions."
Sans dire un mot, l'homme gris sortit et revint peu de temps après, avec un gras agneau dans ses bras. Il le tua et le mit à rôtir. Les deux vieux prirent peur. L'agneau n'avait-il pas été volé ? Comme il ne leur restait plus rien, ils le mangèrent. Le manège dura un certain temps ainsi. Dès qu'un agneau était mangé, l'homme gris en apportait un autre, le préparait et les deux vieux vivaient l'estomac plein. Chaque matin, ils remerciaient Dieu de leur avoir envoyé l'homme gris qui était devenu leur fournisseur de nourriture.
Vous vous demandez, j'en suis certaine, d'où venaient les agneaux ? La réponse est simple : l'homme gris les volaient dans les troupeaux du roi. Il pensait que celui-ci était bien assez riche et qu'il pouvait faire un geste en faveur de ses sujets les plus pauvres.
Agneau après agneau, le troupeau diminuait et le berger préposé à leur garde lorsqu'il s'en aperçut, se rendit chez le roi et lui raconta que des agneaux disparaissaient de son troupeau. Le roi fut très étonné et très irrité.
-"Ce ne peut être qu'un étranger, dit-il. Depuis que je règne, jamais personne encore n'a volé dans mon royaume." Il fit aussitôt rechercher dans toutes les maisons si un étranger était venu. C'est de cette façon, qu'il fut informé que depuis un soir d'hiver, un homme gris avait emménagé chez les deux vieux qui habitaient juste derrière le château royal. Le roi le convoqua. Et l'homme gris vint.
Dans leur cabane, les deux vieux gémissaient et pleuraient: "Maintenant, il va certainement être tué. C'est notre faute. Nous aurions dû être attentifs et savoir d'où venaient les agneaux…"
-"M'as-tu volé des agneaux?" demanda le roi.
-"Certes, dit l'homme gris, c'est moi qui l'ai fait."
-"Pourquoi? demanda le roi. Ne sais-tu pas que c'est un délit?"
-"Je l'ai fait pour les deux vieux qui habitent juste derrière le château royal. Sire roi, tu possèdes plus de bêtes que tu ne peux manger. N'est-ce pas justice que de prendre aux riches pour donner aux pauvres ? Sans cela, les deux vieux seraient morts de faim autrement."
Le roi se mit à réfléchir :
- "N'as-tu rien appris d'autre que voler ? N'es-tu pas capable de travailler ?"
L'homme gris expliqua au roi qu'il ne volait pas comme un voleur. Il ne faisait qu'enlever un peu à celui qui en avait trop. Il aimait ce qu'il faisait et il voulait devenir un maître-voleur dans le genre.
-"Maître-voleur ce n'est pas un métier et tu seras mis à mort pour l'exemple. Où en arriverons-nous si l'un enlève ce qui appartient à l'autre au motif que l'un est plus pauvre que l'autre ?" Soudain le roi s'arrêta. Une idée lumineuse venait de lui traverser l'esprit. "Je pourrais te faire grâce si tu sais réellement voler avec art, et que tu le fasses, naturellement, avec mon autorisation."
L'homme gris dit qu'il voulait bien essayer et demanda ce qu'il lui faudrait voler.
-"Demain, dit le roi, je ferai garder mon plus beau bœuf par tous mes serviteurs. Tente de le voler pendant qu'il sera dans la forêt."
L'homme gris accepta la proposition et rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il demanda une corde et s'endormit jusqu'au lendemain matin.
Dès potron-minet, il se rendit dans la forêt et se suspendit par la corde à un arbre, juste à l'endroit où il savait que devaient passer les serviteurs du roi avec le bœuf. Lorsque ceux-ci virent l'homme gris suspendu tout en haut de l'arbre, ils se dirent qu'il avait dû voler d'autres gens encore, que ceux-ci l'avaient tué. Ils étaient très heureux car ils pensèrent qu'ils n'avaient plus besoin de veiller avec tant d'attention sur le bœuf…
Mais, à peine les serviteurs se furent-ils éloignés, que l'homme gris courut à un autre endroit où il savait que devaient passer les serviteurs du roi avec le bœuf. Il alla se suspendre aux branches d'un autre arbre. Cette fois, les serviteurs furent stupéfaits. "Y avait-t-il donc deux hommes gris dans le royaume, où bien était-ce de la magie? Ils décidèrent d'éclaircir le mystère. Ils attachèrent le bœuf à un arbre et s'en retournèrent vers le premier arbre voir le premier homme gris.
Pendant ce temps, l'homme gris délia le bœuf et le mena dans la cabane des deux pauvres vieux. Il tua le bœuf, lui enleva la peau, et, de son suif, fit des bougies.
Quant aux serviteurs, lorsqu'ils ne retrouvèrent plus le premier homme gris, ils retournèrent vite vers le bœuf et s'aperçurent alors que celui-ci avait disparu tout comme le second homme gris. Ils rentrèrent au château et annoncèrent au roi la perte du bœuf.
Le roi fit aussitôt appeler l'homme gris. Dans leur cabane, les deux vieux pleuraient en disant:
-"Cette fois, on le tuera sûrement, gémirent les deux pauvres gens. Nous n'aurions pas dû manger le bœuf !"
Au palais, le roi était assis sur son trône et il s'adressa en ces termes à l'homme gris:
-"Ainsi donc, tu as volé mon bœuf."
-"Oui, Sire, pour sauver ma vie."
-"Bien, bien, je te fais grâce. Mais, je vois que la tâche était beaucoup trop facile. Je voudrais que tu me donnes un second échantillon de ton art. Cette nuit, j'aimerais que tu enlèves nos draps de lit, à la reine et à moi! "
-"Oh, s'écria l'homme gris, c'est bien difficile ce que vous me demandez!"
Le roi leva les yeux au ciel et dit : "Cela te regarde! "
L'homme gris rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il demanda de la farine et fit cuire un pot d'épaisse bouillie. Puis, il ferma solidement le pot et s'en alla vers le château. Sans se faire voir, il s'y glissa et y resta caché.
Le soir, les portes du château furent verrouillées avec soin. La garde fut renforcée mais il y avait bien longtemps que le rusé homme gris se trouvait à l'intérieur.
Vers dix heures, le roi et la reine allèrent se coucher. Lorsqu'ils furent endormis, l'homme gris s'approcha de leur lit et versa l'épaisse bouillie sur le drap, juste entre le roi et la reine. Puis, il se cacha de nouveau. Quand la reine sentit l'humidité du drap, elle s'éveilla et s'écria:
-"Mais, mon cher ami, tu as mouillé le lit! Qu'est-ce donc?"
-"Je n'y songe guère, s'indigna le roi, c'est toi qui l'a mouillé! "
Une violente querelle s'éleva entre les souverain. Longtemps, ils se rejetèrent la faute. Mais, comme ils étaient fatigués, ils prirent les draps et les jetèrent dans un coin. A aucun moment, ils ne songèrent à l'homme gris. A peine furent-ils endormis de nouveau, que l'homme gris s'approcha et emporta les draps. Rusé comme il était, il réussit à sortir du château et rentra chez les deux vieux qui furent bien étonnés de voir les draps royaux chez eux.
Le matin lorsque le roi s'éveilla et il vit que ses draps de lit avaient disparu. Il fit aussitôt appeler l'homme gris. Dans leur cabane, les deux vieux pleuraient en disant: "C'est notre faute. Maintenant, il va certainement être tué. Un roi ne peut pardonner cela!"
Mais au château, le roi accueillit l'homme gris en souriant.
-"Tu es réellement presque un maître-voleur, dit-il. Mais je n'ai toujours pas encore éprouvé suffisamment ton art. Si tu veux vraiment devenir un maître voleur, il te faut, cette nuit, nous enlever nous-mêmes, la reine et moi, de notre lit." Evidemment, le roi savait cette tâche impossible et il ricanait en pensant que cette fois, l'homme gris serait défait.
L'homme gris rentra chez les deux vieux qui étaient bien heureux de le voir de retour. Sans une explication, il mit sur sa tête le grand chapeau usé du vieux et en remplit les trous avec les bougies tirées du suif du bœuf abattu. Ensuite, il prit un sac plein d'écrevisses et beaucoup de petites bougies.
Lorsque minuit sonna, il fixa une petite bougie sur le dos de chacune des écrevisses et les laissa courir dans le cimetière attenant à l'église. de son côté, il se mit à sonner les cloches et alluma tous les cierges de l'église. Le roi et la reine furent réveillés par le son des cloches et s'approchèrent de la fenêtre. Ils virent que de dizaines de petites lumières dansaient sur les tombes et que l'église était toute illuminée, cependant que les cloches n'arrêtaient pas de sonner. Sous le portail de l'église, ils virent une étrange silhouette et ils pensèrent qu'un ange était descendu du ciel leur apporter quelque message. Ils se précipitèrent tels qu'ils étaient, en chemise de nuit.
Arrivés devant l'église, ils tombèrent à genoux et demandèrent ce que tout cela signifiait.
-"Le dernier jour est venu, dit la figure immobile. Voyez les âmes des morts, qui se rendent au ciel pour implorer le pardon de leurs péchés."
-"Que nous faut-il faire pour l'obtenir nous aussi?" demanda le roi.
-"Il vous faut entrer dans ce sac, dit l'homme gris, afin que je vous conduise jusqu'aux portes du ciel car je suis un ange." Et il ouvrit tout grand le sac dans lequel il avait apporté les écrevisses et les bougies.
Le roi entra donc dans le sac et la reine le suivi. Aussitôt, l'homme gris referma le sac et s'écria:
-"Je ne suis nullement un ange, mais l'homme gris, et j'ai accompli ce que vous m'avez ordonné. Maintenant, que vous êtes en mon pouvoir, je pourrais vous rendre ridicules devant tout votre peuple, mais j'ai un marché à vous proposer : je voudrais que vous preniez les deux pauvres vieux auprès de vous et que vous partagiez avec eux tout ce dont vous avez de trop et eux pas assez. Pour moi, je vous demande votre fille unique pour femme, ainsi que la moitié de votre royaume et je vous promets de ne plus jamais voler."
Le roi était tellement effrayé qu'il accepta le marché ainsi l'homme gris les reconduisit dans leur lit. Lorsque le roi se retrouva sous sa chaude couverture et qu'il fut un peu remis de ses émotions de la nuit, il dit:
-"Qui es-tu donc, en réalité? Et d'où viens-tu?"
L'homme gris lui révéla qu'il était le fils du roi voisin. Son père l'avait envoyé dans le monde pour y apprendre quelque chose de bien. En chemin, il avait entendu parler des deux pauvres gens et il avait vu le vieux qui conduisait sa vache. Il avait simplement voulu accomplir le désir du vieux, et justifier ainsi les paroles du pasteur.
Dès le lendemain, le roi prit les deux vieux auprès de lui, et veilla à ce que personne dans son royaume n'eût jamais plus faim. Il célébra les noces de l'homme gris avec sa fille. Et aucun homme, dès lors, ne vola plus, car tous avaient suffisamment.
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Re: contes du monde
Le serpent et la grenouille
Un jour, un serpent et une grenouille se rencontrèrent.
- Où allez-vous ainsi, vénérable frère ? demanda la grenouille.
Le serpent répondit avec colère :
- Je vais tout droit mon chemin.
Le serpent n'ajouta rien, mais la grenouille, qui était très curieuse et très bavarde, demanda encore :
- Pourquoi changez-vous de peau de temps en temps ?
- Pour me faire beau, grogna le serpent.
- Et pourquoi remuez-vous la queue comme si vous étiez en colère ? reprit l'imprudente grenouille. Pourquoi votre langue s'allonge-t-elle comme une flèche ? Pourquoi jetez-vous la tête en avant, comme pour effrayer les gens ? Et pourquoi rampez-vous sur le ventre tout le long de l'année ?
Le serpent trouva ces questions fort impertinentes. Il se tourna vers la grenouille en disant :
- Et vous, pourquoi vos yeux sont-ils à fleur de tête ?
- Parce que je suis une grenouille de la plus belle espèce, dit-elle.
- Et pourquoi tenez-vous la bouche si grande ouverte ?
- Parce que j'ai toujours des messages à porter, et que je prends part à beaucoup de conversations.
- Et que faites-vous tout le long du jour ?
- Le soir je chante. A minuit j'appelle : " Qui va là ? ". Le matin, je crie : " Qui êtes-vous ? "
- Eh bien ! je vais vous faire voir qui je suis! dit le serpent et, ouvrant la bouche, il avala la pauvre grenouille.
Et c’est depuis ce temps-là que les serpents poursuivent les grenouilles et les mangent.
- Où allez-vous ainsi, vénérable frère ? demanda la grenouille.
Le serpent répondit avec colère :
- Je vais tout droit mon chemin.
Le serpent n'ajouta rien, mais la grenouille, qui était très curieuse et très bavarde, demanda encore :
- Pourquoi changez-vous de peau de temps en temps ?
- Pour me faire beau, grogna le serpent.
- Et pourquoi remuez-vous la queue comme si vous étiez en colère ? reprit l'imprudente grenouille. Pourquoi votre langue s'allonge-t-elle comme une flèche ? Pourquoi jetez-vous la tête en avant, comme pour effrayer les gens ? Et pourquoi rampez-vous sur le ventre tout le long de l'année ?
Le serpent trouva ces questions fort impertinentes. Il se tourna vers la grenouille en disant :
- Et vous, pourquoi vos yeux sont-ils à fleur de tête ?
- Parce que je suis une grenouille de la plus belle espèce, dit-elle.
- Et pourquoi tenez-vous la bouche si grande ouverte ?
- Parce que j'ai toujours des messages à porter, et que je prends part à beaucoup de conversations.
- Et que faites-vous tout le long du jour ?
- Le soir je chante. A minuit j'appelle : " Qui va là ? ". Le matin, je crie : " Qui êtes-vous ? "
- Eh bien ! je vais vous faire voir qui je suis! dit le serpent et, ouvrant la bouche, il avala la pauvre grenouille.
Et c’est depuis ce temps-là que les serpents poursuivent les grenouilles et les mangent.
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Re: contes du monde
La spirituelle fille du pauvre homme
Il était une fois un homme pauvre qui pour survenir vendait du bois et de la paille. Il parvenait ainsi à obtenir un peu de pain et de fromage pour lui et sa fille unique. Un jour, alors qu'il passait sur le port, il vit le roi qui, debout sur son bateau, tenait à la main une manne remplie de pièces d'or. Il proposait des énigmes à son peuple et promettait à celui qui pourrait les résoudre l'ensemble de ce trésor. Hélas ! les questions étaient telles que personne n'y parvint. Le pauvre homme essaya, réfléchit, tourna mille fois les questions dans sa tête mais ne trouva rien. Il rentra chez lui, tout en rêvant à la manne pleine d'or. A peine entré, sa fille remarqua qu'il se passait quelque chose. Elle lui demanda :
"Père, mon bon père, mais qu'as-tu donc? Ton regard est perdu dans des songes et tu rentres plus tard qu'à l'ordinaire. Que t'est-il arrivé?"
"Ah! ma fille, répondit l'homme, je reviens du port où le roi propose des énigmes au peuple et promet à qui pourra les résoudre une manne pleine d'or. Si je pouvais résoudre ces trois énigmes, nous serions riches."
"Dis-moi ces énigmes, mon bon père. Peut-être pourrai-je les résoudre et ramener un peu de lumière dans cette maison."
"Volontiers. Voici la première : Qui embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble?"
"Mais c'est le soleil, dit la jeune fille. Il embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble. Quelle est la deuxième?"
"Qui est celle qui nourrit ses petits enfants et dévore les grands?"
"Mais c'est la mer. Elle dévore les grands fleuves. Et quelle est la dernière?"
"Quel est l'arbre à demi noir et à demi blanc?"
"Mais c'est l'année, mon bon père, avec ses nuits et ses jours. Va, retourne sur le port et donne ces trois réponses au roi."
L'homme courut au port, il s'agitait, levait les bras et, une fois arrivé, cria:
"Je connais les réponses, noble sire!"
Le roi incrédule écouta le pauvre homme. Lorsqu'il entendit les réponses, il regarda l'homme et dit:
"Cela ne se peut. Ton cerveau vieux et fatigué ne pouvait trouver les solutions. Qui t'a donné les réponses?"
Le vieillard se laissa tomber à genoux sur le sol et dit:
"C'est ma fille, noble sire. Elle a résolu les énigmes."
"C'est bien, dit le roi. J'aimerais voir, à présent, si ta fille est vraiment aussi spirituelle. Amène-la moi afin qu'elle tue cette pierre devant tout le peuple. Je veux qu'elle la tue de manière à ce que le sang en coule."
Sur le port, les gens s'esclaffaient. Ils attendaient la fille du pauvre homme. Leur attente ne fut pas très longue. Déjà la fille s'avançait vers le roi, son couteau à la main.
"Voici mon couteau, noble sire, je vais tuer ta pierre mais avant cela, il faut que tu lui donnes une âme, car seul ce qui est vivant saigne. Si après cela, je ne la tue pas, fais-moi couper la tête."
Le roi rit à cette réponse et dit:
"Je crois que tu es la plus intelligente de mon royaume."
Et comme en plus d'être intelligente, la fille du pauvre homme était aussi très belle, le roi ajoute :
"J'aimerais faire de toi ma reine. D'ici trois jours, tu devra être dans mon château. J'y mets cependant trois conditions : Tu dois chevaucher et ne pas chevaucher, m'apporter un cadeau et ne pas l'apporter. Nous tous, petits et grands, nous sortirons pour t'accueillir, et il te faudra amener les gens à te recevoir et pourtant à ne pas te recevoir."
La jeune fille revint chez elle et demanda à son père de l'aider à attraper quatre lièvres et deux pigeons vivants. Au troisième jour, elle mit les lièvres dans un sac, les donna à porter à son père et dit:
"Quand je te dirai de les laisser partir, fais-le!" De son côté, elle les deux pigeons, s'assit à califourchon sur une chèvre et s'en alla vers le château du roi.
Entendant qu'elle approchait, le roi et toute sa maison sortirent de la ville à sa rencontre.
Lorsque la jeune fille ne fut plus très loin et qu'elle aperçut les ministres, les hauts dignitaires et les courtisans, le peuple rassemblé, elle dit à son père de laisser s'en aller les lièvres. Aussitôt, tous se mirent à les poursuivre, afin de les rapporter. La jeune fille, assise à califourchon sur la chèvre, tantôt marchait sur ses pieds, la chèvre entre les jambes, tantôt, levait les pieds et chevauchait sur le dos de la chèvre. Elle s'avança vers le roi en tirant les deux pigeons de sa poche et les lui tendit. Au moment où il voulut s'en saisir, la fille ouvrit la main et les pigeons s'envolèrent.
"Me voici, noble sire. Les gens m'ont reçu et pas reçu. Je t'ai apporté un cadeau et pas apporté. J'ai chevauché et pas chevauché."
Le roi la souleva de la selle et dit:
"Tu seras ma reine, car une femme intelligente m'est plus précieuse qu'une femme riche et de haute naissance. Je dois encore te faire promettre une chose: je voudrais qu'à aucun moment tu ne te mêles pas des affaires d'Etat, car je tiens à gouverner seul."
La jeune fille lui promit et il vécurent un grand bonheur.
Il arriva qu'un jour, alors que de pauvres paysans gardaient des chevaux dans la prairie, le roi vint à passer. Les paysans s'étaient endormis et un cheval s'élança sur le roi en tuant son cheval, une belle jument grise. Il entra dans une immense colère et ordonna qu'on jette les paysans en prison, en attendant de leur faire couper la tête.
Un grand désespoir saisit les femmes des paysans qui ne voyaient d'autre solution que de s'adresser à la femme du roi qu'on disait bonne et sage. Elles arrivèrent près de la reine, tombèrent à genoux et la prièrent, au nom de Dieu et de leurs enfants, de les aider.
"Que puis-je faire pour vous être utile ? Le roi m'a défendu de me mêler des affaires de l'Etat. Je ne peux que vous donner un conseil. Ce soir, placez-vous avec vos enfants sur la plage. Tenez-vous sous la fenêtre tournée du côté de la mer et pleurez, gémissez toute la nuit. Il ne recevra pas son soporifique et vous pourrez lui dire :
"Le monstre marin est venu pour nous dévorer. Sauve-nous, ô noble sire. Nous prierons pour qu'une longue vie te soit accordée!"
Il vous répondra:
"Malheureuses, bien que je sois le roi, il n'est pas en mon pouvoir d'empêcher le monstre marin de tuer."
Vous lui direz alors:
"Ô noble sire, tu ne peux nous sauver du monstre marin, bien que tu sois le roi. Et tu veux faire tuer nos maris qui n'ont pas pu empêcher un cheval d'en tuer un autre."
Et le roi vous dira:
"Prenez cette clef, allez à la prison et délivrez les."
Les femmes firent comme la reine le leur avait dit, et tout se passa exactement comme elle l'avait prédit. Le lendemain matin, en se réveillant, le roi dit à sa femme:
"Tu peux me donner mon soporifique, afin que je rattrape le sommeil perdu. Lorsque je me réveillerai, je ne veux plus te voir au château. Tu a le droit d'emporter en partant ce qui t'est le plus cher et le plus précieux dans cette maison."
"Bien volontiers, mon roi!"
Elle lui présenta son verre d'eau. Il le but et s'endormit. La reine enveloppa soigneusement le roi dans une couverture, en fit un paquet et dit à son serviteur:
"Emporte ce paquet dans la maison de mon père. Prends garde, il est rempli de porcelaine. Il faut le déposer doucement afin de ne rien casser."
Elle s'en alla vers la maison de son père, et y arriva peu avant le réveil du roi. Lorsque celui-ci se réveilla dans un lit inconnu, dans une maison étrangère, il dit:
"Où suis-je? Qui m'a apporté ici?"
La reine lui répondit:
"C'est moi, noble sire. Tu m'as permis d'emporter du château ce qui m'y était le plus cher et le plus précieux. Il n'y a pour moi rien de plus précieux que toi, mon roi."
"Rentrons au château, ma mie, s'écria le roi en se levant. Il n'existe nulle part sur terre une femme plus spirituelle que toi, et je t'appartiens comme tu m'appartiens."
Il l'emmena et rejoignit le château en sa compagnie. Ils y vécurent très heureux et qui sait s'ils ne vivent encore ?
"Père, mon bon père, mais qu'as-tu donc? Ton regard est perdu dans des songes et tu rentres plus tard qu'à l'ordinaire. Que t'est-il arrivé?"
"Ah! ma fille, répondit l'homme, je reviens du port où le roi propose des énigmes au peuple et promet à qui pourra les résoudre une manne pleine d'or. Si je pouvais résoudre ces trois énigmes, nous serions riches."
"Dis-moi ces énigmes, mon bon père. Peut-être pourrai-je les résoudre et ramener un peu de lumière dans cette maison."
"Volontiers. Voici la première : Qui embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble?"
"Mais c'est le soleil, dit la jeune fille. Il embrasse le monde entier et ne rencontre personne qui lui ressemble. Quelle est la deuxième?"
"Qui est celle qui nourrit ses petits enfants et dévore les grands?"
"Mais c'est la mer. Elle dévore les grands fleuves. Et quelle est la dernière?"
"Quel est l'arbre à demi noir et à demi blanc?"
"Mais c'est l'année, mon bon père, avec ses nuits et ses jours. Va, retourne sur le port et donne ces trois réponses au roi."
L'homme courut au port, il s'agitait, levait les bras et, une fois arrivé, cria:
"Je connais les réponses, noble sire!"
Le roi incrédule écouta le pauvre homme. Lorsqu'il entendit les réponses, il regarda l'homme et dit:
"Cela ne se peut. Ton cerveau vieux et fatigué ne pouvait trouver les solutions. Qui t'a donné les réponses?"
Le vieillard se laissa tomber à genoux sur le sol et dit:
"C'est ma fille, noble sire. Elle a résolu les énigmes."
"C'est bien, dit le roi. J'aimerais voir, à présent, si ta fille est vraiment aussi spirituelle. Amène-la moi afin qu'elle tue cette pierre devant tout le peuple. Je veux qu'elle la tue de manière à ce que le sang en coule."
Sur le port, les gens s'esclaffaient. Ils attendaient la fille du pauvre homme. Leur attente ne fut pas très longue. Déjà la fille s'avançait vers le roi, son couteau à la main.
"Voici mon couteau, noble sire, je vais tuer ta pierre mais avant cela, il faut que tu lui donnes une âme, car seul ce qui est vivant saigne. Si après cela, je ne la tue pas, fais-moi couper la tête."
Le roi rit à cette réponse et dit:
"Je crois que tu es la plus intelligente de mon royaume."
Et comme en plus d'être intelligente, la fille du pauvre homme était aussi très belle, le roi ajoute :
"J'aimerais faire de toi ma reine. D'ici trois jours, tu devra être dans mon château. J'y mets cependant trois conditions : Tu dois chevaucher et ne pas chevaucher, m'apporter un cadeau et ne pas l'apporter. Nous tous, petits et grands, nous sortirons pour t'accueillir, et il te faudra amener les gens à te recevoir et pourtant à ne pas te recevoir."
La jeune fille revint chez elle et demanda à son père de l'aider à attraper quatre lièvres et deux pigeons vivants. Au troisième jour, elle mit les lièvres dans un sac, les donna à porter à son père et dit:
"Quand je te dirai de les laisser partir, fais-le!" De son côté, elle les deux pigeons, s'assit à califourchon sur une chèvre et s'en alla vers le château du roi.
Entendant qu'elle approchait, le roi et toute sa maison sortirent de la ville à sa rencontre.
Lorsque la jeune fille ne fut plus très loin et qu'elle aperçut les ministres, les hauts dignitaires et les courtisans, le peuple rassemblé, elle dit à son père de laisser s'en aller les lièvres. Aussitôt, tous se mirent à les poursuivre, afin de les rapporter. La jeune fille, assise à califourchon sur la chèvre, tantôt marchait sur ses pieds, la chèvre entre les jambes, tantôt, levait les pieds et chevauchait sur le dos de la chèvre. Elle s'avança vers le roi en tirant les deux pigeons de sa poche et les lui tendit. Au moment où il voulut s'en saisir, la fille ouvrit la main et les pigeons s'envolèrent.
"Me voici, noble sire. Les gens m'ont reçu et pas reçu. Je t'ai apporté un cadeau et pas apporté. J'ai chevauché et pas chevauché."
Le roi la souleva de la selle et dit:
"Tu seras ma reine, car une femme intelligente m'est plus précieuse qu'une femme riche et de haute naissance. Je dois encore te faire promettre une chose: je voudrais qu'à aucun moment tu ne te mêles pas des affaires d'Etat, car je tiens à gouverner seul."
La jeune fille lui promit et il vécurent un grand bonheur.
Il arriva qu'un jour, alors que de pauvres paysans gardaient des chevaux dans la prairie, le roi vint à passer. Les paysans s'étaient endormis et un cheval s'élança sur le roi en tuant son cheval, une belle jument grise. Il entra dans une immense colère et ordonna qu'on jette les paysans en prison, en attendant de leur faire couper la tête.
Un grand désespoir saisit les femmes des paysans qui ne voyaient d'autre solution que de s'adresser à la femme du roi qu'on disait bonne et sage. Elles arrivèrent près de la reine, tombèrent à genoux et la prièrent, au nom de Dieu et de leurs enfants, de les aider.
"Que puis-je faire pour vous être utile ? Le roi m'a défendu de me mêler des affaires de l'Etat. Je ne peux que vous donner un conseil. Ce soir, placez-vous avec vos enfants sur la plage. Tenez-vous sous la fenêtre tournée du côté de la mer et pleurez, gémissez toute la nuit. Il ne recevra pas son soporifique et vous pourrez lui dire :
"Le monstre marin est venu pour nous dévorer. Sauve-nous, ô noble sire. Nous prierons pour qu'une longue vie te soit accordée!"
Il vous répondra:
"Malheureuses, bien que je sois le roi, il n'est pas en mon pouvoir d'empêcher le monstre marin de tuer."
Vous lui direz alors:
"Ô noble sire, tu ne peux nous sauver du monstre marin, bien que tu sois le roi. Et tu veux faire tuer nos maris qui n'ont pas pu empêcher un cheval d'en tuer un autre."
Et le roi vous dira:
"Prenez cette clef, allez à la prison et délivrez les."
Les femmes firent comme la reine le leur avait dit, et tout se passa exactement comme elle l'avait prédit. Le lendemain matin, en se réveillant, le roi dit à sa femme:
"Tu peux me donner mon soporifique, afin que je rattrape le sommeil perdu. Lorsque je me réveillerai, je ne veux plus te voir au château. Tu a le droit d'emporter en partant ce qui t'est le plus cher et le plus précieux dans cette maison."
"Bien volontiers, mon roi!"
Elle lui présenta son verre d'eau. Il le but et s'endormit. La reine enveloppa soigneusement le roi dans une couverture, en fit un paquet et dit à son serviteur:
"Emporte ce paquet dans la maison de mon père. Prends garde, il est rempli de porcelaine. Il faut le déposer doucement afin de ne rien casser."
Elle s'en alla vers la maison de son père, et y arriva peu avant le réveil du roi. Lorsque celui-ci se réveilla dans un lit inconnu, dans une maison étrangère, il dit:
"Où suis-je? Qui m'a apporté ici?"
La reine lui répondit:
"C'est moi, noble sire. Tu m'as permis d'emporter du château ce qui m'y était le plus cher et le plus précieux. Il n'y a pour moi rien de plus précieux que toi, mon roi."
"Rentrons au château, ma mie, s'écria le roi en se levant. Il n'existe nulle part sur terre une femme plus spirituelle que toi, et je t'appartiens comme tu m'appartiens."
Il l'emmena et rejoignit le château en sa compagnie. Ils y vécurent très heureux et qui sait s'ils ne vivent encore ?
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Re: contes du monde
Le cercle des fées
Un jour, un garçon d'une douzaine d'années avait mené le troupeau de moutons de son père sur les pentes du Petit-Freni, non loin du village de Crymych. Quand il fut arrivé à la pâture, il y avait encore un peu de brouillard autour du sommet de la montagne, et le garçon essayait de voir d'où était venu ce brouillard. Les gens du pays disait en effet que, lorsque le brouillard venait du côté de Pembroke, il ferait beau, mais s'il venait de Cardigan, il ferait mauvais.
Comme il regardait autour de lui ce paysage tranquille et silencieux, la surprise le fit tout à coup sursauter : il apercevait en effet, sur les pentes du Grand-Freni, un groupe de gens qu'il croyait bien être des soldats, en train de s'affairer en cercle, comme pour un exercice. Mais le garçon commençait à connaître les habitudes des soldats, et il se dit lui-même qu'il était trop tôt dans la journée pour que ceux-ci fussent déjà là. Laissant le troupeau pâturer tranquillement sous la garde des chiens, il marcha dans cette direction et, quand il fut plus près, il constata que ce n'étaient pas des soldats qu'il voyait ainsi, mais des gens appartenant au peuple féerique. Et ils étaient occupés à danser en rond, sans se soucier de ce qui se passait autour d'eux.
Le garçon avait entendu bien des fois les vieux du village parler des fés et, lui-même, il avait vu souvent les cercles qu'avaient laissées les "petites gens" sur l'herbe, le matin, après avoir dansé toute la nuit. Mais il n'en avait jamais encore rencontré. Sa première idée fut de retourner en hâte à la maison pour raconter à ses parents ce qu'il avait vu, mais il renonça à ce projet, se disant que les fées risquaient de ne plus être là lorsqu'il reviendrait.
Il se décida à approcher prudemment pour mieux les observer. De toute façon, il savait bien que les "petites gens" ne l'attaqueraient pas : tout ce qu'il craignait, c'est qu'elles disparaissent lorsqu'elles se seraient aperçues de la présence d'un être humain. Il s'avança donc le long des haies pour mieux se dissimuler et parvint ainsi sans encombre le plus près possible du cercle. Là, il se tint immobile et ouvrit les yeux tout grands pour ne rien perdre de la scène.
Il put ainsi constater que, parmi les "petites gens", il y avait un nombre égal d'hommes et de femmes, mais tous étaient extrêmement élégants et enjoués. Tous n'étaient pas en train de danser et quelques-uns se tenaient tranquillement à proximité immédiate du cercle, attendant d'entrer dans la ronde. Certaines femmes montaient de petits chevaux blancs fringants. Mais ils portaient tous de beaux vêtements de différentes couleurs, et c'est parce que certains d'entre eux avaient des habits rouges que le garçon avait pensé à des soldats.
Il était là, en pleine contemplation de ce spectacle inhabituel, quand les "petites gens" l'aperçurent. Au lieu de paraître hostiles ou de s'enfuir, elles lui firent signe d'entrer dans le cercle et de se joindre à leurs danses. Il n'hésita pas, mais, dès qu'il fut entré dans le cercle, il entendit la plus douce et la plus irrésistible musique qu'il connût. Immédiatement, sans comprendre ce qui se passait, il se retrouva au milieu d'une élégant demeure, aux murs recouverts de tapisseries de toutes couleurs. Des jeunes filles ravissantes l'accueillirent et le conduisirent dans une grande salle où des nourritures appétissantes étaient disposées sur une table. Elles l'invitèrent à manger, et le garçon, qui ne connaissait guère que les habituelles pommes de terre au lait de beurre qui constituaient le repas de la ferme, se régala avec des plats d'une exquise finesse, tous à base de poissons. Et on lui donna à boire le meilleur vin qui fût, dans des coupes d'or serties de pierres précieuses.
Le garçon se croyait au paradis. La musique et le vin l'engourdissaient, et la vue de ces jeunes filles empressées autour de lui le ravissait. L'une d'elles lui dit alors d'un ton aimable :
- Tu peux rester ici autant que tu veux. Tu te réjouiras avec nous jour et nuit et tu auras à manger et à boire autant que tu le désires. Mais il ya une chose que tu ne devras jamais faire : c'est de boire l'eau du puits qui se trouve au milieu du jardin, même si tu as très soif, car alors, tu ne pourrais plus demeurer ici.
Le garçon se hâta d'assurer qu'il prendrait grand soin à ne pas enfreindre cette interdiction. Et quand il fut bien rassasié, les jeunes filles l'emmenèrent danser. Il ne se sentait pas fatigué le moins du monde et se sentait capable de s'amuser ainsi durant sa vie entière. Jamais il n'avait été à une telle fête, jamais il n'avait éprouvé une telle joie, un tel bonheur de se trouver au milieu d'un luxe inconnu, avec des gens élégants et ditingués qui le traitaient ainsi avec douceur et courtoisie. Il lui arrivait de penser à la ferme, à son troupeau, à ses parents, mais il chassait vite ces images de son esprit pour mieux s'absorber dans la danse et la musique.
Un jour, cependant, comme il prenait l'air dans le jardin, au milieu des fleurs les plus belles et les plus parfumées, il s'approcha du puits et se pencha pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur : il aperçut une multitude de poissons brillants qui frétillaient et qui renvoyaient vers lui la lumière du soleil. Alors, il ne put résister : il tendit son bras et sa main toucha la surface de l'eau.
Aussitôt, les poissons disparurent et un cri confus se répendit à travers le jardin et la demeure. La terre se mit à trembler brusquement et le garçon se retrouva au milieu de son troupeau, sur la pente du Petit-Freni. Il y avait toujours la brume au sommet de la montagne, mais le garçon eut beau chercher partout, il ne put découvrir aucune trace du cercle, aucune trace du puits ni de la demeure des fées. Il était seul sur la montagne, et ses moutons paissaient paisiblement comme si rien ne s'était passé.
Comme il regardait autour de lui ce paysage tranquille et silencieux, la surprise le fit tout à coup sursauter : il apercevait en effet, sur les pentes du Grand-Freni, un groupe de gens qu'il croyait bien être des soldats, en train de s'affairer en cercle, comme pour un exercice. Mais le garçon commençait à connaître les habitudes des soldats, et il se dit lui-même qu'il était trop tôt dans la journée pour que ceux-ci fussent déjà là. Laissant le troupeau pâturer tranquillement sous la garde des chiens, il marcha dans cette direction et, quand il fut plus près, il constata que ce n'étaient pas des soldats qu'il voyait ainsi, mais des gens appartenant au peuple féerique. Et ils étaient occupés à danser en rond, sans se soucier de ce qui se passait autour d'eux.
Le garçon avait entendu bien des fois les vieux du village parler des fés et, lui-même, il avait vu souvent les cercles qu'avaient laissées les "petites gens" sur l'herbe, le matin, après avoir dansé toute la nuit. Mais il n'en avait jamais encore rencontré. Sa première idée fut de retourner en hâte à la maison pour raconter à ses parents ce qu'il avait vu, mais il renonça à ce projet, se disant que les fées risquaient de ne plus être là lorsqu'il reviendrait.
Il se décida à approcher prudemment pour mieux les observer. De toute façon, il savait bien que les "petites gens" ne l'attaqueraient pas : tout ce qu'il craignait, c'est qu'elles disparaissent lorsqu'elles se seraient aperçues de la présence d'un être humain. Il s'avança donc le long des haies pour mieux se dissimuler et parvint ainsi sans encombre le plus près possible du cercle. Là, il se tint immobile et ouvrit les yeux tout grands pour ne rien perdre de la scène.
Il put ainsi constater que, parmi les "petites gens", il y avait un nombre égal d'hommes et de femmes, mais tous étaient extrêmement élégants et enjoués. Tous n'étaient pas en train de danser et quelques-uns se tenaient tranquillement à proximité immédiate du cercle, attendant d'entrer dans la ronde. Certaines femmes montaient de petits chevaux blancs fringants. Mais ils portaient tous de beaux vêtements de différentes couleurs, et c'est parce que certains d'entre eux avaient des habits rouges que le garçon avait pensé à des soldats.
Il était là, en pleine contemplation de ce spectacle inhabituel, quand les "petites gens" l'aperçurent. Au lieu de paraître hostiles ou de s'enfuir, elles lui firent signe d'entrer dans le cercle et de se joindre à leurs danses. Il n'hésita pas, mais, dès qu'il fut entré dans le cercle, il entendit la plus douce et la plus irrésistible musique qu'il connût. Immédiatement, sans comprendre ce qui se passait, il se retrouva au milieu d'une élégant demeure, aux murs recouverts de tapisseries de toutes couleurs. Des jeunes filles ravissantes l'accueillirent et le conduisirent dans une grande salle où des nourritures appétissantes étaient disposées sur une table. Elles l'invitèrent à manger, et le garçon, qui ne connaissait guère que les habituelles pommes de terre au lait de beurre qui constituaient le repas de la ferme, se régala avec des plats d'une exquise finesse, tous à base de poissons. Et on lui donna à boire le meilleur vin qui fût, dans des coupes d'or serties de pierres précieuses.
Le garçon se croyait au paradis. La musique et le vin l'engourdissaient, et la vue de ces jeunes filles empressées autour de lui le ravissait. L'une d'elles lui dit alors d'un ton aimable :
- Tu peux rester ici autant que tu veux. Tu te réjouiras avec nous jour et nuit et tu auras à manger et à boire autant que tu le désires. Mais il ya une chose que tu ne devras jamais faire : c'est de boire l'eau du puits qui se trouve au milieu du jardin, même si tu as très soif, car alors, tu ne pourrais plus demeurer ici.
Le garçon se hâta d'assurer qu'il prendrait grand soin à ne pas enfreindre cette interdiction. Et quand il fut bien rassasié, les jeunes filles l'emmenèrent danser. Il ne se sentait pas fatigué le moins du monde et se sentait capable de s'amuser ainsi durant sa vie entière. Jamais il n'avait été à une telle fête, jamais il n'avait éprouvé une telle joie, un tel bonheur de se trouver au milieu d'un luxe inconnu, avec des gens élégants et ditingués qui le traitaient ainsi avec douceur et courtoisie. Il lui arrivait de penser à la ferme, à son troupeau, à ses parents, mais il chassait vite ces images de son esprit pour mieux s'absorber dans la danse et la musique.
Un jour, cependant, comme il prenait l'air dans le jardin, au milieu des fleurs les plus belles et les plus parfumées, il s'approcha du puits et se pencha pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur : il aperçut une multitude de poissons brillants qui frétillaient et qui renvoyaient vers lui la lumière du soleil. Alors, il ne put résister : il tendit son bras et sa main toucha la surface de l'eau.
Aussitôt, les poissons disparurent et un cri confus se répendit à travers le jardin et la demeure. La terre se mit à trembler brusquement et le garçon se retrouva au milieu de son troupeau, sur la pente du Petit-Freni. Il y avait toujours la brume au sommet de la montagne, mais le garçon eut beau chercher partout, il ne put découvrir aucune trace du cercle, aucune trace du puits ni de la demeure des fées. Il était seul sur la montagne, et ses moutons paissaient paisiblement comme si rien ne s'était passé.
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Re: contes du monde
Le cordonnier et les deux nains
Il était une fois un cordonnier qui habitait une grande ville d'Allemagne. Il était le meilleur cordonnier du monde. Pourtant, seules quelques personnes poussaient la porte de son petit magasin. En effet, les gens préféraient se rendre dans un grand magasin où ils pensaient trouver de meilleures chaussures.
Le cordonnier vendit donc de moins en moins de chaussures et devint si pauvre qu'un jour il lui resta juste assez d'argent pour acheter le cuir d'une paire de chaussures.
Fronçant fortement les sourcils, il alla dans la salle à manger où sa femme était justement en train de raccommoder son plus beau costume.
- Avec cet argent, j'achèterai le meilleur cuir que je trouverai, dit-il à sa femme, et je confectionnerai les plus jolies chaussures que tu aies jamais vues. Je ferai de mon mieux et même plus! C'est peut-être la dernière paire que je pourrai faire, car lorsque j'aurai dépensé cet argent, il ne nous restera plus rien.
- Comment mangerons-nous? demanda sa femme avec inquiétude.
Le cordonnier haussa tristement les épaules.
- Je n'en ai aucune idée, soupira-t-il. Qui vivra verra! En tout cas, je vais d'abord au marché. Au revoir! A tout à l'heure! Il enfila son costume usé et partit au marché. Après avoir longuement cherché, il trouva un magnifique morceau cuir souple et brillant. Il coûtait très cher, exactement la somme qui restait au cordonnier dans sa bourse. Il acheta néanmoins le morceau de cuir et, tout content, il s'en retourna chez lui. Le soir même, il découpa avec soin deux très belle formes dans le cuir : un modèle droit et un modèle gauche. Il y avait juste assez de cuir pour confectionner deux magnifiques chaussures.
- Je les finirai demain, dit-il à sa femme. Maintenant, il est trop tard. Allons d'abord nous coucher.
Le lendemain matin, le cordonnier se rendit dans son atelier après avoir déjeuné. Quelle ne fut pas sa surprise de trouve les nouvelles chaussures fin prêtes sur son établi. Le cordonnier les examina sous toutes les coutures, mais ne trouva aucun défaut! Les chaussures étaient magnifiques. C'était la plus belle paire de chaussures qui soit jamais entrée dans son magasin. Heureux et fier, le cordonnier les exposa dans la vitrine à la vue de tous. Moins d'une heure plus tard, elle étaient déjà vendues à une dame distinguée.
- Regarde combien je les ai vendues, dit le cordonnier, enchanté, à sa femme.
Il ouvrit la main et lui montra cinq pièces d'or.
Avec cette somme, je pourrai acheter au marché le cuir de deux paires de chaussures ! Peut-être même qu'il nous restera encore assez d'argent pour faire un bon repas. Je vais vite voir. A tout à l'heure!
Il embrassa sa femme, tout joyeux et s’en fut.
Le soir même, il découpa le modèle de deux paires de chaussures dans le cuir qu'il avait acheté au marché et les laissa à nouveau inachevées sur son établi.
Le lendemain, deux magnifiques paires de chaussures se trouvaient fin prêtes sur son établi. Elles étaient si belles qu'elles semblaient être l'oeuvre d'un maître cordonnier. Tous les points étaient parfaits.
Très vite, le cordonnier vendit ces deux paires pour plus d'argent qu'il n'en avait gagné de toute sa vie. De nouveau, il repartit sans attendre au marché et acheta du cuir magnifique pour quatre paires de chaussures. Le soir même, il découpa soigneusement les quatre paires de chaussures dans le joli cuir.
J'ai vraiment envie de les commencer tout de suite, dit-il à sa femme, d'un air enthousiaste, mais je vais quand même attendre demain matin. Allons nous coucher.
Lorsque le cordonnier entra dans son atelier le lendemain matin, quatre magnifiques paires de chaussures l'attendaient à nouveau sur son établi.
Le scénario se répéta jour après jour. Chaque matin, le cordonnier trouvait sur son établi, prêtes à être vendues, les chaussures qu'il avait découpées la veille. Il les vendait facilement, car elles étaient si jolies que tout le monde en parlait. Désormais, la moitié de la ville en portait et le cordonnier s'enrichit peu à peu. Sa femme et lui pouvaient maintenant s'acheter de jolis vêtements et faisaient chaque jour de la semaine des repas dignes du dimanche. Ils étaient donc très heureux car c'étaient de braves gens. Pourtant, le cordonnier ne cessait de se poser des questions.
- Je voudrais bien savoir qui confectionne ces chaussures pendant la nuit, dit-il un jour à sa femme. Que dirais-tu si nous nous cachions cette nuit derrière l'armoire de l'atelier? Nous pourrions ainsi voir qui nous a si bien aidés et nous pourrions peut-être l'en remercier.
Sa femme approuva cette idée, car elle était très intriguée, elle aussi.
Le soir même, tous deux se cachèrent derrière l'armoire. Ils attendirent longtemps mais, à minuit précis, ils entendirent des bruits derrière la plinthe. Deux petits hommes nus apparurent. Ils sautèrent immédiatement sur l'établi et se mirent à coudre et à marteler de bon coeur avec leurs petits doigts. Ils ne s'arrêtèrent qu'une fois tout le cuir travaillé et les chaussures brillantes alignées sur l'établi. Ils retournèrent ensuite derrière la plinthe.
Le lendemain matin, gémissants et engourdis, le cordonnier et sa femme sortirent de leur cachette.
- Ça alors! Comme ils travaillent vite! dit le cordonnier à sa femme avec étonnement. Et comme ces chaussures sont belles! Comment pourrais-je un jour remercier ces hommes?
- J'ai une idée, répondit sa femme, les yeux brillants. Ces pauvres petits hommes seront sûrement transis de froid pendant l'hiver. Ils n'ont manifestement ni vêtement, ni bas, ni chaussures. Je vais leur coudre à chacun des sous-vêtements du meilleur lin ainsi qu'un joli costume dans la meilleure des étoffes et je leur tricoterai aussi des petits bas. Tu leur feras une jolie paire de chaussures. De cette manière, ils ne souffriront plus jamais du froid pendant l'hiver.
Le cordonnier approuva et, le soir même, ils déposèrent sur l'établi deux paires de sous-vêtements, deux magnifiques petits costumes, deux paires de bas et deux petites paires de chaussures.
Le cordonnier et sa femme se dissimulèrent à nouveau derrière l'armoire et, à minuit précis, les petits bonshommes sortirent à nouveau de derrière la plinthe. Ils regardèrent avec étonnement les petits vêtements, les bas et les petites chaussures, car ils s'attendaient une nouvelle fois à trouver du cuir. Ils ramassèrent avec prudence les petites affaires et les admirèrent sous toutes les coutures.
Heureux, ils enfilèrent le tout et dansèrent sur l'établi.
- Nous qui sommes si riches et distingués, nous n'avons plus besoin d'être cordonniers, chantèrent-ils.
Ils sautillaient et bondissaient en tous sens et s'amusaient beaucoup.
Après une petite demi-heure, ils disparurent riant et sautillant derrière la plinthe, sans avoir travaillé le cuir des chaussures.
Par la suite, le cordonnier et sa femme ne revirent plus jamais les nains.
Depuis ce jour-là, le cordonnier recommença à confectionner lui-même ses chaussures. Cela ne lui semblait pas grave. Après tout, c'était son métier! Il trouvait même cela agréable et les gens venaient de partout acheter ses chaussures.
Le cordonnier et sa femme coulèrent des jours heureux. Cependant, ils n'oublièrent jamais l'aide des deux nains. Voilà pourquoi ils aidèrent souvent les pauvres habitants de leur ville. Si quelqu'un trouvait cela étrange, ils répondaient gaiement qu'ils étaient heureux de pouvoir aider les pauvres gens, mais personne ne sut jamais ce qu'ils voulaient dire!
Le cordonnier vendit donc de moins en moins de chaussures et devint si pauvre qu'un jour il lui resta juste assez d'argent pour acheter le cuir d'une paire de chaussures.
Fronçant fortement les sourcils, il alla dans la salle à manger où sa femme était justement en train de raccommoder son plus beau costume.
- Avec cet argent, j'achèterai le meilleur cuir que je trouverai, dit-il à sa femme, et je confectionnerai les plus jolies chaussures que tu aies jamais vues. Je ferai de mon mieux et même plus! C'est peut-être la dernière paire que je pourrai faire, car lorsque j'aurai dépensé cet argent, il ne nous restera plus rien.
- Comment mangerons-nous? demanda sa femme avec inquiétude.
Le cordonnier haussa tristement les épaules.
- Je n'en ai aucune idée, soupira-t-il. Qui vivra verra! En tout cas, je vais d'abord au marché. Au revoir! A tout à l'heure! Il enfila son costume usé et partit au marché. Après avoir longuement cherché, il trouva un magnifique morceau cuir souple et brillant. Il coûtait très cher, exactement la somme qui restait au cordonnier dans sa bourse. Il acheta néanmoins le morceau de cuir et, tout content, il s'en retourna chez lui. Le soir même, il découpa avec soin deux très belle formes dans le cuir : un modèle droit et un modèle gauche. Il y avait juste assez de cuir pour confectionner deux magnifiques chaussures.
- Je les finirai demain, dit-il à sa femme. Maintenant, il est trop tard. Allons d'abord nous coucher.
Le lendemain matin, le cordonnier se rendit dans son atelier après avoir déjeuné. Quelle ne fut pas sa surprise de trouve les nouvelles chaussures fin prêtes sur son établi. Le cordonnier les examina sous toutes les coutures, mais ne trouva aucun défaut! Les chaussures étaient magnifiques. C'était la plus belle paire de chaussures qui soit jamais entrée dans son magasin. Heureux et fier, le cordonnier les exposa dans la vitrine à la vue de tous. Moins d'une heure plus tard, elle étaient déjà vendues à une dame distinguée.
- Regarde combien je les ai vendues, dit le cordonnier, enchanté, à sa femme.
Il ouvrit la main et lui montra cinq pièces d'or.
Avec cette somme, je pourrai acheter au marché le cuir de deux paires de chaussures ! Peut-être même qu'il nous restera encore assez d'argent pour faire un bon repas. Je vais vite voir. A tout à l'heure!
Il embrassa sa femme, tout joyeux et s’en fut.
Le soir même, il découpa le modèle de deux paires de chaussures dans le cuir qu'il avait acheté au marché et les laissa à nouveau inachevées sur son établi.
Le lendemain, deux magnifiques paires de chaussures se trouvaient fin prêtes sur son établi. Elles étaient si belles qu'elles semblaient être l'oeuvre d'un maître cordonnier. Tous les points étaient parfaits.
Très vite, le cordonnier vendit ces deux paires pour plus d'argent qu'il n'en avait gagné de toute sa vie. De nouveau, il repartit sans attendre au marché et acheta du cuir magnifique pour quatre paires de chaussures. Le soir même, il découpa soigneusement les quatre paires de chaussures dans le joli cuir.
J'ai vraiment envie de les commencer tout de suite, dit-il à sa femme, d'un air enthousiaste, mais je vais quand même attendre demain matin. Allons nous coucher.
Lorsque le cordonnier entra dans son atelier le lendemain matin, quatre magnifiques paires de chaussures l'attendaient à nouveau sur son établi.
Le scénario se répéta jour après jour. Chaque matin, le cordonnier trouvait sur son établi, prêtes à être vendues, les chaussures qu'il avait découpées la veille. Il les vendait facilement, car elles étaient si jolies que tout le monde en parlait. Désormais, la moitié de la ville en portait et le cordonnier s'enrichit peu à peu. Sa femme et lui pouvaient maintenant s'acheter de jolis vêtements et faisaient chaque jour de la semaine des repas dignes du dimanche. Ils étaient donc très heureux car c'étaient de braves gens. Pourtant, le cordonnier ne cessait de se poser des questions.
- Je voudrais bien savoir qui confectionne ces chaussures pendant la nuit, dit-il un jour à sa femme. Que dirais-tu si nous nous cachions cette nuit derrière l'armoire de l'atelier? Nous pourrions ainsi voir qui nous a si bien aidés et nous pourrions peut-être l'en remercier.
Sa femme approuva cette idée, car elle était très intriguée, elle aussi.
Le soir même, tous deux se cachèrent derrière l'armoire. Ils attendirent longtemps mais, à minuit précis, ils entendirent des bruits derrière la plinthe. Deux petits hommes nus apparurent. Ils sautèrent immédiatement sur l'établi et se mirent à coudre et à marteler de bon coeur avec leurs petits doigts. Ils ne s'arrêtèrent qu'une fois tout le cuir travaillé et les chaussures brillantes alignées sur l'établi. Ils retournèrent ensuite derrière la plinthe.
Le lendemain matin, gémissants et engourdis, le cordonnier et sa femme sortirent de leur cachette.
- Ça alors! Comme ils travaillent vite! dit le cordonnier à sa femme avec étonnement. Et comme ces chaussures sont belles! Comment pourrais-je un jour remercier ces hommes?
- J'ai une idée, répondit sa femme, les yeux brillants. Ces pauvres petits hommes seront sûrement transis de froid pendant l'hiver. Ils n'ont manifestement ni vêtement, ni bas, ni chaussures. Je vais leur coudre à chacun des sous-vêtements du meilleur lin ainsi qu'un joli costume dans la meilleure des étoffes et je leur tricoterai aussi des petits bas. Tu leur feras une jolie paire de chaussures. De cette manière, ils ne souffriront plus jamais du froid pendant l'hiver.
Le cordonnier approuva et, le soir même, ils déposèrent sur l'établi deux paires de sous-vêtements, deux magnifiques petits costumes, deux paires de bas et deux petites paires de chaussures.
Le cordonnier et sa femme se dissimulèrent à nouveau derrière l'armoire et, à minuit précis, les petits bonshommes sortirent à nouveau de derrière la plinthe. Ils regardèrent avec étonnement les petits vêtements, les bas et les petites chaussures, car ils s'attendaient une nouvelle fois à trouver du cuir. Ils ramassèrent avec prudence les petites affaires et les admirèrent sous toutes les coutures.
Heureux, ils enfilèrent le tout et dansèrent sur l'établi.
- Nous qui sommes si riches et distingués, nous n'avons plus besoin d'être cordonniers, chantèrent-ils.
Ils sautillaient et bondissaient en tous sens et s'amusaient beaucoup.
Après une petite demi-heure, ils disparurent riant et sautillant derrière la plinthe, sans avoir travaillé le cuir des chaussures.
Par la suite, le cordonnier et sa femme ne revirent plus jamais les nains.
Depuis ce jour-là, le cordonnier recommença à confectionner lui-même ses chaussures. Cela ne lui semblait pas grave. Après tout, c'était son métier! Il trouvait même cela agréable et les gens venaient de partout acheter ses chaussures.
Le cordonnier et sa femme coulèrent des jours heureux. Cependant, ils n'oublièrent jamais l'aide des deux nains. Voilà pourquoi ils aidèrent souvent les pauvres habitants de leur ville. Si quelqu'un trouvait cela étrange, ils répondaient gaiement qu'ils étaient heureux de pouvoir aider les pauvres gens, mais personne ne sut jamais ce qu'ils voulaient dire!
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Re: contes du monde
Le diamant et la goutte de rosée
Un beau diamant, qui avait autrefois brillé au doigt d'une princesse, gisait dans un pré, à côté de pissenlits et de pâquerettes. Juste au-dessus de lui, brillait une goutte de rosée qui s'accrochait timidement à un brin d'herbe.
Tout en haut, le brillant soleil du matin dardait ses rayons sur tous les deux, et les faisait étinceler.
La modeste goutte de rosée regardait le diamant, mais sans oser s'adresser à une personne d'aussi noble origine.
Un gros scarabée, en promenade à travers les champs aperçut le diamant et reconnut en lui quelque haut personnage.
- Seigneur, dit-il en faisant une grande révérence, permettez à votre humble serviteur de vous offrir ses hommages.
- Merci, répondit le diamant avec hauteur.
En relevant la tête, le scarabée aperçut la goutte de rosée.
- Une de vos parentes, je présume, monseigneur ? demanda-t-il avec affabilité en dirigeant une de ses antennes vers la goutte de rosée.
Le diamant partit d'un éclat de rire méprisant.
- Quelle absurdité! déclara-t-il. Mais qu'attendre d'un grossier scarabée ? Passez votre chemin, monsieur. Me mettre, moi, sur le même rang, dans la même famille qu'un être vulgaire, sans valeur et le diamant s'esclaffait.
- Mais, monseigneur, il me semblait… sa beauté n’est-elle pas égale à la vôtre ? balbutia timidement le scarabée déconfit.
- Beauté, vraiment ? Imitation, vous voulez dire. En vérité, l'imitation est la plus sincère des flatteries, il y a quelque satisfaction à se le rappeler. Mais cette beauté factice même est ridicule si elle n'est pas accompagnée de la durée. Bateau sans rames, voiture sans chevaux, puits sans eau, voilà ce que c'est que la beauté sans la fortune. Aucune valeur réelle là où il n'y a ni rang ni richesse. Combinez beauté, rang et richesse, et le monde sera à vos pieds. A présent, vous savez pourquoi on m'adore.
Et le diamant lança de tels feux que le scarabée dut en détourner les yeux, pendant que la pauvre goutte de rosée se sentait à peine la force de vivre, tant elle était humiliée.
Juste alors une alouette descendit comme une flèche, et vint donner du bec contre le diamant.
- Ah! fit-elle désappointée, ce que je prenais pour une goutte d'eau n'est qu'un misérable diamant. Mon gosier est desséché, je vais mourir de soif.
- En vérité! Le monde ne s'en consolera jamais, ricana le diamant.
Mais la goutte de rosée venait de prendre une soudaine et noble résolution.
- Puis-je vous être utile, moi ? demanda-t-elle.
L'alouette releva la tête.
- Oh! ma précieuse amie, vous me sauverez la vie.
- Venez, alors.
Et la goutte de rosée glissa du brin d'herbe dans le gosier altéré de l'alouette.
- Oh! oh! murmura le scarabée en reprenant sa promenade.Voilà une leçon que je n'oublierai pas. Le simple mérite vaut plus que le rang et la richesse sans modestie et sans dévouement; il ne peut y avoir aucune réelle beauté sans cela.
Tout en haut, le brillant soleil du matin dardait ses rayons sur tous les deux, et les faisait étinceler.
La modeste goutte de rosée regardait le diamant, mais sans oser s'adresser à une personne d'aussi noble origine.
Un gros scarabée, en promenade à travers les champs aperçut le diamant et reconnut en lui quelque haut personnage.
- Seigneur, dit-il en faisant une grande révérence, permettez à votre humble serviteur de vous offrir ses hommages.
- Merci, répondit le diamant avec hauteur.
En relevant la tête, le scarabée aperçut la goutte de rosée.
- Une de vos parentes, je présume, monseigneur ? demanda-t-il avec affabilité en dirigeant une de ses antennes vers la goutte de rosée.
Le diamant partit d'un éclat de rire méprisant.
- Quelle absurdité! déclara-t-il. Mais qu'attendre d'un grossier scarabée ? Passez votre chemin, monsieur. Me mettre, moi, sur le même rang, dans la même famille qu'un être vulgaire, sans valeur et le diamant s'esclaffait.
- Mais, monseigneur, il me semblait… sa beauté n’est-elle pas égale à la vôtre ? balbutia timidement le scarabée déconfit.
- Beauté, vraiment ? Imitation, vous voulez dire. En vérité, l'imitation est la plus sincère des flatteries, il y a quelque satisfaction à se le rappeler. Mais cette beauté factice même est ridicule si elle n'est pas accompagnée de la durée. Bateau sans rames, voiture sans chevaux, puits sans eau, voilà ce que c'est que la beauté sans la fortune. Aucune valeur réelle là où il n'y a ni rang ni richesse. Combinez beauté, rang et richesse, et le monde sera à vos pieds. A présent, vous savez pourquoi on m'adore.
Et le diamant lança de tels feux que le scarabée dut en détourner les yeux, pendant que la pauvre goutte de rosée se sentait à peine la force de vivre, tant elle était humiliée.
Juste alors une alouette descendit comme une flèche, et vint donner du bec contre le diamant.
- Ah! fit-elle désappointée, ce que je prenais pour une goutte d'eau n'est qu'un misérable diamant. Mon gosier est desséché, je vais mourir de soif.
- En vérité! Le monde ne s'en consolera jamais, ricana le diamant.
Mais la goutte de rosée venait de prendre une soudaine et noble résolution.
- Puis-je vous être utile, moi ? demanda-t-elle.
L'alouette releva la tête.
- Oh! ma précieuse amie, vous me sauverez la vie.
- Venez, alors.
Et la goutte de rosée glissa du brin d'herbe dans le gosier altéré de l'alouette.
- Oh! oh! murmura le scarabée en reprenant sa promenade.Voilà une leçon que je n'oublierai pas. Le simple mérite vaut plus que le rang et la richesse sans modestie et sans dévouement; il ne peut y avoir aucune réelle beauté sans cela.
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Re: contes du monde
Le Farfadet du Moulin
Meg, ou Maggy Moulach, est un des Farfadets les mieux connus d'Écosse. Meg avait un fils, Clod, mais ce n'était qu'un Dobin, un genre d'esprit plutôt stupide. Dans un des contes, il est question du Moulin de Fincastle qu'on disait hanté et où nul n'aurait osé pénétrer après le coucher du soleil.
Or, un soir, une jeune fille qui devait faire un gâteau pour son mariage s'aperçut qu'elle manquait de farine. Ne trouvant personne qui veuille s'approcher du moulin, elle dut s'y rendre elle-même. Elle prépara un grand feu, mit de l'eau à bouillir et entreprit de moudre le grain.
Sur le coup de minuit un petit homme brun et laid entra et s'installa près d'elle. Quand elle lui demanda son nom, il répondit en lui demandant le sien.
- "Oh, dit-elle, je suis Mise mi fein (Miss moi-même)."
Le Farfadet se rapprocha, un mauvais sourire sur son visage. La fille prit peur et lui lança une casserole d'eau bouillante. Il se jeta sur elle avec un cri de rage, mais elle se défendit en versant sur lui le reste d'eau bouillante.
Il s'enfuit, brûlé à mort, il courut jusque chez Maggy Moulach, qui lui demanda quel être avait pu le blesser ainsi.
- Moi-même, cria-t-il.
La fille ne pu éviter longtemps la vengeance de Maggy. Peu après son mariage, on lui demanda de raconter une histoire et elle expliqua comment elle avait mystifié le Farfadet du Moulin. Or, Maggy s'était cachée dehors, elle entendit tout ce que dit la fille et se vengea sans attendre en lui jetant à la tête un tabouret de bois si brutalement que la jeune mariée fut tuée sur le coup.
Maggy s'en vint demeurer près d'une ferme où les domestiques la payaient de son travail avec du pain et de la crême. Mais elle travaillait si bien que le fermier décida de renvoyer tous ses serviteurs pour ne garder qu'elle. Ensuite de quoi elle se mit en grève, devint une vraie peste et lui causa tant d'ennuis qu'il dut reprendre les domestiques
Or, un soir, une jeune fille qui devait faire un gâteau pour son mariage s'aperçut qu'elle manquait de farine. Ne trouvant personne qui veuille s'approcher du moulin, elle dut s'y rendre elle-même. Elle prépara un grand feu, mit de l'eau à bouillir et entreprit de moudre le grain.
Sur le coup de minuit un petit homme brun et laid entra et s'installa près d'elle. Quand elle lui demanda son nom, il répondit en lui demandant le sien.
- "Oh, dit-elle, je suis Mise mi fein (Miss moi-même)."
Le Farfadet se rapprocha, un mauvais sourire sur son visage. La fille prit peur et lui lança une casserole d'eau bouillante. Il se jeta sur elle avec un cri de rage, mais elle se défendit en versant sur lui le reste d'eau bouillante.
Il s'enfuit, brûlé à mort, il courut jusque chez Maggy Moulach, qui lui demanda quel être avait pu le blesser ainsi.
- Moi-même, cria-t-il.
La fille ne pu éviter longtemps la vengeance de Maggy. Peu après son mariage, on lui demanda de raconter une histoire et elle expliqua comment elle avait mystifié le Farfadet du Moulin. Or, Maggy s'était cachée dehors, elle entendit tout ce que dit la fille et se vengea sans attendre en lui jetant à la tête un tabouret de bois si brutalement que la jeune mariée fut tuée sur le coup.
Maggy s'en vint demeurer près d'une ferme où les domestiques la payaient de son travail avec du pain et de la crême. Mais elle travaillait si bien que le fermier décida de renvoyer tous ses serviteurs pour ne garder qu'elle. Ensuite de quoi elle se mit en grève, devint une vraie peste et lui causa tant d'ennuis qu'il dut reprendre les domestiques
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Re: contes du monde
Le génie de la forêt
Il était une fois dans un pays très lointain qu’on appelle le Paraguay, un pauvre fermier et sa femme qui travaillaient très dur sur leur lopin de terre. La sol était tellement sec que leurs outils se cassaient souvent et qu’à chaque coup, un nuage de poussière s’élevait de la terre. Ils gagnaient donc juste de quoi vivre mais quand on dit juste de quoi vivre, c’était juste de quoi vivre. Jamais de superflus chez José et Anina mais malgré tout c’étaient des gens très gentils, heureux de vivre.
Un jour, Anina reçut la visite d’un voisin qui lui dit qu’à une journée de marche de chez eux, un riche fermier ne pouvait trouver suffisamment de travailleurs pour l'aider à la récolte. Elle proposa à son mari :
- Pourquoi n'irions-nous pas aider ce fermier? Ici, nous mourons presque de faim. Chez lui, nous pourrions gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment.
Son mari la regarda, préoccupé et lui dit sur le ton de la confidence :
- Je ne dis pas non mais ne sais-tu pas que cette région est habitée par le grand génie de la forêt? C’est un ogre immense, poilu, à la barbe rouge sang et aux yeux de jais qui lancent des éclairs. Il dévore tous les hommes qu'il rencontre et ramène les femmes chez lui afin qu'elles travaillent pour lui. Le danger n'est écarté que l'après-midi, car c’est à ce moment qu’il dort. Je n'ai pas tellement envie d'y aller. Ca ne m’étonne pas que ce fermier ne trouve plus suffisamment de gens pour rentrer la récolte. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'aller habiter aussi près d'un tel monstre.
- Moi je n’ai pas peur ! dit Anina, en riant. Je resterai à l'intérieur et je n'irai faire les courses que l'après-midi. Je t'en prie, allons-y. Je pense que c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver !
Fatigué d’entendre sa femme lui dire tous les bénéfices qu’ils pourraient tirer de leur nouvelle situation, José finit par accepter. Ils emballèrent leurs maigres affaires et quittèrent leur misérable chaumière en quête d'une vie meilleure.
Après un jour de marche, ils arrivèrent chez le riche fermier. Celui-ci possédait une magnifique ferme située loin de la forêt du génie. En outre, de nombreux hommes faisaient des rondes afin d'empêcher le génie d'entrer.
On donna immédiatement du travail à José aux champs et le fermier leur indiqua une maisonnette à l'orée de la forêt, où ils pourraient habiter.
- Vous pourrez vivre ici en toute tranquillité, dit le fermier à Anina. Veille toutefois à rester à l'intérieur. Ne sors que l’après-midi, car c'est le moment où le génie de la forêt se repose. Je vous ferai apporter de la nourriture tous les jours par mes hommes afin que vous ne couriez aucun danger.
Et c’est ce qui se passa. Chaque jour, les hommes de la ferme leur apportaient des vivres. José gagnait bien sa vie en travaillant aux champs et ils étaient très très heureux. Ils n'avaient pas aperçu le génie de la forêt et Anina en venait à douter de son existence. Mais elle se trompait! Caché dans la forêt, il l'avait déjà observée à plusieurs reprises. Il en était même tombé un peu amoureux. Toutefois, il ne pouvait s'approcher d'elle, car elle restait toujours aux alentours de la maison. Un jour, il y avait tellement de travail à la ferme que le fermier avait complètement oublié d'envoyer ses hommes porter de la farine et des haricots à la maisonnette. Anina se tracassait. Quand vint l'après-midi, elle voulut se rendre à la ferme elle-même pour aller chercher de quoi manger.
Reste donc ici, lui dit José, inquiet. Imagine que tu rencontres le génie et qu'il t'emmène. Que ferais-je sans toi ?
Mais Anina se moqua de lui.
C'est l'après-midi, répondit-Anina. Le génie est en train de dormir. Il n'y a aucun danger. Je rentrerai bien avant la tombée de la nuit. Ne t'inquiète pas. A tout à l'heure. Elle prit son grand panier et partit.
Elle suivit gaiement le long chemin qui menait à la grande ferme. Le fermier sursauta lorsqu'il la vit arriver.
- Ne m'en veux pas, dit-il à Anina. Il y avait tellement de travail! Je vais te donner le repas tout de suite. Tu ferais peut-être bien de dormir chez nous, car si tu pars maintenant, tu ne seras de retour chez toi que le soir tombé. Pense au génie de la forêt, petite!
Mais Anina ne voulut pas passer la nuit chez le fermier. Elle avait peur que José ne s'inquiète. Elle prit rapidement le chemin du retour. Soucieuse, elle regardait parfois le soleil qui descendait à l'horizon. Alors qu'elle était presque arrivée, le génie de la forêt jaillit de derrière un gros arbre et l'attrapa. Anina résista de toutes ses forces, mais ce fut peine perdue. Le génie l'emmena dans sa cabane au fin fond de la forêt. Là, Anina dut lui faire la lessive et la cuisine.
José était déjà rentré de son travail et attendait avec inquiétude le retour de sa femme. La nuit tombée, il partit à sa recherche. Près de l'orée de la forêt, il découvrit son panier à provisions rempli de vivres. Il eut très peur, car il était désormais sûr qu'Anina avait été enlevée par le génie de la forêt. Tristement, il ramassa le panier et retourna chez eux. Il faisait bien trop noir pour encore partir à sa recherche.
Sur le chemin du retour, il rencontra un vieux mendiant qui marchait à l'aide d'un bâton et qui lui demanda un peu de nourriture.
- Je n'ai rien sur moi, répondit José gentiment, mais accompagnez-moi, je vous préparerai quelque chose à manger.
Pendant que le vieux mendiant se restaurait, José lui raconta ses mésaventures.
Si vous m'autorisez à dormir ici, je vous aiderai demain à trouver la cabane du génie, proposa le mendiant.
José le regarda d'un air incrédule.
- Ne craignez-vous pas qu'il nous dévore? lui demanda-t-il, inquiet.
Le mendiant secoua la tête en riant.
- N'ayez pas peur, répondit-il. Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas encore tout à fait inutile Patientez un peu.
Le lendemain matin, les deux hommes partirent de bonne heure. Ils s'enfoncèrent dans la forêt. Après de longues recherches, ils découvrirent enfin la cabane du génie de la forêt. Ils se dissimulèrent derrière quelques buissons. José aperçut Anina sortir de la cabane et vider un seau d'eau. Elle était donc bien là. Quant au génie, il restait invisible.
- Il est peut-être parti chasser, dit José et il se dirigea vers la cabane pour aller chercher Anina.
Soudain, le génie jaillit de derrière la cabane en poussant un cri assourdissant. Il s'était caché afin de surprendre José.
- Ah, je vais me régaler doublement! s'exclama le génie. Enfin, pas tout à fait : l'un des deux est tout rabougri.
Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. José cria, mais le vieux mendiant n'avait pas peur du tout.
- Si tu ne nous lâches pas, je te fais mordre par un serpent, dit-il fâché.
Le génie libéra immédiatement les deux hommes et regarda autour de lui.
- Je ne vois aucun serpent. Tu me prends pour un imbécile! maugréa-t-il. Viens ici, que, je te mange le premier. Je garde le savoureux jeune homme pour la fin.
Il tendit la main vers le vieil homme, mais au même moment, ce dernier jeta son bâton sur le sol. Le bâton se changea immédiatement en un gros serpent sifflant. Le génie eut très peur et n'osa plus bouger, car rien ne lui faisait plus peur que les serpents. Il mit ses grandes mains devant ses yeux. A présent, il ressemblait plus à un enfant effrayé qu'à un redoutable génie de la forêt.
- Eloigne ce serpent ! Eloigne cet affreux serpent! s'écria-t-il effrayé.
- Je ne le ferai que si tu promets de partir d'ici, répondit le vieux mendiant. Tu dois partir au-delà des montagnes et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je changerai à nouveau le serpent en bâton.
- D'accord! D'accord! Je partirai! répondit le génie de la forêt d'une voix tremblante.
Le vieux mendiant sourit.
- N'oublie pas! le prévint-il. Dès que tu reviendras importuner ces pauvres gens, je t'enverrai dix de ces serpents. Il prit le serpent par la queue et celui-ci se changea immédiatement en bâton. Le génie fit rapidement son baluchon tout en pleurnichant.De temps en temps, il jetait un coup d'oeil effrayé au vieux mendiant, mais celui-ci se contentait de l'observer calmement. Un peu plus tard, le génie partit en direction des hautes montagnes que le vieil homme lui avait indiquées. Contente et soulagée, Anina tomba dans les bras de son mari. Sans attendre, le mendiant mit le feu à la cabane du génie. S'il se retourne et voit la fumée, il saura qu'il n'a plus de maison et qu'il ne peut donc plus dormir ici, expliqua-t-il. Heureux, ils se dirigèrent vers leur maison. Le vieil homme resta encore quelques jours chez José et Anina. Mais un beau matin, il partit sans raison aucune et nul ne le revit jamais. José et Anina coulèrent des jours heureux. Depuis le départ du génie, de plus en plus de gens venaient travailler dans cette région du pays. On construisit plus de fermes, des magasins et des écoles. Le fermier offrit à José un meilleur emploi: il devait diriger le travail de tous les nouveaux travailleurs. Le fermier le payait bien, car depuis qu'il avait suffisamment de personnes pour cultiver la terre, il gagnait assez d'argent pour payer à ses employés un bon salaire.
José et Anina étaient donc très heureux et lorsqu'ils eurent un enfant l'année suivante, ils furent au comble du bonheur. Ils vécurent longtemps et heureux à l'orée de la forêt.
Un jour, Anina reçut la visite d’un voisin qui lui dit qu’à une journée de marche de chez eux, un riche fermier ne pouvait trouver suffisamment de travailleurs pour l'aider à la récolte. Elle proposa à son mari :
- Pourquoi n'irions-nous pas aider ce fermier? Ici, nous mourons presque de faim. Chez lui, nous pourrions gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment.
Son mari la regarda, préoccupé et lui dit sur le ton de la confidence :
- Je ne dis pas non mais ne sais-tu pas que cette région est habitée par le grand génie de la forêt? C’est un ogre immense, poilu, à la barbe rouge sang et aux yeux de jais qui lancent des éclairs. Il dévore tous les hommes qu'il rencontre et ramène les femmes chez lui afin qu'elles travaillent pour lui. Le danger n'est écarté que l'après-midi, car c’est à ce moment qu’il dort. Je n'ai pas tellement envie d'y aller. Ca ne m’étonne pas que ce fermier ne trouve plus suffisamment de gens pour rentrer la récolte. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'aller habiter aussi près d'un tel monstre.
- Moi je n’ai pas peur ! dit Anina, en riant. Je resterai à l'intérieur et je n'irai faire les courses que l'après-midi. Je t'en prie, allons-y. Je pense que c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver !
Fatigué d’entendre sa femme lui dire tous les bénéfices qu’ils pourraient tirer de leur nouvelle situation, José finit par accepter. Ils emballèrent leurs maigres affaires et quittèrent leur misérable chaumière en quête d'une vie meilleure.
Après un jour de marche, ils arrivèrent chez le riche fermier. Celui-ci possédait une magnifique ferme située loin de la forêt du génie. En outre, de nombreux hommes faisaient des rondes afin d'empêcher le génie d'entrer.
On donna immédiatement du travail à José aux champs et le fermier leur indiqua une maisonnette à l'orée de la forêt, où ils pourraient habiter.
- Vous pourrez vivre ici en toute tranquillité, dit le fermier à Anina. Veille toutefois à rester à l'intérieur. Ne sors que l’après-midi, car c'est le moment où le génie de la forêt se repose. Je vous ferai apporter de la nourriture tous les jours par mes hommes afin que vous ne couriez aucun danger.
Et c’est ce qui se passa. Chaque jour, les hommes de la ferme leur apportaient des vivres. José gagnait bien sa vie en travaillant aux champs et ils étaient très très heureux. Ils n'avaient pas aperçu le génie de la forêt et Anina en venait à douter de son existence. Mais elle se trompait! Caché dans la forêt, il l'avait déjà observée à plusieurs reprises. Il en était même tombé un peu amoureux. Toutefois, il ne pouvait s'approcher d'elle, car elle restait toujours aux alentours de la maison. Un jour, il y avait tellement de travail à la ferme que le fermier avait complètement oublié d'envoyer ses hommes porter de la farine et des haricots à la maisonnette. Anina se tracassait. Quand vint l'après-midi, elle voulut se rendre à la ferme elle-même pour aller chercher de quoi manger.
Reste donc ici, lui dit José, inquiet. Imagine que tu rencontres le génie et qu'il t'emmène. Que ferais-je sans toi ?
Mais Anina se moqua de lui.
C'est l'après-midi, répondit-Anina. Le génie est en train de dormir. Il n'y a aucun danger. Je rentrerai bien avant la tombée de la nuit. Ne t'inquiète pas. A tout à l'heure. Elle prit son grand panier et partit.
Elle suivit gaiement le long chemin qui menait à la grande ferme. Le fermier sursauta lorsqu'il la vit arriver.
- Ne m'en veux pas, dit-il à Anina. Il y avait tellement de travail! Je vais te donner le repas tout de suite. Tu ferais peut-être bien de dormir chez nous, car si tu pars maintenant, tu ne seras de retour chez toi que le soir tombé. Pense au génie de la forêt, petite!
Mais Anina ne voulut pas passer la nuit chez le fermier. Elle avait peur que José ne s'inquiète. Elle prit rapidement le chemin du retour. Soucieuse, elle regardait parfois le soleil qui descendait à l'horizon. Alors qu'elle était presque arrivée, le génie de la forêt jaillit de derrière un gros arbre et l'attrapa. Anina résista de toutes ses forces, mais ce fut peine perdue. Le génie l'emmena dans sa cabane au fin fond de la forêt. Là, Anina dut lui faire la lessive et la cuisine.
José était déjà rentré de son travail et attendait avec inquiétude le retour de sa femme. La nuit tombée, il partit à sa recherche. Près de l'orée de la forêt, il découvrit son panier à provisions rempli de vivres. Il eut très peur, car il était désormais sûr qu'Anina avait été enlevée par le génie de la forêt. Tristement, il ramassa le panier et retourna chez eux. Il faisait bien trop noir pour encore partir à sa recherche.
Sur le chemin du retour, il rencontra un vieux mendiant qui marchait à l'aide d'un bâton et qui lui demanda un peu de nourriture.
- Je n'ai rien sur moi, répondit José gentiment, mais accompagnez-moi, je vous préparerai quelque chose à manger.
Pendant que le vieux mendiant se restaurait, José lui raconta ses mésaventures.
Si vous m'autorisez à dormir ici, je vous aiderai demain à trouver la cabane du génie, proposa le mendiant.
José le regarda d'un air incrédule.
- Ne craignez-vous pas qu'il nous dévore? lui demanda-t-il, inquiet.
Le mendiant secoua la tête en riant.
- N'ayez pas peur, répondit-il. Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas encore tout à fait inutile Patientez un peu.
Le lendemain matin, les deux hommes partirent de bonne heure. Ils s'enfoncèrent dans la forêt. Après de longues recherches, ils découvrirent enfin la cabane du génie de la forêt. Ils se dissimulèrent derrière quelques buissons. José aperçut Anina sortir de la cabane et vider un seau d'eau. Elle était donc bien là. Quant au génie, il restait invisible.
- Il est peut-être parti chasser, dit José et il se dirigea vers la cabane pour aller chercher Anina.
Soudain, le génie jaillit de derrière la cabane en poussant un cri assourdissant. Il s'était caché afin de surprendre José.
- Ah, je vais me régaler doublement! s'exclama le génie. Enfin, pas tout à fait : l'un des deux est tout rabougri.
Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. José cria, mais le vieux mendiant n'avait pas peur du tout.
- Si tu ne nous lâches pas, je te fais mordre par un serpent, dit-il fâché.
Le génie libéra immédiatement les deux hommes et regarda autour de lui.
- Je ne vois aucun serpent. Tu me prends pour un imbécile! maugréa-t-il. Viens ici, que, je te mange le premier. Je garde le savoureux jeune homme pour la fin.
Il tendit la main vers le vieil homme, mais au même moment, ce dernier jeta son bâton sur le sol. Le bâton se changea immédiatement en un gros serpent sifflant. Le génie eut très peur et n'osa plus bouger, car rien ne lui faisait plus peur que les serpents. Il mit ses grandes mains devant ses yeux. A présent, il ressemblait plus à un enfant effrayé qu'à un redoutable génie de la forêt.
- Eloigne ce serpent ! Eloigne cet affreux serpent! s'écria-t-il effrayé.
- Je ne le ferai que si tu promets de partir d'ici, répondit le vieux mendiant. Tu dois partir au-delà des montagnes et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je changerai à nouveau le serpent en bâton.
- D'accord! D'accord! Je partirai! répondit le génie de la forêt d'une voix tremblante.
Le vieux mendiant sourit.
- N'oublie pas! le prévint-il. Dès que tu reviendras importuner ces pauvres gens, je t'enverrai dix de ces serpents. Il prit le serpent par la queue et celui-ci se changea immédiatement en bâton. Le génie fit rapidement son baluchon tout en pleurnichant.De temps en temps, il jetait un coup d'oeil effrayé au vieux mendiant, mais celui-ci se contentait de l'observer calmement. Un peu plus tard, le génie partit en direction des hautes montagnes que le vieil homme lui avait indiquées. Contente et soulagée, Anina tomba dans les bras de son mari. Sans attendre, le mendiant mit le feu à la cabane du génie. S'il se retourne et voit la fumée, il saura qu'il n'a plus de maison et qu'il ne peut donc plus dormir ici, expliqua-t-il. Heureux, ils se dirigèrent vers leur maison. Le vieil homme resta encore quelques jours chez José et Anina. Mais un beau matin, il partit sans raison aucune et nul ne le revit jamais. José et Anina coulèrent des jours heureux. Depuis le départ du génie, de plus en plus de gens venaient travailler dans cette région du pays. On construisit plus de fermes, des magasins et des écoles. Le fermier offrit à José un meilleur emploi: il devait diriger le travail de tous les nouveaux travailleurs. Le fermier le payait bien, car depuis qu'il avait suffisamment de personnes pour cultiver la terre, il gagnait assez d'argent pour payer à ses employés un bon salaire.
José et Anina étaient donc très heureux et lorsqu'ils eurent un enfant l'année suivante, ils furent au comble du bonheur. Ils vécurent longtemps et heureux à l'orée de la forêt.
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Re: contes du monde
Le grand pin et le bouleau
Il y a bien longtemps, avant que les hommes n’arrivent dans le pays, les arbres étaient capables de parler. Le bruissement de leurs feuilles était leur langage calme et reposant. Lorsqu’ils agitaient leurs branches en tous sens dans le vent violent, leurs paroles étaient des discours pleins de courage ou remplis de peur.
La forêt était peuplée d’une multitudes d’arbres de toutes sortes. L’érable laissait couler sa sève sucrée pour les oiseaux assoiffés. Un grand nombre d’oiseaux nichaient dans ses branches. Les merles venaient déposer leurs petits œufs bleus dans des nids bien installés. L’érable les protégeait du vent et de la pluie, toujours prêt à rendre service. Il était respecté aux alentours.
Pas bien loin de lui, un orme élevait ses longues branches vers le ciel. L’orme aimait le soleil et chacune de ses branches s’élançaient vers ses rayons. Les orioles, des oiseaux ressemblant aux rouges-gorge mais en plus petit construisaient leurs nids-balançoires dans sa ramure sachant qu'ils se trouvaient à l'abri dans les hauteurs.
Plus loin encore, le thuya offrait durant l’hiver l’hébergement à des familles entières d'oiseaux. Lorsque le froid faisait rage, le thuya refermait ses épaisses branches sur eux et les gardait bien au chaud. Les oiseaux étaient si confortablement installés qu'ils mettaient du temps, le printemps venu, à quitter leurs logis dans le thuya.
Le bouleau se tenait à peu de distance. Il était mince et élégant et son écorce douce et blanche le distinguait des autres. Ses bras souples et gracieux s'agitaient à la moindre brise. Au printemps, ses feuilles vert tendre étaient si fines qu'elles laissaient passer la lumière du soleil au travers.
Quand les hommes arrivèrent dans ces lieux, ils se servirent de l'écorce du bouleau pour fabriquer des canots, des maisons et même les récipients dans lesquels ils cuisaient leurs aliments.
Mais il arriva un jour que le bouleau, à cause de sa beauté, se mit à mépriser tout le monde.
Le grand pin était le roi de la forêt. C'est à lui que chaque arbre devait faire un salut en courbant la tête un peu comme on manifeste son obéissance au roi. Et ce roi était le plus grand, le plus majestueux, le plus droit de tous les arbres de la forêt. En plus de sa taille, sa magnifique vêture vert foncé assurait son autorité.
Un jour d'été, la forêt resplendissait des parfums et des couleurs de milliers de fleurs et un éclatant tapis de mousse recouvrait les coins ombragés du sol. Une quantité d'oiseaux, des gros, des petits, des bleus, des gris, des jaunes et des rouges, n'arrêtaient pas de chanter. Les arbres bougeaient doucement et agitaient leurs feuilles qui étaient des rires et des gais murmures de contentement. L’érable remarqua que le bouleau ne participait pas à cette réjouissance collective.
- Es-tu malade, bouleau ? demanda le gentil érable.
- Pas du tout, répondit le bouleau en agitant ses branches de façon brusque. Je ne me suis jamais si bien senti. Mais pourquoi donc devrais-je me joindre à vous qui êtes si ordinaires ?
L’érable, surpris de cette réponse, se dit que le roi grand pin ne serait pas content d'entendre de telles paroles. Car la première tâche de Grand Pin était de faire respecter l'harmonie parmi ses sujets.
- Tais-toi ! dirent les arbres au bouleau. Si le grand pin t'entend...
Tous les arbres étaient très solidaires les uns des autres comme le sont les frères et les sœurs qui s'entraident. Seul, le bouleau refusait l'amitié de ses compagnons. Il se mit à agiter ses branches avec mépris et déclara :
- Je me fiche bien du roi. Je suis le plus beau de tous les arbres de la forêt et dorénavant je refuserai de courber la tête pour le saluer !
Le grand pin, qui s'était assoupi, s'éveilla tout d'un coup en entendant son nom. Il secoua ses fines aiguilles pour les remettre en place et s'étira, s'étira en redressant son long corps.
- Bouleau, que viens-tu de dire ? lança-t-il.
Tous les arbres se mirent à trembler car ils se doutaient bien que la colère grondait dans le cœur du grand pin. Mais le bouleau ne semblait nullement craindre sa colère. Il étala ses branches avec dédain, les agita dans un sens et dans l'autre et dit d'un ton hautain :
- Je ne vais plus vous saluer, grand pin. Je suis le plus bel arbre de la forêt, plus beau que tous les autres, plus beau même que vous !
Le grand pin se fâcha. Ses bras se mirent à s'agiter bruyamment. Et tous les arbres attendirent dans le plus grand silence la suite des événements.
- Bouleau, lança le roi pin, tu es devenu vaniteux ! Je vais t'apprendre une leçon que tu n'oublieras jamais.
Le grand pin se pencha en direction du bouleau et frappa sa tendre écorce de toutes ses forces. Ses aiguilles lacérèrent la douce peau blanche du bouleau.
Enfin, il dit :
- Que tous apprennent par toi, bouleau, que l’orgueil et la vanité sont mauvais.
Depuis ce jour, l'écorce de Bouleau est marquée de fines cicatrices noires. C'est le prix qu'il dut payer pour sa vanité. Tous les membres de sa famille, sans exception, ont gardé, marquée dans leur peau, la trace de la colère du roi grand pin.
La forêt était peuplée d’une multitudes d’arbres de toutes sortes. L’érable laissait couler sa sève sucrée pour les oiseaux assoiffés. Un grand nombre d’oiseaux nichaient dans ses branches. Les merles venaient déposer leurs petits œufs bleus dans des nids bien installés. L’érable les protégeait du vent et de la pluie, toujours prêt à rendre service. Il était respecté aux alentours.
Pas bien loin de lui, un orme élevait ses longues branches vers le ciel. L’orme aimait le soleil et chacune de ses branches s’élançaient vers ses rayons. Les orioles, des oiseaux ressemblant aux rouges-gorge mais en plus petit construisaient leurs nids-balançoires dans sa ramure sachant qu'ils se trouvaient à l'abri dans les hauteurs.
Plus loin encore, le thuya offrait durant l’hiver l’hébergement à des familles entières d'oiseaux. Lorsque le froid faisait rage, le thuya refermait ses épaisses branches sur eux et les gardait bien au chaud. Les oiseaux étaient si confortablement installés qu'ils mettaient du temps, le printemps venu, à quitter leurs logis dans le thuya.
Le bouleau se tenait à peu de distance. Il était mince et élégant et son écorce douce et blanche le distinguait des autres. Ses bras souples et gracieux s'agitaient à la moindre brise. Au printemps, ses feuilles vert tendre étaient si fines qu'elles laissaient passer la lumière du soleil au travers.
Quand les hommes arrivèrent dans ces lieux, ils se servirent de l'écorce du bouleau pour fabriquer des canots, des maisons et même les récipients dans lesquels ils cuisaient leurs aliments.
Mais il arriva un jour que le bouleau, à cause de sa beauté, se mit à mépriser tout le monde.
Le grand pin était le roi de la forêt. C'est à lui que chaque arbre devait faire un salut en courbant la tête un peu comme on manifeste son obéissance au roi. Et ce roi était le plus grand, le plus majestueux, le plus droit de tous les arbres de la forêt. En plus de sa taille, sa magnifique vêture vert foncé assurait son autorité.
Un jour d'été, la forêt resplendissait des parfums et des couleurs de milliers de fleurs et un éclatant tapis de mousse recouvrait les coins ombragés du sol. Une quantité d'oiseaux, des gros, des petits, des bleus, des gris, des jaunes et des rouges, n'arrêtaient pas de chanter. Les arbres bougeaient doucement et agitaient leurs feuilles qui étaient des rires et des gais murmures de contentement. L’érable remarqua que le bouleau ne participait pas à cette réjouissance collective.
- Es-tu malade, bouleau ? demanda le gentil érable.
- Pas du tout, répondit le bouleau en agitant ses branches de façon brusque. Je ne me suis jamais si bien senti. Mais pourquoi donc devrais-je me joindre à vous qui êtes si ordinaires ?
L’érable, surpris de cette réponse, se dit que le roi grand pin ne serait pas content d'entendre de telles paroles. Car la première tâche de Grand Pin était de faire respecter l'harmonie parmi ses sujets.
- Tais-toi ! dirent les arbres au bouleau. Si le grand pin t'entend...
Tous les arbres étaient très solidaires les uns des autres comme le sont les frères et les sœurs qui s'entraident. Seul, le bouleau refusait l'amitié de ses compagnons. Il se mit à agiter ses branches avec mépris et déclara :
- Je me fiche bien du roi. Je suis le plus beau de tous les arbres de la forêt et dorénavant je refuserai de courber la tête pour le saluer !
Le grand pin, qui s'était assoupi, s'éveilla tout d'un coup en entendant son nom. Il secoua ses fines aiguilles pour les remettre en place et s'étira, s'étira en redressant son long corps.
- Bouleau, que viens-tu de dire ? lança-t-il.
Tous les arbres se mirent à trembler car ils se doutaient bien que la colère grondait dans le cœur du grand pin. Mais le bouleau ne semblait nullement craindre sa colère. Il étala ses branches avec dédain, les agita dans un sens et dans l'autre et dit d'un ton hautain :
- Je ne vais plus vous saluer, grand pin. Je suis le plus bel arbre de la forêt, plus beau que tous les autres, plus beau même que vous !
Le grand pin se fâcha. Ses bras se mirent à s'agiter bruyamment. Et tous les arbres attendirent dans le plus grand silence la suite des événements.
- Bouleau, lança le roi pin, tu es devenu vaniteux ! Je vais t'apprendre une leçon que tu n'oublieras jamais.
Le grand pin se pencha en direction du bouleau et frappa sa tendre écorce de toutes ses forces. Ses aiguilles lacérèrent la douce peau blanche du bouleau.
Enfin, il dit :
- Que tous apprennent par toi, bouleau, que l’orgueil et la vanité sont mauvais.
Depuis ce jour, l'écorce de Bouleau est marquée de fines cicatrices noires. C'est le prix qu'il dut payer pour sa vanité. Tous les membres de sa famille, sans exception, ont gardé, marquée dans leur peau, la trace de la colère du roi grand pin.
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Re: contes du monde
Le jeune orphelin haï par ses frères
Il était une fois un homme et une femme qui avaient sept fils. Ils étaient tous forts et beaux, sauf le dernier, Faralahy, qui était chétif et de pauvre mine. Aussi ses frères se moquaient de lui et, quand leurs parents furent morts, ils le rendirent très malheureux, en lui faisant faire toutes sortes de travaux pénibles, et en le traitant, comme un esclave.
Un jour, le pauvre garçon se mit à réfléchir et se dit :
" Mon père est mort, ma mère est morte; mes frères, qui devraient les remplacer, sont méchants pour moi, et je suis pauvre et laid. Que, vais-je devenir ? Il faut que j'aille trouver Zanahary, le dieu des malgaches."
Donc, Faralahy commença par aller voir un vieillard, très, très vieux, nommé Rafouvatou, et lui dit :
- Je veux aller voir Zanahary, que faut-il que je fasse ?
Rafouvatou le regarda et, voyant que c'était un brave garçon, il lui dit :
- Mardi sera un bon jour pour commencer ton voyage, et tu réussiras sûrement si tu écoutes bien mes conseils.
- Je les écouterai, soyez sans crainte, dit Faralahy, dites-moi ce qu'il faut faire.
- Eh bien ! quand tu seras de l'autre côté de cette grande montagne là-bas, tu verras un beau champ de cannes à sucre; ce sont les cannes à sucre de Zanahary ; tu n'y toucheras pas, tu marcheras toujours au millet de la route. Un peu plus loin, tu verras des moutons ; ils seront très gros et très gras. Ce sont les moutons de Zanahary ; tu les laisseras tranquilles. Quand tu seras de l'autre côté de la vallée, tu verras de magnifique orangers avec des oranges grosses comme ta tête; ce sont les oranges de Zanahary; tu n'en prendras pas. Quand tu auras gravi une autre montagne, tu verras des bœufs énormes; ce sont les bœufs de Zanahary ; tu ne leur jetteras pas de pierres et tu ne les effraieras pas. Un peu plus loin, tu verras un beau puits plein d'eau claire et limpide; c'est la source dorée de Zanahary; même si tu as très soif, tu n'en boiras pas. Et quand tu seras arrivé à la demeure de Zanahary, s'il n'est pas à la maison, tu salueras sa femme, et si elle t'offre à boire, tu feras bien attention de ne pas toucher l'anse de la cruche. "
Faralahy remercia Rafouvatou, et se mit en marche.
Bientôt, il vit le champ de cannes à sucre, mais il resta bien au milieu de la route, et se contenta de dire : " Quelles belles cannes à sucre! " Un peu plus loin, il rencontra les moutons et s'écria : " Quels magnifiques moutons! " mais sans se détourner de son chemin. Il continua d'avancer, et, voici : il vit les orangers, tout chargés d'oranges grosses comme sa tête! Il avait faim, il avait soif, mais il ne se dérangea pas de son chemin. Puis il passa devant les bœufs : " Quel superbe troupeau ! " dit Faralahy, mais sans s'approcher d'eux. Enfin, il arriva près de la source dorée, il ne put s'empêcher de s'écrier : " Quelle eau pure et limpide, comme elle doit être délicieuse! " mais il n'y trempa même pas le bout de ses doigts!
A la fin, il arriva à la demeure de Zanahary. Zanahary n'était pas à la maison ; il n'y avait que sa femme.
Faralahy la salua bien poliment et lui demanda à boire et quand on lui présenta la cruche, il ne la prit pas; il ouvrit simplement la bouche et la servante lui versa de l'eau dedans.
Lorsque Zanahary rentra, il dit : " Que veut Faralahy, celui qui est haï par ses frères ? "
- Seigneur, dit Faralahy, je veux être beau et fort, car les gens me méprisent.
- Est-ce que tu as vu mes cannes à sucre, en venant ici ?
- Oui, mais je n'y ai pas touché.
- Est-ce que tu as vu mes moutons?
- Oui, mais le n'en ai point tué.
- Est-ce que tu as vu mes oranges, aussi ?
- Oui, mais je n'en ai point cueilli.
- Est-ce que tu as vu mes bœufs ?
- Oui, mais je ne leur ai point jeté de pierres.
- Est-ce que tu as vu ma source dorée ?
- Oui, mais le n'ai pas puisé de l'eau.
- Alors Zanahary se tourna vers sa femme.
- Est-ce qu'il vous a saluée, quand il est entré?
- Oui, dit la femme, et très poliment.
- Quand on lui a donné à boire, a-t-il seulement ouvert la bouche sans toucher à la cruche ?
- Oui, en vérité, répondit la servante.
Alors Zanahary toucha Faralahy, et il devint immédiatement un grand et beau jeune homme de robuste apparence. Il remercia et s'en retourna bien content.
Quand il arriva à la maison, ses frères ne pouvaient en croire leurs yeux.
- Est-ce toi, Faralahy, d'où viens-tu ?
- J'étais si malheureux, que je suis allé voir Zanahary, et voilà ce qu'il a fait de moi.
Alors les six frères se dirent :
- Nous, qui sommes déjà beaux et forts, si nous y allons aussi, certainement Zanahary fera de nous de superbes géants.
Ils allèrent trouver Rafouvatou, qui les regarda et leur dit :
- Vous pouvez partir mercredi, mais je ne vous garantis pas le succès. Cependant, si vous voulez vous abstenir de tout ce que je vous dirai, cela ira peut-être.
- Nous le ferons. Qu'est-ce que c'est ?
- Quand vous verrez les belles cannes à sucre de Zanahary, n'y touchez pas.
- C'est bien facile. Quoi encore ?
- Quand vous verrez les gros moutons de Zanahary, n'en tuez pas.
- Bien. Quoi de plus ?
- Quand vous verrez les énormes oranges de Zanahary, n'en cueillez pas.
- Nous n'en cueillerons pas. Autre chose ?
- Quand vous arriverez près des bœufs gras de Zanahary, ne les effrayez pas et ne leur jetez pas de pierres.
- Bien sûr que non. C'est tout ?
- Quand vous arriverez près de la source dorée de Zanahary, n'y puisez pas.
- Après ?
- Quand vous entrerez dans la demeure de Zanahary, s'il n'est pas là, saluez sa femme, et si on vous donne à boire, ne touchez pas à l'anse de la cruche.
- Ça va bien; ne craignez rien, c'est comme si nous y étions déjà et ce que nous allons être puissants !
Les six frères se mirent donc en route, et quand ils virent les délicieuses cannes à sucre, ils s'écrièrent : " Oh! comme elles sont mûres et juteuses! Une chacun, qui est-ce qui s'en apercevra ? "
Un peu plus loin, ils virent les moutons : " ils sont si gras, et il y en a tellement! Si nous n'avons rien à manger, nous ne pourrons jamais arriver au bout de notre voyage. "
Donc, ils tuèrent un mouton et le mangèrent.
Ensuite, ils virent les oranges, et comme ils avaient soif, ils en cueillirent plusieurs, et quand ils passèrent devant les bœufs, ils furent étonnés de leur grosseur ne purent s'empêcher de leur jeter des pierres. A source dorée, ils burent à longs traits et, quand ils entrèrent dans la demeure de Zanahary, ils ne saluèrent pas sa femme, mais lui demandèrent grossièrement boire; et quand on leur présenta la cruche, ils la saisirent par l'anse et la vidèrent tout entière.
Alors Zanahary entra.
- Que venez-vous chercher ici, vous six ?
Les frères firent un profond salut et dirent : " Nous sommes venus, seigneur, pour que vous fassiez de nous des géants ".
- Avez-vous vu mes cannes à sucre en venant ?
- Oui, mais nous n'en avons pris qu'une chacun.
- Avez-vous vu mes moutons ?
- Oui, et nous avions si faim que nous en avons mangé un.
- Avez-vous vu mes oranges ?
- Oui, et nous avions si soif que nous en avons cueilli quelques-unes.
- N'avez-vous pas jeté de pierres à mes bœufs ?
- C'est celui-ci qui en a jeté, dirent cinq des frères en montrant l'aîné.
- Quand ils sont entrés, vous ont-ils saluée, madame ?
- Non, vraiment, dit la femme.
- Et quand ils ont bu, ont-ils pris la cruche eux-mêmes ?
- Oui, dit la servante.
Alors Zanahary fronça le sourcil et leur dit:
- Vous vous êtes conduits comme des animaux privés de sens, devenez des animaux.
Aussitôt l'aîné devint un lézard, le second un serpent, le troisième une grenouille, le quatrième un crapaud, le cinquième, un caméléon et le sixième une chauve-souris, et ils se sauvèrent dans la forêt.
Faralahy hérita de leurs biens et devint riche et puissant.
Et les Malgaches terminent l'histoire par ce proverbe : Que celui qui est laid ne se décourage point; celui qui est beau ne soit point orgueilleux.
Un jour, le pauvre garçon se mit à réfléchir et se dit :
" Mon père est mort, ma mère est morte; mes frères, qui devraient les remplacer, sont méchants pour moi, et je suis pauvre et laid. Que, vais-je devenir ? Il faut que j'aille trouver Zanahary, le dieu des malgaches."
Donc, Faralahy commença par aller voir un vieillard, très, très vieux, nommé Rafouvatou, et lui dit :
- Je veux aller voir Zanahary, que faut-il que je fasse ?
Rafouvatou le regarda et, voyant que c'était un brave garçon, il lui dit :
- Mardi sera un bon jour pour commencer ton voyage, et tu réussiras sûrement si tu écoutes bien mes conseils.
- Je les écouterai, soyez sans crainte, dit Faralahy, dites-moi ce qu'il faut faire.
- Eh bien ! quand tu seras de l'autre côté de cette grande montagne là-bas, tu verras un beau champ de cannes à sucre; ce sont les cannes à sucre de Zanahary ; tu n'y toucheras pas, tu marcheras toujours au millet de la route. Un peu plus loin, tu verras des moutons ; ils seront très gros et très gras. Ce sont les moutons de Zanahary ; tu les laisseras tranquilles. Quand tu seras de l'autre côté de la vallée, tu verras de magnifique orangers avec des oranges grosses comme ta tête; ce sont les oranges de Zanahary; tu n'en prendras pas. Quand tu auras gravi une autre montagne, tu verras des bœufs énormes; ce sont les bœufs de Zanahary ; tu ne leur jetteras pas de pierres et tu ne les effraieras pas. Un peu plus loin, tu verras un beau puits plein d'eau claire et limpide; c'est la source dorée de Zanahary; même si tu as très soif, tu n'en boiras pas. Et quand tu seras arrivé à la demeure de Zanahary, s'il n'est pas à la maison, tu salueras sa femme, et si elle t'offre à boire, tu feras bien attention de ne pas toucher l'anse de la cruche. "
Faralahy remercia Rafouvatou, et se mit en marche.
Bientôt, il vit le champ de cannes à sucre, mais il resta bien au milieu de la route, et se contenta de dire : " Quelles belles cannes à sucre! " Un peu plus loin, il rencontra les moutons et s'écria : " Quels magnifiques moutons! " mais sans se détourner de son chemin. Il continua d'avancer, et, voici : il vit les orangers, tout chargés d'oranges grosses comme sa tête! Il avait faim, il avait soif, mais il ne se dérangea pas de son chemin. Puis il passa devant les bœufs : " Quel superbe troupeau ! " dit Faralahy, mais sans s'approcher d'eux. Enfin, il arriva près de la source dorée, il ne put s'empêcher de s'écrier : " Quelle eau pure et limpide, comme elle doit être délicieuse! " mais il n'y trempa même pas le bout de ses doigts!
A la fin, il arriva à la demeure de Zanahary. Zanahary n'était pas à la maison ; il n'y avait que sa femme.
Faralahy la salua bien poliment et lui demanda à boire et quand on lui présenta la cruche, il ne la prit pas; il ouvrit simplement la bouche et la servante lui versa de l'eau dedans.
Lorsque Zanahary rentra, il dit : " Que veut Faralahy, celui qui est haï par ses frères ? "
- Seigneur, dit Faralahy, je veux être beau et fort, car les gens me méprisent.
- Est-ce que tu as vu mes cannes à sucre, en venant ici ?
- Oui, mais je n'y ai pas touché.
- Est-ce que tu as vu mes moutons?
- Oui, mais le n'en ai point tué.
- Est-ce que tu as vu mes oranges, aussi ?
- Oui, mais je n'en ai point cueilli.
- Est-ce que tu as vu mes bœufs ?
- Oui, mais je ne leur ai point jeté de pierres.
- Est-ce que tu as vu ma source dorée ?
- Oui, mais le n'ai pas puisé de l'eau.
- Alors Zanahary se tourna vers sa femme.
- Est-ce qu'il vous a saluée, quand il est entré?
- Oui, dit la femme, et très poliment.
- Quand on lui a donné à boire, a-t-il seulement ouvert la bouche sans toucher à la cruche ?
- Oui, en vérité, répondit la servante.
Alors Zanahary toucha Faralahy, et il devint immédiatement un grand et beau jeune homme de robuste apparence. Il remercia et s'en retourna bien content.
Quand il arriva à la maison, ses frères ne pouvaient en croire leurs yeux.
- Est-ce toi, Faralahy, d'où viens-tu ?
- J'étais si malheureux, que je suis allé voir Zanahary, et voilà ce qu'il a fait de moi.
Alors les six frères se dirent :
- Nous, qui sommes déjà beaux et forts, si nous y allons aussi, certainement Zanahary fera de nous de superbes géants.
Ils allèrent trouver Rafouvatou, qui les regarda et leur dit :
- Vous pouvez partir mercredi, mais je ne vous garantis pas le succès. Cependant, si vous voulez vous abstenir de tout ce que je vous dirai, cela ira peut-être.
- Nous le ferons. Qu'est-ce que c'est ?
- Quand vous verrez les belles cannes à sucre de Zanahary, n'y touchez pas.
- C'est bien facile. Quoi encore ?
- Quand vous verrez les gros moutons de Zanahary, n'en tuez pas.
- Bien. Quoi de plus ?
- Quand vous verrez les énormes oranges de Zanahary, n'en cueillez pas.
- Nous n'en cueillerons pas. Autre chose ?
- Quand vous arriverez près des bœufs gras de Zanahary, ne les effrayez pas et ne leur jetez pas de pierres.
- Bien sûr que non. C'est tout ?
- Quand vous arriverez près de la source dorée de Zanahary, n'y puisez pas.
- Après ?
- Quand vous entrerez dans la demeure de Zanahary, s'il n'est pas là, saluez sa femme, et si on vous donne à boire, ne touchez pas à l'anse de la cruche.
- Ça va bien; ne craignez rien, c'est comme si nous y étions déjà et ce que nous allons être puissants !
Les six frères se mirent donc en route, et quand ils virent les délicieuses cannes à sucre, ils s'écrièrent : " Oh! comme elles sont mûres et juteuses! Une chacun, qui est-ce qui s'en apercevra ? "
Un peu plus loin, ils virent les moutons : " ils sont si gras, et il y en a tellement! Si nous n'avons rien à manger, nous ne pourrons jamais arriver au bout de notre voyage. "
Donc, ils tuèrent un mouton et le mangèrent.
Ensuite, ils virent les oranges, et comme ils avaient soif, ils en cueillirent plusieurs, et quand ils passèrent devant les bœufs, ils furent étonnés de leur grosseur ne purent s'empêcher de leur jeter des pierres. A source dorée, ils burent à longs traits et, quand ils entrèrent dans la demeure de Zanahary, ils ne saluèrent pas sa femme, mais lui demandèrent grossièrement boire; et quand on leur présenta la cruche, ils la saisirent par l'anse et la vidèrent tout entière.
Alors Zanahary entra.
- Que venez-vous chercher ici, vous six ?
Les frères firent un profond salut et dirent : " Nous sommes venus, seigneur, pour que vous fassiez de nous des géants ".
- Avez-vous vu mes cannes à sucre en venant ?
- Oui, mais nous n'en avons pris qu'une chacun.
- Avez-vous vu mes moutons ?
- Oui, et nous avions si faim que nous en avons mangé un.
- Avez-vous vu mes oranges ?
- Oui, et nous avions si soif que nous en avons cueilli quelques-unes.
- N'avez-vous pas jeté de pierres à mes bœufs ?
- C'est celui-ci qui en a jeté, dirent cinq des frères en montrant l'aîné.
- Quand ils sont entrés, vous ont-ils saluée, madame ?
- Non, vraiment, dit la femme.
- Et quand ils ont bu, ont-ils pris la cruche eux-mêmes ?
- Oui, dit la servante.
Alors Zanahary fronça le sourcil et leur dit:
- Vous vous êtes conduits comme des animaux privés de sens, devenez des animaux.
Aussitôt l'aîné devint un lézard, le second un serpent, le troisième une grenouille, le quatrième un crapaud, le cinquième, un caméléon et le sixième une chauve-souris, et ils se sauvèrent dans la forêt.
Faralahy hérita de leurs biens et devint riche et puissant.
Et les Malgaches terminent l'histoire par ce proverbe : Que celui qui est laid ne se décourage point; celui qui est beau ne soit point orgueilleux.
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Re: contes du monde
Le livre de la sagesse du monde
Une veuve a sept fils. Elle est pauvre. Elle est même la plus pauvre de tout son village. Une année, la famine sévit dans le pays et les pauvres, déjà tellement pauvres, touchent le fond de leur misère. Ses sept fils décident de partir gagner leur vie à travers le vaste monde. Ils partent avec des pieds de plomb, désespérés de laisser leur mère tant aimée.
Ils voyagent longtemps allant de ville en ville mais ne trouvent pas de travail. Ils sont trop jeunes, trop nombreux, trop maigres.De jours en jours, ils ont de plus en plus faim et sont de plus en plus fatigués. Ils dorment le ventre vide dans les bois, dans les fossés ou sur le bord des routes.
Un matin, que le temps est particulièrement mauvais, que la pluie tombe à verses, qu’un vent glacé souffle entraînant à sa suite des nappes de brouillard, qu'ils sont transis de froid, mouillés de la tête aux pieds et tellement désespérés d’être en si mauvaise posture, ils se trouvent juste devant les murs délabrés d’un château. Ils frappent à la porte mais personne ne vient leur ouvrir. Ils poussent le vantail et se trouvent dans une cour vide. Pas de chiens de garde, pas de chevaux dans les écuries, pas de lumière derrière les vitres brisées. Ils se dirigent vers ce qui semble être le corps du logis. Ils appellent mais seul l’écho leur renvoie leurs appels. Ils visitent toutes les pièces. Elles sont sales, couvertes de poussières et de grosses toiles d’araignées pendent du plafond.
Arrivés à la dernière pièce, ils s’arrêtent stupéfaits. La pièce est rangée, propre. En son centre se dresse une table admirablement garnie de sept assiettes en argent, de plats de viande, de sauces fumantes, de légumes les plus variés, de sept verres en cristal, de sept serviettes de soie, de pain frais dans la corbeille à pain, de bougeoirs aux bougies rouges. Dans la cheminée des bûches n’attendent plus que l’étincelle pour répandre dans la pièce leur douce chaleur.
La faim est tellement forte qu’ils pénètrent dans la pièce, s’installent à la table et mangent de bel appétit. L’aîné ose même allumer le feu. Ils sont bien. Au beau milieu de leur repas, ils entendent une voix plaintive qui leur dit :
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
Ils se regardent sans parler. Au bout d’un moment, le silence est revenu et nos sept garçons prennent leurs verres pour boire. Au moment où ils approchent leurs lèvres des verres, la voix gémit à nouveau :
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
L’aîné prend son courage à deux mains, allume une torche et dit :
- Je vais voir ce qui se passe.
- Nous t’accompagnons, disent les frères.
Ils sortent dans le couloir, montent les escaliers. La lune éclaire les marches. Arrivés à l’étage, ils visitent les pièces sans rien trouver. Partout, la même poussière, les mêmes toiles d’araignées. Ils montent encore une volée d’escaliers et parviennent à une dernière porte tout au sommet de la tour. Ils poussent la porte mais ont un mouvement de recul. La pièce est occupée par un vieillard à la longue barbe blanche, tellement longue qu’elle touche le sol, et aux cheveux immaculés. Son visage est très pâle. Il est assis sur un vieux siège défoncé derrière une table bancale. Derrière le fauteuil se dresse un énorme tableau qui représente un chat noir aux yeux vert émeraude qui brille d’une lumière inquiétante et regarde fixement les sept garçons. Malgré leur courage , ils tremblent sous ce regard.
***
Le vieillard n’a pas semblé voir les sept frères. Il est plongé dans un énorme livre et semble avoir des difficultés à déchiffrer. Il se met à gémir.
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
Les jambes des sept frères tremblent de plus en plus. L’aîné est sans conteste le plus courageux. Il s’approche du vieillard, pris de pitié, il lève sa torche au dessus du livre tout en lui disant :
- Voici de la lumière.
***
Le vieil homme baisse la tête et se remet à lire avec fièvre. Il avale les pages jaunies plutôt qu’il ne les lit comme s’il craignait que la lumière ne s’éteigne avant qu’il n’ait terminé. A la dernière page, il pousse un soupir et referme le volume relié de vieux cuir aux coins d’argent noirci par les ans.
L’homme lève la tête et en regardant l’aîné dit :
- Je te remercie, mon garçon. Je vous remercie tous les autres de m’avoir libéré. Quand j’étais encore en vie, il y a très très longtemps, je n’aimais personne et mon cœur ne connaissait pas de pitié. Les gens me fuyaient. Je fut condamné à rester dans cette pièce sombre jusqu'à ce que j’achève la lecture de ce gros livre. Il parle de gens sages et bons. Il décrit les souffrances, les peines, les larmes, le injustices qui frappent ces gens. Il détaille aussi tous les méfaits dont je me suis rendu coupable, mon égoïsme, ma cruauté. Ils y a dans ces pages, les pleurs des mères qui veillent leurs enfants malades, la douleur des fils qui ne peuvent aider leurs parents, le désespoir des mères que leurs fils ont quittées à jamais. J’ai commencé cette lecture il y a cent an et je ne l’avais toujours pas achevée. Seul celui qui m’éclairerait pouvait me sauver. Vous m’avez secouru ; en récompense, je vous donne ce château. Il est bien délabré mais si vous creusez dans la cave, vous trouverez sept pots d’or ; ils sont pour vous. Au moment où il prononce ses paroles, un courant d’air souffle brusquement sur la torche. Le cadet va en chercher une autre mais lorsqu’il revient, le vieillard, le livre et le chat du cadre avaient disparu.
Les sept frères descendent dans la cave et trouvent les pots remplis d'or comme le vieillard le leur avait dit. Ils font venir leur mère, remettent en état le château, nettoient toutes les pièces et redonnent à la bâtisse son lustre d’antan. Jamais plus ils ne connurent ni la misère, ni la faim. Jamais ils n’oublièrent le vieillard ni le contenu de son livre qui n’était autre que le livre de la sagesse du monde
Ils voyagent longtemps allant de ville en ville mais ne trouvent pas de travail. Ils sont trop jeunes, trop nombreux, trop maigres.De jours en jours, ils ont de plus en plus faim et sont de plus en plus fatigués. Ils dorment le ventre vide dans les bois, dans les fossés ou sur le bord des routes.
Un matin, que le temps est particulièrement mauvais, que la pluie tombe à verses, qu’un vent glacé souffle entraînant à sa suite des nappes de brouillard, qu'ils sont transis de froid, mouillés de la tête aux pieds et tellement désespérés d’être en si mauvaise posture, ils se trouvent juste devant les murs délabrés d’un château. Ils frappent à la porte mais personne ne vient leur ouvrir. Ils poussent le vantail et se trouvent dans une cour vide. Pas de chiens de garde, pas de chevaux dans les écuries, pas de lumière derrière les vitres brisées. Ils se dirigent vers ce qui semble être le corps du logis. Ils appellent mais seul l’écho leur renvoie leurs appels. Ils visitent toutes les pièces. Elles sont sales, couvertes de poussières et de grosses toiles d’araignées pendent du plafond.
Arrivés à la dernière pièce, ils s’arrêtent stupéfaits. La pièce est rangée, propre. En son centre se dresse une table admirablement garnie de sept assiettes en argent, de plats de viande, de sauces fumantes, de légumes les plus variés, de sept verres en cristal, de sept serviettes de soie, de pain frais dans la corbeille à pain, de bougeoirs aux bougies rouges. Dans la cheminée des bûches n’attendent plus que l’étincelle pour répandre dans la pièce leur douce chaleur.
La faim est tellement forte qu’ils pénètrent dans la pièce, s’installent à la table et mangent de bel appétit. L’aîné ose même allumer le feu. Ils sont bien. Au beau milieu de leur repas, ils entendent une voix plaintive qui leur dit :
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
Ils se regardent sans parler. Au bout d’un moment, le silence est revenu et nos sept garçons prennent leurs verres pour boire. Au moment où ils approchent leurs lèvres des verres, la voix gémit à nouveau :
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
L’aîné prend son courage à deux mains, allume une torche et dit :
- Je vais voir ce qui se passe.
- Nous t’accompagnons, disent les frères.
Ils sortent dans le couloir, montent les escaliers. La lune éclaire les marches. Arrivés à l’étage, ils visitent les pièces sans rien trouver. Partout, la même poussière, les mêmes toiles d’araignées. Ils montent encore une volée d’escaliers et parviennent à une dernière porte tout au sommet de la tour. Ils poussent la porte mais ont un mouvement de recul. La pièce est occupée par un vieillard à la longue barbe blanche, tellement longue qu’elle touche le sol, et aux cheveux immaculés. Son visage est très pâle. Il est assis sur un vieux siège défoncé derrière une table bancale. Derrière le fauteuil se dresse un énorme tableau qui représente un chat noir aux yeux vert émeraude qui brille d’une lumière inquiétante et regarde fixement les sept garçons. Malgré leur courage , ils tremblent sous ce regard.
***
Le vieillard n’a pas semblé voir les sept frères. Il est plongé dans un énorme livre et semble avoir des difficultés à déchiffrer. Il se met à gémir.
- Plus de lumière, encore plus de lumière !
Les jambes des sept frères tremblent de plus en plus. L’aîné est sans conteste le plus courageux. Il s’approche du vieillard, pris de pitié, il lève sa torche au dessus du livre tout en lui disant :
- Voici de la lumière.
***
Le vieil homme baisse la tête et se remet à lire avec fièvre. Il avale les pages jaunies plutôt qu’il ne les lit comme s’il craignait que la lumière ne s’éteigne avant qu’il n’ait terminé. A la dernière page, il pousse un soupir et referme le volume relié de vieux cuir aux coins d’argent noirci par les ans.
L’homme lève la tête et en regardant l’aîné dit :
- Je te remercie, mon garçon. Je vous remercie tous les autres de m’avoir libéré. Quand j’étais encore en vie, il y a très très longtemps, je n’aimais personne et mon cœur ne connaissait pas de pitié. Les gens me fuyaient. Je fut condamné à rester dans cette pièce sombre jusqu'à ce que j’achève la lecture de ce gros livre. Il parle de gens sages et bons. Il décrit les souffrances, les peines, les larmes, le injustices qui frappent ces gens. Il détaille aussi tous les méfaits dont je me suis rendu coupable, mon égoïsme, ma cruauté. Ils y a dans ces pages, les pleurs des mères qui veillent leurs enfants malades, la douleur des fils qui ne peuvent aider leurs parents, le désespoir des mères que leurs fils ont quittées à jamais. J’ai commencé cette lecture il y a cent an et je ne l’avais toujours pas achevée. Seul celui qui m’éclairerait pouvait me sauver. Vous m’avez secouru ; en récompense, je vous donne ce château. Il est bien délabré mais si vous creusez dans la cave, vous trouverez sept pots d’or ; ils sont pour vous. Au moment où il prononce ses paroles, un courant d’air souffle brusquement sur la torche. Le cadet va en chercher une autre mais lorsqu’il revient, le vieillard, le livre et le chat du cadre avaient disparu.
Les sept frères descendent dans la cave et trouvent les pots remplis d'or comme le vieillard le leur avait dit. Ils font venir leur mère, remettent en état le château, nettoient toutes les pièces et redonnent à la bâtisse son lustre d’antan. Jamais plus ils ne connurent ni la misère, ni la faim. Jamais ils n’oublièrent le vieillard ni le contenu de son livre qui n’était autre que le livre de la sagesse du monde
crodan00- Nombre de messages : 22306
Age : 72
Localisation : Soings en sologne
Emploi : sans (handicapé)
Loisirs : jeux,ordinateur
Date d'inscription : 12/01/2007
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des:
Re: contes du monde
Le retour des fleurs
Comme il ne pouvait plus supporter les hommes et leur méchanceté, le plus puissant de tous les sorciers avait décidé de quitter son pays et de se réfugier tout au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Aussitôt dit, aussitôt fait... Il s’en alla.
Un grand malheur s’abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières et celles de lacs moururent instantanément. Il n’y en eu pas une seule qui survécut. Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes s’enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui n’avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens.
- Vous ne racontez que des histoires, leur disaient-ils et ils s’en allaient tristes dans le décor triste d’un pays sans fleurs.
Parmi tous ces enfants, il en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu pour toujours. Lorsque sa mère, lassée de raconter l’ancien temps, se taisait, il réclamait encore et encore d’autres histoires car il aimait entendre parler de la beauté des fleurs.
Il pensait que lorsqu’il serait un homme, il partirait à la recherche du grand sorcier et lui demanderait de redonner de la couleur au pays.
Les années passèrent.
Un jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il s’en alla donc trouver sa mère et lui dit :
- Mère, je vais m’en aller à la recherche du grand sorcier et lui demander de nous rendre les fleurs.
Sa mère le regarda avec des yeux remplis d’effroi.
- Mais fils ! s'écria-t-elle, tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te disais ce que ma mère me racontait parce qu'elle l’avait entendu raconter par sa mère qui le tenait de sa mère. Malheur à toi ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier qui vit tout en haut de la plus haute montagne.
Mais le fils ne l’écouta même pas, il prit son baluchon et s’en alla. Les gens du pays qui le voyaient passer se moquaient de lui :
- Ce garçon est fou ! disaient-ils. Il n’y a que les fous qui croient aux histoires.
Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps, longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son sommet était invisible.
Il tourna autour de la montagne, mais ne vit aucun sentier, seulement de la roche et des cailloux. Il tourna encore et encore. Las de tourner, il se dit :
- « Il faudra bien que je découvre un chemin. Le sorcier a dû le prendre pour atteindre le sommet. »
Il inspecta avec attention les rochers et finit par découvrir une petite marche. En regardant de plus près, il aperçut une autre petite marche et puis encore une autre. Lorsqu’il leva les yeux vers le sommet de la montagne, il aperçut un escalier et il se mit à grimper sans jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige.
A la fin du premier jour, il s’arrêta sur une terrasse. Le sommet de la montagne n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième, puis le troisième, puis le quatrième puis le cinquième puis le sixième jour. Il commençait à se décourager quand, au soir du septième jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et malgré la fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l’atteindre juste au moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit avait recouvert le monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut une source. Il se pencha pour y boire un peu d'eau. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, toute sa fatigue s’évapora. Il se sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup, derrière lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu chercher sur la plus haute des hautes montagnes.
- Je suis venu, dit-il, pour rencontrer le grand sorcier et lui demander de nous rendre des fleurs et des insectes. Un pays sans fleurs, sans oiseaux et sans abeilles, est triste à mourir. Seule le beauté peut rendre les gens bons et je suis certain que les gens de mon pays cesseraient d'être méchants, si le sorcier leur redonnait les fleurs.
Alors, le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut transporté délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les mains invisibles le déposèrent sur le sol au milieu d'un tapis de fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent être aussi belles ! Dans l’air, un délicieux parfum flottait et les rayons du soleil dansaient sur le sol multicolore comme des milliers et des milliers d'arcs-en-ciel. La joie du jeune homme fut si grande, qu'il se mit à pleurer.
La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s’exécuta et en cueillit de toutes les couleurs. Quand il en eut plein les chargés, les mains invisibles le reconduisirent doucement au sommet de la montagne.
Alors, la voix lui dit :
- Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désormais, grâce à ta foi et à ton courage, ton pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs.
Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.
Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, quand ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent :
- Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.
Et leur pays redevint un grand jardin. Sur les collines, dans les vallées, près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais, les gens purent manger du miel, et la joie revint sur la terre.
Quand les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II accepta et il devint un roi bon, courageux et intelligent.
-Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchanceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.
Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier.
Un grand malheur s’abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières et celles de lacs moururent instantanément. Il n’y en eu pas une seule qui survécut. Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes s’enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui n’avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens.
- Vous ne racontez que des histoires, leur disaient-ils et ils s’en allaient tristes dans le décor triste d’un pays sans fleurs.
Parmi tous ces enfants, il en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu pour toujours. Lorsque sa mère, lassée de raconter l’ancien temps, se taisait, il réclamait encore et encore d’autres histoires car il aimait entendre parler de la beauté des fleurs.
Il pensait que lorsqu’il serait un homme, il partirait à la recherche du grand sorcier et lui demanderait de redonner de la couleur au pays.
Les années passèrent.
Un jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il s’en alla donc trouver sa mère et lui dit :
- Mère, je vais m’en aller à la recherche du grand sorcier et lui demander de nous rendre les fleurs.
Sa mère le regarda avec des yeux remplis d’effroi.
- Mais fils ! s'écria-t-elle, tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te disais ce que ma mère me racontait parce qu'elle l’avait entendu raconter par sa mère qui le tenait de sa mère. Malheur à toi ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier qui vit tout en haut de la plus haute montagne.
Mais le fils ne l’écouta même pas, il prit son baluchon et s’en alla. Les gens du pays qui le voyaient passer se moquaient de lui :
- Ce garçon est fou ! disaient-ils. Il n’y a que les fous qui croient aux histoires.
Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps, longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son sommet était invisible.
Il tourna autour de la montagne, mais ne vit aucun sentier, seulement de la roche et des cailloux. Il tourna encore et encore. Las de tourner, il se dit :
- « Il faudra bien que je découvre un chemin. Le sorcier a dû le prendre pour atteindre le sommet. »
Il inspecta avec attention les rochers et finit par découvrir une petite marche. En regardant de plus près, il aperçut une autre petite marche et puis encore une autre. Lorsqu’il leva les yeux vers le sommet de la montagne, il aperçut un escalier et il se mit à grimper sans jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige.
A la fin du premier jour, il s’arrêta sur une terrasse. Le sommet de la montagne n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième, puis le troisième, puis le quatrième puis le cinquième puis le sixième jour. Il commençait à se décourager quand, au soir du septième jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et malgré la fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l’atteindre juste au moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit avait recouvert le monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut une source. Il se pencha pour y boire un peu d'eau. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, toute sa fatigue s’évapora. Il se sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup, derrière lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu chercher sur la plus haute des hautes montagnes.
- Je suis venu, dit-il, pour rencontrer le grand sorcier et lui demander de nous rendre des fleurs et des insectes. Un pays sans fleurs, sans oiseaux et sans abeilles, est triste à mourir. Seule le beauté peut rendre les gens bons et je suis certain que les gens de mon pays cesseraient d'être méchants, si le sorcier leur redonnait les fleurs.
Alors, le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut transporté délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les mains invisibles le déposèrent sur le sol au milieu d'un tapis de fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent être aussi belles ! Dans l’air, un délicieux parfum flottait et les rayons du soleil dansaient sur le sol multicolore comme des milliers et des milliers d'arcs-en-ciel. La joie du jeune homme fut si grande, qu'il se mit à pleurer.
La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s’exécuta et en cueillit de toutes les couleurs. Quand il en eut plein les chargés, les mains invisibles le reconduisirent doucement au sommet de la montagne.
Alors, la voix lui dit :
- Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désormais, grâce à ta foi et à ton courage, ton pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs.
Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.
Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, quand ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent :
- Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.
Et leur pays redevint un grand jardin. Sur les collines, dans les vallées, près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais, les gens purent manger du miel, et la joie revint sur la terre.
Quand les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II accepta et il devint un roi bon, courageux et intelligent.
-Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchanceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.
Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier.
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Re: contes du monde
Les envoyés de l'hiver
C’était un matin de novembre.
Ce matin là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison. Elle a dans sa main des morceaux de pain qu’elle destine aux oiseaux.
Lorsqu’elle arrive, ce jour là, tout est calme silencieux. Il n’y a pas d’oiseaux sur les branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas. Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres, ceux qui restent, se cachent à l’abri du froid.
Ginette est bien seule.
Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle n’a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est émerveillée.
- Bonjour ! entend-elle.
Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n’y a personne. L’oiseau ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.
- Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.
En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de l’arbre où il s'était posé.
- Alors, tu fais l’hiver !
- Oui et non. enfin, ce n’est pas moi toute seule. Si tu veux, je vais te raconter comment vient l’hiver.
Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes trois envoyés : moi, Nixia ; mon ami, Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l’hiver. J’arrive toujours la première. Tu sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c’est triste. Lorsque j'arrive, les gens sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les rues. C'est un peu comme une fête.
- Oh ! mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de la chance.
- C’est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n’est pas aimé du tout ...
Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.
- Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.
- Bien vu, je suis l'envoyé du froid.
- Alors, c’est toi qui fait les glaçons ? J’aimerais bien en avoir un gros sur le bord de ma fenêtre.
- Pas de problème, je vais t’en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours d’eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui t’empêchent de voir dehors et t’obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un bout de ciel. Allons, je parle, je parle, il est grand temps que je me mette au travail. Attention, je vais te frigorifier.
Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s’engourdissent. Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s’inquiéter. Le coeur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d’avoir fait une rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l’hiver. Il est donc grand temps qu'elle sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.
Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du vent du Nord est arrivé à son tour. On l’entend qui siffle à travers les fentes du toit et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l’orme, il n’y a qu’un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.
Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : " Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone, une tornade... " je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?
Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que celle d'hier. Il a l’air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose ... ou quelqu’un. Il se met à siffler.
- As-tu vu Nixia ?demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?
Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à être triste et inquiète. Oh non, s’il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.
- Toc toc toc toc.
Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Martine a compris aussitôt. Elle se précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.
- Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis entrée pour me reposer. Le vent l’a refermée et je ne pouvais plus sortir.
Et Nixia s’envole en direction du grand orme.
Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan pour la journée.
- Je propose de faire une énorme tempête...
Ginette se permet d'intervenir :
- J’ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j’aime la neige mais trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?
Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.
- D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de vent, avec juste assez de neige.
Personne n’a jamais su pourquoi, cette année là, l’hiver a été si doux.
Personne ?
Si.
Il y a eu Ginette et puis, il y a vous.
Ce matin là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison. Elle a dans sa main des morceaux de pain qu’elle destine aux oiseaux.
Lorsqu’elle arrive, ce jour là, tout est calme silencieux. Il n’y a pas d’oiseaux sur les branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas. Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres, ceux qui restent, se cachent à l’abri du froid.
Ginette est bien seule.
Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle n’a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est émerveillée.
- Bonjour ! entend-elle.
Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n’y a personne. L’oiseau ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.
- Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.
En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de l’arbre où il s'était posé.
- Alors, tu fais l’hiver !
- Oui et non. enfin, ce n’est pas moi toute seule. Si tu veux, je vais te raconter comment vient l’hiver.
Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes trois envoyés : moi, Nixia ; mon ami, Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l’hiver. J’arrive toujours la première. Tu sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c’est triste. Lorsque j'arrive, les gens sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les rues. C'est un peu comme une fête.
- Oh ! mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de la chance.
- C’est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n’est pas aimé du tout ...
Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.
- Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.
- Bien vu, je suis l'envoyé du froid.
- Alors, c’est toi qui fait les glaçons ? J’aimerais bien en avoir un gros sur le bord de ma fenêtre.
- Pas de problème, je vais t’en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours d’eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui t’empêchent de voir dehors et t’obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un bout de ciel. Allons, je parle, je parle, il est grand temps que je me mette au travail. Attention, je vais te frigorifier.
Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s’engourdissent. Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s’inquiéter. Le coeur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d’avoir fait une rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l’hiver. Il est donc grand temps qu'elle sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.
Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du vent du Nord est arrivé à son tour. On l’entend qui siffle à travers les fentes du toit et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l’orme, il n’y a qu’un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.
Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : " Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone, une tornade... " je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?
Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que celle d'hier. Il a l’air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose ... ou quelqu’un. Il se met à siffler.
- As-tu vu Nixia ?demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?
Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à être triste et inquiète. Oh non, s’il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.
- Toc toc toc toc.
Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Martine a compris aussitôt. Elle se précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.
- Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis entrée pour me reposer. Le vent l’a refermée et je ne pouvais plus sortir.
Et Nixia s’envole en direction du grand orme.
Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan pour la journée.
- Je propose de faire une énorme tempête...
Ginette se permet d'intervenir :
- J’ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j’aime la neige mais trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?
Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.
- D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de vent, avec juste assez de neige.
Personne n’a jamais su pourquoi, cette année là, l’hiver a été si doux.
Personne ?
Si.
Il y a eu Ginette et puis, il y a vous.
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Re: contes du monde
Les trois soeurs et Itrinoubé
Il y avait une fois un homme et une femme qui avaient trois filles. La plus jeune, appelée Ifara, la plus était la plus jolie. Une nuit, Ifara fit un rêve et le lendemain elle le raconta à ses sœurs.
- J'ai rêvé, dit-elle, que je voyais le Fils du Soleil descendant sur la terre pour chercher une femme et, le croiriez-vous ? il me choisit pour être son épouse. Les deux autres sœurs furent vexées en entendant cela et elles se dirent : " Elle est certainement bien plus jolie que nous, et qui sait si un grand chef ne viendra pas pour l'épouser ? Il nous faut chercher un moyen de nous débarrasser d'elle. Mais voyons d'abord si tout le monde la trouvera la plus jolie. "
Elles appelèrent Ifara et lui dirent de s'habiller pour sortir avec elles. La première personne qu'elles rencontrèrent fut une vieille femme.
- Oh! bonne mère, crièrent les deux sœurs, quelle est la plus jolie de nous trois ?
La vieille répondit : " Ramatoua n'est pas mal, Raïvou non plus, mais c'est Ifara qui est la plus belle. "
Alors Ramatoua enleva à sa jeune sœur sa robe de dessus.
Elles rencontrèrent un vieillard et lui dirent :
- Oh ! bonhomme, quelle est la plus jolie de nous trois ?
Le vieillard fit la même réponse que la vieille femme, et Raïvou dépouilla Kara de sa robe de dessous.
Ensuite elles rencontrèrent Itrimoubé, un monstre moitié homme, moitié taureau, avec une longue queue pointue.
- Voici Itrimoubé, dirent les deux sœurs, et elles lui crièrent : " Itrimoubé, quelle est la plus jolie de nous trois ? "
Itrimoubé poussa un grognement et répondit : " Ça n'est pas difficile à dire, c'est Ifara. "
Les deux sœurs étaient pleines de rage, et elles se dirent : " Nous ne pouvons pas la tuer nous-même mais nous lui ferons cueillir les légumes d'Itrimoubé alors, il sera en colère, et il la mangera ".
Elles appelèrent Ifara et lui dirent :
- Jouons à qui ramassera les plus gros ignames.
- Où faut-il aller ? dit Ifara.
- Là-bas, dirent ses sœurs en lui montrant champ d'Itrimoubé. Mais cueille seulement ceux viennent juste de pousser.
Quand Ifara rapporta ses ignames, elle vit qu'ils étaient beaucoup plus petits que ceux de ses sœurs. Elles se moquèrent d'elle et lui dirent : " Va vite en chercher d'autres. "
Quand Ifara fut de retour dans le champ d'ignames, elle vit arriver Itrimoubé galopant sur ses quatre pieds ; il la saisit en s'écriant : " A présent, je t'y prends ; c'est toi qui voles mes ignames; je vais t'avaler. "
- Oh ! non, non, dit la pauvre Ifara pleurant, laissez-moi plutôt être votre femme, et je vous servirai bien.
- Viens, alors, dit Itrimoubé, et il l'emmena dans sa hutte, mais son idée était de l'engraisser pour la manger ensuite.
Les deux sœurs furent ravies voir le monstre emmener Ifara. Elles coururent à leur maison, racontèrent à leurs parents qu'Ifara avait volé les ignames d'Itrimoubé, et que celui l'avait mangée. Le père et la mère pleurèrent amèrement sur le sort de leur chère fille.
Pendant ce temps, Itrimoubé engraissait Ifara; il la tenait enfermée dans la maison, cousue dans une natte, pendant qu'il allait chercher toutes sortes de choses pour lui donner à manger, et il commençait à penser qu'elle était bien dodue et qu'elle devait être bonne à rôtir.
Un jour qu'Itrimoubé était sorti pour toute la journée, Ifara vit une petite souris qui lui dit : " Donne-moi un peu de riz blanc, Ifara, et je te dirai quelque chose. " Ifara lui donna un peu de riz blanc, et la petite souris lui dit :
- Demain, Itrimoubé va te manger, mais je rongerai le fil qui tient la natte et tu pourras te sauver. Prends avec toi un œuf, un balai, un bâton et un caillou bien roulé et poli, et mets-toi à courir du côté du sud.
Quand la petite souris eut rongé le fil qui tenait la natte, Ifara prit un œuf, un balai, un bâton et une pierre polie, et elle se sauva bien vite, après avoir mis à sa place un tronc de bananier et fermé la porte.
Quand Itrimoubé rentra, apportant un grand pot et une sagaie pour tuer Ifara et la faire bouillir, il trouva la porte fermée. Il frappa et appela; personne ne répondit.
- Bien, pensa-t-il. Ifara est devenue si grasse qu'elle ne peut plus bouger !
Il brisa la porte et, courant droit vers le lit, il enfonça son arme dans le tronc de bananier, croyant tuer Ifara.
- Comme Ifara est grasse, dit-il, ma sagaie s'enfonce toute seule !
Il la retira et passa la langue dessus.
- Elle est toute en graisse et tout à fait insipide. Elle sera peut-être meilleure rôtie !
Mais, en ouvrant la natte, il vit le tronc de bananier, et il fut très en colère. Il sortit et huma l'air vers nord : rien ; il huma l'air vers l'est : rien ; vers l'ouest rien ; il huma l'air enfin vers le sud : " Ah! cette fois, je la tiens ! "
Il se mit à galoper, et bientôt il atteignit Ifara.
- Maintenant, je t'aurai ! cria-t-il.
Ifara jeta à terre son balai, criant : " Par ma mère et par mon père, que ce balai devienne un fourré qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser ! "
Voilà le balai qui s'allonge, qui grossit, et qui devient un énorme fourré !
Mais Itrimoubé enfonça sa queue pointue dans fourré et se fit un chemin et il cria :
- Maintenant, je t'aurai, Ifara !
Ifara jeta l’œuf à terre, en criant :
" Par mon père et par ma mère, que cet œuf devient un étang qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser! "
L’œuf se cassa et devint un étang très profond.
Mais Itrimoubé se mit à boire l'eau et quand l'étang fut à sec, il passa et cria :
A présent, je t'aurai Ifara!
Alors Ifara jeta son bâton à terre, en criant : " Par mon père et par ma mère, que ce bâton devienne une forêt qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser! "
Le bâton devint une forêt dont toutes les branches s'entrelaçaient. Mais Itrimoubé coupa les branches avec sa queue jusqu'à ce qu'il ne restât plus un arbre debout. " Maintenant, je t'aurai, Ifara! "
Mais Ifara jeta un caillou roulé à terre en criant : " Par mon père et par ma mère, que ce caillou devienne une barrière de rochers. " Le caillou grossit, grandit, et devint un rocher perpendiculaire, et il fut impossible à Itrimoubé de le gravir. Alors, il cria : " Tire-moi en haut, Ifara, je ne te ferai point de mal. ".
- Je ne te tirerai pas en haut, si tu ne plantes d'abord ta sagaie dans la terre ", dit Ifara. Itrimoubé planta sa sagaie dans la terre, et la bonne Ifara commença à le tirer en haut avec une corde. Mais, quand il fut près du bord, il cria : " En vérité, en vérité, je t'aurai à présent, Ifara !"
Ifara fut si effrayée qu'elle lâcha la corde et Itrimoubé tomba juste sur sa sagaie, où il s'empala. Ifara ne savait plus où trouver son chemin et s'assit en pleurant. Bientôt un corbeau vint se poser près d'elle et elle lui chanta :
"Joli corbeau, joli corbeau,
"Je lisserai tes plumes noires
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Non, dit le corbeau, je ne t'emporterai pas ; tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais des arachides vertes!
Il vint ensuite un milan, et elle lui chanta :
" Mon beau milan, mon beau milan
"Je lisserai tes plumes grises
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Non, dit le, milan, je ne t'emporterai pas. Tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais des rats morts.
La pauvre Ifara regrettait bien d'avoir été si bavarde, et elle pleurait amèrement, quand elle aperçut un joli pigeon bleu qui roucoulait : " reou, reou, reou " et elle lui chanta :
" Joli pigeon, joli pigeon,
" Je lisserai tes plumes bleues,
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Reou! reou! reou! Viens, jeune fille, roucoule le pigeon bleu. J'aime à prendre pitié de ceux qui souffrent.
Et il l'emporta vers le puits de son père et la posa sur un arbre, juste au-dessus de la source.
Elle n'y était pas depuis longtemps quand leur petite esclave noire vint puiser de l'eau, et, en se penchant, elle vit comme dans in miroir le visage d'Ifara dans le puits, et elle crut voir sa propre figure.
- Vraiment! pensa l'esclave, je suis bien trop jolie pour porter cette vilaine cruche !
Et elle jeta la cruche par terre et la brisa, pendant qu'Ifara criait :
- Mon père et ma mère dépensent-ils leur argent à acheter des cruches pour que tu les casses ?
L'esclave regarda partout autour d'elle, mais ne vit personne et retourna à la maison.
Le lendemain matin, elle revint avec une autre cruche et, voyant la figure d'Ifara dans l'eau, elle cria :
- Non, jamais plus je ne porterai de cruche; je suis bien trop jolie! et elle cassa encore sa cruche.
Mais Ifara chanta de nouveau :
- Mon père et ma mère dépensent-ils leur argent acheter des cruches pour que tu les casses ?
L'esclave regarda de tous les côtés, et, ne voyant personne, elle courut à la maison, et raconta qu'il avait dans le puits quelqu'un qui parlait avec la voix d'Ifara.
Le père et la mère se mirent à courir, et quand Ifara les vit elle descendit de l'arbre, et ils pleurèrent de joie de se retrouver. Les parents d'Ifara furent fâchés contre leurs deux aînées qu'ils les chassèrent de la maison et vécurent heureux avec Ifara.
- J'ai rêvé, dit-elle, que je voyais le Fils du Soleil descendant sur la terre pour chercher une femme et, le croiriez-vous ? il me choisit pour être son épouse. Les deux autres sœurs furent vexées en entendant cela et elles se dirent : " Elle est certainement bien plus jolie que nous, et qui sait si un grand chef ne viendra pas pour l'épouser ? Il nous faut chercher un moyen de nous débarrasser d'elle. Mais voyons d'abord si tout le monde la trouvera la plus jolie. "
Elles appelèrent Ifara et lui dirent de s'habiller pour sortir avec elles. La première personne qu'elles rencontrèrent fut une vieille femme.
- Oh! bonne mère, crièrent les deux sœurs, quelle est la plus jolie de nous trois ?
La vieille répondit : " Ramatoua n'est pas mal, Raïvou non plus, mais c'est Ifara qui est la plus belle. "
Alors Ramatoua enleva à sa jeune sœur sa robe de dessus.
Elles rencontrèrent un vieillard et lui dirent :
- Oh ! bonhomme, quelle est la plus jolie de nous trois ?
Le vieillard fit la même réponse que la vieille femme, et Raïvou dépouilla Kara de sa robe de dessous.
Ensuite elles rencontrèrent Itrimoubé, un monstre moitié homme, moitié taureau, avec une longue queue pointue.
- Voici Itrimoubé, dirent les deux sœurs, et elles lui crièrent : " Itrimoubé, quelle est la plus jolie de nous trois ? "
Itrimoubé poussa un grognement et répondit : " Ça n'est pas difficile à dire, c'est Ifara. "
Les deux sœurs étaient pleines de rage, et elles se dirent : " Nous ne pouvons pas la tuer nous-même mais nous lui ferons cueillir les légumes d'Itrimoubé alors, il sera en colère, et il la mangera ".
Elles appelèrent Ifara et lui dirent :
- Jouons à qui ramassera les plus gros ignames.
- Où faut-il aller ? dit Ifara.
- Là-bas, dirent ses sœurs en lui montrant champ d'Itrimoubé. Mais cueille seulement ceux viennent juste de pousser.
Quand Ifara rapporta ses ignames, elle vit qu'ils étaient beaucoup plus petits que ceux de ses sœurs. Elles se moquèrent d'elle et lui dirent : " Va vite en chercher d'autres. "
Quand Ifara fut de retour dans le champ d'ignames, elle vit arriver Itrimoubé galopant sur ses quatre pieds ; il la saisit en s'écriant : " A présent, je t'y prends ; c'est toi qui voles mes ignames; je vais t'avaler. "
- Oh ! non, non, dit la pauvre Ifara pleurant, laissez-moi plutôt être votre femme, et je vous servirai bien.
- Viens, alors, dit Itrimoubé, et il l'emmena dans sa hutte, mais son idée était de l'engraisser pour la manger ensuite.
Les deux sœurs furent ravies voir le monstre emmener Ifara. Elles coururent à leur maison, racontèrent à leurs parents qu'Ifara avait volé les ignames d'Itrimoubé, et que celui l'avait mangée. Le père et la mère pleurèrent amèrement sur le sort de leur chère fille.
Pendant ce temps, Itrimoubé engraissait Ifara; il la tenait enfermée dans la maison, cousue dans une natte, pendant qu'il allait chercher toutes sortes de choses pour lui donner à manger, et il commençait à penser qu'elle était bien dodue et qu'elle devait être bonne à rôtir.
Un jour qu'Itrimoubé était sorti pour toute la journée, Ifara vit une petite souris qui lui dit : " Donne-moi un peu de riz blanc, Ifara, et je te dirai quelque chose. " Ifara lui donna un peu de riz blanc, et la petite souris lui dit :
- Demain, Itrimoubé va te manger, mais je rongerai le fil qui tient la natte et tu pourras te sauver. Prends avec toi un œuf, un balai, un bâton et un caillou bien roulé et poli, et mets-toi à courir du côté du sud.
Quand la petite souris eut rongé le fil qui tenait la natte, Ifara prit un œuf, un balai, un bâton et une pierre polie, et elle se sauva bien vite, après avoir mis à sa place un tronc de bananier et fermé la porte.
Quand Itrimoubé rentra, apportant un grand pot et une sagaie pour tuer Ifara et la faire bouillir, il trouva la porte fermée. Il frappa et appela; personne ne répondit.
- Bien, pensa-t-il. Ifara est devenue si grasse qu'elle ne peut plus bouger !
Il brisa la porte et, courant droit vers le lit, il enfonça son arme dans le tronc de bananier, croyant tuer Ifara.
- Comme Ifara est grasse, dit-il, ma sagaie s'enfonce toute seule !
Il la retira et passa la langue dessus.
- Elle est toute en graisse et tout à fait insipide. Elle sera peut-être meilleure rôtie !
Mais, en ouvrant la natte, il vit le tronc de bananier, et il fut très en colère. Il sortit et huma l'air vers nord : rien ; il huma l'air vers l'est : rien ; vers l'ouest rien ; il huma l'air enfin vers le sud : " Ah! cette fois, je la tiens ! "
Il se mit à galoper, et bientôt il atteignit Ifara.
- Maintenant, je t'aurai ! cria-t-il.
Ifara jeta à terre son balai, criant : " Par ma mère et par mon père, que ce balai devienne un fourré qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser ! "
Voilà le balai qui s'allonge, qui grossit, et qui devient un énorme fourré !
Mais Itrimoubé enfonça sa queue pointue dans fourré et se fit un chemin et il cria :
- Maintenant, je t'aurai, Ifara !
Ifara jeta l’œuf à terre, en criant :
" Par mon père et par ma mère, que cet œuf devient un étang qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser! "
L’œuf se cassa et devint un étang très profond.
Mais Itrimoubé se mit à boire l'eau et quand l'étang fut à sec, il passa et cria :
A présent, je t'aurai Ifara!
Alors Ifara jeta son bâton à terre, en criant : " Par mon père et par ma mère, que ce bâton devienne une forêt qu'Itrimoubé ne puisse pas traverser! "
Le bâton devint une forêt dont toutes les branches s'entrelaçaient. Mais Itrimoubé coupa les branches avec sa queue jusqu'à ce qu'il ne restât plus un arbre debout. " Maintenant, je t'aurai, Ifara! "
Mais Ifara jeta un caillou roulé à terre en criant : " Par mon père et par ma mère, que ce caillou devienne une barrière de rochers. " Le caillou grossit, grandit, et devint un rocher perpendiculaire, et il fut impossible à Itrimoubé de le gravir. Alors, il cria : " Tire-moi en haut, Ifara, je ne te ferai point de mal. ".
- Je ne te tirerai pas en haut, si tu ne plantes d'abord ta sagaie dans la terre ", dit Ifara. Itrimoubé planta sa sagaie dans la terre, et la bonne Ifara commença à le tirer en haut avec une corde. Mais, quand il fut près du bord, il cria : " En vérité, en vérité, je t'aurai à présent, Ifara !"
Ifara fut si effrayée qu'elle lâcha la corde et Itrimoubé tomba juste sur sa sagaie, où il s'empala. Ifara ne savait plus où trouver son chemin et s'assit en pleurant. Bientôt un corbeau vint se poser près d'elle et elle lui chanta :
"Joli corbeau, joli corbeau,
"Je lisserai tes plumes noires
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Non, dit le corbeau, je ne t'emporterai pas ; tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais des arachides vertes!
Il vint ensuite un milan, et elle lui chanta :
" Mon beau milan, mon beau milan
"Je lisserai tes plumes grises
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Non, dit le, milan, je ne t'emporterai pas. Tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais des rats morts.
La pauvre Ifara regrettait bien d'avoir été si bavarde, et elle pleurait amèrement, quand elle aperçut un joli pigeon bleu qui roucoulait : " reou, reou, reou " et elle lui chanta :
" Joli pigeon, joli pigeon,
" Je lisserai tes plumes bleues,
" Si tu veux m'emporter avec toi
" Vers le puits de mon père. "
Reou! reou! reou! Viens, jeune fille, roucoule le pigeon bleu. J'aime à prendre pitié de ceux qui souffrent.
Et il l'emporta vers le puits de son père et la posa sur un arbre, juste au-dessus de la source.
Elle n'y était pas depuis longtemps quand leur petite esclave noire vint puiser de l'eau, et, en se penchant, elle vit comme dans in miroir le visage d'Ifara dans le puits, et elle crut voir sa propre figure.
- Vraiment! pensa l'esclave, je suis bien trop jolie pour porter cette vilaine cruche !
Et elle jeta la cruche par terre et la brisa, pendant qu'Ifara criait :
- Mon père et ma mère dépensent-ils leur argent à acheter des cruches pour que tu les casses ?
L'esclave regarda partout autour d'elle, mais ne vit personne et retourna à la maison.
Le lendemain matin, elle revint avec une autre cruche et, voyant la figure d'Ifara dans l'eau, elle cria :
- Non, jamais plus je ne porterai de cruche; je suis bien trop jolie! et elle cassa encore sa cruche.
Mais Ifara chanta de nouveau :
- Mon père et ma mère dépensent-ils leur argent acheter des cruches pour que tu les casses ?
L'esclave regarda de tous les côtés, et, ne voyant personne, elle courut à la maison, et raconta qu'il avait dans le puits quelqu'un qui parlait avec la voix d'Ifara.
Le père et la mère se mirent à courir, et quand Ifara les vit elle descendit de l'arbre, et ils pleurèrent de joie de se retrouver. Les parents d'Ifara furent fâchés contre leurs deux aînées qu'ils les chassèrent de la maison et vécurent heureux avec Ifara.
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Re: contes du monde
Pois-Verts
Il était une fois un homme appelé Pois-Verts qui était tout à la fois le serviteur et l'homme de confiance du curé de son village. Un jour, il se mit à jouer des tours à son maître. Le curé s'en accommoda pendant quelques années mais, à la fin, excédé, il dit à son engagé :
- Pois-Verts, ramasse tes guenilles et va-t'en ! Je n'ai plus besoin de toi.
- Je ne demande pas mieux que de m'en aller, répond Pois-Verts, j'en ai assez de vous servir.
Et sur ce, il s'en va et s'achète une petite propriété, près de celle de son ancien maître.
Pois-Verts était très intelligent. Un bon matin, il s'invente un plan. Il prend deux gros morceaux de fer qu'il fait bien rougir au feu. Puis, il dépose son chaudron près de lui et se fabrique un petit fouet ; ensuite, il envoie chercher le curé, son voisin.
Quand le curé est sur le point d'arriver, Pois-Verts prend les morceaux de fer rouge et les jette dans sa soupe. Il met son chaudron entre ses jambes et, avec son petit fouet, il claque sur le chaudron disant :
- Bouille, ma soupe !
Le curé entre, aperçoit son ancien serviteur fouettant son chaudron et la soupe bouillant.
- Pois-Verts, quel secret as-tu pour ainsi faire chauffer ton repas ?
- Ce secret est dans mon fouet, répond Pois-Verts qui fouette tranquillement son chaudron, tout en parlant, tandis que la soupe bout de plus belle.
Le curé, enchanté de voir bouillir la soupe et d'apprendre le secret du fouet dit :
- À moi qui ai des servantes pas trop vives, ce fouet serait bien utile. Toi qui es tout seul, Pois-Verts, tu n'en as pas besoin.
- On a toujours besoin d'un bon article, monsieur le curé. Mais pour vous rendre service je suis prêt à vous le vendre. Mon fouet vaut cent piastres.
- Il n'est pas cher, reprend le curé, voilà cent piastres. Donne-moi le fouet.
Pois-Verts prend l'argent et remet le fouet.
Une fois l'entente conclue, le curé ne tient pas un long discours, mais il s'en retourne au presbytère et dit à ses servantes :
- Je n'ai plus besoin que d'une servante. Les deux autres, je les mets à la porte.
Les servantes deviennent pensives. À celle qu'il garde, le curé dit :
- Va chercher la théière, mets-y le thé dans de l'eau froide.
« Qu'est-ce que le curé a envie de faire ? » se demande la servante en obéissant à son maître.
- La théière est-elle prête ? demande le curé.
- Oui, monsieur le curé, tout est bien prêt.
Monsieur le curé va chercher le fouet ; il prend la théière, la met sur la table et commence à la fouetter en disant:
- Bouille, théière !
Rien ne bout.
Le curé claque le fouet à nouveau. Rien ! Découragé, il dit :
- Je ne m'y prends pas bien. Pois-Verts était assis à terre, le chaudron entre ses jambes. Je vais faire comme lui.
Il s'assoit à terre, il met la théière entre ses jambes et la fouette de son mieux. Après avoir fouetté tranquillement, il se met à la fouetter à grands coups. Il n'est pas plus avancé. La servante demande :
- Monsieur le curé, où avez-vous eu ce fouet-là ?
- Je viens de l'acheter à Pois-Verts.
- C'est encore un tour qu'il vous a joué, comme au temps où il restait ici.
Furieux, le curé jette le fouet au feu en disant :
- Demain, Pois-Verts aura de mes nouvelles !
Le lendemain, Pois-Verts fait venir sa vieille mère, lui demandant de passer la journée chez lui. Ayant rempli une vessie de sang il l'accroche au cou de sa mère et commence à se promener dans sa maison, en regardant d'une fenêtre à l'autre. Il s'attendait à voir bientôt le curé arriver en fureur. Tout à coup, il l'aperçoit approcher de la maison. Faisant un grand vacarme, Pois-Verts se met à renverser la table et les chaises et à tout casser. Comme le curé entre, il saisit sa vieille mère et lève son canif en criant :
- Vieille garce ! il y a assez longtemps que le monde vous connaît. C'est fini !
Pour le calmer, le curé dit :
- Pois-Verts, que fais-tu ? Que fais-tu ?
- C'est mon affaire, fait Pois-Verts, je ne veux pas voir de curieux chez moi.
Et de son couteau il perce la vessie pleine de sang qui pend au cou de sa mère. Le sang coule et la vieille tombe comme mourante. Ceci dégoûte le curé qui commence à lancer des injures à Pois-Verts et à le menacer.
- Cette fois ton temps est arrivé ! je vais te mettre entre les mains de la justice et ta tête tombera sur l'échafaud !
- Je viens de vous dire que je ne veux pas voir de curieux chez moi, répond Pois-Verts en prenant son sifflet. Ma mère est morte, mais elle va revenir à la vie !
Et le voilà qui se met à siffler avec son instrument :
- Tourlututu ! Reviendras-tu ?
La vieille commence à bouger.
- Tourlututu, reviendras-tu ? répète-t-il.
Et Pois-Verts ajoute :
- La troisième fois, je ne manque jamais mon coup. Tourlututu, reviendras-tu ? ou ne reviendras-tu pas ?
Il n'a pas sitôt prononcé « Tourlututu » que la vieille est debout.
Étonné de voir ce sifflet si merveilleux, le curé demande :
- Pois-Verts, où as-tu pris ce sifflet ?
- Une vieille magicienne me l'a donné, avec ce sifflet, je peux faire tout ce que je veux, répond Pois-Verts.
- Ah ! voilà ce qu'il me faut pour mes paroissiens.
- Un bon article fait l'affaire de tout le monde.
- Veux-tu me le vendre ? demande le curé. Combien veux-tu pour ton sifflet, Pois-Verts ?
- Pour vous rendre service, je vais vous le vendre, monsieur le curé.
- Combien veux-tu ?
- Deux cents piastres, monsieur le curé.
- Il n'est pas cher, Pois-Verts, je le prends et je vais commencer par ma servante.
- Sachez bien vous en servir, monsieur le curé. Vous avez vu comment je m'y suis pris pour ma vieille mère.
- Sois sans crainte, dit le curé.
Le curé part et arrive au presbytère pas trop de bonne humeur. Il commence à brasser la table, le pupitre, la vaisselle.
- Monsieur le curé ! dit la servante, vous n'êtes pas à votre place dans mon armoire.
- Comment ça, je ne suis pas à ma place ? Ah ! je vais t'en faire une place !
Il prend le couteau à pain et tranche le cou de la servante. La servante est morte et le curé est fier d'essayer son sifflet. Il fait la même chose que Pois-Verts. Il siffle :
- Tourlututu ! reviendras-tu ?
La servante ne bouge pas.
- Tourlututu, reviendras-tu ? siffle-t-il à nouveau.
Rien.
« C'est curieux, pense le curé, la première fois que Pois-Verts a sifflé la vieille avait bougé ; et la deuxième fois elle s'était presque levée. Ici, c'est la deuxième fois et elle ne bouge pas. Pourtant j'ai fait comme Pois-Verts. »
Il essaie encore.
- Tourlututu ! reviendras-tu ? Ou ne reviendras-tu pas ?
Mais la servante est morte et le reste. Le curé devient pensif. « Depuis longtemps, Pois-Verts me joue des tours. Cette fois-ci, c'est le dernier ! Je vais faire prononcer un jugement contre lui en justice et le faire disparaître. »
Le curé dénonce alors Pois-Verts et Pois-Verts est condamné à être mis dans un sac et jeté à la mer. Pois-Verts est satisfait. Le soir, les deux serviteurs du curé viennent le chercher, le mettent dans un sac et partent pour la mer.
- Non ! je ne veux pas y aller ! Non, je ne veux pas y aller ! crie Pois-Verts tout le long du chemin.
Passant devant une auberge, les serviteurs entrent boire un verre et laissent le sac dehors sur le perron.
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller ! crie toujours Pois-Verts, pour se désennuyer.
Pendant que les serviteurs boivent, un pauvre passe et, curieux, écoute Pois-Verts crier dans le sac : « Je ne veux pas y aller ! »
Approchant du sac, le pauvre homme y touche et demande :
- Où ne veux-tu pas aller ?
- On m'emmène coucher avec la princesse ; mais jamais ils ne m'y feront consentir, dit Pois-Verts.
- Veux-tu me donner ta place ? demande le pauvre homme.
Pois-Verts accepte avec plaisir.
- Détache le sac et prends ma place.
Pois-Verts sort et le pauvre s'y fourre. À peine Pois-Verts est-il en fuite que les serviteurs arrivent, saisissent le sac et pendant qu'ils marchent le pauvre homme crie comme faisait Pois-Verts :
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller !
- Veux, veux pas, répondent les serviteurs, c'est au large que tu vas aller.
Et tenant le sac à chaque bout, ils comptent un, deux, trois et vlan ! ils lâchent le sac qui tombe au large.
Le lendemain, le curé demande à ses serviteurs :
- L'avez-vous jeté au large ?
- Soyez tranquille monsieur le curé, répondent-ils, Pois-Verts a joué assez de tours ; il ne reviendra jamais.
« Enfin, je serai bien débarrassé ! » pense le curé en se promenant comme d'habitude sur le large perron de sa maison.
Plus tard, après le repas, il voit venir un troupeau de bêtes à cornes. Plus le troupeau approche, plus il voit que celui qui le mène ressemble à Pois-Verts. Appelant l'un de ses serviteurs le curé dit :
- Voilà un beau troupeau de bêtes à cornes. Mais regarde donc en arrière, ça ressemble à Pois-Verts.
- Ça ne se peut pas, répond l'autre, hier au soir nous l'avons jeté à l'eau.
- Regarde comme il faut, serviteur ; ça m'a l'air de Pois-Verts !
De fait, Pois-Verts, le bâton à la main, menait le troupeau et de temps en temps criait :
- Ourche, mourche !
Le curé se hissa sur le bout des pieds pour mieux voir et s'écria :
- C'est Pois-Verts !
- Bonsoir, monsieur le curé, bonsoir ! dit Pois-Verts en passant devant le presbytère.
- Comment, Pois-Verts, mais c'est bien toi ?
- Oui, monsieur le curé, c'est bien moi.
- Mais d'où viens-tu avec toutes ces bêtes à cornes ?
- Ah ! monsieur le curé, ne m'en parlez pas ! Si vos serviteurs m'avaient seulement jeté dix pieds plus loin, je vous ramenais les deux plus beaux chevaux noirs qu'on n'ait jamais vus dans la province. Mais ils m'ont jeté au milieu de ce troupeau de bêtes à cornes que j'ai ramené avec moi.
Le curé tombe encore dans le panneau et croit Pois-Verts.
- Si j'y allais moi-même, Pois-Verts ? Toi, qui connais la distance exacte... ?
- Je vous garantis, monsieur le curé, que je ne manquerais pas mon coup ! Si un de vos serviteurs m'aide ce soir, je vous jetterai en plein milieu des beaux chevaux.
- Accepté !
Pois-Verts mène son troupeau sur sa ferme. Quand il revient le soir, il aide le curé à entrer dans le sac et s'en va avec un serviteur le porter au bord de la mer.
- Jetons monsieur le curé au large, dit Pois-Verts.
Et monsieur le curé s'en va rejoindre le pauvre homme au fond de la mer où il est resté.
Avec tous les tours qu'il avait joués, Pois-Verts devint un gros commerçant.
- Pois-Verts, ramasse tes guenilles et va-t'en ! Je n'ai plus besoin de toi.
- Je ne demande pas mieux que de m'en aller, répond Pois-Verts, j'en ai assez de vous servir.
Et sur ce, il s'en va et s'achète une petite propriété, près de celle de son ancien maître.
Pois-Verts était très intelligent. Un bon matin, il s'invente un plan. Il prend deux gros morceaux de fer qu'il fait bien rougir au feu. Puis, il dépose son chaudron près de lui et se fabrique un petit fouet ; ensuite, il envoie chercher le curé, son voisin.
Quand le curé est sur le point d'arriver, Pois-Verts prend les morceaux de fer rouge et les jette dans sa soupe. Il met son chaudron entre ses jambes et, avec son petit fouet, il claque sur le chaudron disant :
- Bouille, ma soupe !
Le curé entre, aperçoit son ancien serviteur fouettant son chaudron et la soupe bouillant.
- Pois-Verts, quel secret as-tu pour ainsi faire chauffer ton repas ?
- Ce secret est dans mon fouet, répond Pois-Verts qui fouette tranquillement son chaudron, tout en parlant, tandis que la soupe bout de plus belle.
Le curé, enchanté de voir bouillir la soupe et d'apprendre le secret du fouet dit :
- À moi qui ai des servantes pas trop vives, ce fouet serait bien utile. Toi qui es tout seul, Pois-Verts, tu n'en as pas besoin.
- On a toujours besoin d'un bon article, monsieur le curé. Mais pour vous rendre service je suis prêt à vous le vendre. Mon fouet vaut cent piastres.
- Il n'est pas cher, reprend le curé, voilà cent piastres. Donne-moi le fouet.
Pois-Verts prend l'argent et remet le fouet.
Une fois l'entente conclue, le curé ne tient pas un long discours, mais il s'en retourne au presbytère et dit à ses servantes :
- Je n'ai plus besoin que d'une servante. Les deux autres, je les mets à la porte.
Les servantes deviennent pensives. À celle qu'il garde, le curé dit :
- Va chercher la théière, mets-y le thé dans de l'eau froide.
« Qu'est-ce que le curé a envie de faire ? » se demande la servante en obéissant à son maître.
- La théière est-elle prête ? demande le curé.
- Oui, monsieur le curé, tout est bien prêt.
Monsieur le curé va chercher le fouet ; il prend la théière, la met sur la table et commence à la fouetter en disant:
- Bouille, théière !
Rien ne bout.
Le curé claque le fouet à nouveau. Rien ! Découragé, il dit :
- Je ne m'y prends pas bien. Pois-Verts était assis à terre, le chaudron entre ses jambes. Je vais faire comme lui.
Il s'assoit à terre, il met la théière entre ses jambes et la fouette de son mieux. Après avoir fouetté tranquillement, il se met à la fouetter à grands coups. Il n'est pas plus avancé. La servante demande :
- Monsieur le curé, où avez-vous eu ce fouet-là ?
- Je viens de l'acheter à Pois-Verts.
- C'est encore un tour qu'il vous a joué, comme au temps où il restait ici.
Furieux, le curé jette le fouet au feu en disant :
- Demain, Pois-Verts aura de mes nouvelles !
Le lendemain, Pois-Verts fait venir sa vieille mère, lui demandant de passer la journée chez lui. Ayant rempli une vessie de sang il l'accroche au cou de sa mère et commence à se promener dans sa maison, en regardant d'une fenêtre à l'autre. Il s'attendait à voir bientôt le curé arriver en fureur. Tout à coup, il l'aperçoit approcher de la maison. Faisant un grand vacarme, Pois-Verts se met à renverser la table et les chaises et à tout casser. Comme le curé entre, il saisit sa vieille mère et lève son canif en criant :
- Vieille garce ! il y a assez longtemps que le monde vous connaît. C'est fini !
Pour le calmer, le curé dit :
- Pois-Verts, que fais-tu ? Que fais-tu ?
- C'est mon affaire, fait Pois-Verts, je ne veux pas voir de curieux chez moi.
Et de son couteau il perce la vessie pleine de sang qui pend au cou de sa mère. Le sang coule et la vieille tombe comme mourante. Ceci dégoûte le curé qui commence à lancer des injures à Pois-Verts et à le menacer.
- Cette fois ton temps est arrivé ! je vais te mettre entre les mains de la justice et ta tête tombera sur l'échafaud !
- Je viens de vous dire que je ne veux pas voir de curieux chez moi, répond Pois-Verts en prenant son sifflet. Ma mère est morte, mais elle va revenir à la vie !
Et le voilà qui se met à siffler avec son instrument :
- Tourlututu ! Reviendras-tu ?
La vieille commence à bouger.
- Tourlututu, reviendras-tu ? répète-t-il.
Et Pois-Verts ajoute :
- La troisième fois, je ne manque jamais mon coup. Tourlututu, reviendras-tu ? ou ne reviendras-tu pas ?
Il n'a pas sitôt prononcé « Tourlututu » que la vieille est debout.
Étonné de voir ce sifflet si merveilleux, le curé demande :
- Pois-Verts, où as-tu pris ce sifflet ?
- Une vieille magicienne me l'a donné, avec ce sifflet, je peux faire tout ce que je veux, répond Pois-Verts.
- Ah ! voilà ce qu'il me faut pour mes paroissiens.
- Un bon article fait l'affaire de tout le monde.
- Veux-tu me le vendre ? demande le curé. Combien veux-tu pour ton sifflet, Pois-Verts ?
- Pour vous rendre service, je vais vous le vendre, monsieur le curé.
- Combien veux-tu ?
- Deux cents piastres, monsieur le curé.
- Il n'est pas cher, Pois-Verts, je le prends et je vais commencer par ma servante.
- Sachez bien vous en servir, monsieur le curé. Vous avez vu comment je m'y suis pris pour ma vieille mère.
- Sois sans crainte, dit le curé.
Le curé part et arrive au presbytère pas trop de bonne humeur. Il commence à brasser la table, le pupitre, la vaisselle.
- Monsieur le curé ! dit la servante, vous n'êtes pas à votre place dans mon armoire.
- Comment ça, je ne suis pas à ma place ? Ah ! je vais t'en faire une place !
Il prend le couteau à pain et tranche le cou de la servante. La servante est morte et le curé est fier d'essayer son sifflet. Il fait la même chose que Pois-Verts. Il siffle :
- Tourlututu ! reviendras-tu ?
La servante ne bouge pas.
- Tourlututu, reviendras-tu ? siffle-t-il à nouveau.
Rien.
« C'est curieux, pense le curé, la première fois que Pois-Verts a sifflé la vieille avait bougé ; et la deuxième fois elle s'était presque levée. Ici, c'est la deuxième fois et elle ne bouge pas. Pourtant j'ai fait comme Pois-Verts. »
Il essaie encore.
- Tourlututu ! reviendras-tu ? Ou ne reviendras-tu pas ?
Mais la servante est morte et le reste. Le curé devient pensif. « Depuis longtemps, Pois-Verts me joue des tours. Cette fois-ci, c'est le dernier ! Je vais faire prononcer un jugement contre lui en justice et le faire disparaître. »
Le curé dénonce alors Pois-Verts et Pois-Verts est condamné à être mis dans un sac et jeté à la mer. Pois-Verts est satisfait. Le soir, les deux serviteurs du curé viennent le chercher, le mettent dans un sac et partent pour la mer.
- Non ! je ne veux pas y aller ! Non, je ne veux pas y aller ! crie Pois-Verts tout le long du chemin.
Passant devant une auberge, les serviteurs entrent boire un verre et laissent le sac dehors sur le perron.
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller ! crie toujours Pois-Verts, pour se désennuyer.
Pendant que les serviteurs boivent, un pauvre passe et, curieux, écoute Pois-Verts crier dans le sac : « Je ne veux pas y aller ! »
Approchant du sac, le pauvre homme y touche et demande :
- Où ne veux-tu pas aller ?
- On m'emmène coucher avec la princesse ; mais jamais ils ne m'y feront consentir, dit Pois-Verts.
- Veux-tu me donner ta place ? demande le pauvre homme.
Pois-Verts accepte avec plaisir.
- Détache le sac et prends ma place.
Pois-Verts sort et le pauvre s'y fourre. À peine Pois-Verts est-il en fuite que les serviteurs arrivent, saisissent le sac et pendant qu'ils marchent le pauvre homme crie comme faisait Pois-Verts :
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller !
- Veux, veux pas, répondent les serviteurs, c'est au large que tu vas aller.
Et tenant le sac à chaque bout, ils comptent un, deux, trois et vlan ! ils lâchent le sac qui tombe au large.
Le lendemain, le curé demande à ses serviteurs :
- L'avez-vous jeté au large ?
- Soyez tranquille monsieur le curé, répondent-ils, Pois-Verts a joué assez de tours ; il ne reviendra jamais.
« Enfin, je serai bien débarrassé ! » pense le curé en se promenant comme d'habitude sur le large perron de sa maison.
Plus tard, après le repas, il voit venir un troupeau de bêtes à cornes. Plus le troupeau approche, plus il voit que celui qui le mène ressemble à Pois-Verts. Appelant l'un de ses serviteurs le curé dit :
- Voilà un beau troupeau de bêtes à cornes. Mais regarde donc en arrière, ça ressemble à Pois-Verts.
- Ça ne se peut pas, répond l'autre, hier au soir nous l'avons jeté à l'eau.
- Regarde comme il faut, serviteur ; ça m'a l'air de Pois-Verts !
De fait, Pois-Verts, le bâton à la main, menait le troupeau et de temps en temps criait :
- Ourche, mourche !
Le curé se hissa sur le bout des pieds pour mieux voir et s'écria :
- C'est Pois-Verts !
- Bonsoir, monsieur le curé, bonsoir ! dit Pois-Verts en passant devant le presbytère.
- Comment, Pois-Verts, mais c'est bien toi ?
- Oui, monsieur le curé, c'est bien moi.
- Mais d'où viens-tu avec toutes ces bêtes à cornes ?
- Ah ! monsieur le curé, ne m'en parlez pas ! Si vos serviteurs m'avaient seulement jeté dix pieds plus loin, je vous ramenais les deux plus beaux chevaux noirs qu'on n'ait jamais vus dans la province. Mais ils m'ont jeté au milieu de ce troupeau de bêtes à cornes que j'ai ramené avec moi.
Le curé tombe encore dans le panneau et croit Pois-Verts.
- Si j'y allais moi-même, Pois-Verts ? Toi, qui connais la distance exacte... ?
- Je vous garantis, monsieur le curé, que je ne manquerais pas mon coup ! Si un de vos serviteurs m'aide ce soir, je vous jetterai en plein milieu des beaux chevaux.
- Accepté !
Pois-Verts mène son troupeau sur sa ferme. Quand il revient le soir, il aide le curé à entrer dans le sac et s'en va avec un serviteur le porter au bord de la mer.
- Jetons monsieur le curé au large, dit Pois-Verts.
Et monsieur le curé s'en va rejoindre le pauvre homme au fond de la mer où il est resté.
Avec tous les tours qu'il avait joués, Pois-Verts devint un gros commerçant.
crodan00- Nombre de messages : 22306
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Feuille de personnage
des:
Re: contes du monde
Pourquoi les conifères restent toujours verts
Chaque année, à l’automne, lorsque les jours deviennent plus courts le soleil bien moins chaud, de nombreux oiseaux partent pour les pays chauds afin d'y passer l'hiver.
Au printemps, lorsque les températures se font plus douces, ils font le chemin à l’envers et reviennent ici, vivre un nouvel été.
Les forêts qui comptent la plus d’oiseaux migrateurs sont les forêts du Grand Nord. Là-bas, les hivers sont rudes et le gel souvent terrible en sorte que les oiseaux pourraient y mourir de faim et de froid.
Il y a bien longtemps, dans ces forêts du Grand Nord, vivait un jeune merle. Pendant l’été, il avait bien grandi et était devenu un merle fort et robuste qui chantait comme son père, son grand frère, ses oncles et ses cousins.
La veille du grand départ vers le sud, tous les oiseaux participaient au dernier vol d'entraînement lorsqu’un grand héron heurta le jeune merle de plein fouet.
- Tu ne peux pas faire attention, abruti! s'exclama le héron en colère. Il faut bien se dire que la colère du héron cachait le fait qu’il se savait en faute.
Notre ami, le jeune merle, sonné par le coup, tomba sur le sol comme une feuille d’automne. Son aile le faisait souffrir et elle pendait bizarrement. Il avait terriblement mal.
- Ton aile est cassée, lui dirent les vieux merles, forts de leur expérience. Tu ne pourras pas nous accompagner demain, car tu te noierais à coup sûr dans la mer. Tu. vas être obligé de rester et de passer l’hiver ici. Il faut te trouver un abri dans la forêt. Au printemps, nous passerons te reprendre ici.
Le jeune merle était effrayé. Il n’avait pas le choix. Il lui fallait rester et c’est bien triste qu’il regarda, le lendemain, ses parents et ses amis s’envoler vers le ciel sans tache d’Afrique. Il les regarda longtemps jusqu’à ce qu’ils ne se distinguent plus dans le ciel. Le cœur gros et les plumes tristes, il se mit à la recherche d'un abri. Mais où trouver un coin pour passer l’hiver dans cette grande forêt ?
Il avait marché longtemps lorsqu’il rencontra un vieux chêne imposant.
- Dites-moi, Monsieur le Chêne, puis-je, s'il vous plaît, construire un nid entre vos grandes branches? Je ne peux pas m'envoler vers les régions chaudes, car je me suis cassé une aile. Ce ne sera que pour un hiver! Me le permettez-vous s'il vous plaît?
Le chêne baissa la tête avec indignation.
- Ça non, alors! répondit-il d'un air outré. Il n’en est pas question! Cherche un autre arbre. Si tu as faim cet hiver, tu mangeras tous mes glands et je deviendrais un chêne sans glands dont les autres se moqueraient. Pas question que je fasse ça!
Plus triste encore, le jeune merle partit à la recherche d'un autre arbre. Il arriva bientôt près d'un magnifique bouleau dont les feuilles ondulaient doucement au vent. Il paraissait tellement accueillant, tellement beau et tellement gentil que le merle osa lui adresser la parole.
- Dites-moi, Monsieur le Bouleau, peut-être m'autoriseriez-vous à chercher refuge entre vos branches contre le vent du nord? Je dois trouver un abri sans quoi, je vais mourir gelé. Ce ne sera que pour un hiver. Lorsque le printemps reviendra, je chercherai un autre abri, mais mon aile est cassée et je ne peux aller nulle part ailleurs.
Le bouleau haussa les sourcils, plissa profondément le front et très en colère, il répondit en agitant ses branches et en criant :
- N'es-tu pas un peu fou? dit-il d'un air méprisant. Garder mes propres feuilles me donne déjà suffisamment de travail. J'ai besoin de toutes mes branches. je ne peux en sacrifier une seule pour te protéger. Cherche donc quelqu'un d'autre!
Le jeune merle s'éloigna tristement. Ses pattes ne le supportaient plus tant son chagrin était devenu lourd à porter. N'y avait-il donc personne dans cette forêt qui l'aiderait à passer l'hiver?
Il perdait espoir quand soudain, au détour d’un sentier, il aperçut un joli saule aux branches flexibles. Sûr que celui-ci allait lui accorder sa protection! Il sentait l’espoir renaître dans son petit cœur.
- Dites-moi, Monsieur le Saule, m'autoriseriez-vous à nicher durant cet hiver entre vos branches? Je me suis cassé une aile et je ne peux m'envoler avec les autres oiseaux vers des régions plus chaudes. Je mourrai sûrement de froid si je ne trouve pas d'abri. Me le permettez-vous? Je vous en prie!
Il leva les yeux d'un air suppliant vers le saule. L’arbre avait le cœur bon mais il ne pouvait l’aider.
- Je suis sincèrement désolé pour toi, dit-il, Après tout, je ne te connais pas. Comment pourrais-je savoir si tu ne creuseras pas des trous dans mes branches en cachette, comme une pie, ou si tu ne me mangeras pas mes feuilles? Adresse-toi plutôt à quelqu'un d'autre. Il y aura peut-être un arbre qui acceptera de prendre un oiseau étranger sous sa protection. Je trouve cela terrible, mais je ne peux pas t'aider.
Fatigué, le merle s'éloigna bien décidé à ne plus demander protection à personne puisque de toute façon, personne ne voulait l'aider.
Il erra dans les bois touffus pendant six jours et six nuits, mais tous les arbres avaient eu vent de son histoire par le chêne, le bouleau et le saule et détournaient la tête dès qu'ils le voyaient.
Le septième jour, le merle arriva dans une clairière où se tenaient trois arbres les uns à côté des autres : un sapin, un pin et un genévrier.
- Où vas-tu? demanda le grand pin, étonné. Il y a bien longtemps que tu devrais être dans un chaud pays du sud. Tu vas geler si tu ne pars très vite.
- Je sais bien, répondit tristement le merle. Je me suis cassé une aile et je n’arrive plus à voler. Je cherche désespérément un abri pour l'hiver dans cette forêt, mais personne n'a de place pour moi.
Le sapin, le pin et le genévrier se regardèrent en souriant.
- Si tu veux, tu peux rester auprès de nous, dit le grand pin, chaleureusement. Construis ton nid entre mes branches. je suis suffisamment grand et fort pour te protéger contre tout danger.
- Mes branches sont suffisamment touffues pour arrêter le vent du nord, dit le sapin. Construis ton nid entre ses branches les plus épaisses, mais reste près de moi. De cette manière, tu ne sentiras pas le vent d'hiver.
- Quant à moi, tu pourras te nourrir de mes baies tout l'hiver, ajouta le genévrier. J'en ai suffisamment. Tu pourras t'en rassasier.
Reconnaissant, le merle construisit son nid dans les branches du pin, juste à côté du sapin, comme celui-ci le lui avait proposé. Chaque jour, il pouvait manger des baies de genévrier.
Le merle était heureux avec ses trois bons amis et, de son nid, il leur chantait chaque jour sa chanson la plus mélodieuse en guise de remerciement.
Lorsque le vent du nord arriva, un frisson parcourut la forêt. Le vent souffla d'abord toutes les feuilles du chêne et les fit tourbillonner jusqu'à ce qu'elles forment un tapis sur le sol. Il s'approcha ensuite du bouleau et lui arracha également toutes ses feuilles en riant et en mugissant. Le bouleau résista de toutes ses forces, mais le vent du nord était plus fort que lui. Après son passage, le bouleau resta là, les branches nues, à frissonner de froid. Ce fut ensuite le tour du saule. Le vent du nord tourna autour de lui comme une toupie et chassa toutes ses feuilles une à une.
Il arriva ensuite près du sapin, du pin et du genévrier.
- Ah, ah! Voilà encore quelques arbres verts, dit le vent en poussant des cris de joie.
- Stop, retentit soudain une voix forte. C'était le roi Hiver qui passait par le bois, la tignasse blanche comme neige et des stalactites pendues à ses mains.
Laisse ces trois arbres tranquilles, commanda-t-il. je n'ai pas pitié des autres, mais ces trois-là ont aidé un jeune merle qui demandait de l'aide. Comme récompense, ils pourront rester verts pour toujours.
Le vent du nord jeta un coup d'œil étonné à travers les branches du pin. Il aperçut le petit merle à l'abri dans son nid douillet et fut attendri.
- Vous avez raison! acquiesça-t-il, ému. je vais les laisser en paix.
Voilà pourquoi, depuis ce jour, tous les pins, sapins et genévriers restent aussi verts l'hiver que l'été.
Au printemps, lorsque les températures se font plus douces, ils font le chemin à l’envers et reviennent ici, vivre un nouvel été.
Les forêts qui comptent la plus d’oiseaux migrateurs sont les forêts du Grand Nord. Là-bas, les hivers sont rudes et le gel souvent terrible en sorte que les oiseaux pourraient y mourir de faim et de froid.
Il y a bien longtemps, dans ces forêts du Grand Nord, vivait un jeune merle. Pendant l’été, il avait bien grandi et était devenu un merle fort et robuste qui chantait comme son père, son grand frère, ses oncles et ses cousins.
La veille du grand départ vers le sud, tous les oiseaux participaient au dernier vol d'entraînement lorsqu’un grand héron heurta le jeune merle de plein fouet.
- Tu ne peux pas faire attention, abruti! s'exclama le héron en colère. Il faut bien se dire que la colère du héron cachait le fait qu’il se savait en faute.
Notre ami, le jeune merle, sonné par le coup, tomba sur le sol comme une feuille d’automne. Son aile le faisait souffrir et elle pendait bizarrement. Il avait terriblement mal.
- Ton aile est cassée, lui dirent les vieux merles, forts de leur expérience. Tu ne pourras pas nous accompagner demain, car tu te noierais à coup sûr dans la mer. Tu. vas être obligé de rester et de passer l’hiver ici. Il faut te trouver un abri dans la forêt. Au printemps, nous passerons te reprendre ici.
Le jeune merle était effrayé. Il n’avait pas le choix. Il lui fallait rester et c’est bien triste qu’il regarda, le lendemain, ses parents et ses amis s’envoler vers le ciel sans tache d’Afrique. Il les regarda longtemps jusqu’à ce qu’ils ne se distinguent plus dans le ciel. Le cœur gros et les plumes tristes, il se mit à la recherche d'un abri. Mais où trouver un coin pour passer l’hiver dans cette grande forêt ?
Il avait marché longtemps lorsqu’il rencontra un vieux chêne imposant.
- Dites-moi, Monsieur le Chêne, puis-je, s'il vous plaît, construire un nid entre vos grandes branches? Je ne peux pas m'envoler vers les régions chaudes, car je me suis cassé une aile. Ce ne sera que pour un hiver! Me le permettez-vous s'il vous plaît?
Le chêne baissa la tête avec indignation.
- Ça non, alors! répondit-il d'un air outré. Il n’en est pas question! Cherche un autre arbre. Si tu as faim cet hiver, tu mangeras tous mes glands et je deviendrais un chêne sans glands dont les autres se moqueraient. Pas question que je fasse ça!
Plus triste encore, le jeune merle partit à la recherche d'un autre arbre. Il arriva bientôt près d'un magnifique bouleau dont les feuilles ondulaient doucement au vent. Il paraissait tellement accueillant, tellement beau et tellement gentil que le merle osa lui adresser la parole.
- Dites-moi, Monsieur le Bouleau, peut-être m'autoriseriez-vous à chercher refuge entre vos branches contre le vent du nord? Je dois trouver un abri sans quoi, je vais mourir gelé. Ce ne sera que pour un hiver. Lorsque le printemps reviendra, je chercherai un autre abri, mais mon aile est cassée et je ne peux aller nulle part ailleurs.
Le bouleau haussa les sourcils, plissa profondément le front et très en colère, il répondit en agitant ses branches et en criant :
- N'es-tu pas un peu fou? dit-il d'un air méprisant. Garder mes propres feuilles me donne déjà suffisamment de travail. J'ai besoin de toutes mes branches. je ne peux en sacrifier une seule pour te protéger. Cherche donc quelqu'un d'autre!
Le jeune merle s'éloigna tristement. Ses pattes ne le supportaient plus tant son chagrin était devenu lourd à porter. N'y avait-il donc personne dans cette forêt qui l'aiderait à passer l'hiver?
Il perdait espoir quand soudain, au détour d’un sentier, il aperçut un joli saule aux branches flexibles. Sûr que celui-ci allait lui accorder sa protection! Il sentait l’espoir renaître dans son petit cœur.
- Dites-moi, Monsieur le Saule, m'autoriseriez-vous à nicher durant cet hiver entre vos branches? Je me suis cassé une aile et je ne peux m'envoler avec les autres oiseaux vers des régions plus chaudes. Je mourrai sûrement de froid si je ne trouve pas d'abri. Me le permettez-vous? Je vous en prie!
Il leva les yeux d'un air suppliant vers le saule. L’arbre avait le cœur bon mais il ne pouvait l’aider.
- Je suis sincèrement désolé pour toi, dit-il, Après tout, je ne te connais pas. Comment pourrais-je savoir si tu ne creuseras pas des trous dans mes branches en cachette, comme une pie, ou si tu ne me mangeras pas mes feuilles? Adresse-toi plutôt à quelqu'un d'autre. Il y aura peut-être un arbre qui acceptera de prendre un oiseau étranger sous sa protection. Je trouve cela terrible, mais je ne peux pas t'aider.
Fatigué, le merle s'éloigna bien décidé à ne plus demander protection à personne puisque de toute façon, personne ne voulait l'aider.
Il erra dans les bois touffus pendant six jours et six nuits, mais tous les arbres avaient eu vent de son histoire par le chêne, le bouleau et le saule et détournaient la tête dès qu'ils le voyaient.
Le septième jour, le merle arriva dans une clairière où se tenaient trois arbres les uns à côté des autres : un sapin, un pin et un genévrier.
- Où vas-tu? demanda le grand pin, étonné. Il y a bien longtemps que tu devrais être dans un chaud pays du sud. Tu vas geler si tu ne pars très vite.
- Je sais bien, répondit tristement le merle. Je me suis cassé une aile et je n’arrive plus à voler. Je cherche désespérément un abri pour l'hiver dans cette forêt, mais personne n'a de place pour moi.
Le sapin, le pin et le genévrier se regardèrent en souriant.
- Si tu veux, tu peux rester auprès de nous, dit le grand pin, chaleureusement. Construis ton nid entre mes branches. je suis suffisamment grand et fort pour te protéger contre tout danger.
- Mes branches sont suffisamment touffues pour arrêter le vent du nord, dit le sapin. Construis ton nid entre ses branches les plus épaisses, mais reste près de moi. De cette manière, tu ne sentiras pas le vent d'hiver.
- Quant à moi, tu pourras te nourrir de mes baies tout l'hiver, ajouta le genévrier. J'en ai suffisamment. Tu pourras t'en rassasier.
Reconnaissant, le merle construisit son nid dans les branches du pin, juste à côté du sapin, comme celui-ci le lui avait proposé. Chaque jour, il pouvait manger des baies de genévrier.
Le merle était heureux avec ses trois bons amis et, de son nid, il leur chantait chaque jour sa chanson la plus mélodieuse en guise de remerciement.
Lorsque le vent du nord arriva, un frisson parcourut la forêt. Le vent souffla d'abord toutes les feuilles du chêne et les fit tourbillonner jusqu'à ce qu'elles forment un tapis sur le sol. Il s'approcha ensuite du bouleau et lui arracha également toutes ses feuilles en riant et en mugissant. Le bouleau résista de toutes ses forces, mais le vent du nord était plus fort que lui. Après son passage, le bouleau resta là, les branches nues, à frissonner de froid. Ce fut ensuite le tour du saule. Le vent du nord tourna autour de lui comme une toupie et chassa toutes ses feuilles une à une.
Il arriva ensuite près du sapin, du pin et du genévrier.
- Ah, ah! Voilà encore quelques arbres verts, dit le vent en poussant des cris de joie.
- Stop, retentit soudain une voix forte. C'était le roi Hiver qui passait par le bois, la tignasse blanche comme neige et des stalactites pendues à ses mains.
Laisse ces trois arbres tranquilles, commanda-t-il. je n'ai pas pitié des autres, mais ces trois-là ont aidé un jeune merle qui demandait de l'aide. Comme récompense, ils pourront rester verts pour toujours.
Le vent du nord jeta un coup d'œil étonné à travers les branches du pin. Il aperçut le petit merle à l'abri dans son nid douillet et fut attendri.
- Vous avez raison! acquiesça-t-il, ému. je vais les laisser en paix.
Voilà pourquoi, depuis ce jour, tous les pins, sapins et genévriers restent aussi verts l'hiver que l'été.
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Re: contes du monde
Thomas le rimeur
Un jour qu'il était étendu sur la rive du Huntlie, une personne (rien moins que la reine des Elfes) vint à passer sur un cheval dont la crinière était tressée de mille clochettes magiques en argent. Il fut pris au piège d'un baiser puis emmené sur la croupe du cheval par des déserts et des fleuves de sang jusqu'au jardin verdoyant du pays des Elfes. Une pomme lui donna le don de prophétie ainsi qu'une langue incapable de mensonge.
Thomas vécut sept ans au pays des Elfes avant de revenir sur terre écrire des poèmes et faire de véridiques prophéties. Certains disent qu'à la fin il y retourna et qu'il y vit encore, conseiller à la cour des Elfes. Mais d'autres ne reviennent jamais du Pays Enchanté, par exemple les beaux jeunes gens séduits et destinés à devenir les amants des princesses des Elfes, les jeunes garçons employés comme esclaves ou ceux qu'on réquisitionna pour combattre dans les batailles des esprits.
Mais voici l'histoire de Thomas le Rimeur :
Thomas le Vrai sur la rive moussue
Vit venir une gaie demoiselle,
Une dame vive et sans peur
A cheval sur la verte colline.
La robe était de soie comme l'herbe des champs,
Son mantelet de beau velours et sa jument
Portait aux brins de sa crinière tressée
Cinquante et neuf cloches d'argent.
Thomas le Vrai ôta son couvre-chef
Et s'inclina jusques à ses genoux :
"Salut à toi, grande Reine des Cieux !
Telle dame ici-bas jamais n'ai contemplé !"
Ah non, dit-elle, oh non, Thomas le Vrai,
Ce nom n'est pas celui qui me revient ;
Je suis la reine du beau Pays des Elfes
Et je suis venue pour te faire visite.
Et lors tu peux venir avecque moi Thomas,
Thomas le Vrai avec que moi tu peux venir,
Pendant sept ans tu pourras me servir,
Bon an mal an comme destin voudra."
Elle fit tourner son beau cheval tout blanc,
En croupe elle fit monter Thomas,
Et dès alors que sa bride vola,
Oh, son coursier s'élança dans le vent.
Quarante jours, quarante nuits,
Avec jusqu'aux genoux du sang,
Sans voir ni lune ni soleil
Vers la rumeur de l'océan,
Oh ils allaient, toujours plus loin,
Jusqu'à un jardin verdoyant :
"Descends, libre dame, descends,
Laisse-moi prendre pour toi de ces fruits."
Oh non, oh non, Thomas le Vrai,
Ce fruit ta main ne peut toucher
Car toutes les plaies des enfers
Sont dans les fruits de ce pays.
Mais j'ai un pain sur mes genoux,
Et un flacon de vin clairet,
Avant que nous allions plus loin,
Dînons un peu, reposons-nous."
Quand il eut bu et puis mangé :
"Pose la tête à mon genou,
Dit la dame, avant de monter là-haut,
Que je te montre trois magies.
Ne vois-tu pas l'étroit chemin
Barré d'épines et de genêts ?
C'est le chemin de la vertu
Que si peu cherchent à trouver.
Et vois-tu cette route si large,
Et douce et toute parsemée de fleurs ?
C'est la grande route du mal
Mais d'aucuns disent qu'elle mène au paradis.
Et vois-tu ce joli sentier
Monter la colline herbeuse ?
C'est là le chemin du beau Pays des Elfes
Où toi et moi ce soir pouvons aller.
Mais Thomas tu dois tenir ta langue,
Quoi que tu voies, quoi que tu entendes,
Car de ta bouche un seul mot sortirais
Que plus jamais ton pays ne verrais."
Alors il mit un manteau de beau drap,
Des bottes vertes du plus fin velours,
Et tant que sept ans n'ont sonné,
Thomas le Vrai n'a pas revu la Terre.
Thomas vécut sept ans au pays des Elfes avant de revenir sur terre écrire des poèmes et faire de véridiques prophéties. Certains disent qu'à la fin il y retourna et qu'il y vit encore, conseiller à la cour des Elfes. Mais d'autres ne reviennent jamais du Pays Enchanté, par exemple les beaux jeunes gens séduits et destinés à devenir les amants des princesses des Elfes, les jeunes garçons employés comme esclaves ou ceux qu'on réquisitionna pour combattre dans les batailles des esprits.
Mais voici l'histoire de Thomas le Rimeur :
Thomas le Vrai sur la rive moussue
Vit venir une gaie demoiselle,
Une dame vive et sans peur
A cheval sur la verte colline.
La robe était de soie comme l'herbe des champs,
Son mantelet de beau velours et sa jument
Portait aux brins de sa crinière tressée
Cinquante et neuf cloches d'argent.
Thomas le Vrai ôta son couvre-chef
Et s'inclina jusques à ses genoux :
"Salut à toi, grande Reine des Cieux !
Telle dame ici-bas jamais n'ai contemplé !"
Ah non, dit-elle, oh non, Thomas le Vrai,
Ce nom n'est pas celui qui me revient ;
Je suis la reine du beau Pays des Elfes
Et je suis venue pour te faire visite.
Et lors tu peux venir avecque moi Thomas,
Thomas le Vrai avec que moi tu peux venir,
Pendant sept ans tu pourras me servir,
Bon an mal an comme destin voudra."
Elle fit tourner son beau cheval tout blanc,
En croupe elle fit monter Thomas,
Et dès alors que sa bride vola,
Oh, son coursier s'élança dans le vent.
Quarante jours, quarante nuits,
Avec jusqu'aux genoux du sang,
Sans voir ni lune ni soleil
Vers la rumeur de l'océan,
Oh ils allaient, toujours plus loin,
Jusqu'à un jardin verdoyant :
"Descends, libre dame, descends,
Laisse-moi prendre pour toi de ces fruits."
Oh non, oh non, Thomas le Vrai,
Ce fruit ta main ne peut toucher
Car toutes les plaies des enfers
Sont dans les fruits de ce pays.
Mais j'ai un pain sur mes genoux,
Et un flacon de vin clairet,
Avant que nous allions plus loin,
Dînons un peu, reposons-nous."
Quand il eut bu et puis mangé :
"Pose la tête à mon genou,
Dit la dame, avant de monter là-haut,
Que je te montre trois magies.
Ne vois-tu pas l'étroit chemin
Barré d'épines et de genêts ?
C'est le chemin de la vertu
Que si peu cherchent à trouver.
Et vois-tu cette route si large,
Et douce et toute parsemée de fleurs ?
C'est la grande route du mal
Mais d'aucuns disent qu'elle mène au paradis.
Et vois-tu ce joli sentier
Monter la colline herbeuse ?
C'est là le chemin du beau Pays des Elfes
Où toi et moi ce soir pouvons aller.
Mais Thomas tu dois tenir ta langue,
Quoi que tu voies, quoi que tu entendes,
Car de ta bouche un seul mot sortirais
Que plus jamais ton pays ne verrais."
Alors il mit un manteau de beau drap,
Des bottes vertes du plus fin velours,
Et tant que sept ans n'ont sonné,
Thomas le Vrai n'a pas revu la Terre.
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