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L'hominisation en 10 idées reçues
Lucy, Toumaï, Néanderthal… Ces noms nous sont devenus familiers, au point de croire, à tort, que l'histoire de l'espèce humaine a livré tous ses secrets. Mais que sait-on vraiment de nos ancêtres ? Et de quoi peut-on être certain quand même les paléontologues doutent ?
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
1. Définir l'homme, c'est facile
Comment définir l'espèce humaine ? A priori, aujourd'hui, c'est évident… mais quand on remonte dans le temps, l'évidence cède sa place à la complexité.
Etes-vous sûr de savoir qui vous êtes ? Biologiquement, vous appartenez à la classe des mammifères, de l'ordre des primates, aux mains préhensiles. Animé d'une conscience et doté d'un langage articulé, détenteur d'une culture et usant d'outils, vous vous déplacez sur 2 jambes. Toutes ces caractéristiques sont vraies, mais elles ne suffisent plus à définir l'homme.
D'abord, l'apparition du langage articulé ne marque pas une rupture radicale avec les autres espèces. Il existe des langages aux codes complexes chez d'autres animaux.
Les hommes ne sont pas, là non plus, les seuls détenteurs d'outils et de culture : depuis 2003, on connaît au moins 24 comportements acquis et transmis de génération en génération chez les orangs-outans de Bornéo. Leur culture est certes moins étendue que nous, mais réelle.
Quant à la conscience, on a découvert que la représentation de la mort, l'interdit de l'inceste ou le symbolisme ne sont pas propres à l'homme. Certains animaux possèdent comme nous un monde affectif et mental riche. Bref, les frontières biologiques de l'homme se révèlent poreuses.
Comment définir l'Homme? Pas si facile.
"Les frontières biologiques de l'hommes sont poreuses. "
Qui est le premier ?
Alors, au vu de tout ceci, quand "commence" réellement l'homme ? Le genre Homo apparaît il y a 2,6 millions d'années, en Afrique. Est-ce lui le premier homme ? Ou bien faut-il considérer que son ancêtre, probablement un Australopithèque, fait déjà partie du monde humain ?
Difficile de trancher. Car les Australopithèques, comme leurs ancêtres bipèdes, possèdent des caractères humains : ils appartiennent à la famille des hominidés.
Souvent, on considère qu'est homme un individu doué de conscience, qui s'interroge sur son rapport à la vie, aux autres organismes et à l'Univers. Mais cela revient toujours à la même question : qui est le premier ? Est-ce Homo ergaster, inventeur d'outils symétriques et maîtrisant le feu ?
Aujourd'hui, beaucoup de paléoanthropologues considèrent que c'est l'art et la pensée symbolique et religieuse qui font l'homme. Et dans ce cas, seuls les Homo sapiens seraient des hommes. Finalement, définir l'homme est loin d'être simple.
crodan00- Nombre de messages : 22306
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2. Il suffisait d'inventer la bipédie et d'acquérir un gros cerveau
Selon une théorie longtemps admise, l'homme aurait inventé la bipédie. Ce qui aurait conduit son cerveau à grossir... et à devenir homme.
A partir d'un ancêtre commun quadrupède aux hommes et aux singes, l'humain se serait redressé, puis spécifié.
La bipédie n'est pas une invention de l'homme
Or, on a retrouvé des fossiles d'animaux bipèdes qui existaient bien avant l'homme. Le premier primate bipède, c'est l'oréopithèque, il y a plus de 8 millions d'années. La bipédie, ce n'est donc pas nouveau !
D'ailleurs, une observation de la faune actuelle montre que l'homme n'est pas le seul à utiliser la bipédie. Les grands singes utilisent de temps en temps ce moyen de locomotion. La bipédie est donc un trait commun à tous les hominidés, pas utilisée par tous à la même fréquence.
Un ancêtre déjà sur deux pattes
De ce constat est née l'idée d'Yvette Deloison, chercheur au CNRS. S'appuyant sur les études de l'anatomie de nos ancêtres mais aussi des grands singes, elle tire les conclusions suivantes. La main humaine, beaucoup plus primitive que celle des grands singes, n'a jamais pu être une patte. Compte tenu de l'irréversibilité de l'évolution, la chercheuse propose un ancêtre doté d'une attitude bipède redressée : le protohominoide qui aurait vécu il y a 15 millions d'années (sans que nous ayons encore trouvé de restes).
Une vision erronée de l'évolution : l'homme ne s'est pas progressivement redressé. Son ancêtre était déjà bipède.
Selon cette théorie, la lignée humaine n'aurait pas adopté ce mode de locomotion puisque nos ancêtres le maîtrisaient déjà. En revanche, les grands singes actuels, eux, auraient évolué en utilisant moins la bipédie que leur (notre) ancêtre commun et seraient ainsi devenus arboricoles.
Une bipédie particulière
Chez les hominidés, cette aptitude s'est amplifiée au fur et à mesure du temps pour devenir chez les hommes modernes l'unique moyen de locomotion, ce n'est donc pas un trait de différenciation.
Aujourd'hui, c'est assez unanimement admis. L'ancêtre commun aux hommes et aux singes était au moins partiellement bipède. Puis, les grands singes ont perdu cette bipédie, tandis que les hominidés l'ont "améliorée".
Si la marche sur 2 jambes ne caractérise pas l'homme, en revanche, les conséquences d'une adaptation à cette bipédie particulière ont sans doute eu des répercussions sur toute l'anatomie de l'homme : bassin, colonne vertébrale, trou occipital, et par voie de conséquence, taille du cerveau.
crodan00- Nombre de messages : 22306
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3. Lucy, notre grand-mère ?
L'Australopithèque Lucy a marqué nos cours d'histoire et nos consciences : nous sommes nombreux à croire qu'il s'agit de notre aïleule.
Tout le monde connaît Lucy, l'Australopithèque du genre afarensis âgé de 2,9 à 3,6 millions d'années, découvert par un Américain Donald Johanson, et un Français, Yves Coppens en 1974 au nord est de l'Ethiopie.
Lucy n'est qu'une cousine éloignée
Notre grand-mère ? Dès le départ, c'est l'avis des Américains, qui n'est pas partagé par Coppens. Mais ne leur en déplaise, Lucy n'est qu'une vieille cousine issue d'une lignée qui s'est éteinte. En effet, elle est à la fois trop jeune et trop simiesque pour être une ancêtre.
En 1980, l'examen de ses bras la disqualifie comme étant notre parente. Et en 1996, la découverte de pieds et de mains aux pouces opposables ayant appartenu à certaines autres espèces d'Australopithèques scelle leur rôle dans l'humanisation : ces créature arboricoles à la démarche malhabile ne sont pas nos ancêtres, ni même ceux des grands singes, mais des individus d'une lignée qui s'est éteinte. Une lignée qui comportait au moins 8 espèces connues d'Australopithèques, qui ont vécu entre -4 millions d'années et qui ont disparu il y a environ 1 million d'années.
La mauvaise stratégie adaptative des Australopithèques
Un crâne d'australopithèque. De petit volume, il montre tout de même des caractéristiques humaines comme une face moins projetée vers l'avant.
Pourquoi ont-ils disparu ? Peut-être à cause de leur dentition et des changements climatiques. Il y a un peu moins de 3 millions d'années, le temps se refroidit. Les arbres deviennent plus rares, la prairie envahit la savane. Les espèces d'hominidés évoluent alors selon 2 stratégies adaptatives.
Certains Australopithèques évoluent vers des formes plus robustes, les paranthropes, des végétariens aux mâchoires de plus en plus fortes, capables de casser des noix. Plus robustes mais dépendants d'un nombre limité d'aliments et incapables de s'adapter à un régime alimentaire différent. Ils s'éteindront vers -1 million d'années.
D'autres hominidés, les "préhumains", peut-être une espèce d'Australopithèque, mais pas celle de Lucy, deviennent eux plus polyvalents, plus habiles, omnivores et capables de s'adapter plus rapidement à des conditions changeantes. Ces premiers humains sont probablement des Homo habilis ou Homo rudolfensis, apparus vers -2,5 millions d'années. Ce sont eux nos véritables grands-parents.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
4. L'ancêtre commun aux hommes et aux singes a 5 millions d'années au plus
Comment savoir à quand remonte le dernier ancêtre qu'on ait partagé avec les singes ? Deux solutions : l'ADN et les fossiles.
La biologie moléculaire et la génétique sont de précieux outils pour classer les êtres vivants. Notamment l'homme et le chimpanzé. Ces deux espèces partagent 99% de leur ADN, comme l'a révélé le décryptage du génome de ces singes en 2005.
La datation moléculaire...
Grâce à l'ADN et à son "horloge moléculaire", on peut estimer le lien de parenté qui existe entre ces deux lignées. Son principe repose sur l'hypothèse que les mutations apparaissent à intervalles réguliers.
En comparant un gène de l'homme et le même chez le chimpanzé, on peut dater leur séparation : plus les différences observées entre les gènes sont grandes, plus la scission remonte loin. Bref, selon cette méthode, homme et chimpanzé se seraient différenciés il y a entre 4 et 5 millions d'années.
A quand remonte le dernier ancêtre partagé avec les singes ? Pour la biologie moléculaire, à 5 millions d'années (à gauche). Mais la découverte de Toumaï repousse cette date.
... en contradiction avec les fossiles
Mais en juillet 2002, Michel Brunet, un paléontologue français, exhume du désert tchadien un crâne vieux de 7 millions d'années.
Le fameux Toumaï, de son nom Sahelanthropus tchadensis. C'est aujourd'hui le plus vieil ancêtre de l'humanité connu.
Au départ considéré par beaucoup comme un ancêtre des singes, il est aujourd'hui plutôt rangé comme un parent de l'homme. Et cela change tout !
Il serait apparu après que panidés (grands singes) et hominidés (hommes fossiles et hommes actuels) se soient différenciés.
Du coup, cela repousse aux alentours de 8 millions d'années la séparation du tronc commun entre les deux lignées. Voire même 10 millions d'années pour Yves Coppens.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
5. Les hommes sont apparus selon le scénario de l'East Side Story
La découverte de Toumaï ne bouleverse pas seulement l'âge de nos ancêtres partagés avec les singes. Il oblige également à remettre en question nos origines. Le fameux scénario East Side Story imaginé par Coppens prend l'eau.
En 1981, Yves Coppens, le paléontologue français, co-découvreur de Lucy, émet sa théorie sur l'émergence de l'homme. Le scénario de l'East side story.
Un rift apparaît
Il y a 8 millions d'années, vivent, dans les zones boisées de l'est du continent africain, de grands singes hominoïdes. La région est géologiquement instable : une faille immense, le Rift, s'effondre du nord au sud, partageant en deux la population de grands singes qui sont réparties de part et d'autre de cette frontière.
A l'est, les hommes, à l'ouest, les singes
La barrière naturelle constituée par le rift bouleverse alors le climat et la végétation : à l'est la sécheresse s'installe, la forêt se transforme en savane. La population, habituée à une nourriture abondante et à un environnement boisé, se retrouve dans un milieu où il faut parcourir parfois plusieurs kilomètres pour trouver à manger.
De ce nouvel environnement auraient été sélectionnés les individus les plus aptes à se redresser puis les bipèdes. Puis, par la suite, ce milieu aurait favorisé les créatures au gros cerveau et à la denture omnivore. Voilà comment seraient apparus les premiers ancêtres des hommes.
Toumaï et Abel, les deux seuls hominidés retrouvés à l'ouest du rift, mettent fin à la théorie de Coppens.
De l'autre côté, à l'ouest, la végétation reste luxuriante et la nourriture abondante. Pas de pression particulière qui sélectionne la bipédie. Les ancêtres de nos grands singes actuels seraient issus de cette population.
Deux squelettes trop à l'ouest
Belle histoire… mais invalidée aujourd'hui. Selon cette théorie, on ne devrait pas trouver d'anciens hominidés à l'ouest du Rift. Or, c'est plus de 2500 kilomètres à l'ouest qu'on a trouvé 2 hominidés Abel, un Australopithèque de 3,5 millions d'années, et surtout Toumaï, âgé de 7 millions d'années. Deux individus qui chamboulent tout.
En janvier 2003, Yves Coppens réfute sa propre théorie. Certes une écrasante majorité de nos ancêtres (plus de 3000) a été trouvée à l'est du Rift, mais 2 individus sèment le trouble. Le scénario de l'East Side Story n'est plus.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
6. L'ancêtre des Chinois est né en Chine
Les migrations l'ont conduit partout sur la planète. Pourtant, l'Homo sapiens est apparu il y a 150 000 ans, en Afrique.
Pour des raisons politiques, les chercheurs chinois ont longtemps été isolés… et leurs résultats peu reconnus ou peu connus du fait de la langue. Mais plus de doute aujourd'hui, des hommes ont bien peuplé la Chine il y a 2 millions d'années.
Dans les années 1990, on retrouve des outils taillés de 1,8 millions d'années sur le site de Longgupo, en Chine. Plus à l'est, à Renzidong, ce sont même des outils vieux de 2,2 Ma qui ont été découverts. On nomme hommes de Wushan les créatures qui les ont sculptés.
Qui étaient-ils ? Probablement des Homo ergaster venus d'Afrique. Car une chose est sûre dans l'histoire de l'homme, ses racines sont en Afrique. Mais alors, que sont devenus ces hommes de Wushans ? Là, les avis divergent.
Scénario pluricentriste hautement improbable
Pour certains, ces hommes sont les ancêtres des Chinois : des paléontologues imaginent un scénario où les hommes n'auraient migré qu'une seule fois il y a 2,5 millions d'années. Les Homo ergaster seraient sortis d'Afrique et se seraient modernisés ou "sapientisés" à plusieurs endroits simultanément : comme si une programmation intérieure avait dirigé l'évolution. C'est la théorie pluricentriste, née en 1947, et connue aujourd'hui sous le nom de "l'inside story".
Mais ce développement multi-régional vers une seule espèce parait complètement impossible. Et de toutes façons, il situe l'ancêtre commun à tous les hommes beaucoup loin dans le temps.
Les 3 scénarios qui décrivent comment l'homme moderne s'est réparti dans le monde.
Théorie monocentriste imparfaite
Certains imaginent un autre déroulement, monocentriste. Selon eux, les hommes auraient vécu 2 vagues de migrations : il y a 2 millions d'années et il y a 1 million d'années lors desquelles ils se seraient s'installés un peu partout sur la planète. Malheureusement, évoluant peu, les populations auraient diminué. Et vers -150 000 ans l'Homo sapiens apparu en Afrique, biologiquement et intellectuellement mieux armé que ses prédécesseurs, serait reparti à la conquête de l'Asie et de l'Europe où il aurait alors supplanté les populations archaïques, dont les hommes de Wushan.
Effectivement, tous les hommes modernes descendent d'un ancêtre africain commun vieux de 150 000 ans. Mais cette théorie n'explique pas l'existence d'hominidés intermédiaires entre les Homo ergaster et sapiens.
Théorie intermédiaire ?
Enfin, des scientifiques ont cherché une voie intermédiaire à ces 2 théories. Selon eux, les migrations depuis 2,5 millions d'années ont été régulières. De plus, ces mouvements de populations se sont également réalisés, certes d'Afrique à l'Asie, mais aussi de l'Asie vers l'Europe par exemple, créant un mixage génétique permanent.
La dernière migration en provenance d'Afrique, il y a -150 000 ans, serait donc celle qui aurait laissé le plus de traces dans le patrimoine génétique de l'homme moderne. Si c'est le cas, les hommes de Wushan ont pu eux aussi laisser des traces dans notre patrimoine génétique.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
7. L'homo sapiens n'a pas connu d'autres hommes
Aujourd'hui, il n'existe plus qu'une espèce d'homme. Mais cela n'a pas été toujours le cas. Exemple, il y a 40 000 ans.
Sans les dernières glaciations, l'histoire naturelle des hommes aurait été tout autre : la baisse des eaux lors de ces périodes froides a en effet permis aux hommes de traverser des zones autrement inondées, et de rejoindre des terres éloignées.
Néanderthal en Europe, Solo et Flores en Asie
Par exemple, il y a 170 000 ans, l'Europe se couvre de glaciers. Leurs eaux de fonte créent une mer qui isole certaines populations d'Homo erectus en Europe. Ils se spécifient et évoluent vers Homo neanderthalensis, les hommes de Néanderthal. D'allure robuste, et fabricant des outils, ils disparaîtront pourtant il y a un peu moins de 30 000 ans.
"Il y a encore 40 000 ans, 4 espèces d'hommes peuplent la Terre"
Plus loin, c'est la baisse du niveau des eaux qui permet à certains Homo erectus, il y a 1 million d'années, de se diriger vers Java où ils évoluent vers les hommes de la Solo (Homo soloensis). Parmi eux, certains, via des radeaux, rejoignent l'île de Flores et évoluent en Homo floresiensis.
Trois morphologies différentes qui ont existé simultanément sur terre. De gauche à droite, un crâne d'homme de Flores, un crâne d'homme de Néanderthal, un crâne d'homme moderne.
Découverts en 2003, ceux-ci sont caractérisés par une petite taille (1 m) et un petit volume cérébral (380 cm cube), un nanisme lié à leur vie insulaire. Ils savent fabriquer des outils et maîtrisent le feu. Il semblerait que cette espèce se soit éteinte il y a environ (et seulement !) 12 000 ans.
Sapiens en Afrique
Pendant ce temps, il y a environ 150 000 ans, l'Homo sapiens, l'homme moderne, fait son apparition en Afrique. Plus grand, au visage aplati, à la dentition différente de ces prédecesseurs et détenteur d'une nouvelle culture, il supplantera peu à peu les autres espèces humaines.
Il y a encore 40 000 ans, alors que s'affirme la dernière grande période glaciaire, 4 espèces d'hommes peuplent donc la Terre. l'homme de Néanderthal, l'homme de Flores, l'homme de la Solo, l'homme "moderne" (Homo sapiens). Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'une. A une glaciation près, il existerait peut être encore plusieurs espèces... ou plus aucune.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
8. L'homme de Néanderthal est une espèce distincte de l'homme moderne
Qui est vraiment l'homme de Néanderthal ? Un cousin lointain ou simplement un homme différent ? Les scientifiques sont partagés
Un hominidé massif et robuste ( 90 kg et 1,65 m), au faciès marqué par un bourrelet sus-orbitaire, au front fuyant, sans menton et au cerveau volumineux : c'est le portait de l'homme de Néanderthal, ayant peuplé l'Europe durant 200 000 ans et rayé du globe il y a 30 000 ans.
Pour certains, Homo sapiens et Homo neanderthalensis sont deux espèces distinctes. Pour d'autres ce ne sont que deux sous-espèces. Comment trancher ?
Pour l'ADN : deux espèces différentes
Les multiples études effectuées sur les os ne permettent pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néanderthal. Pourtant, un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté comme un hybride Néanderthal/sapiens. Cela impliquerait un mélange des populations et donc un patrimoine génétique métissé avec celui des Néanderthaliens pour l'homme actuel.
Or, les analyses les plus récentes (l'étude de certains ADN, les ADN mitochondriaux), ne montrent aucune trace de Néanderthal dans notre génome. Cet ADN a la particularité de n'être transmis que par la mère, et possède des séquences caractéristiques à chaque espèce.
Les scientifiques ont retrouvé de l'ADN mitochondrial de Néanderthal sur tous les fossiles de sa population mais aucun sur les échantillons d'hommes modernes. Il n'y aurait donc pas eu de croisement ? De récentes analyses d'ADN extrait d'ossements néanderthaliens indiqueraient même une séparation des lignées humaine et néanderthalienne pendant 500 000 ans. Il s'agirait donc bien de deux espèces différentes.
Une possible hybridation à l'est
Aucun métissage entre ces deux espèces donc ? Pas sûr car survient une nouvelle hypothèse : les hommes de Néanderthal seraient apparus par spéciation à distance.
Pour Jean-luc Voisin (de l'Institut de Paléontologie Humaine), Néanderthal est devenu Néanderthal en trois étapes : d'abord une première population humaine entre en Europe. Là, elle se spécifie : apparaissent les premiers hommes de Néanderthal, encore peu marqués.
Puis l'homme moderne pénètre l'Europe à son tour. Au cours du temps, plus il avance vers l'ouest, plus il rencontre des populations aux caractères néanderthaliens de plus en plus marqués. En Europe centrale et au Proche-Orient, le métissage est encore possible. Mais en Europe occidentale, la différenciation avait dû atteindre un degré tel que l'hybridation n'était plus possible entre ces deux groupes humains.
La spéciation à distance.
Un argument en faveur de cette hypothèse : plus les populations néandertaliennes sont occidentales et plus elles présentent des caractères néanderthaliens prononcés. De plus, il semblerait que certains de ces caractères subsistent uniquement dans les populations post-Néanderthaliennes au Proche-Orient et en Europe centrale.
La question n'est pourtant pas résolue car il est difficile de concilier la notion d'espèce biologique et paléontologique.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
9. L'hominisation est un processus linéaire comportant peu de maillons
L'évolution n'a pas été une autoroute : il y a eu des voies diverses avec de nombreuses espèces, dont la plupart se sont éteintes. Rectification de deux erreurs trop souvent entendues
L'autoroute évolutive
Depuis 1960 et jusqu'en 1980, les découvertes laissent à penser que l'arbre évolutif des genres Australopithecus et Homo est linéaire : les espèces se succédent selon un processus continu et régulier, chaque espèce étant l'ancêtre de l'autre. L'arbre évolutif de l'homme est alors perçu comme "un gros tronc avec très peu de branches".
Mais depuis les années quatre-vingt, les découvertes de gisements de fossiles se sont multipliées, et avec elles, le nombre d'espèces ou de sous-espèces du genre Homo. L'histoire évolutionnaire de l'homme est alors passée d'une ligne à un arbre à plusieurs branches. De plus, des espèces que nous rangions parmi nos ancêtres se sont révélées être de défunts cousins.
Par exemple, nombreux Australopithèques (afarensis, robustus, boisei, africanus, aethiopicus) appartiennent à une branche de l'arbre évolutif, différente de celle qui mène à l'Homo sapiens.
Pourtant, bien qu'elle n'intègre pas les découvertes de ces dernières années, cette théorie simpliste de l'autoroute évolutive est parfois encore enseignée de nos jours.
La théorie de l'espèce unique
L'histoire évolutionnaire de l'homme est un arbre aux nombreuses branches.
Autre erreur souvent évoquée : la "théorie de l'espèce unique". Jusqu'en 1980, certains chercheurs défendent cette hypothèse selon laquelle une seule espèce d'hominidé peut exister à la fois.
Or, les fossiles disent le contraire : des espèces d'hominidés ont cohabité. On sait par exemple que vers -2 millions d'années vivaient dans les mêmes régions d'Afrique de l'Est des Paranthropus, des Homo rudolfensis et des Homo habilis.
Un buisson fourni : la grande famille des hominidés
Puisque l'homme n'est pas au bout d'une unique ligne continue, mais sur une branche d'un buisson fourni et puisque plusieurs espèces ont partagé les mêmes terres au même moment, nous avons des cousins. Ils sont même nombreux. disparus aujourd'hui.
On les regroupe dans la famille des hominidés : elle comprend les hommes actuels et les hommes fossiles. Parmi eux, on trouve l'Ardipithèque (Toumai et Orrorin). On y compte aussi pas moins de 9 espèces d'Australopithèques. Réparties en 3 genres, elles apparaissent et disparaissent en Afrique entre 4,2 et 1 million d'années. Plus tard, vers -2,5 millions d'années, on dénombre au moins 7 Homos. Mais cette liste ne cesse de s'allonger au gré des découvertes.
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Re: Science > Biologie > Dossiers > L'hominisation en 10 idées
10. L'homme est un aboutissement évolutif
Deux erreurs encore couramment entendues : l'homme est au sommet de la pyramide de l'évolution, et l'espèce humaine est bien plus évoluée que tout autre animal.
En 1619, Lucilio Vanini est brûlé vif pour avoir comparé l'homme aux animaux. Eh oui, il a fallu longtemps pour que l'homme soit considéré comme un animal ! D'ailleurs, lorsque Darwin énonce sa théorie de l'évolution, c'est un choc pour les consciences, notamment pour les personnes attachées à la religion et à la création divine.
Même aujourd'hui, alors que l'évolution est un fait scientifique admis, l'homme semble garder une place à part : ce serait un "animal plus". Il serait sorti de son animalité grâce à l'outil, à l'art, à la philosophie… Pourtant, remettre les pieds de l'Homme dans la nature au sein des autres animaux n'a rien de péjoratif. Cela ne nie pas non plus ce qui fait la spécificité de l'homme.
L'homme n'est pas au sommet
Nombreux sont également ceux qui voient l'hominisation comme une échelle sur laquelle les générations successives d'hominidés n'auraient fait que gravir des échelons pour arriver au sommet que constitue l'homme.
Historiquement, l'homme a eu du mal à admettre qu'il partage de nombreux points communs avec le chimpanzé, et notamment 99% de ses gènes.
Au XXè siècle, la systématique moléculaire se préoccupe d'établir des relations de parenté entre espèces, puis de reconstituer leur histoire évolutive. Elle conduit à abandonner toute considération hiérarchique des relations entre les espèces. C'est une nouvelle révolution qui consiste à réaliser que les chimpanzés sont aussi proches de nous génétiquement que des autres grands singes. Et plus proches de nous que d'autres animaux…
Autrement dit, l'homme n'est pas en haut d'une échelle ou d'une pyramide, mais sur une des nombreuses branches de l'arbre du vivant. Aucune espèce actuelle ne se révèle plus ou moins archaïque ou évoluée que la nôtre. Aucune n'est restée en panne d'évolution.
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