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Message par crodan00 Lun 17 Mai - 4:19

LE RENARD ET LES POULETS D’INDE


Jean de la Fontaine - Page 5 Repoul10

Contre les assauts d'un renard
Un arbre à des dindons servait de citadelle.
Le perfide ayant fait tout le tour du rempart,
Et vu chacun en sentinelle,
S'écria : Quoi ces gens se moqueront de moi !
Eux seuls seront exempts de la commune loi !
Non, par tous les Dieux, non ! Il accomplit son dire.
La lune, alors luisant, semblait, contre le Sire,
Vouloir favoriser la dindonnière gent (1).
Lui qui n'était novice au métier d'assiégeant
Eut recours à son sac de ruses scélérates,
Feignit vouloir gravir, se guinda sur ses pattes,
Puis contrefit le mort, puis le ressuscité.
Harlequin (2) n'eût exécuté
Tant de différents personnages.
Il élevait sa queue, il la faisait briller,
Et cent mille autres badinages.
Pendant quoi nul Dindon n'eût osé sommeiller :
L'ennemi les lassait en leur tenant la vue
Sur même objet toujours tendue.
Les pauvres gens étant à la longue éblouis (3),
Toujours il en tombait quelqu'un : autant de pris,
Autant de mis à part ; près de moitié succombe.
Le Compagnon les porte en son garde-manger.
Le trop d'attention qu'on a pour le danger
Fait le plus souvent qu'on y tombe.


La description des différentes ruses du renard
dans les fables est le résultat de plusieurs emprunts. La façon dont le renard fascine les poules vient peut-être de Kenelm Digby "Demonstratio immortalitatis animae rationalis", traduite en latin (1651 et 1655), et la
façon dont il bat l'arbre avec la queue, de J.B. Duhamel dans le "De corpore animato". Nicolas Denys dans "Description géographique et historique des costes de l'Amérique septentrionale" 1672, décrit les outardes et les canards comme suit : "sots" animaux qui se laissent prendre aux manœuvres habiles du renard sur les rives de la mer.
"Les "poulets d'Inde" de L.F. sont donc des outardes d'Amérique du Nord"( M.Fumaroli, L.F., fables)
Ici encore, L.F. plaide contre la théorie de Descartes sur
"les animaux-machines". Nous assistons à une séance
d'hypnose menée par le renard qui fait tomber ses proies
épuisées d'avoir mobilisé leur attention.

(1) Ce n'est pas la première fois que nous voyons les espèces animales élevées au rang de nations : "la gent marcassine" "la gent aiglonne" "la gent marécageuse"..; évocations burlesques bien sûr
(2) Personnage de la comédie italienne. S'écrit avec un H jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
(3) Hypnotisés, pris d'étourdissements
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Message par crodan00 Mar 18 Mai - 3:58

Le Renard?le Loup et le Cheval


Jean de la Fontaine - Page 5 Relouc10

Un Renard jeune encor, quoique des plus madrés(1),
Vit le premier cheval qu'il eût vu de sa vie.
Il dit à certain Loup, franc novice : " Accourez,
Un animal paît dans nos prés,
Beau, grand ; j'en ai ma vue encore toute ravie.
Est-il plus fort que nous ? dit le Loup en riant.
Fais-moi son portrait, je te prie.
Si j'étais quelque peintre ou quelque étudiant,
Repartit le Renard, j'avancerais la joie
Que vous aurez en le voyant.
Mais venez. Que sait-on ? peut-être est-ce une proie
Que la Fortune nous envoie.
Ils vont ; et le Cheval, qu'à l'herbe on avait mis,
Assez peu curieux de semblables amis,
Fut presque sur le point d'enfiler la venelle (2).
Seigneur, dit le Renard, vos humbles serviteurs
Apprendraient volontiers comment on vous appelle.
Le Cheval, qui n'était dépourvu de cervelle,
Leur dit : Lisez mon nom, vous le pouvez, messieurs ;
Mon Cordonnier l'a mis autour de ma semelle."
Le Renard s'excusa sur son peu de savoir.
Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire ;
Ils sont pauvres et n'ont qu'un trou (3) pour tout avoir ;
Ceux du Loup, gros Messieurs, l'ont fait apprendre à lire."
Le Loup, par ce discours flatté,
S'approcha ; mais sa vanité
Lui coûta quatre dents : le Cheval lui desserre (4)
Un coup ; et haut le pied (5). Voilà mon (6) Loup par terre,
Mal en point, sanglant et gâté (7).
Frère, dit le Renard, ceci nous justifie
Ce que m'ont dit des gens d'esprit :
Cet animal vous a sur la mâchoire écrit
Que de tout inconnu le sage se méfie.


Contexte à l’époque de La Fontaine :
1 juillet 1684 : c'est le jour de la Réception de Boileau
à l'Académie Française. La Fontaine y est admis officiellement depuis le 2 mai.
Après le "Discours" du nouveau reçu, suivi de la réponse
du Directeur, quelques "Immortels" lisent une de leurs
récentes oeuvres. Le "Mercure galant" rapporte que
L.F. " régala les auditeurs d'une fable que l'on écouta
deux fois avec beaucoup de plaisir", et "qui a fini la séance";
c'est " Le Renard, le Loup et le Cheval", fable ci-contre.
Cet apologue avait été traité par Régnier (Satire III).
Plusieurs auteurs italiens du XVIIème avaient illustré
la morale "Tous ceux qui ont des lettres ne sont pas
pour autant des sages".

(1) rusé
(2) s'enfuir
(3) terrier
(4) décoche
(5)" On dit de ceux qu'on fait partir brusquement :
buvez un coup et haut le pied" (Furetière) Le cheval
se sauve, au galop.
(6) signe de complicité entre le conteur, son public,
et les personnages
(7) en piteux état
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Message par crodan00 Mer 19 Mai - 3:10

LE RENARD, LE SINGE ET LES ANIMAUX


Jean de la Fontaine - Page 5 Rensig10

Les Animaux, au décès d'un Lion,
En son vivant Prince de la contrée,
Pour faire un Roi s'assemblèrent, dit-on.
De son étui la couronne est tirée :
Dans une chartre (1) un Dragon la gardait.
Il se trouva que sur tous essayée,
A pas un d'eux elle ne convenait.
Plusieurs avaient la tête trop menue,
Aucuns (2) trop grosse, aucuns même cornue.
Le Singe aussi fit l'épreuve en riant ;
Et par plaisir la tiare (3) essayant,
Il fit autour force grimaceries, (4)
Tours de souplesse, et mille singeries,
Passa dedans ainsi qu'en un cerceau.
Aux Animaux cela sembla si beau,
Qu'il fut élu : chacun lui fit hommage.
Le Renard seul regretta (5) son suffrage,
Sans toutefois montrer son sentiment.
Quand il eut fait son petit compliment,
Il dit au Roi : Je sais, Sire, une cache,
Et ne crois pas qu'autre que moi la sache.
Or tout trésor, par droit de royauté,
Appartient, Sire, à Votre Majesté.
Le nouveau roi bâille (6) après la finance ;
Lui-même y court pour n'être pas trompé.
C'était un piège : il y fut attrapé.
Le Renard dit, au nom de l'assistance :
Prétendrais-tu nous gouverner encor,
Ne sachant pas te conduire toi-même ?
Il fut démis (7); et l'on tomba d'accord
Qu'à peu de gens convient le diadème.



Sources : Esope : Le Renard, le Singe et les Animaux.
(Vulpes et simius, Nevelet, p.112)
La fable est écrite en décasyllabes (vers de 10 "pieds")

(1) vieux mot qui signifiait une prison (dict. Furetière) ; ici, il s'agit plutôt d'une chambre forte.
(2) certains
Sorte d'ornement de tête en forme de mitre ou de couronne dont se servaient les anciens rois de Perse (Richelet)
(4) semble être un mot inventé par LF pour la rime
(5) donna à regret
(6) aspire avidement à ...(l'argent)
(7) destitué
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Message par crodan00 Jeu 20 Mai - 5:12

Le Renard les Mouches et le Hérisson


Jean de la Fontaine - Page 5 Renmou10

Aux traces de son sang, un vieux hôte des bois,
Renard fin, subtil et matois,
Blessé par des Chasseurs, et tombé dans la fange (1),
Autrefois attira ce parasite ailé
Que nous avons mouche appelé.
Il accusait les Dieux, et trouvait fort étrange
Que le sort à tel point le voulut affliger,
Et le fit aux mouches manger.
Quoi! se jeter sur moi, sur moi le plus habile
De tous les hôtes des forêts ?
Depuis quand les Renards sont-ils un si bon mets ?
Et que me sert ma queue ? Est-ce un poids inutile ?
Va ! le ciel te confonde, animal importun ;
Que ne vis-tu sur le commun (2) !
Un hérisson du voisinage,
Dans mes vers nouveau personnage,
Voulut le délivrer de l'importunité
Du peuple plein d'avidité :
Je les vais de mes dards enfiler par centaines,
Voisin Renard, dit-il, et terminer tes peines.
Garde-t'en bien, dit l'autre ; ami, ne le fais pas :
Laisse-les, je te prie, achever leur repas.
Ces animaux sont soûls (3) ; une troupe nouvelle
Viendrait fondre sur moi, plus âpre et plus cruelle.

Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas :
Ceux-ci sont courtisans, ceux-là sont magistrats.
Aristote (4) appliquait cet apologue aux hommes.
Les exemples en sont communs,
Surtout au pays où nous sommes.
Plus telles gens sont pleins (3)(5), moins ils sont importuns.



voici "Le renard, les mouches et le hérisson" , dont l'original ésopique nous a été transmis par Aristote ("Rhétorique", livreII) et par Plutarque. C'est Aristote qu'a suivi L.F.
Au cours de la fable, L.F. nous présente un
acteur novice dont c'est la première apparition sur scène : le hérisson.
C'est, pour L.F., une façon de renforcer l'idée d'un univers théâtral dans lequel nous sommes plongés.
"On a ici une allégorie de l'étrange système financier de l'Ancien Régime" (M.Fumaroli, Fables)

(1) Ce mot se dit proprement de la bourbe des chemins
de campagne (Richelet)
(2) peuple, multitude (Richelet)
(3) rassasiés
(4) ou plutôt Esope, selon la "Rhétorique" d'Aristote :
"De même, poursuivit Esope, ô Samiens, cet homme
désormais ne vous nuira plus, car il est riche ; mais si vous
le mettez à mort, d'autres viendront que leur pauvreté poussera à vous voler et àdissiper les deniers publics" (notes, J.P. Collinet, la Pléiade)
(5) cet hémistiche est une application remarquable de la règle disant que "gens" veut au féminin les adjectifs qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent.
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Message par crodan00 Ven 21 Mai - 4:26

RIEN DE TROP (1)


Jean de la Fontaine - Page 5 Rientr10
Jean de la Fontaine - Page 5 Rientr11
Jean de la Fontaine - Page 5 Rientr12

Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament (2)
Que le maître de la nature
Veut que l'on garde en tout. Le fait-on ? Nullement.
Soit en bien, soit en mal, cela n'arrive guère.
Le blé, riche présent de la blonde Cérès
Trop touffu bien souvent épuise les guérets ;
En superfluités s'épandant d'ordinaire,
Et poussant trop abondamment,
Il ôte à son fruit l'aliment (3) .
L'arbre n'en fait pas moins ; tant le luxe (4) sait plaire !
Pour corriger le blé, Dieu permit aux moutons
De retrancher l'excès des prodigues moissons.(5)
Tout au travers ils se jetèrent,
Gâtèrent tout, et tout broutèrent,
Tant que le Ciel permit aux loups
D'en croquer quelques-uns : ils les croquèrent tous ;
S'ils ne le firent pas, du moins ils y tâchèrent.
Puis le Ciel permit aux humains
De punir ces derniers : les humains abusèrent
À leur tour des ordres divins.
De tous les animaux (5)l'homme a le plus de pente
À se porter dedans l'excès.
Il faudrait faire le procès
Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante
Qui ne pèche en ceci. Rien de trop est un point
Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.


Source : Abstemius, fable 187 : Les moutons qui tondaient les moissons de façon immodérée.
(1) Le titre de la fable était le formule de sagesse, inscrite au fronton du temple de Delphes

La fin de la fable laisse percevoir la clef d'un ordre cosmologique où les excès opposés se compensent mutuellement [...] Les âmes vivantes n'échappent pas à cette loi qui préside à tous les phénomènes naturels. L.F. semble suggérer, en épicurien, que même le sage qui connaît cette loi ne peut tout à fait se soustraire aux déséquilibres sans lesquels il n'est pas d'équilibre vivant (M. Fumaroli, Fables, éd. La Pochothèque, p. 927)


(2) modération, adoucissement (Richelet)
(3) il a poussé en herbe au détriment du grain.
(5) Virgile ( Géorgiques, I,3, conseille de faire brouter les jeunes blés par les moutons...)
(4) la luxuriance
(5) les êtres animés
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Message par crodan00 Lun 24 Mai - 3:41

LE RIEUR ET LES POISSONS


Jean de la Fontaine - Page 5 Rieurp10

On cherche les Rieurs ; et moi je les évite.
Cet art veut sur tout autre un suprême mérite.
Dieu ne créa que pour les sots
Les méchants diseurs de bons mots.
J'en vais peut-être en une Fable
Introduire un ; peut-être aussi
Que quelqu'un trouvera que j'aurai réussi.

Un Rieur était à la table
D'un Financier ; et n'avait en son coin
Que de petits poissons : tous les gros étaient loin.
Il prend donc les menus, puis leur parle à l'oreille,
Et puis il feint à la pareille, (1)
D'écouter leur réponse. On demeura surpris :
Cela suspendit les esprits.
Le Rieur alors d'un ton sage
Dit qu'il craignait qu'un sien ami
Pour les grandes Indes(2) parti,
N'eût depuis un an fait naufrage.
Il s'en informait donc à ce menu fretin :
Mais tous lui répondaient qu'ils n'étaient pas d'un âge
A savoir au vrai son destin ;
Les gros en sauraient davantage.
N'en puis-je donc, Messieurs, un gros interroger ?
De dire si la compagnie
Prit goût à la plaisanterie,
J'en doute ; mais enfin, il les sut engager (3)
A lui servir d'un monstre assez vieux pour lui dire
Tous les noms des chercheurs de mondes inconnus
Qui n'en étaient pas revenus,
Et que depuis cent ans sous l'abîme avaient vus
Les anciens du vaste empire.


Sources : L'Homme qui interrogeait les petits poissons sur la mort de son père, Nevelet p.584

(1) pareillement, de la même manière
(2) l'Amérique
(3) obliger
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Message par crodan00 Mar 25 Mai - 3:47

LE SATYRE ET LE PASSANT


Jean de la Fontaine - Page 5 Satyrp10

Au fond d'un antre sauvage
Un Satyre et ses enfants
Allaient manger leur potage,
Et prendre l'écuelle aux dents (1).

On les eût vus (2) sur la mousse,
Lui, sa Femme, et maint Petit ;
Ils n'avaient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit .

Pour se sauver de la pluie,
Entre un Passant morfondu.
Au brouet on le convie.
Il n'était pas attendu.

Son H ôte n'eut pas la peine
De le semondre (3) deux fois.
D'abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts .

Puis sur le mets qu'on lui donne,
Délicat, il souffle aussi.
Le Satyre s'en étonne :
Notre hôte, à quoi bon ceci ?

L'un refroidit mon potage;
L'autre réchauffe ma main.
Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre votre chemin .

Ne plaise aux Dieux que je couche
Avec vous sous même toit !
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid (4)!"



Voici une fable faite de quatrains d'heptasyllabes (7 pieds chacun).
La Fontaine s'est inspiré d'Esope "L'homme
et le satyre".

(1) ils mangent sans cuiller, de façon rustre et avec appétit
(2) on aurait pu les voir
(3) prier avec insistance,
(4) ceux qui sont "doubles", dont l'attitude est ambiguë
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Message par crodan00 Mer 26 Mai - 4:48

LE SAVETIER (1) ET LE FINANCIER


Jean de la Fontaine - Page 5 Saveti10

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages (2),
Plus content qu'aucun des Sept Sages (3) .
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or(4),
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour, parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
Et le Financier se plaignait
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le Chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? Par an ? Ma foi, monsieur,
Dit avec un ton de rieur
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année :
Chaque jour amène son pain.
Et bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
Tantôt plus, tantôt moins, le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chommer (5) ; on nous ruine en fêtes .
L'une fait tort à l'autre ; et monsieur le Curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône (5).
Le Financier, riant de sa naïveté,
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait, depuis plus de cent ans
Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôte les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet; et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : à la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus.
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.


Sources :
Un passage d'une épître d'Horace et une nouvelle de Bonaventure Des Périers ont inspiré La Fontaine. Chez Des Périers, le savetier Blondeau jette dans la rivière le pot rempli d'argent qu'il avait trouvé et qui lui avait fait perdre insouciance et gaîté. chez Horance, l'orateur Philippe donne de l'argent au crieur public Volteius Mena qui finit par renoncer à ce cadeau source de souci..

(1) (1213, çavetier), dérivé de "savate" signifie raccomodeur de souliers. Ce mot, sorti d'usage a été remplacé par cordonnier.

(2) "se dit aussi en musique d'un certain roulement de la voix qui se fait en passant d'une note à l'autre" (dic. Acad. 1694), donc trilles ou vocalises.

(3) Nom de sept personnages, philosophiques ou tyrans (VIème av. J.C.) qui contribuèrent au rayonnement de la civilisation grecque. Les plus célèbres sont Thalès de Milet et Solon d'Athènes.

(4) Allusion aux pièces d'or cachées dans les coutures des vêtements.

(5) Allusion à l'actualité de l'époque : Louis XIV et Colbert en avaient diminué le nombre, 17 avaient été supprimées vers 1664, il en restait 38

(6) Les fêtes sont annoncées dans le prône (l'homélie) de la messe du dimanche
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Message par crodan00 Jeu 27 Mai - 3:13

LE SERPENT ET LA LIME


Jean de la Fontaine - Page 5 Serpli10

On conte qu'un Serpent voisin d'un Horloger
(C'était pour l'Horloger un mauvais voisinage),
Entra dans sa boutique, et cherchant à manger,
N'y rencontra pour tout potage
Qu'une Lime d'acier qu'il se mit à ronger.
Cette Lime lui dit, sans se mettre en colère :
Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?
Tu te prends à plus dur que toi.
Petit serpent à tête folle,
Plutôt que d'emporter de moi
Seulement le quart d'une obole, (1)
Tu te romprais toutes les dents :
Je ne crains que celles du temps.

Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui n'étant bons à rien cherchez sur tout à mordre.
Vous vous tourmentez vainement.
Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
Sur tant de beaux ouvrages ? (2)
Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant .


Les sources de cette fable se trouvent chez Esope :
"La belette et la lime", "La vipère et la lime" et chez
Phèdre (IV, Cool.


En 1666 Boileau venait de publier ses premières
"Satires" et était en butte à de violentes attaques.
Est-ce pour cela que La Fontaine a composé
cette fable afin de le défendre contre ses ennemis ?

(1) en termes de médecine, poids de dix grains...(Richelet)
(2) La Fontaine s'indigne ici contre les critiques.
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Message par crodan00 Ven 28 Mai - 5:12

LE SINGE


Jean de la Fontaine - Page 5 Singe10

Il est un singe dans Paris
A qui l'on avait donné Femme.
Singe en effet d'aucuns maris,
Il la battait. La pauvre Dame
En a tant soupiré qu'enfin elle n'est plus.
Leur Fils se plaint d'étrange sorte,
Il éclate en cris superflus :
Le Père en rit : sa femme est morte.
Il a déjà d'autres amours,
Que l'on croit qu'il battra toujours.
Il hante la taverne, et souvent il s'enivre.
N'attendez rien de bon du Peuple imitateur (1),
Qu'il soit singe ou qu'il fasse un livre :
La pire espèce, c'est l'auteur.


Le thème du plagiat, traité dans la fable "Le Singe" a déjà été évoqué par L.F. dans "Le Geai paré des plumes du Paon" (IV, 9).
Ici, il montre un peu plus d'exaspération...
Le plagiaire serait (peut-être...) Furetière.
Les sources de cette fable sont inconnues.
Le singe imite tout de la nature humaine...

(1) Horace : "servum pecus" (Epitres , I )
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Message par crodan00 Dim 30 Mai - 8:15

LE SINGE ET LE CHAT


Jean de la Fontaine - Page 5 Singch10
Bertrand avec Raton, l’un Singe, et l’autre Chat,
Commensaux (1) d’un logis, avaient un commun Maître.
D’animaux malfaisants c’était un très bon plat (2) ;
Ils n’y craignaient tous deux aucun (3), quel qu’il pût être.
Trouvait-on quelque chose au logis de gâté ?
L’on ne s’en prenait point aux gens du voisinage.
Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté
Était moins attentif aux souris qu’au fromage.
Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons
Regardaient rôtir des marrons ;
Les escroquer était une très bonne affaire
Nos galands (4) y voyaient double profit à faire,
Leur bien premièrement, et puis le mal d’autrui.
Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd’hui
Que tu fasses un coup de maître.
Tire-moi ces marrons ; si Dieu m’avait fait naître
Propre à tirer marrons du feu,
Certes marrons verraient beau jeu.
Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,
D’une manière délicate,
Écarte un peu la cendre, et retire les doigts,
Puis les reporte à plusieurs fois ;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.
Et cependant (5) Bertrand les croque.
Une servante vient : adieu mes gens. Raton
N’était pas content, ce dit-on,
Aussi (6) ne le sont pas la plupart de ces Princes
Qui, flattés d’un pareil emploi,
Vont s’échauder (7) en des Provinces,
Pour le profit de quelque Roi.


Sources : Il paraît difficile de choisir entre Les jours caniculaires de S. Maioli, traduit en français par F. de Rosset en 1609, où la scène est à Rome chez le pape Jules II, et J.Régnier Apologi Phaedrii, 1643. Chez ces auteurs, le singe se sert de force de la patte du chat pour retirer les marrons du feu. Chez La Fontaine, le singe use de persuasion : le moraliste sait bien qu'en faisant appel à la vanité on fait agir les gens aussi bien que par la contrainte (G. Couton, classiques Garnier, fables, p.507).
La duperie est d'autant plus réussie que l'intervention de la servante (qui joue ici le rôle de l'ironique Fortune) empêche le chat de se rendre même compte qu'il a été dupe : le dupeur et le dupé communiquent dans le même mécontentement. Ce ressac piquant du récit est encore de l'invention de La Fontaine (M. Fumaroli, Fables, La Pochothèque, p. 932)

(1) officiers du roi qui étaient nourris à la cour
(2) on disait à l'époque de 2 ou 3 personnes de même "génie", qui ne valaient pas grand-chose : voilà un bon plat.
(3) dans l'idée de mal faire, ils ne craignaient personne
(4) à prendre dans le sens : habile, adroit, qui réussit bien dans ses affaires
(5) pendant ce temps
(6) de même
(7) référence à Raton qui s'est brûlé la patte
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Message par crodan00 Lun 31 Mai - 5:12

LE SINGE ET LE DAUPHIN


Jean de la Fontaine - Page 5 Dauphi13

C'était chez les Grecs un usage
Que sur la mer tous voyageurs
Menaient avec eux en voyage
Singes et chiens de bateleurs.
Un navire en cet équipage
Non loin d'Athènes fit naufrage.
Sans les Dauphins tout eût péri.
Cet animal est fort ami
De notre espèce : en cette Histoire
Pline (1) le dit ; il le faut croire.
Il sauva donc tout ce qu'il put.
Même un Singe en cette occurence,
Profitant de la ressemblance,
Lui pensa devoir son salut :
Un Dauphin le prit pour un homme,
Et sur son dos le fit asseoir
Si gravement qu'on eût cru voir
Ce chanteur que tant on renomme.
Le Dauphin l'allait mettre à bord,
Quand, par hasard, il lui demande :
Êtes-vous d'Athènes la grande?
Oui, dit l'autre, on m'y connaît fort ;
S'il vous y survient quelque affaire,
Employez-moi; car mes parents
Y tiennent tous les premiers rangs :
Un mien cousin est Juge-Maire.
Le Dauphin dit : Bien grand merci :
Et le Pirée (2) a part aussi
À l'honneur de votre présence ?
Vous le voyez souvent, je pense?
Tous les jours : il est mon ami ;
C'est une vieille connaissance.
Notre Magot (3) prit, pour ce coup,
Le nom d'un port pour un nom d'homme.
De telles gens il est beaucoup,
Qui prendraient Vaugirard (4) pour Rome,
Et qui, caquetants au plus dru (5),
Parlent de tout et n'ont rien vu .
Le Dauphin rit, tourne la tête,
Et le Magot considéré,
Il s'aperçoit qu'il n'a tiré
Du fond des eaux rien qu'une bête.
Il l'y replonge, et va trouver
Quelque homme afin de le sauver


Le sujet de la fable était le thème d'un décor du Labyrinthe de Versailles. (Trente neuf fontaines illustrant les fables,
un bosquet...) .
La source est Esope (même titre)

(1) Pline l'Ancien cite l'histoire d'Arion, poète, qui fut sauvé par un dauphin : il s'était jeté dans la mer pour échapper aux matelots qui voulaient le tuer
(2) port d'Athènes
(3) A l'époque, Vaugirard était un village aux environs de Paris
(5) au plus vite
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Message par crodan00 Mar 1 Juin - 4:43

LE SINGE ET LE LEOPARD


Jean de la Fontaine - Page 5 Lafont10


Le Singe avec le Léopard
Gagnaient de l’argent à la foire
Ils affichaient (1) chacun à part.
L’un d’eux disait : Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu ; le Roi m’a voulu voir ;
Et si je meurs il veut avoir
Un manchon de ma peau ; tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée (2), et mouchetée.
La bigarrure plaît ; partant chacun le vit.
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Le Singe de sa part disait : Venez de grâce,
Venez messieurs. Je fais cent tours de passe-passe.
Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l’a sur soi seulement ;
Moi, je l’ai dans l’esprit : votre serviteur Gille,
Cousin et gendre de Bertrand,
Singe du Pape en son vivant,
Tout fraîchement en cette ville
Arrive en trois bateaux, exprès pour vous parler;
Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller(3),
Faire des tours de toute sorte,
Passer en des cerceaux; et le tout pour six blancs !(4)
Non messieurs, pour un sou; si vous n’êtes contents
Nous rendrons à chacun son argent à la porte.
Le Singe avait raison; ce n’est pas sur l’habit
Que la diversité me plaît, c’est dans l’esprit
L’une fournit toujours des choses agréables ;
L’autre en moins d’un moment lasse les regardants.(5)
Ô ! que de grands Seigneurs, au Léopard semblables,
N’ont que l’habit pour tous talents !



La source de cette fable se trouve chez Esope "Le renard et la panthère", mais plusieurs versions de cette fable existent, l'original, perdu, serait de Babrius. Le sujet a aussi été traité chez Avianus, Haudent...
La morale chez Esope dit : La fable montre que les ornements de la pensée valent mieux que la beauté du corps. (Esope, fables, traduction de Daniel Loayza, GF-Flammarion.)

(1) leurs images faisaient l'objet de deux affiches différentes
(2) allusion à une étoffe rayée de diverses couleurs (du latin virga,verge, baguette, raie)
(3) il sait prendre les poses du danseur de ballet.
(4) petite monnaie valant 5 deniers.
(5) signifie : les spectateurs.
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Message par crodan00 Mer 2 Juin - 5:26

Le Soleil et les Grenouilles


Jean de la Fontaine - Page 5 Solgre10

Les Filles du limon (1) tiraient du Roi des astres
Assistance et protection (2).
Guerre ni pauvreté, ni semblables désastres
Ne pouvaient approcher de cette Nation.
Elle faisait valoir en cent lieux son empire.
Les reines des étangs, Grenouilles veux-je dire,
Car que coûte-t-il d'appeler
Les choses par noms honorables ?
Contre leur bienfaicteur osèrent cabaler (3),
Et devinrent insupportables.
L'imprudence, l'orgueil, et l'oubli des bienfaits,
Enfants de la bonne fortune,
Firent bientôt crier cette troupe importune ;
On ne pouvait dormir en paix :
Si l'on eût cru leur murmure,
Elles auraient par leurs cris
Soulevé grands et petits
Contre l'œil de la Nature (4).
Le Soleil, à leur dire, allait tout consumer ;
Il fallait promptement s'armer,
Et lever des troupes puissantes.
Aussitôt qu'il faisait un pas,
Ambassades croassantes (5)
Allaient dans tous les Etats.
A les ouïr, tout le monde,
Toute la machine ronde (6)
Roulait sur les intérêts
De quatre méchants (7) marais.
Cette plainte téméraire
Dure toujours ; et pourtant
Grenouilles devraient se taire,
Et ne murmurer pas tant :
Car si le Soleil se pique (Cool,
Il le leur fera sentir.
La République aquatique
Pourrait bien s'en repentir.


Cette fable, ainsi que La Ligue des Rats, n'ont pas été reprises par La Fontaine dans ses recueils, mais publiées de son vivant. La fable de titre identique est la douzième du livre VI.

Elle est l' imitation d'une allégorie latine du Père Commire, qui collaborait à la campagne d'opinion contre les Provinces-Unies, publiée en 1672, de titre identique; La Fontaine ne l'a publiée sous son nom qu'en 1693, après l'avoir publiée auparavant, en feuille volante (1672), seulement revêtue de ses initiales D.L.F.

(1) Les grenouilles, filles du limon : les Hollandais
(2) Le roi des astres : le soleil : Louis XIV
(3) faire des pratiques secrètes
(4) le soleil
(5) pour coassantes : c'est le corbeau qui "croasse"
(6) la terre
(7) insignifiants, méprisables
(Cool se fâche
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Message par crodan00 Jeu 3 Juin - 4:47

Le Songe d'un habitant du Mogol (1)


Jean de la Fontaine - Page 5 Songmo10

Jadis certain Mogol (1a) vit en songe un Vizir
Aux champs Elysiens (2) possesseur d'un plaisir
Aussi pur qu'infini, tant en prix qu'en durée ;
Le même songeur vit en une autre contrée
Un Ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l'ordinaire ;
Minos (3) en ces deux morts semblait s'être mépris.
Le dormeur s'éveilla, tant il en fut surpris.
Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère,
Il se fit expliquer l'affaire.
L'interprète lui dit : Ne vous étonnez point ;
Votre songe a du sens ; et, si j'ai sur ce point
Acquis tant soit peu d'habitude,
C'est un avis des Dieux. Pendant l'humain séjour,
Ce Vizir quelquefois cherchait la solitude ;
Cet Ermite aux Vizirs allait faire sa cour.

Si j'osais ajouter au mot de l'interprète,
J'inspirerais ici l'amour de la retraite :
Elle offre à ses amants des biens sans embarras,
Biens purs, présents du Ciel, qui naissent sous les pas.
Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ?
Oh ! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles !
Quand pourront les neuf Soeurs (4) , loin des cours et des villes,
M'occuper tout entier, et m'apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes,
Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets !
Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
La Parque à filets d'or n'ourdira point ma vie(5) ;
Je ne dormirai point sous de riches lambris ;
Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
En est-il moins profond, et moins plein de délices ?
Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices.(6)
Quand le moment viendra d'aller trouver les morts,
J'aurai vécu sans soins (7), et mourrai sans remords.(Cool


Le point de départ est fourni par le poète persan Saadi : Gulistan ou l'Empire des roses traduit en 1634. A cette source orientale pour le récit, s'adjoignent pour le commentaire les souvenirs classiquesd'un passage des Géorgiques de Virgile. (d'après les notes de J.P. Collinet, La Fontaine, oeuvres complètes, La Pléiade, p. 1264)

(1)(1a) L'Empire du grand Mogol, qui s'étendait sur l'Asie centrale et l'Inde ; ici, il s'agit d'un habitant de l'Empire
(2) ou Elyséens : le séjour des morts et des âmes pures dans l'Antiquité
(3) juge des Enfers dans la mythologie
(4) les Muses
(5) ne tissera pas la trame de ma vie
(6)
(7) sans les inquiétudes que donnent cupidité ou ambition
(Cool sans remords puisqu'il aura mené dans la retraite la vie studieuse et innocente du sage
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Message par crodan00 Ven 4 Juin - 5:16

LES SOUHAITS


Jean de la Fontaine - Page 5 Souhai10

Il est au Mogol (1) des Follets (2)
Qui font office de Valets,
Tiennent la maison propre, ont soin de l'équipage, (3)
Et quelquefois du jardinage.
Si vous touchez à leur ouvrage,
Vous gâtez tout. Un d'eux près du Gange autrefois
Cultivait le jardin d'un assez bon Bourgeois.
Il travaillait sans bruit, avait beaucoup d'adresse,
Aimait le maître et la maîtresse,
Et le jardin surtout. Dieu sait si les Zéphirs
Peuple ami du Démon l'assistaient dans sa tâche !
Le follet de sa part (4) travaillant sans relâche
Comblait ses hôtes de plaisirs.
Pour plus de marques de son zèle
Chez ces gens pour toujours il se fût arrêté, (5)
Nonobstant la légèreté
A ses pareils si naturelle ;
Mais ses confrères les Esprits
Firent tant que le chef de cette république,
Par caprice ou par politique,
Le changea bientôt de logis.
Ordre lui vient d'aller au fond de la Norvège
Prendre le soin d'une maison
En tout temps couverte de neige ;
Et d'Indou qu'il était on vous le fait Lapon.
Avant que de partir l'esprit dit à ses hôtes :
On m'oblige de vous quitter :
Je ne sais pas pour quelles fautes ;
Mais enfin il le faut, je ne puis arrêter
Qu'un temps fort court, un mois, peut-être une semaine.
Employez-la ; formez trois souhaits, car je puis
Rendre trois souhaits accomplis ;
Trois sans plus. Souhaiter, ce n'est pas une peine
Etrange et nouvelle aux humains.
Ceux-ci pour premier voeu demandent l'abondance ;
Et l'abondance, à pleines mains,
Verse en leurs coffres la finance,
En leurs greniers le blé, dans leurs caves les vins ;
Tout en crève. Comment ranger cette chevance ? (6)
Quels registres, quels soins, quel temps il leur fallut !
Tous deux sont empêchés si jamais on le fut.
Les voleurs contre eux complotèrent ;
Les grands Seigneurs leur empruntèrent ;
Le Prince les taxa. Voilà les pauvres gens
Malheureux par trop de fortune.
Otez-nous de ces biens l'affluence importune,
Dirent-ils l'un et l'autre ; heureux les indigents !
La pauvreté vaut mieux qu'une telle richesse.
Retirez-vous, trésors, fuyez ; et toi Déesse,
Mère du bon esprit, compagne du repos,
O médiocrité (7), reviens vite. A ces mots
La médiocrité revient ; on lui fait place ;
Avec elle ils rentrent en grâce,
Au bout de deux souhaits étant aussi chanceux
Qu'ils étaient, et que sont tous ceux
Qui souhaitent toujours et perdent en chimères
Le temps qu'ils feraient mieux de mettre à leurs affaires.
Le Follet en rit avec eux.
Pour profiter de sa largesse,
Quand il voulut partir et qu'il fut sur le point,
Ils demandèrent la sagesse ;
C'est un trésor qui n'embarrasse point.


Source : La Fontaine a pu tenir de François Bernier, revenu des Indes vers 1669, la tradition orientale...

(1) L'Empire du Grand Mogol (le prince mahométan le plus puissant des Indes) qui s'étendait sur l'Asie centrale et l'Inde
(2) sorte de lutin qui se divertit sans faire de mal
(3) le mobilier et les objets de la maison
(4) quant à lui
(5) fixé
(6) vieux mot : le bien d'une personne
(7) idée de juste mesure, moyen, donc aisance normale
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Message par crodan00 Sam 5 Juin - 2:39

Les Souris et le Chat-huant


Jean de la Fontaine - Page 5 Souchh10

Il ne faut jamais dire aux gens :
Ecoutez un bon mot, oyez une merveille.
Savez-vous si les écoutants (1)
En feront une estime à la vôtre pareille ?
Voici pourtant un cas qui peut être excepté :
Je le maintiens prodige, et tel que d'une fable
Il a l'air et les traits, encor que véritable.
On abattit un pin pour son antiquité,
Vieux palais d'un Hibou, triste et sombre retraite
De l'Oiseau qu'Atropos prend pour son interprète (2).
Dans son tronc caverneux, et miné par le temps,
Logeaient, entre autres habitants,
Force Souris sans pieds, toutes rondes de graisse.
L'Oiseau les nourrissait parmi des tas de blé,
Et de son bec avait leur troupeau mutilé.
Cet oiseau raisonnait, il faut qu'on le confesse.
En son temps aux Souris le compagnon chassa :
Les premières qu'il prit du logis échappées,
Pour y remédier, le drôle estropia
Tout ce qu'il prit ensuite. Et leurs jambes coupées
Firent qu'il les mangeait à sa commodité,
Aujourd'hui l'une, et demain l'autre.
Tout manger à la fois, l'impossibilité
S'y trouvait, joint aussi le soin de santé.
Sa prévoyance allait aussi loin que la nôtre ;
Elle allait jusqu'à leur porter
Vivres et grains pour subsister.
Puis, qu'un cartésien s'obstine
A traiter ce Hibou de monstre et de machine !
Quel ressort lui pouvait donner
Le conseil de tronquer (3) un peuple mis en mue ?
Si ce n'est pas là raisonner,
La raison m'est chose inconnue.
Voyez que d'arguments il fit.
Quand ce peuple est pris, il s'enfuit :
Donc il faut le croquer aussitôt qu'on le happe.
Tout : il est impossible. Et puis, pour le besoin
N'en dois-je pas garder ? Donc il faut avoir soin
De le nourrir sans qu'il échappe.
Mais comment ? Ôtons-lui les pieds. Or trouvez-moi
Chose par les humains à sa fin mieux conduite ?
Quel autre art de penser Aristote et sa suite
Enseignent-ils par votre foi?

Ceci n'est point une fable ; et la chose, quoique
merveilleuse et presque incroyable, est véritablement
arrivée. J'ai peut-être porté trop loin la prévoyance
de ce hibou ; car je ne prétends pas établir dans les bêtes un progrès (4) de raisonnement tel que celui-ci ; mais ces exagérations sont permises à la poésie, surtout dans la manière d'écrire dont je me sers.



Cette fable prolonge le "Discours à Mme de La Sablière" (IX)
dans lequel on touve quatre exemples par lesquels L.F. réfute la théorie de Descartes à propos des "animaux-machines" :
- Le Cerf qui déjoue ses poursuivants en brouillant
les pistes (avec quel art !)
- La Perdrix qui détourne sur elle l'attention du chasseur
pour sauver ses petits
- Les Castors qui construisent des maisons si solides
qu'elles résistent au courant des torrents
- Les boubaks (sortes de renards du grand nord) et leur savante stratégie
Après cette "remise en mémoire", voici :
"Les souris et le chat-huant" où L.F. dit son dernier mot
sur la question de l'intelligence animale.
L'exemple a été rapporté par Bernier dans son "Abrégé
de la philosophie de Gassendi" (Gassendi : 1592-1655
philosophe français ; ses travaux le conduisirent à
critiquer Descartes)

(1) les auditeurs
(2) souvenir possible d'Ovide "Métamorphoses" (V)
ou de Virgile, "Enéide" (IV). Dans l'Antiquité, le hibou
passait pour un oiseau de malheur et son cri était un
présage de mort. Atropos est celle des 3 Parques
qui coupait le fil de la vie
(3) mutiler
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Jean de la Fontaine - Page 5 Empty Re: Jean de la Fontaine

Message par crodan00 Lun 28 Juin - 4:10

LA SOURIS METAMORPHOSÉE EN FILLE


Jean de la Fontaine - Page 5 Sourfi10

Une Souris tomba du bec d'un Chat-huant :
Je ne l'eusse pas ramassée ;
Mais un Bramin (1) le fit ; je le crois aisément ;
Chaque pays a sa pensée (2).
La Souris était fort froissée (3) :
De cette sorte de prochain
Nous nous soucions peu : mais le peuple bramin
Le traite en frère ; ils ont en tête
Que notre âme au sortir d'un Roi,
Entre dans un ciron (4), ou dans telle autre bête
Qu'il plaît au sort. C'est là l'un des points de leur loi.
Pythagore (5) chez eux a puisé ce mystère.
Sur un tel fondement le Bramin crut bien faire
De prier un Sorcier qu'il logeât la Souris
Dans un corps qu'elle eût eu pour hôte au temps jadis.
Le sorcier en fit une Fille
De l'âge de quinze ans, et telle, et si gentille,
Que le fils de Priam (6) pour elle aurait tenté
Plus encor qu'il ne fit pour la grecque beauté.
Le Bramin fut surpris de chose si nouvelle.
Il dit à cet objet si doux :
Vous n'avez qu'à choisir ; car chacun est jaloux (7)
De l'honneur d'être votre époux.
En ce cas je donne, dit-elle,
Ma voix au plus puissant de tous.
Soleil, s'écria lors le Bramin à genoux,
C'est toi qui seras notre gendre.
Non, dit-il, ce nuage épais
Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits ;
Je vous conseille de le prendre.
Et bien, dit le Bramin au nuage volant,
Es-tu né pour ma fille ? Hélas non ; car le vent
Me chasse à son plaisir de contrée en contrée ;
Je n'entreprendrai point sur les droits de Borée.
Le Bramin fâché s'écria :
Ô vent donc, puisque vent y a,
Viens dans les bras de notre belle.
Il accourait : un mont en chemin l'arrêta.
L'éteuf (Cool passant à celui-là,
Il le renvoie, et dit : J'aurais une querelle
Avec le Rat, et l'offenser
Ce serait être fou, lui qui peut me percer.
Au mot de Rat la Damoiselle
Ouvrit l'oreille ; il fut l'époux.
Un Rat ! un Rat ; c'est de ces coups
Qu'Amour fait, témoin telle et telle :
Mais ceci soit dit entre nous.
On tient toujours du lieu dont on vient (9). Cette fable
Prouve assez bien ce point : mais à la voir de près,
Quelque peu de sophisme entre parmi ses traits :
Car quel époux n'est point au soleil préférable
En s'y prenant ainsi ? Dirai-je qu'un géant
Est moins fort qu'une puce ? elle le mord pourtant.
Le Rat devait aussi renvoyer pour bien faire
La belle au chat, le chat au chien,
Le chien au loup. Par le moyen
De cet argument circulaire (10),
Pilpay jusqu'au soleil eût enfin remonté ;
Le soleil eût joui de la jeune beauté.
Revenons s'il se peut, à la métempsycose (cf : (5) ) :
Le sorcier du Bramin fit sans doute une chose
Qui, loin de la prouver, fait voir sa fausseté.
Je prends droit là-dessus (11) contre le Bramin même :
Car il faut, selon son système,
Que l'homme, la souris, le ver, enfin chacun
Aille puiser son âme en un trésor commun :
Toutes sont donc de même trempe ;
Mais agissant diversement
Selon l'organe seulement
L'une s'élève, et l'autre rampe.
D'où vient donc que ce corps si bien organisé
Ne put obliger son hôtesse
De s'unir au Soleil, un Rat eut sa tendresse ?
Tout débattu, tout bien pesé,
Les âmes des Souris et les âmes des belles
Sont très différentes entre elles.
Il en faut revenir toujours à son destin,
C'est-à-dire, à la loi par le Ciel établie.
Parlez au diable, employez la magie,
Vous ne détournerez nul être de sa fin (12).


Sources : Pilpay (Le livre des lumières, p. 279-281). Cette histoire dérive du Panchatantra
Saint-Marc Girardin, dans La Fontaine et les fabulistes, T.2, p. 146-147 écrit : La souris métamorphosée en fille est à la fois un des récits les plus poétiques de L.F. et une de ces dissertations philosophiques qu'il aimait tant, qu'il faisait si bien, couvrant toujours le sérieux du fond sous l'agrément de la forme

(1) C'est un prêtre de la religion des Indiens idolâtres, successeurs des anciens brachmanes. [...] (Furetière)
(2) croyance
(3) meurtrie par la chute
(4) nom donné au XVIIe aux acariens, mites du fromage, de la farine..., considérés comme les plus petits animaux visibles à l'oeil nu
(5) philosophe et mathématicien grec du VIe siècle av. J.C. Sa doctrine de la métempsychose ( transmission après la mort de l'âme humaine dans un corps humain, animal ou végétal) lui serait venue de l'Inde
(6) Pâris, qui avait enlevé la belle Hélène, origine de la guerre de Troie
(7) désireux
(Cool la balle que se renvoient les joueurs au jeu de paume. Ici, c'est la fille qui est renvoyée de l'un à l'autre
(9) on est toujours marqué par ses origines
(10) qui tourne en rond
(11) je m'en rapporte à ces exemples
(12) sa destination


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Message par crodan00 Mar 29 Juin - 3:21

LE STATUAIRE ET LA STATUE DE JUPITER


Jean de la Fontaine - Page 5 Statua10

Un bloc de marbre était si beau
Qu'un Statuaire en fit l'emplette.
Qu'en fera, dit-il, mon ciseau ?
Sera-t-il Dieu, table ou cuvette ?

Il sera Dieu : même je veux
Qu'il ait en sa main un tonnerre.
Tremblez, humains. Faites des vœux (1);
Voilà le maître de la terre.

L'artisan exprima si bien
Le caractère de l'Idole,
Qu'on trouva qu'il ne manquait rien
A Jupiter que la parole.

Même l'on dit que l'Ouvrier
Eut à peine achevé l'image,
Qu'on le vit frémir le premier,
Et redouter son propre ouvrage.

A la faiblesse du Sculpteur
Le Poète autrefois n'en dut guère (2),
Des Dieux dont il fut l'inventeur
Craignant la haine et la colère.

Il était enfant en ceci :
Les enfants n'ont l'âme occupée
Que du continuel souci
Qu'on ne fâche point leur poupée.

Le cœur suit aisément l'esprit :
De cette source est descendue
L'erreur païenne, qui se vit
Chez tant de peuples répandue.

Ils embrassaient violemment
Les intérêts de leur chimère (3).
Pygmalion devint amant
De la Vénus dont il fut père.

Chacun tourne en réalités,
Autant qu'il peut, ses propres songes :
L'homme est de glace aux vérités ;
Il est de feu pour les mensonges.


Sources : Pas de source unique pour cette fable, mais trois sortes d'influences :
Suggestions classiques (Horace et Ovide)
Une idée philosophique et poétique (rôle du poète)
Une influence chrétienne : les dieux païens ne sont que des idoles matérielles.

(1) prières
(2) ne le céda guère
(3) création imaginaire
(4) statuaire de Chypre, qui avait sculpté la statue de Galatée et en devint amoureux. Il l'épousa après que Vénus lui eût donné la vie, exauçant son désir.(Ovide, Métamorphoses, X 243-287)



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Message par crodan00 Mer 30 Juin - 2:06

TESTAMENT EXPLIQUÉ PAR ÉSOPE (*)

Jean de la Fontaine - Page 5 Testes10

Si ce qu'on dit d'Ésope est vrai,
C'était l'oracle de la Grèce,
Lui seul avait plus de sagesse
Que tout l'Aréopage (1). En voici pour essai (2)
Une histoire des plus gentilles,
Et qui pourra plaire au lecteur.

Un certain Homme avait trois Filles,
Toutes trois de contraire humeur :
Une buveuse, une coquette,
La troisième avare parfaite.
Cet Homme, par son testament,
Selon les lois municipales (3),
Leur laissa tout son bien par portions égales,
En donnant à leur Mère tant,
Payable quand chacune d'elles
Ne posséderait plus sa contingente (4) part.
Le Père mort, les trois Femelles
Courent au testament sans attendre plus tard.
On le lit ; on tâche d'entendre (5)
La volonté du Testateur ;
Mais en vain : car comment comprendre
Qu'aussitôt que chacune Sœur
Ne possédera plus sa part héréditaire (6),
Il lui faudra payer sa Mère ?
Ce n'est pas un fort bon moyen
Pour payer, que d'être sans bien.
Que voulait donc dire le Père ?
L'affaire est consultée, et tous les Avocats,
Après avoir tourné le cas
En cent et cent mille manières,
Y jettent leur bonnet (7), se confessent vaincus,
Et conseillent aux Héritières
De partager le bien sans songer au surplus.
Quant à la somme de la Veuve,
Voici, leur dirent-ils, ce que le Conseil treuve (Cool :
Il faut que chaque sœur se charge par traité
Du tiers, payable à volonté (9),
Si mieux n'aime la Mère en créer une rente
Dès le décès du Mort courante.
La chose ainsi réglée, on composa trois lots :
En l'un, les maisons de bouteille (10),
Les buffets dressés sous la treille,
La vaisselle d'argent, les cuvettes, les brocs,
Les magasins de malvoisie (11),
Les esclaves de bouche (12), et, pour dire en deux mots,
L'attirail de la goinfrerie ;
Dans un autre, celui de la coquetterie :
La maison de la ville et les meubles exquis,
Les Eunuques et les Coiffeuses,
Et les Brodeuses,
Les joyaux, les robes de prix.
Dans le troisième lot, les fermes, le ménage,
Les troupeaux et le pâturage,
Valets et bêtes de labeur.
Ces lots faits, on jugea que le sort pourrait faire
Que peut-être pas une Sœur
N'aurait ce qui lui pourrait plaire.
Ainsi chacune prit son inclination (13);
Le tout à l'estimation.
Ce fut dans la ville d'Athènes
Que cette rencontre arriva.
Petits et grands, tout approuva
Le partage et le choix. Ésope seul trouva
Qu'après bien du temps et des peines
Les gens avaient pris justement
Le contre-pied du testament.
Si le Défunt vivait, disait-il, que l'Attique
Aurait de reproches de lui !
Comment ! Ce peuple qui se pique
D'être le plus subtil des peuples d'aujourd'hui
A si mal entendu la volonté suprême
D'un Testateur? Ayant ainsi parlé,
Il fait le partage lui-même,
Et donne à chaque Sœur un lot contre son gré.
Rien qui pût être convenable,
Partant rien aux Sœurs d'agréable.
A la Coquette, l'attirail
Qui suit les personnes buveuses.
La Biberonne eut le bétail.
La Ménagère eut les coiffeuses.
Tel fut l'avis du Phrygien,
Alléguant qu'il n'était moyen
Plus sûr pour obliger ces Filles
À se défaire de leur bien,
Qu'elles se marieraient dans les bonnes familles,
Quand on leur verrait de l'argent,
Paieraient leur mère tout comptant ;
Ne posséderaient plus les effets de leur Père,
Ce que disait le testament.
Le peuple s'étonna comme (14) il se pouvait faire
Qu'un homme seul eût plus de sens
Qu'une multitude de gens.

(*) Source : Phèdre, livre IV. Recueil Sacy
La fable "Les frelons et les mouches à miel" qui termine le livre I :évoque un procès résolu finalement grâce au "bon sens" d'une abeille.Cette fable, qui termine le livre II évoque aussi les tracas juridiques entre humains, cette fois à propos d'un partage entre héritières qui doivent tenir compte des volontés d'un testateur...L'une (fable) fait pendant à l'autre.

(1) Tribunal célèbre d'Athènes, réputé pour sa sagesse
(2) exemple
(3) se dit des villes qui ont des coutumes, des droits particuliers(d'après Richelet)
(4) la part qui lui revient
(5) comprendre
(6) d'héritage
(7) de nos jours, les juges portent une toque. Il s'agit icid'un bonnet à quatre cornes. Ils "jettent leur bonnet" signifie :ils renoncent à comprendre
(Cool les 2 formes trouve et treuve sont utilisées à l'époque
(9) sur simple demande de la mère, immédiatement
(10) maison de plaisance
(11) vin grec, doux et liquoreux
(12) préposés au service de la table
(13 ) ce qui lui plaisait
(14) le peuple étonné se demanda comment


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Message par crodan00 Jeu 1 Juil - 4:39

LA TETE ET LA QUEUE DU SERPENT


Jean de la Fontaine - Page 5 Tetequ10

Le Serpent a deux parties
Du genre humain ennemies,
Tête et Queue ; et toutes deux
Ont acquis un nom fameux (1)
Auprès des Parques cruelles : (2)
Si bien qu'autrefois entre elles
Il survint de grands débats
Pour le pas. (3)
La Tête avait toujours marché devant la Queue.
La Queue au Ciel se plaignit,
Et lui dit :
Je fais mainte et mainte lieue,
Comme il plaît à celle-ci.
Croit-elle que toujours j'en veuille user ainsi ?
Je suis son humble servante.(4)
On m'a faite, Dieu merci,
Sa soeur, et non sa suivante.
Toutes deux de même sang,
Traitez-nous de même sorte :
Aussi bien qu'elle je porte
Un poison prompt et puissant.
Enfin voilà ma requête :
C'est à vous de commander,
Qu'on me laisse précéder
A mon tour ma soeur la Tête.
Je la conduirai si bien,
Qu'on ne se plaindra de rien.
Le Ciel eut pour ces voeux une bonté cruelle.
Souvent sa complaisance a de méchants effets.
Il devrait être sourd aux aveugles souhaits.
Il ne le fut pas lors : et la guide nouvelle,
Qui ne voyait au grand jour
Pas plus clair que dans un four,
Donnait tantôt contre un marbre,
Contre un passant, contre un arbre.
Droit aux ondes du Styx elle mena sa soeur.
Malheureux les Etats tombés dans son erreur. (5)


Source : Esope La queue et le corps du serpent

(1) une renommée
(2) Les Parques sont les divinités latines du destin ... et de la mort (Nona, Décima et Morta)
Tête et queue du serpent contribuent à tuer (au 17ème siècle, on croyait que le venin était formé dans la queue et remontait jusqu'aux dents.) in cauda venenum
(3) pour la préséance, le protocole...
(4) façon ironique de dire "je m'y refuse"
(5) la puissance laissée à ceux qui ne sont faits que pour obéir conduit à la ruine.
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Message par crodan00 Ven 2 Juil - 5:21

Le Thésauriseur et le Singe


Jean de la Fontaine - Page 5 Thesos10

Un homme accumulait. On sait que cette erreur
Va souvent jusqu'à la fureur.
Celui-ci ne songeait que ducats et pistoles.
Quand ces biens sont oisifs (1), je tiens qu'ils sont frivoles.
Pour sûreté de son trésor,
Notre avare habitait un lieu dont Amphitrite (2)
Défendait aux voleurs de toutes parts l'abord.
Là d'une volupté selon moi fort petite,
Et selon lui fort grande, il entassait toujours :
Il passait les nuits et les jours
A compter, calculer, supputer sans relâche,
Calculant, supputant, comptant comme à la tâche :
Car il trouvait toujours (3) du mécompte à son fait.
Un gros Singe, plus sage, à mon sens, que son maître
Jetait quelque doublon toujours par la fenêtre,
Et rendait le compte imparfait.
La chambre bien cadenassée
Permettait de laisser l'argent sur le comptoir.
Un beau jour, dom Bertrand (4) se mit dans la pensée
D'en faire un sacrifice au liquide manoir.
Quant à moi, lorsque je compare
Les plaisirs de ce singe à ceux de cet avare,
Je ne sais bonnement auxquels (5) donner le prix.
Dom Bertrand gagnerait près de certains esprits ;
Les raisons en seraient trop longues à déduire.
Un jour donc l'animal qui ne songeait qu'à nuire,
Détachait du monceau, tantôt quelque doublon,
Un jacobus, un ducaton (6),
Et puis quelque noble à la rose (7);
Eprouvait son adresse et sa force à jeter
Ces morceaux de métail qui se font souhaiter
Par les humains sur toute chose.
S'il n'avait entendu son Compteur à la fin
Mettre la clé dans la serrure,
Les ducats auraient tous pris le même chemin,
Et couru la même aventure ;
Il les aurait fait tous voler jusqu'au dernier
Dans le gouffre enrichi par maint et maint naufrage.
Dieu veuille préserver maint et maint financier
;;;;;;;;;;;;; Qui n'en fait pas meilleur usage.


La trame de la fable suivante publiée dans "Le Mercure galant en 1691, est puisée dans une grande collecte de contes et de récits publiés au XVIème : "Les facétieuses nuits"de Straparole
(Un marchand gênois vend du vin coupé d'eau ;
le singe jette à la mer la moitié du gain, ce qui correspond
à l'eau ajoutée... Le marchand voit là une volonté divine, et s'apaise...)

Dans "le Page disgracié" qui raconte de façon romancée sa
jeunesse errante et aventureuse, Tristan l'Hermite (1601-1655) donne une version de ce conte plus proche de celle de L.F. : Le singe, monté sur un toit, jette au peuple et aux soldats l'or d'un trésorier-payeur au cours d'une campagne militaire. L'histoire du singe montre indirectement la malhonnêteté des gens de finance.

(1) ne rapportent rien
(2) déesse grecque de la mer, épouse de Poséïdon
(3) souvent
(4) le singe
(5) auquel
(6) jacobus : monnaie d'or anglaise;
ducaton : ducat d'argent italien
(7) sorte de monnaie d'or, grande et large comme un
fort grand écu d'or.


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Message par crodan00 Lun 5 Juil - 2:49

Tircis et Amarante(a)


Jean de la Fontaine - Page 5 Tircis10

Pour Mademoiselle de Sillery (b)

J'avais Esope quitté
Pour être tout à Boccace :
Mais une divinité
Veut revoir sur le Parnasse
Des fables de ma façon ;
Or d'aller lui dire non,
Sans quelque valable excuse,
Ce n'est pas comme on en use
Avec des divinités,
Surtout quand ce sont de celles
Que la qualité de belles
Fait reines des volontés.
Car afin que l'on le sache,
C'est Sillery qui s'attache
A vouloir que de nouveau,
Sire Loup, Sire Corbeau
Chez moi se parlent en rime.
Qui dit Sillery dit tout ;
Peu de gens en leur estime
Lui refusent le haut bout (1) ;
Comment le pourrait-on faire ?
Pour venir à notre affaire,
Mes contes à son avis
Sont obscurs ; les beaux esprits
N'entendent pas toute chose :
Faisons donc quelques récits
Qu'elle déchiffre sans glose.
Amenons des Bergers et puis nous rimerons
Ce que disent entre eux les Loups et les Moutons.
Tircis disait un jour à la jeune Amarante :
Ah ! si vous connaissiez comme moi certain mal
Qui nous plaît et qui nous enchante !
Il n'est bien sous le ciel qui vous parût égal :
Souffrez qu'on vous le communique ;
Croyez-moi ; n'ayez point de peur :
Voudrais-je vous tromper, vous pour qui je me pique
Des plus doux sentiments que puisse avoir un cœur ?
Amarante aussitôt réplique :
Comment l'appelez-vous, ce mal ? quel est son nom ?
L'amour. Ce mot est beau : dites-moi quelques marques
A quoi je le pourrai connaître (2) : que sent-on ?
Des peines près de qui le plaisir des Monarques
Est ennuyeux et fade : on s'oublie, on se plaît
Toute seule en une forêt.
Se mire-t-on près un (3) rivage ?
Ce n'est pas soi qu'on voit, on ne voit qu'une image
Qui sans cesse revient et qui suit en tous lieux :
Pour tout le reste on est sans yeux.
Il est un Berger du village
Dont l'abord (4), dont la voix, dont le nom fait rougir :
On soupire à son souvenir :
On ne sait pas pourquoi ; cependant on soupire ;
On a peur de le voir, encor qu'on le désire.
Amarante dit à l'instant :
Oh ! oh ! c'est là ce mal que vous me prêchez tant ?
Il ne m'est pas nouveau (5) : je pense le connaître.
Tircis à son but croyait être,
Quand la belle ajouta : Voilà tout justement
Ce que je sens pour Clidamant.
L'autre pensa mourir de dépit et de honte.
Il est force gens comme lui
Qui prétendent n'agir que pour leur propre compte,
Et qui font le marché (6) d'autrui.


Aucune source connue pour cette fable

(a) Une copie manuscrite, signalée par Walckenaer porte la date de décembre 1674
(b) jeune champenoise, Gabrielle-Françoise de Sillery, nièce de La Rochefoucauld, qui épouse en 1675 Louis de Thibergeau, chevalier, puis marquis de la Motte-au-Maine.

(1) la place d'honneur
(2) reconnaître
(3) omission de d' ou faute d'impression ?
(4) l'approche
(5) pour moi, il n'est pas nouveau
(6) qui travaillent pour les autres


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Message par crodan00 Mer 7 Juil - 4:31

LE TORRENT ET LA RIVIERE


Jean de la Fontaine - Page 5 Torriv10

Avec grand bruit et grand fracas
Un Torrent tombait des montagnes :
Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ,
Il faisait trembler les campagnes.
Nul voyageur n'osait passer
Une barrière si puissante :
Un seul (1) vit des voleurs, et se sentant presser (2),
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.
Ce n'était que menace, et bruit, sans profondeur ;
Notre homme enfin n'eut que la peur.
Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une Rivière dont le cours
Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille
Lui fit croire d'abord (3) ce trajet fort facile.
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre, et son cheval le met
A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire :
Tous deux au Styx (3) allèrent boire ;
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser, au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que les nôtres.
Les gens sans bruit sont dangereux ;
Il n'en est pas ainsi des autres



Sources : Abstemius (Lorenzo Bevilacqua), humaniste italien, XVème siècle. Il publia à Venise à la fin du XVème siècle, des fables latines qui inspirèrent en partie La Fontaine. (Nevelet)
Molière dans "Tartuffe" (acte I, scène1) cite "il n'est pire eau que l'eau qui dort"


(1) un seul....voyageur (vers 5)
(2) serrer de près
(3) tout de suite
(4) fleuve des Enfers (l'onde noire...)


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Message par crodan00 Jeu 8 Juil - 4:52

LA TORTUE ET LES DEUX CANARDS


Jean de la Fontaine - Page 5 Tort2c10

Une Tortue était, à la tête légère,
Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays,
Volontiers on fait cas d'une terre étrangère :
Volontiers gens boiteux haïssent le logis.
Deux Canards à qui la commère
Communiqua ce beau dessein,
Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire :
Voyez-vous ce large chemin ?
Nous vous voiturerons par l'air en Amérique .
Vous verrez mainte république,
Maint royaume, maint peuple ; et vous profiterez
Des différentes mœurs que vous remarquerez.
Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère
De voir Ulysse en cette affaire.
La Tortue écouta la proposition.
Marché fait (1), les Oiseaux forgent une machine
Pour transporter la pèlerine(2) .
Dans la gueule en travers on lui passe un bâton.
Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise.
Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout.
La Tortue enlevée on s'étonne partout
De voir aller en cette guise
L'animal lent et sa maison,
Justement (3) au milieu de l'un et l'autre Oison (4).
Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues
Passer la Reine des Tortues.
La Reine : vraiment oui ; Je la suis en effet ;
Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait
De passer son chemin sans dire aucune chose ;
Car lâchant le bâton en desserrant les dents,
Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants.
Son indiscrétion (5)de sa perte fut cause.
Imprudence, babil, et sotte vanité,
Et vaine curiosité,
Ont ensemble étroit parentage (6).
Ce sont enfants tous d'un lignage (7) .



Sources : Pilpay, Le Livre des lumières (le sujet a souvent été traité par les fabulistes...) ; L.F. prend tout de même des libertés : la fable de Pilpay se terminait ainsi, la tortue ayant cru entendre des cris d'envie à son passage : A la fin, ne pouvant plus garder le silence, elle voulut dire "Que les envieux aient le nez crevé, s'ils ne nous peuvent regarder" mais dès qu'elle ouvrit la bouche, elle tomba par terre et se tua. Cet exemple prouve qu'il ne faut pas écouter les exhortations des amis "

(1) l'affaire une fois conclue
(2) la voyageuse
(3) exactement
(4) liberté prise par L.F., l'oison est le petit d'une oie...
(5) son manque de jugement
(6) parenté ; vieux mot
(7) d'une même race


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Message par crodan00 Mer 14 Juil - 3:48

LE TRÉSOR ET LES DEUX HOMMES


Jean de la Fontaine - Page 5 Tres2o10

Un Homme n'ayant plus ni crédit, ni ressource,
Et logeant le Diable en sa bourse (1),
C'est-à-dire, n'y logeant rien,
S'imagina qu'il ferait bien
De se pendre, et finir lui-même sa misère ;
Puisque aussi bien sans lui la faim le viendrait faire,
Genre de mort qui ne duit (2) pas
À gens peu curieux de goûter le trépas.
Dans cette intention, une vieille masure
Fut la scène où devait se passer l'aventure.
Il y porte une corde, et veut avec un clou
Au haut d'un certain mur attacher le licou.
La muraille, vieille et peu forte,
S'ébranle aux premiers coups, tombe avec un trésor.
Notre désespéré le ramasse, et l'emporte,
Laisse là le licou, s'en retourne avec l'or,
Sans compter : ronde ou non, la somme plut au sire.
Tandis que le galant (3) à grands pas se retire,
L'homme au trésor arrive, et trouve son argent
Absent.
Quoi, dit-il, sans mourir je perdrai cette somme ?
Je ne me pendrai pas ? Et vraiment si ferai (4),
Ou de corde je manquerai.
Le lacs était tout prêt ; il n'y manquait qu'un homme :
Celui-ci se l'attache, et se pend bien et beau (5).
Ce qui le consola peut-être
Fut qu'un autre eût pour lui fait les frais du cordeau.
Aussi bien que l'argent le licou (6) trouva maître.

L'avare rarement finit ses jours sans pleurs :
Il a le moins de part au trésor qu'il enserre (7),
Thésaurisant pour les voleurs,
Pour ses parents, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la Fortune fit ?
Ce sont là de ses traits ; elle s'en divertit.
Plus le tour est bizarre, et plus elle est contente.
Cette Déesse inconstante
Se mit alors en l'esprit
De voir un homme se pendre ;
Et celui qui se pendit
S'y devait le moins attendre.


Sources : Abstemius, mais les différences sont notables. Le canevas est emprunté à Gilbert Cousin (Cognatus) Le Pauvre et le Riche, et Guéroult, le Premier Livre des Emblèmes. Le plan de L.F. semble être proche de celui de Cousin
Les deux hommes sont aussi "pendables" l'un que l'autre, et subissent le jeu de la Fortune (le hasard). Le riche se sent pauvre et peu digne de vivre après avoir perdu son trésor ; le pauvre va connaître l'avarice et tout ce qui y est attaché... L'un ne vaut pas mieux que l'autre...

(1) expression populaire pour exprimer la pauvreté
(2) duire : convenir
(3) rusé compère
(4) je ferai ainsi
(5) bel et bien
(6) se dit aussi de la corde qui sert à étrangler les pendus (Furetière)
(7) enferme


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Message par crodan00 Jeu 15 Juil - 4:44

TRIBUT ENVOYE PAR LES ANIMAUX A ALEXANDRE


Jean de la Fontaine - Page 5 Tribut10

Une fable avait cours parmi l'Antiquité,
Et la raison ne m'en est pas connue.
Que le lecteur en tire une moralité :
Voici la fable toute nue.

La Renommée ayant dit en cent lieux
Qu'un fils de Jupiter, un certain Alexandre (1),
Ne voulant rien laisser de libre sous les cieux,
Commandait que sans plus attendre,
Tout peuple à ses pieds s'allât rendre,
Quadrupèdes, Humains, Eléphants, Vermisseaux,
Les Républiques des oiseaux ;
La déesse aux cent bouches (2), dis-je,
Ayant mis partout la terreur
En publiant l'édit du nouvel Empereur,
Les animaux, et toute espèce lige (3)
De son seul appétit, crurent que cette fois
Il fallait subir d'autres lois.
On s'assemble au désert. Tous quittent leur tanière.
Après divers avis, on résout, on conclut
D'envoyer hommage et tribut (4).
Pour l'hommage et pour la manière,
Le singe en fut chargé : l'on lui mit par écrit
Ce que l'on voulait qui fût dit.
Le seul tribut les tint en peine.
Car que donner ? il fallait de l'argent.
On en prit d'un prince obligeant,
Qui possédant dans son domaine
Des mines d'or fournit ce qu'on voulut.
Comme il fut question de porter ce tribut,
Le Mulet et l'Ane s'offrirent,
Assistés du Cheval ainsi que du Chameau.
Tous quatre en chemin ils se mirent,
Avec le Singe, Ambassadeur nouveau.
La caravane enfin rencontre en un passage
Monseigneur le Lion. Cela ne leur plut point.
Nous nous rencontrons tout à point,
Dit-il, et nous voici compagnons de voyage.
J'allais offrir mon fait (5) à part ;
Mais bien qu'il soit léger, tout fardeau m'embarrasse.
Obligez-moi de me faire la grâce
Que d'en porter chacun un quart.
Ce ne vous sera pas une charge trop grande ;
Et j'en serai plus libre, et bien plus en état,
En cas que les voleurs attaquent notre bande,
Et que l'on en vienne au combat.
Econduire un lion rarement se pratique.
Le voilà donc admis, soulagé, bien reçu,
Et, malgré le héros de Jupiter issu,
Faisant chère (6) et vivant sur la bourse publique.
Ils arrivèrent dans un pré
Tout bordé de ruisseaux, de fleurs tout diapré,
Où maint mouton cherchait sa vie :
Séjour du frais, véritable patrie
Des Zéphirs. Le lion n'y fut pas, qu'à ces Gens
Il se plaignit d'être malade.
Continuez votre ambassade,
Dit-il ; je sens un feu qui me brûle au dedans,
Et veux ici chercher quelque herbe salutaire.
Pour vous, ne perdez point de temps :
Rendez-moi mon argent ; j'en puis avoir affaire (7).
On déballe ; et d'abord le lion s'écria
D'un ton qui témoignait sa joie :
Que de filles, ô Dieux, mes pièces de monnoie
Ont produites ! Voyez : la plupart sont déjà
Aussi grandes que leurs mères.
Le croît (Cool m'en appartient. Il prit tout là-dessus ;
Ou bien s'il ne prît tout, il n'en demeura guères.
Le Singe et les Sommiers (9) confus,
Sans oser répliquer en chemin se remirent.
Au fils de Jupiter on dit qu'ils se plaignirent,
Et n'en eurent point de raison.
Qu'eût-il fait ? C'eût été lion contre lion ;
Et le proverbe dit : Corsaires à Corsaires,
L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires.


Voici une des plus longues fables du premier recueil, dont la source, contrairement
à ce qui est annoncé par l'auteur (v.1) n'est pas une légende
de l'antiquité (humour de sa part) mais vient de
Gilbert Cognati "Narrationum Sylva"
p.98, "de Jovis Ammonis oraculo", Bâle, 1567.
- Après ce début d'une fausse naïveté,
- nous assistons à la réunion des animaux qui doivent
prendre une décision en réponse à l'édit du nouvel empereur.
- Puis, le groupe délégué s'organise et part.
- Il se heurte aux volontés du lion rencontré en chemin.
- Après les avoir satisfaites, de nouveau le groupe
se fait berner par le lion, victorieux par sa force...

Tout ceci va s'éclairer au cours de la lecture...
Et vous verrez qu'une fois de plus (déjà dans I,6),
les petits s'inclinent devant la force pour éviter pire encore...


(1) lorsqu'il alla consulter l'oracle de Jupiter Amon,
Alexandre fut proclamé par les prêtres fils de Jupiter
et futur maître de la terre (Quinte-Curce IV,7)
(2) la Renommée
(3) terme de la féodalité. L'homme lige était le vassal
lié à son suzerain. Ici, les animaux étaient liges (soumis)
à leur seul appétit, avant l'édit d'Alexandre
(4) engagement et somme d'argent
(5) mon argent, mon tribut
(6) bonne chère
(7) besoin
(Cool ce qui résulte de la croissance (du verbe croître)
(9) les bêtes de somme : mulet, âne, cheval, chameau
qui avaient été désignés pour porter le tribut (ici, l'or)
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Message par crodan00 Ven 16 Juil - 4:00

LES VAUTOURS ET LES PIGEONS


Jean de la Fontaine - Page 5 Vautou10

Mars autrefois mit tout l'air en émûte. (1)
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux ; non ceux que le Printemps
Mène à sa cour, et qui sous la feuillée
Par leur exemple et leurs sons éclatants
Font que Vénus est en nous réveillée ;
Ni ceux encor que la Mère d'Amour
Met à son char (2) : mais le peuple Vautour,
Au bec retors, à la tranchante serre,
Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre.
Il plut du sang ; je n'exagère point.
Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d'haleine.
Maint chef périt, maint héros expira ;
Et sur son roc Prométhée espéra (3)
De voir bientôt une fin à sa peine.
C'était plaisir d'observer leurs efforts ;
C'était pitié de voir tomber les morts.
Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
Tout s'employa. Les deux troupes éprises (4)
D'ardent courroux n'épargnaient nuls moyens
De peupler l'air que respirent les ombres :
Tout élément remplit de citoyens
Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres.
Cette fureur mit la compassion
Dans les esprits d'une autre nation
Au col changeant, au coeur tendre et fidèle.
Elle employa sa médiation
Pour accorder une telle querelle ;
Ambassadeurs par le peuple Pigeon
Furent choisis, et si bien travaillèrent,
Que les Vautours plus ne se chamaillèrent.
Ils firent trêve, et la paix s'ensuivit :
Hélas ! ce fut aux dépens de la race
A qui la leur aurait dû rendre grâce.
La gent (5) maudite aussitôt poursuivit
Tous les pigeons, en fit ample carnage,
En dépeupla les bourgades, les champs.
Peu de prudence eurent les pauvres gens,
D'accommoder (6) un peuple si sauvage.
Tenez toujours divisés les méchants ;
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là : semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant ; je me tais


Source : Abstémius : les Vautours ennemis réconciliés par les Colombes

(1) en émeute, en émoi
(2) les colombes, oiseaux du char de Vénus
(3) Prométhée, enchaîné à un rocher du Caucase, avait le foie rongé chaque jour par un vautour
(4) enflammées
(5) la race, la nation
(6) réconcilier

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Message par crodan00 Lun 19 Juil - 5:05

LE VIEILLARD ET L'ANE


Jean de la Fontaine - Page 5 Vieian10

Un Vieillard sur son Ane aperçut en passant
Un pré plein d'herbe et fleurissant :
Il y lâche sa Bête, et le Grison (1) se rue
Au travers de l'herbe menue,
Se vautrant, grattant, et frottant,
Gambadant, chantant et broutant,
Et faisant mainte place nette.
L'ennemi vient sur l'entrefaite.
Fuyons, dit alors le Vieillard.
Pourquoi ? répondit le Paillard.
Me fera-t-on porter double bât, double charge ?
Non pas, dit le Vieillard, qui prit d'abord le large.
Et que m'importe donc, dit l'Ane, à qui je sois ?
Sauvez-vous, et me laissez paître :
Notre ennemi, c'est notre maître :
Je vous le dis en bon françois.
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Message par crodan00 Mar 20 Juil - 5:51

LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES


Jean de la Fontaine - Page 5 Viei3j10

Un octogénaire plantait. (1)
Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !
Disaient trois Jouvenceaux, enfants du voisinage ;
Assurément il radotait.
....... ...... Car au nom des Dieux, je vous prie,
Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?
Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir.
À quoi bon charger votre vie
Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous ?
Ne songez désormais qu'à vos erreurs passées :
Quittez le long espoir et les vastes pensées ;
Tout cela ne convient qu'à nous.
Il ne convient pas à vous-mêmes,
Repartit le Vieillard. Tout établissement (2)
Vient tard et dure peu. La main des Parques blêmes
De vos jours et des miens se joue également.
Nos termes(3) sont pareils par leur courte durée.
Qui de nous des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier ? Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage :
Hé bien défendez-vous au Sage
De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ?
Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui :
J'en puis jouir demain, et quelques jours encore ;
Je puis enfin compter l'aurore
Plus d'une fois sur vos tombeaux.
Le Vieillard eut raison ; l'un des trois Jouvenceaux
Se noya dès le port allant à l'Amérique.
L'autre, afin de monter aux grandes dignités,
Dans les emplois de Mars servant la République, (4)
Par un coup imprévu vit ses jours emportés.
Le troisième tomba d'un arbre
Que lui-même il voulut enter ; (5)
Et pleurés du Vieillard, il grava sur leur marbre
Ce que je viens de raconter.


La forme est celle d'une narration ; en fait, une inscription "gravée dans le marbre" par l'un des personnages de la narration...ce que nous révèlent les deux derniers vers.
La narration trouve ses sources dans Abstémius où le débat se limite à un vieillard et à un seul jeune homme qui se tue en tombant d'un arbre où il était monté pour prendre des greffes.
Ce modèle est enrichi de nombreux souvenirs d'Horace, Sénèque, Cicéron, Virgile.

(1) faisait planter
(2) tout ce que l'homme établit
(3) les limites de notre existence
(4) l'État
(5) greffer


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Message par crodan00 Mer 21 Juil - 5:34

LE VIEILLARD ET SES ENFANTS


Jean de la Fontaine - Page 5 Vieile10

Toute puissance est faible, à moins que d'être unie :
Ecoutez là-dessus l'esclave de Phrygie (1).
Si j'ajoute du mien à son invention,
C'est pour peindre nos moeurs, et non point par envie ;
Je suis trop au-dessous de cette ambition.
Phèdre enchérit (2) souvent par un motif de gloire ;
Pour moi, de tels pensers me seraient malséants.
Mais venons à la fable, ou plutôt à l'histoire
De celui qui tâcha d'unir tous ses Enfants.

Un Vieillard prêt d'aller où la mort l'appelait :
Mes chers enfants, dit-il (à ses Fils il parlait),
Voyez si vous romprez ces dards (3) liés ensemble ;
Je vous expliquerai le noeud (4) qui les assemble.
L'Aîné les ayant pris et fait tous ses efforts,
Les rendit, en disant : Je le donne aux plus forts.
Un second lui succède, et se met en posture,
Mais en vain. Un Cadet tente aussi l'aventure.
Tous perdirent leur temps, le faisceau résista :
De ces dards joints ensemble un seul ne s'éclata.
Faibles gens ! dit le père, il faut que je vous montre
Ce que ma force peut en semblable rencontre.
On crut qu'il se moquait, on sourit, mais à tort.
Il sépare les dards, et les rompt sans effort.
Vous voyez, reprit-il, l'effet de la concorde.
Soyez joints, mes Enfants, que l'amour vous accorde.
Tant que dura son mal, il n'eut autre discours.
Enfin, se sentant prêt de terminer ses jours :
Mes chers Enfants, dit-il, je vais où sont nos pères.
Adieu, promettez-moi de vivre comme Frères ;
Que j'obtienne de vous cette grâce en mourant.
Chacun de ses trois Fils l'en assure en pleurant.
Il prend à tous les mains ; il meurt ; et les trois Frères
Trouvent un bien fort grand, mais fort mêlé d'affaires (5).
Un Créancier saisit, un Voisin fait procès :
D'abord notre trio s'en tire avec succès.
Leur amitié fut courte, autant qu'elle était rare.
Le sang les avait joints, l'intérêt les sépare.
L'ambition, l'envie, avec les Consultants (6),
Dans la succession entrent en même temps.
On en vient au partage, on conteste, on chicane.
Le Juge sur cent points tour à tour les condamne.
Créanciers et Voisins reviennent aussitôt ;
Ceux-là sur une erreur, ceux-ci sur un défaut.
Les Frères désunis sont tous d'avis contraire ;
L'un veut s'accommoder, l'autre n'en veut rien faire.
Tous perdirent leur bien, et voulurent trop tard
Profiter de ces dards unis et pris à part.


La fable trouve sa source dans Esope
Les enfants désunis du laboureur.
La Fontaine a montré dans d'autres fables que les possibilités sont grandes lorsqu'on reste unis : "l'union fait la force".
De par sa compositin (alexandrins) la fable semble assez
ancienne. Elle est peut-être contemporaine de l'époque
à laquelle La Fontaine était confronté aux difficultés de la
succession de son père...

(1) Esope
(2) renchérit
(3) flèches, baguettes
(4) je vous expliquerai la signification du noeud,
je vous en révèlerai le secret
(5) dettes, embarras
(6) hommes expérimentés
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Message par crodan00 Jeu 22 Juil - 2:58

LA VIEILLE ET LES DEUX SERVANTES


Jean de la Fontaine - Page 5 Vieil210

Il était une Vieille ayant deux Chambrières.
Elles filaient si bien que les Soeurs Filandières (1)
Ne faisaient que brouiller au prix (2) de celles-ci.
La Vieille n'avait point de plus pressant souci
Que de distribuer aux Servantes leur tâche.
Dès que Téthis chassait Phébus aux crins dorés (3),
Tourets (4) entraient en jeu, fuseaux étaient tirés ;
Deçà, delà, vous en aurez ;
Point de cesse, point de relâche.
Dès que l'aurore, dis-je, en son char remontait,
Un misérable ccoq à point nommé chantait :
Aussitôt notre Vieille, encor plus misérable
S'affublait d'un jupon crasseux et détestable,
Allumait une lampe, et courait droit au lit
Où, de tout leur pouvoir, de tout leur appétit,
Dormaient les deux pauvres servantes.
L'une entr'ouvrait un œil ; l'autre étendait un bras ;
Et toutes deux, très mal contentes,
Disaient entre leurs dents : Maudit Coq tu mourras.
Comme elles l'avaient dit, la bête fut grippée (5);
Le Réveille-matin eut la gorge coupée.
Ce meurtre n'amenda nullement leur marché.
Notre Couple au contraire à peine était couché,
Que la Vieille, craignant de laisser passer l'heure,
Courait comme un Lutin par toute sa demeure.
C'est ainsi que le plus souvent,
Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,
On s'enfonce encor plus avant :
Témoin ce Couple et son salaire.
La Vieille, au lieu du coq les fit tomber par là
De Charybde en Scylla (6).


On en trouve les sources chez Esope : "La
Femme et les Servantes" (recueil Névelet)
Voici l'histoire de deux servantes qui crurent voir la fin
de leurs maux avec la mort du coq qui les réveillait
chaque matin, et qui tombèrent dans un état pire encore
lorsque cela arriva...Bonne lecture !

(1) nom "poétique" des Parques : dans la mythologie,
elles étaient les divinités qui présidaient à la naissance, à la vie et à la mort des humains (Nona, Décima et Morta)
(2) ne faisaient que mettre du désordre en comparaison de...
(3) les poètes grecs et latins représentaient le char du soleil sortant de la mer le matin et s'y replongeant le soir
(4) dévidoirs (d'après la gravure de Chauveau )
(5) ravie, saisie
(6) Charybde était un tourbillon redouté du détroit de Messine.
Si on l'évitait, on touchait souvent le récif de Scylla, tout proche. D'où le proverbe qui signifie aller d'un mal à un autre, pire encore.


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Message par crodan00 Ven 23 Juil - 5:08

A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE
qui avait demandé à M. de La Fontaine une fable qui fût nommée Le Chat et la Souris

Pour plaire au jeune Prince à qui la Renommée
Destine un temple en mes écrits,
Comment composerai-je une fable nommée
Le Chat et la Souris ?

Dois-je représenter dans ces vers une Belle
Qui douce en apparence, et toutefois cruelle,
Va se jouant des cœurs que ses charmes ont pris
Comme le Chat et la Souris ?

Prendrai-je pour sujet les jeux de la Fortune ?
Rien ne lui convient mieux, et c'est chose commune
Que de lui voir traiter ceux qu'on croit ses amis
Comme le Chat fait la Souris,

Introduirai-je un Roi qu'entre ses favoris
Elle respecte seul ; Roi qui fixe sa roue,
Qui n'est point empêché (1) d'un monde d'ennemis,
Et qui des plus puissants quand il lui plaît se joue
Comme le Chat et la Souris ?

Mais insensiblement, dans le tour que j'ai pris,
Mon dessein se rencontre ; et si je ne m'abuse
Je pourrais tout gâter par de plus longs récits.
Le jeune Prince alors se jouerait de ma Muse
Comme le Chat et la Souris.

***

LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS

Jean de la Fontaine - Page 5 Viecha10

Une jeune Souris, de peu d'expérience,
Crut fléchir un vieux Chat implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis :
Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis?
Affamerais-je, à votre avis,
L'Hôte, l'Hôtesse, et tout leur monde ?
D'un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
A présent je suis maigre ; attendez quelque temps
Réservez ce repas à Messieurs vos Enfants.
Ainsi parlait au Chat la souris attrapée.
L'autre lui dit : Tu t'es trompée :
Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant à parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n'arrive guères.
Selon ces lois descends là-bas (2),
Meurs, et va-t-en tout de ce pas,
Haranguer les sœurs Filandières (3) :
Mes Enfants trouveront assez d'autres repas."
Il tint parole (4) ; et, pour ma fable,
Voici le sens moral qui peut y convenir :
La jeunesse se flatte (5), et croit tout obtenir ;
La vieillesse est impitoyable.


Ces fables : Le Thésauriseur et le Singe, Les deux Chèvres, Le vieux chat et la jeune souris présentée ici,
sont des conseils au futur roi, destinés à son éducation.

Dans cette fable "Le vieux chat et la jeune souris" , les conseils au futur roi ne manquent pas....
Elle est précédée d'un poème, prologue.
L.F. joue avec le titre demandé comme le chat avec la souris.
"Le poète montre son aisance dans l'art de la variation" (J.P. Collinet)
La source de la fable est Abstémius, avec une analogie lointaine.
"On y voit la froideur impitoyable de la vieillesse triompher
des naïves illusions de la jeunesse" (M.Fumaroli, L.F., fables)

(1) embarrassé
(2) chez les morts
(3) les Parques, donc la Mort
(4) "avec un goût parfait, L.F. sait arrêter son conte
à temps, sur une pointe évocatrice qu'il n'est pas
nécessaire d'expliciter. "Il tint parole" suffit à faire
comprendre au lecteur que le vieux chat croque la souris"
(Frédérique Leichter : connaissance d'une oeuvre, étude
du texte (Bréal) )
(5) s'illusionne


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Message par crodan00 Lun 26 Juil - 5:36

LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT


Jean de la Fontaine - Page 5 Vilase10

Esope conte qu'un Manant, (1)
Charitable autant que peu sage,
Un jour d'hiver se promenant
A l'entour de son héritage, (2)
Aperçut un Serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus, immobile rendu,
N'ayant pas à vivre un quart d'heure.
Le Villageois le prend, l'emporte en sa demeure;
Et, sans considérer quel sera le loyer (3)
D'une action de ce mérite,
Il l'étend le long du foyer,
Le réchauffe, le ressuscite.
L'animal engourdi sent à peine le chaud,
Que l'âme lui revient avecque la colère.
Il lève un peu la tête et puis siffle aussitôt,
Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut
Contre son bienfaiteur, son sauveur, et son père.
Ingrat, dit le Manant, voilà donc mon salaire ?
Tu mourras. A ces mots, plein d'un juste courroux,
Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête;
Il fait trois serpents de deux coups,
Un tronçon, la queue et la tête.
L'insecte (4) sautillant, cherche à se réunir,
Mais il ne put y parvenir.
Il est bon d'être charitable,
Mais envers qui ? c'est là le point.
Quant aux ingrats, il n'en est point
Qui ne meure enfin misérable.


La fable est inspirée d'Esope (« Le Laboureur et le Serpent ») Elle fut reprise par le fabuliste latin Phèdre
(Macédoine, 10 avant J.-C. - vers 54 après J.-C.). Mais ces deux auteurs faisaient mourir, non le serpent, mais un laboureur victime de sa bienveillance. Une autre fable de La Fontaine (« L'Homme et la Couleuvre », Livre dixième, fable 1), reprend sensiblement le même thème.

(1) Manant : paysan.
(2) Héritage : propriété reçue en héritage.
(3) Loyer : salaire.
(4) Insecte : « On appelle aussi 'insectes' les animaux qui vivent après qu' ils sont coupés en plusieurs parties, comme la grenouille, les lézards, serpents, vipères » (Furetière).
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Message par crodan00 Mar 27 Juil - 4:33

Les Voleurs et l'Âne.


Jean de la Fontaine - Page 5 Fvolan10

Pour un Âne enlevé deux Voleurs se battaient :
L'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième Larron
Qui saisit Maître Aliboron.
L'Âne, c'est quelquefois une pauvre province :
Les Voleurs sont tel ou tel prince,
Comme le Transylvain, le Turc , et le Hongrois.(1)
Au lieu de deux j'en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d'eux n'est souvent la province conquise (2):
Un quart (3) Voleur survient, qui les accorde net (4)
En se saisissant du Baudet.


Sources : L'apologue d'Esope "Le lion, l'ours et le renard"
figurait dans "Esope" de Gryphe, (Lyon 1536)
Après des versions françaises du XVIème, qui avaient remplacé les animaux par des humains, d'autres versions françaises, écrites au XVIIème auraient servi de source à La Fontaine.
La fable est peut-être issue de la situation politique internationale dans les Balkans à cette époque.
"La sagesse de cette fable rejoint celle de "l'huître et les plaideurs" " (M.Fumaroli, Fables éd. la Pochothèque)

(1) Il était question en 1661 que la Turquie déclare la guerre à l'Empire qui avait des prétentions sur la Hongrie et la Transylvanie.
(2) Souvent, la province n'est conquise par aucun d'eux.
(3) quatrième
(4) à l'époque, le "t" final pouvait ne pas se prononcer
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Message par crodan00 Mer 28 Juil - 5:45

SUR LES PAS DE JEAN DE LA FONTAINE, A CHÂTEAU-THIERRY


Jean de la Fontaine - Page 5 Plan10

1 maison de Jean de La Fontaine
2 esplanade du château (tour de Bouillon)
3 33, rue duchâteau
4 31, rue du château (face à l'escalier qui monte au château)
5 chapelle de l'Hôtel-Dieu
6 20, rue du château
7 10, rue du château
8 Cinéma-Théâtre
9 Place de l'Hôtel de Ville
10 Place de l'Hôtel de Ville (Marché Couvert)
11 Angle de la Grande-Rue et de la rue du Général de Gaulle
12 Le pont
13 angle de la ruelle des Capucins et de la rue Paul Doucet
14 Quai Couesnon
15 55, Grande-Rue
16 rue Jean de La Fontaine (partie basse)
17 place de l'église Saint-Crépin
18 rue Racine (partie haute
19 rue Jean de La Fontaine (en face du parking)
20 Jean Macé : médiathèque



"Trois cents ans après sa mort, les pas de La Fontaine étaient effacés dans sa ville. Seuls de rares initiés en connaissaient la trace : une certaine tradition orale subsistait qui désignait, ici ou là, des lieux légendaires fréquentés par le poète cependant que des générations d'érudits controversaient à l'envi sur des détails biographiques.
C'était assurément chose naturelle que de favoriser l'appropriation de ce patrimoine culturel commun que constituent La Fontaine, son oeuvre et sa ville. Il est donc apparu que l'endroit était unique et l'occasion idéale pour marquer par des repères matériels la trace de Jean, le fabuliste, devenu universel. Ils offrent pour les habitants de Château-Thierry et de l'Omois qui les fréquentent chaque jour un caractère identitaire fort, ils constituent un choc émotionnel profond pour le chercheur ou le touriste venus d'ailleurs.
Découvrir ou retrouver La Fontaine au hasard de ses pas à travers la ville est notre ambition. A ceux qui le souhaitent nous suggérons cependant un parcours leur permettant d'apprécier le centre ville tout en s'évadant dans le temps."
Alain Froidefond

Le parcours Jean de La Fontaine a été inauguré le 27 mai 1995, année du tricentenaire de la mort de Jean de La Fontaine.


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Message par crodan00 Mer 28 Juil - 5:54

L'ENFANCE :


Jean de La Fontaine est baptisé le 8 juillet 1621 à Château-Thierry. Son acte de baptême est conservé dans sa maison natale , salle XVIIème siècle. Son père, Charles, né en 1594, a le titre de conseiller du roi et maître des eaux et forêts du duché de Château-Thierry. Sa mère, Françoise Pidoux, née en 1582, est d'origine poitevine, veuve d'un premier mari, Louis de Jouy, négociant à Coulommiers. Lorsqu'elle épouse Charles, elle a 36 ans, il est de 12 ans son cadet. Sa fille Anne de Jouy devient la belle-fille de Charles et sera la demi-soeur de Jean. Claude, frère de Jean, naît en 1623, 2 ans après le futur poète.


L'ADOLESCENCE :


Jean de La Fontaine commence ses études au collège de Château-Thierry, avec son condisciple François Maucroix, ami de toujours. Il les termine vraisemblablement à Paris.

IL CHERCHE SA VOIE
:

Il rentre ensuite à l'Oratoire
"Le 27 avril 1641, M. Jean de La Fontaine, âgé de 20 ans, a été reçu pour les exercices de piété de nos confrères" (Annales de l'Oratoire). N'étant pas fait pour les études religieuses, il quitte l'Oratoire 18 mois plus tard. Il s'en souviendra ainsi : "Desmares s'amusait à lire son Saint-Augustin, et moi, mon Astrée."(cité par A. Adam)
Il revient à Château-Thierry... Enthousiasmé par les Odes de Malherbe, il"passe ses nuits à apprendre ses vers par coeur et, le jour, il va les déclamer dans les bois". Son père est très heureux des premiers vers écrits par son fils. C'est l'époque aussi des longues promenades dans la campagne, des rencontres avec les bergères, et des aventures galantes avec les jeunes dames de Château-Thierry...
Sa mère meurt alors (fin 1643 ou début 1644).
Entre 1645 et 1647, Jean de La Fontaine est à Paris où il étudie le droit (1) avec Maucroix et Antoine Furetière. A ce moment, il fréquente une société d'amis jeunes et lettrés avec Tallemant des Réaux (le futur auteur des Historiettes), Paul Pellisson (qui sera secrétaire et ami de Fouquet, puis Académicien...), Patru (avocat et lexicologue), Antoine Rambouillet de La Sablière (qui épousera Marguerite Hessein, la future protectrice de La Fontaine). Cette libre académie de jeunes "palatins" se nomme la "Table ronde".
(1) sur la page obtenue, cliquer sur la rubrique "Jean de La Fontaine, avocat"


LE MARIAGE :


En 1647, poussé par son père, La Fontaine épouse Marie Héricart baptisée le 26 avril 1633, à la Ferté-Milon : Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. La date et le lieu du mariage ne sont pas connus. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart, lieutenant civil et criminel du baillage de La Ferté-Milon, et d'Agnès Petit. Jean a 26 ans, Marie un peu plus de 14...C'est une bien jeune femme pour pouvoir être responsable d'un ménage et pour exercer une influence sérieuse sur son mari.



LA VIE A CHATEAU-THIERRY


En 1652, Jean de La Fontaine achète une charge de maître particulier des eaux et forêts.
Charles, le fils unique du couple naît en 1653, il est baptisé à Château-Thierry le 30 octobre de la même année. Maucroix, l'ami de toujours en est le parrain, rôle qu'il assumera pleinement en contribuant à l' éducation de l'enfant, que Jean de La Fontaine délaisse quelque peu.
Mademoiselle de La Fontaine (Les femmes mariées, non nobles, mais bourgeoises étaient appelées ainsi et non "dames") se pique de littérature et fréquente à Château-Thierry une "Académie" de beaux esprits, ou salon littéraire, comme cela était fréquent à l'époque. On ne sait exactement où se tenaient les réunions, peut-être dans la maison même des La Fontaine, mais rien n'est sûr. Une lettre de Jean Racine à La Fontaine, du 4 juillet 1661 évoque cette académie : "...Je fais la même prière à votre Académie de Château-Thierry, surtout à Mlle de La Fontaine. Je ne lui demande aucune grâce pour mes ouvrages..."
C'est en 1654 , que La Fontaine publie, sans signature, son premier ouvrage qui paraîtra en librairie : L'Eunuque, adapté de Térence, comédie en 5 actes et en vers. Sa vocation s'affirme.
Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes, en 1658, qualifie La Fontaine de "garçon de belles-lettres, qui fait des vers, grand rêveur".


DES HORIZONS NOUVEAUX :


Après la mort du père de La Fontaine en 1658, qui laisse une succession très embrouillée, les deux époux se séparent de biens, d'un commun accord.
La Fontaine est vraisemblablement introduit par Jacques Jannart, son oncle par alliance, très proche du jeune couple, auprès de Nicolas Fouquet. La Fontaine offre à Fouquet, surintendant des finances, son poème Adonis, manuscrit, calligraphié par Nicolas Jarry, rehaussé d'un dessin par François Chauveau, le futur illustrateur des Fables.
Quelques mois après, en 1659, Fouquet confie à La Fontaine le soin de composer un ouvrage à la gloire de Vaux-le-Vicomte : ainsi naîtra Le Songe de Vaux, que la chute du surintendant laissera inachevé. En outre, Jean s'engage à "donner pension poétique" à Fouquet, payée en madrigaux, ballades, sonnets et autres vers.
Vers 1660, La Fontaine entre en relation avec Jean Racine, son petit-cousin par alliance, de 18 ans son cadet, qui fait à Paris ses débuts poétiques et vient de publier l' ode La Nymphe de la Seine à l'occasion de l'entrée à Paris de Marie-Thérèse d'Espagne, future femme de Louis XIV. D'Uzès, où il restera deux ans, Racine rappelle à La Fontaine le temps où ils se voyaient "tous les jours" (lettre du 11/11/1661)

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Message par crodan00 Mer 28 Juil - 5:58

LA FONTAINE ET FOUQUET :


De 1658 à 1661, le poète habite à Paris, chez Jannart, avec sa femme, ou à Château-Thierry pour y exercer ses charges. C'est dans sa ville natale, entre 1659 et 1660 qu'il fait représenter par des amis sa pièce Les Rieurs du Beau-Richard (Le Beau-Richard est un carrefour où l'on s'assemble pour bavarder à Château-Thierry et commenter la vie locale)
A Vaux, La Fontaine retrouve Pellisson, Madeleine de Scudéry, Maucroix, Charles Perrault, Saint-Evremond, il se lie avec Brienne, fréquente les plus grands artistes, des financiers, parmi lesquels le banquier Herwarth.
Le 17 août 1661, Fouquet donne une fête somptueuse en l'honneur du roi accompagné de toute la famille royale. La Fontaine y assiste. Molière y présente pour la première fois Les Fâcheux . La Fontaine en fait une relation dans la Lettre à Maucroix, alors à Rome, chargé de mission par Fouquet . L'envie, la jalousie et le désir d'affirmer le nouveau pouvoir personnel du roi motivent l'arrestation de Fouquet le 5 septembre 1661. Une autre lettre de La Fontaine à Maucroix relate cette arrestation et montre la profonde émotion de La Fontaine.
En 1662 l'élégie Aux Nymphes de Vaux où le poète exprime sa peine et son attachement à Fouquet est publiée anonymement.
"Pleurez, Nymphes de Vaux.....
Les destins sont contents : Oronte est malheureux"
(Oronte est le nom emprunté pour désigner Fouquet). Pendant toute sa vie, La Fontaine restera fidèle au surintendant, et demande la clémence à Louis XIV dans son Ode au roi.
En 1663, l'oncle Jannart, proche de Fouquet est envoyé en exil à Limoges. La Fontaine l'accompagne. Précaution inutile, ou envie de voyager ? Ce sera le plus long voyage de La Fontaine. Nous pouvons le suivre par les "Lettres à sa femme" rédigées au cours de ce voyage. Il décrit, entre autres, la Loire à Orléans, Blois, Amboise, Tours, Poitiers. Ces six lettres ne seront publiées qu'après la mort du poète. De retour à Château-Thierry à la fin de l'année, il fait sa cour à la jeune Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon, la nouvelle châtelaine. Elle est férue de poésie, espiègle et vive, a un nez retroussé : La Fontaine est conquis ...
"Nez troussé ? C'est un charme encor selon mon sens,
C'en est même un des plus puissants."
Ils deviennent très amis. Elle réussit à imposer le poète à toute sa famille, tous reconnaissent son talent. Grâce à l'appui de la duchesse de Bouillon, La Fontaine va obtenir un emploi et s'établir à Paris, où son génie littéraire va s'épanouir.


LA VIE A PARIS :


De 1664 à 1672, La Fontaine est gentilhomme servant au palais du Luxembourg, chez la duchesse douairière d'Orléans. Il habite encore chez l'oncle Jannart, quai des Orfèvres. A cette époque, sa femme retourne définitivement à Château-Thierry. C'est une période d'intense production, même si beaucoup des oeuvres qu'il fait éditer à ce moment sont écrites depuis longtemps. La Fontaine semble fréquenter quelques salons, notamment celui de l'Hôtel de Nevers (emplacement de l'hôtel de la Monnaie) près du Pont-Neuf , dont Mmes de Sévigné et de Lafayette, La Rochefoucauld sont les familiers.
1665 voit paraître la première édition des Contes et Nouvelles en Vers de M. de La Fontaine, chez Barbin. Un deuxième recueil est publié en 1666, un troisième en 1671. C'est un succès.
En 1668, les Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine sont éditées chez Barbin associé à Denys Thierry, dédiées au dauphin âgé de 8 ans. Le vers célèbre "Je me sers d'animaux pour instruire les hommes"est inclus dans la dédicace. Ce recueil contient 124 fables, réparties en 6 livres. Les vignettes qui les illustrent sont de François Chauveau. Le recueil reçoit un immense succès.
En 1669, Les Amours de Psyché et de Cupidon, poème dédié à la duchesse de Bouillon et Adonis, qui avait été offert à Fouquet en 1658, paraissent chez Barbin.
En 1671, La Fontaine abandonne ses charges de maître des eaux et forêts, ne pouvant les racheter au duc de Bouillon.
En 1672, La duchesse douairière d'Orléans meurt ; La Fontaine perd sa charge de gentilhomme servant.
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Message par crodan00 Mer 28 Juil - 6:01

CHEZ MADAME DE LA SABLIERE :


En 1672, après la mort de la duchesse douairière, La Fontaine n'a plus d'emploi. L'année suivante, Madame de La Sablière l'accueille chez elle. Il y restera 20 ans, jusqu'à la mort de sa protectrice qui vit séparée de son mari. Dans son hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs, elle reçoit une société brillante et assez libre. Madame de Sévigné l'appelle assez méchamment "la tourterelle". Iris est le nom que lui réserve La Fontaine dans ses vers. La Fontaine y rencontre des savants, il est passionné par les sujets scientifiques qui sont abordés.
L'année suivante, le succès d' Alceste, opéra de Lulli est compromis par une cabale. Mme de Montespan et sa soeur Mme de Thiange conseillent à Lulli de changer de librettiste et de remplacer Quinault par La Fontaine. Lulli accepte à contrecoeur semble-t-il...La Fontaine travaille quatre mois sur l'opéra Daphné, sans satisfaire Lulli. Il abandonne. C'est l'origine du poème satirique Le Florentin...(rare colère de La Fontaine). La même année, en 1674, paraissent sans privilège ni permission, les Nouveaux Contes de Monsieur de La Fontaine. Ils sont plus licencieux que les précédents et mettent en cause des moines, soeurs.... La vente en est interdite l'année suivante.
La Fontaine vend sa maison natale de la rue des Cordeliers à Château-Thierry, à Antoine Pintrel "gentilhomme de la grande vénerie du roi" en 1676. Cela lui permet de s'acquitter de ses dettes.
En 1678 et 1679 paraissent deux nouvelles éditions des fables :
L'édition de 1678, ajoute à celle de 1668 les nouveaux livrets qui correspondent aux livres 7 et 8 de nos éditions actuelles.
Celle de 1679, les livrets qui correspondent aux livres 9, 10 et 11 des éditions modernes.
Ces 87 fables nouvelles sont dédiées à Mme de Montespan, maîtresse du roi, avec des messages concernant les grands problèmes de l'époque.
Vers 1680, Mme de La Sablière, abandonnée par son amant La Fare se consacre à la dévotion et au soin des malades. Elle déménage et loge La Fontaine dans une petite maison proche de la sienne. Poète reconnu, les membres de l'Académie Française l'élisent comme successeur au fauteuil de Colbert le 15 novembre 1683, mais le roi retarde la réception officielle. Elle est effective le 2 mai 1684 et La Fontaine occupe le fauteuil N°24 . La réception de Boileau a lieu le 1er juillet de la même année. Le roi avait attendu cette élection pour rendre officielle celle de La Fontaine
En 1685 sont édités les Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine.


LES DIX DERNIERES ANNEES :


La Fontaine fréquente à la fin de sa vie les Vendôme, les Conti, Madame Ulrich, personnes à la vie assez dissolue...
1991 voit la représentation de son opéra L'Astrée, mis en musique par Colasse : c'est un échec.
En 1693, à la mort de Mme de la Sablière, La Fontaine s'installe chez les d'Hervart, fils et belle-fille du banquier rencontré chez Fouquet. Ils le recevaient déjà depuis quelques années et l'aimaient beaucoup.
Cette même année est publié le dernier recueil des fables : c'est le livre XII des éditions actuelles. Il est dédié au duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, alors âgé de 12 ans . La plupart des 29 fables de ce dernier recueil avaient été publiées à partir de 1684, dans le "Mercure Galant" notamment.
En 1692, La Fontaine tombe gravement malade et son confesseur l'Abbé Pouget, qui admire en lui un homme"fort ingénu, fort simple", obtient une abjuration publique de ses contes "infâmes" Il lui fait déchirer sa dernière oeuvre à peine terminée, une comédie.
Le 13 avril 1695 : La Fontaine meurt chez les d'Hervart, rue Plâtrière. Il est inhumé au cimetière des Saints-Innocents. Le registre paroissial de Saint-Eustache mentionne le décès et l'inhumation.

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Message par crodan00 Jeu 29 Juil - 6:19

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Message par crodan00 Lun 23 Aoû - 6:17


EXPOSITION : FABLES, ENFANTS, JEAN DE LA FONTAINE







L'association a mis en place des valises pédagogiques. Les photos de grand format
qu'elles contiennent représentent des illustrations de 2 fables souvent connues des
enfants
La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf et La laitière et le pot au lait.
Elles suggèrent des pistes d' exploitation dans la plupart des domaines des arts
plastiques : réalisations en volume, gravure, toutes les techniques de la couleur,
et celles d'application d'un matériau sur un support...Si vous désirez travailler
avec l'une de ces valises, veuillez vous adresser à
l'Inspection primaire de Château-Thierry :03 23 69 06 23
Le conseiller pédagogique de circonscription a coordonné les actions de l'association et

celles des écoles. C'est ainsi que des ateliers de pratique artistique ont été mis
en place dans les classes. La plupart des travaux sont issus des écoles maternelles.
Les enfants ont exposé à la Porte St Pierre en novembre 2001, actuellement,

une sélection des travaux est exposée à l'espace accueil du musée,
ainsi qu'un diaporama expliquant le travail réalisé.
Jean de la Fontaine - Page 5 Collcorb
Jean de la Fontaine - Page 5 Gravtra
Jean de la Fontaine - Page 5 Pressimp
Le corbeau et le renard
Collage sur bois
Empreintes des animaux des fables, stylisées
plâtre
Réalisation de monotypes : la presse à imprimer. L'artiste la fait manipuler par les enfants.
Jean de la Fontaine - Page 5 Monolait
Jean de la Fontaine - Page 5 Coutugr
Jean de la Fontaine - Page 5 Monoher
La laitière et le pot au lait,
monotype
La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf,
application de tissu sur toile de jute, par couture
Le héron,
monotype
Jean de la Fontaine - Page 5 Mosalaih

Jean de la Fontaine - Page 5 Mobgre
Jean de la Fontaine - Page 5 Mobilgr

La laitière et le pot au lait,
mosaïque
La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf,
mobile, papier collé, laine, carton...
Fabrication du boeuf et de la grenouille qui devient de plus en plus grosse
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