Les grandes tricheries du sport

Astuce n°1 : rien ne sert de courir...mieux vaut prendre le métro !

Le 21 avril 1980 a lieu le marathon de Boston. Chez les femmes, c'est l'Américaine d'origine cubaine Rosie Luiz qui franchit la ligne d'arrivée en tête, en un temps record de 2h31'56''. Six mois plus tôt, elle avait couru les 42,195 km en 25 minutes de plus sur l'épreuve de New York. Autant dire qu'elle pulvérise son meilleur temps... Et, fait étonnant, à son arrivée, la marathonienne apparaît fraîche comme une rose. Elle explique alors à un journaliste que c'est parce qu'elle s'est "réveillée avec beaucoup d'énergie le matin".

	Rosie Ruiz avait emprunté le métro de New York, avant de rejoindre la foule des coureurs à 1 km de l'arrivée.

Mais rapidement, la suspicion s'installe chez les organisateurs. Personne n'a vu Rosie Luiz sur le parcours, elle ne figure sur aucune vidéo de la course, ni sur aucune photo des reporters présents. Parmi les autres coureurs, qui ont terminé dans les mêmes temps qu'elle, personne ne la reconnaît. De plus, tout au long du parcours, la Canadienne Jacqueline Gareau, la "vraie" vainqueur, a été saluée par le public, qui était attentif pour voir passer la première femme...
Un témoin dira même plus tard avoir vu Rosie Ruiz sortir de la foule des spectateurs entre Charlesgate et Commonwealth Avenue, pour s'immiscer dans le peloton moins d'un kilomètre avant l'arrivée.
Preuve supplémentaire accablante pour Rosie Ruiz : un témoin affirme qu'elle aurait aussi triché lors du marathon de New York (qui lui a permis de se qualifier pour Boston). Susan Morrow, une photographe, déclare en effet avoir rencontré Rosie Ruiz sur le quai du métro new-yorkais pendant le marathon et l'avoir accompagnée jusqu'à la course, pensant qu'elle voulait y assister en tant que spectatrice. Elles se sont perdues à cet endroit mais, lorsque la photographe apprit l'histoire de Boston, elle repensa à cet épisode ! Rosie Ruiz aurait ensuite réussi à pénétrer dans la zone d'arrivée de la course, où elle se serait fait passer pour une participante.
Les organisateurs de la course exclurent Rosie Ruiz (qui clama toujours son innocence), et une semaine plus tard, c'est Jacqueline Gareau, qui avait terminé en 2h34'28", qui fut récompensée lors d'une conférence de presse.

Astuce n°2 : varier et faire le marathon... en voiture

	Fred Lorz s'est économisé en faisant une partie du parcours en voiture.

Rosie Ruiz n'était pas la première à ruser sur un marathon. D'autres aussi ont trouvé cela trop dur pour être couru en entier.
En 1904, aux Jeux Olympiques de Saint-Louis (Etats-Unis), le marathonien Fred Lorz souffre de crampes au 15e kilomètre. Comment couvrir dès lors les 28,195 km qui restent ? Rien de plus simple : il suffit de monter dans une voiture ! L'automobile le dépose à 8 km de l'arrivée. L'Américain passe la ligne d'arrivée tranquillement ! On lui tend un bouquet de fleurs, il savoure l'acclamation du public. Mais la supercherie est découverte quelques minutes plus tard quand Thomas Hicks, soi-disant second, arrive et déclare : "J'ai gagné puisque, parti en tête, je n'ai pas été dépassé". Le tricheur est démasqué.
Dans un premier temps, Fred Lorz sera interdit de toute compétition amateur par l'Union Athlétique Amateur, qui reviendra sur sa décision après avoir établi que la fraude de l'Américain n'était pas préméditée. Et en 1905, Lorz gagnera... le marathon de Boston !

Astuce n°3 : trafiquer son épée

	Boris Onishchenko avait truqué son épée.

Avant de disputer les Jeux Olympiques de Montréal en 1976, le spécialiste du pentathlon moderne, Boris Onishchenko, possède déjà un palmarès des plus conséquents : champion du monde en 1971, médaillé d'argent en individuel et d'or par équipes aux Jeux de Münich en 1972. L'Ukrainien, qui défend les couleurs soviétiques, se présente donc au Canada en grand favori.
Lors du concours par équipes, l'URSS se classe 4e après la 1re des 5 épreuves du pentathlon. Vient alors l'escrime, spécialité de Onischenko. A l'épée, une touche est déclarée valable par la table de marque électronique quand une pression de 750 bar est exercée sur la pointe de l'arme.
Or, durant l'assaut, Jim Fox, le capitaine de la Grande-Bretagne, s'étonne : l'épée du Soviétique a fait s'allumer la table de marque alors que le Britannique n'a senti aucune touche sur son corps. Pire encore quelques instants plus tard : le voyant s'allume alors que Onishchenko a le bras en l'air, l'épée pointée vers le plafond, à bonne distance de son adversaire. L'équipe anglaise porte réclamation. L'arbitre confisque l'arme et la confie au directoire technique, chargé d'examiner la validité des épées et de leur système électrique. On découvre alors, sous le grip de la poignée, un système discret, équivalent à un interrupteur, qui déclenche la lampe de l'arbitrage.
Onishchenko est immédiatement exclu de la compétition et l'Union Soviétique éliminée de l'épreuve par équipes. Les autres pentathlètes russes sont autorisés à participer à l'épreuve individuelle.
A Montréal, on n'arrive pas à croire que le Soviétique a eu recours à ce trucage : "Ce grand champion n'avait pas besoin de tricher pour gagner. Et s'il l'avait fait, il ne l'aurait pas aussi mal fait. Il avait la pointe de l'épée en l'air, très loin de son adversaire. Il a activé la gâchette vraiment au mauvais moment, sans doute sans le savoir. S'il avait vraiment voulu tricher, on ne s'en serait pas rendu compte de cette façon", a livré récemment Carl Schwende, membre du directoire technique de la compétition à l'époque, à Radio Canada.

Astuce n°4 : faire les fous

	10 des 12 basketteurs espagnols étaient des "faux" handicapés mentaux.

C'est sans doute l'une des tricheries les plus honteuses de l'histoire. A Sydney, en 2000, ont lieu les Jeux paralympiques. L'une des disciplines au programme est le basket pour handicapés mentaux. C'est l'Espagne qui remporte la médaille d'or.
Mais quelques mois plus tard, l'AFP révèle qu'un joueur de cette équipe ne souffre d'aucun handicap. Carlos Ribagorda, journaliste au magazine économique espagnol Capital et membre de la sélection paralympique espagnole de basket depuis 1999, avoue : "Certains pays comme l'Espagne, la Pologne ou le Brésil en basket, et d'autres pays dans d'autres disciplines, commettent des irrégularités en sélectionnant des athlètes sans aucun handicap". Il affirme que "au moins 15 des 200 sportifs espagnols aux Jeux paralympiques n'avaient aucun handicap physique ou mental". Rien que dans l'équipe de basket, 10 des 12 participants ibériques étaient tout à fait sains d'esprit (mais sans aucun scrupule en revanche...)
L'équipe espagnole de basket déficiente intellectuelle a dû rendre sa médaille d'or. Mais ce scandale a eu des conséquences importantes sur le "sport adapté" : les handicapés mentaux sont désormais persona non grata aux Jeux paralympiques. Le Comité international paralympique considère qu'il est trop difficile de déterminer le niveau de handicap des athlètes déficients intellectuels.

Astuce n°5 : neutraliser son adversaire

	Coup bas sur la glace...

La patineuse Tonya Harding a été la première Américaine à tenter et réussir en compétition un triple axel. Ce saut a d'ailleurs contribué à ce qu'elle décroche la médaille d'argent aux Championnats du monde de patinage artistique à Münich en 1991. L'année suivante, elle termine au pied du podium aux Jeux Olympiques d'Albertville.
Mais le nom de Tonya Harding est ensuite associé à un événement beaucoup moins glorieux : l'agression de l'une des ses adversaires, Nancy Kerrigan.
En effet, peu avant les JO de Lillehammer 1994, lors des Championnats américains de patinage artistique organisés à Detroit, la vice-championne du monde Nancy Kerrigan est frappée à la jambe par un homme muni d'une barre de métal. La patineuse est blessée au genou... mais pas suffisamment pour renoncer aux Jeux. Elle remporte la médaille d'argent à Lillehammer un mois plus tard, et Tonya Harding ne termine qu'à la 8e place.
L'enquête démontrera par la suite que l'agresseur n'est autre que le garde du corps de Tonya Harding. Shawn Eckardt est arrêté et reconnaît avoir organisé l'opération avec l'ex-mari de la patineuse. Harding nie d'abord toute implication dans l'affaire. Puis, elle finira par révéler qu'elle a été mise au courant de l'histoire un mois après l'agression et qu'elle a menti sur l'implication de ses proches.
Jeff Gilloody, son ex-mari, et son garde du corps seront condamnés à 2 ans de prison et 100 000 dollars d'amende. Tonya Harding sera exclue de la Fédération américaine de patinage. Elle a aussi été condamnée à 500 heures de travaux d'intérêt général pour faux témoignage

Astuce n°6 : changer de sexe

	Homme ou femme ? Entre 1968 et 2000, le CIO faisait pratiquer des tests de féminité.

Vraies tricheries ou anomalies génétiques ? Dans l'histoire du sport, il est arrivé plusieurs fois que des hommes se fassent passer pour des femmes.
Stanislawa Walasiewicz quitte sa Pologne natale quand elle est enfant pour émigrer aux Etats-Unis avec ses parents. Douée en athlétisme, elle remporte à 21 ans la médaille d'or du 100 m aux JO de Los Angeles en 1932 et celle d'argent 4 ans plus tard.
Extrêmement populaire dans son pays d'origine (dont elle défend les couleurs), elle épouse plus tard le boxeur américain Neil Olson, devient "Stella Walsh" et continue de remporter de nombreux titres (elle établira 18 records du monde au cours de sa carrière). En 1975, après avoir gagné un dernier titre national, elle entre au "Hall of Fame" (sorte de tableau d'honneur des meilleurs ambassadeurs de l'athlétisme américain).
A 69 ans, elle meurt, victime d'une attaque à main armée dans un centre commercial de Cleveland. L'autopsie révèle que la championne est en fait... un homme. Stella Walsh possède certes les caractéristiques des organes féminins, mais aussi deux testicules ! De plus, ses chromosomes sont XY.
Stanislawa Walasiewicz était-elle au courant de cette spécificité physique ou ignorait-elle son "double sexe" ? A-t-elle triché sciemment en concourant chez les femmes alors qu'elle se savait homme ? Personne ne le saura. Le Comité International Olympique et la Fédération Internationale d'Athlétisme resteront sourds à la polémique. Ils ne retireront jamais le nom de Stanislawa Walasiewicz des tablettes olympiques.

Les sœurs Press ont également suscité un débat sur leur genre sexuel. Aux JO de 1960 à Rome, les deux Soviétiques remportent l'or olympique sur 80 m haies pour Irina ; l'argent en disque ainsi que l'or au poids pour Tamara. Quatre ans plus tard, elles récidivent en décrochant respectivement l'or sur pentathlon, et l'or en disque et poids.
Mais des doutes existent sur leur sexe. Certains évoquent de possibles cas d'hermaphrodisme, d'autres des injections d'hormones mâles. En 1968, le CIO décide de rendre obligatoire un test de féminité pour se présenter aux épreuves des JO. Les "frères Press", comme les surnomment alors des journalistes mal intentionnés, arrêtent toute compétition sportive. Lien de cause à effet ? Irina et Tamara s'en défendent mais le doute subsiste.

Astuce n°7 : marquer un but de la main

	Maradona a fait trembler les filets... en s'aidant un peu de la main !

Quand on est trop juste pour mettre la tête sur un centre, pourquoi ne pas mettre la main pour pousser le ballon de foot dans le but ? Maradona et Messi ne vous contrediront pas : c'est efficace.
Coupe du monde 1986, 1/4 de finale Angleterre-Argentine. Alors que le score est de 0-0, Diego Maradona inscrit un but à la 51e minute. L'arbitre ne l'a pas vu mais c'est de la main que l'Argentin a marqué. Comme le joueur le reconnaîtra lui-même, il ne pouvait atteindre le ballon de la tête en raison de la grande taille du gardien anglais. Il a donc tendu le bras pour effleurer le ballon, qui a lobbé le goal. Il dira que c'était "la main de Dieu".
En 2005, dans le talk-show qu'il anime sur une chaîne de télévision argentine, "El Pibe de Oro" raconte : "J'attendais que mes coéquipiers viennent m'embrasser et personne n'est venu. Je leur ai dit : venez me prendre dans vos bras ou l'arbitre ne va pas le valider".
L'Argentine finira par remporter le match 2-1, grâce à un magnifique 2e but de Maradona (sans ambiguïté celui-là !), élu "Plus beau but de l'histoire de la Coupe du monde" par la FIFA. L'Argentin a dribblé 9 joueurs anglais et parcouru la moitié du terrain ballon au pied avant de marquer.

Son clone, le jeune Lionel Messi, a poussé le mimétisme jusqu'à reproduire la célèbre "main de Dieu" de Maradona. Lors de la 37e journée de Liga, en mai 2007, le joueur du Barça inscrit un but de la main contre l'Espanyol. En revanche, il n'offrira pas la victoire à son équipe puisque les adversaires égalisent à la dernière minute.

Astuce n°8 : Quand on a la flemme de pédaler, on prend le train

	En 1904, certains spectateurs n'ont pas hésité à agresser des cyclistes ou à répandre des clous sur la chaussée.

Dès sa deuxième édition, en 1904, le Tour de France a un parfum de scandale. A l'issue de la première étape, entre Paris et Lyon, le doute s'installe concernant Pierre Chevalier. Le cycliste est arrivé 3e, frais et dispos, alors qu'on l'avait signalé distancé des dizaines de kilomètres auparavant. Il finit par reconnaître qu'il a effectué une grande partie de l'épreuve en voiture. Cette année-là, d'autres concurrents profitent de l'obscurité pour faire du stop (les étapes, très longues, se courent de jour comme de nuit), d'autres prennent le train pour éviter de pédaler trop longtemps.
Quelques jours plus tard, l'Union Vélocipédique de France, sur la foi de témoignages, disqualifie notamment les quatre premiers de l'épreuve : Maurice Garin, Lucien Pothier, César Garin et Hippolyte Aucouturier. C'est le 5e du Tour, le jeune Henri Cornet, qui est déclaré vainqueur. Au total, 9 coureurs sont exclus pour avoir triché.
Cette édition de la Grande Boucle restera également marquée par les batailles entre spectateurs qui sont allés jusqu'à agresser certains cyclistes et jeter des clous sur la route. Henri Desgrange, le fondateur du Tour, a même failli jeter l'éponge après ces mésaventures et ne plus jamais organiser la course.

En juillet 2007, l'écrivain Thierry Pellentier raconte dans le journal Libération d'autres histoires croustillantes sur le Tour de France :
"Paul Duboc est en train de gagner le Tour 1911, quand il s'effondre dans l'Aubisque, en proie à d'interminables vomissements, après avoir ingurgité un bidon tendu par une main anonyme. Le coupable, Lafourcade, ancien coureur reconverti, est le lointain ancêtre du docteur Fuentes. Il prépare, à la commande, du dopant ou du poison. Le même procédé est utilisé en 1923 contre l'Italien Bottecchia et le Belge Scieur. Quant à Firmin Lambot, sa pédale, sciée préalablement, le lâche en plein col. En 1937, Roger Lapébie, futur vainqueur, perd, heureusement sans chuter, son guidon, scié lui aussi".

Lors du Tour d'Italie en 1959, Jean Graczyck est mis hors course pour s'être accroché à une moto. Il adopte alors une ligne de défense particulière : "Personne n'est venu me dire que c'était interdit !"

Astuce n°9 : acheter l'arbitre ou les juges

Les cas de corruption sont de plus en plus nombreux dans le sport. Citons-en 4 à titre d'exemple.

	La corruption gangrène malheureusement le sport.

- Le scandale Robert Hoyser. Le 27 janvier 2005, l'arbitre allemand de 25 ans reconnaît qu'il a truqué, en distribuant cartons rouges et penaltys imaginaires, les résultats de plusieurs matchs de Coupe d'Allemagne et de Championnat de D2 et D3 en début de saison. L'homme en noir agissait pour le compte de la mafia croate, qui pariait de fortes sommes d'argent sur ces rencontres et lui aurait reversé 70 000 euros en échange de ses services. Certains des matchs truqués ont été rejoués, d'autres ont fait l'objet de compensations financières versées par la Fédération allemande de football. Robert Hoyser a été condamné à 29 mois de prison ferme par la justice et s'est vu interdire à vie d'exercer toute activité dans le football professionnel.
- Les matchs truqués en Serie A italienne. Au printemps 2006, la presse italienne (dont La Gazzetta dello Sport) publie le compte-rendu d'écoutes téléphoniques ordonnées par la justice en 2004. Ces conversations impliquent Luciano Moggi, directeur général de la Juventus de Turin, et Pierluigi Pairetto, ancien arbitre, chargé par la Fédération italienne de foot de sélectionner les hommes en noir pour les matchs de championnat entre 1999 et 2004. Sur les enregistrements, on entend Moggi donner des consignes pour la désignation des arbitres dans les rencontres de son équipe. Après moults rebondissements judiciaires, la Juventus de Turin sera rétrogradée en Serie B (2e division italienne). Et les 3 autres clubs impliqués dans le scandale (l'AC Milan, la Fiorentina et la Lazio de Rome) souffriront aussi de retraits de points. Mis en examen et accusé d'association de malfaiteurs, Luciano Moggi a été suspendu de toute fonction sportive pour une durée de 5 ans.
- Le dérapage de Marie-Reine Le Gougne en patinage artistique. Le 30 avril 2002, la juge française Marie-Reine Le Gougne est suspendue pour 3 ans et interdite de participation aux JO de Turin en 2006. Cette décision fait suite au scandale qu'elle avait provoqué en révélant avoir favorisé le couple russe Berezhnaya-Sikharulidze, après un arrangement avec la fédération lors des JO de 2002 à Salt Lake City. Cette tricherie avait permis aux Russes d'obtenir la médaille d'or au détriment des Canadiens Sale et Pelletier. Ceux-ci ont finalement reçu l'or après la révélation faite par la juge.
- L'uppercut de Park Si-Hun. Aux Jeux Olympiques de 1988, le boxeur coréen Park Si-Hun crée la surprise en dominant l'Américain Roy Jones Jr en finale dans la catégorie des moins de 72 kg. Mais les 3 juges qui offrent l'or au Coréen furent bientôt suspendus. Les JO de 1988 se déroulaient... en Corée et le combat avait été acheté.

Astuce n°10 : contourner le contrôle anti-dopage

Quand on parle de dopage, le cyclisme est souvent pointé du doigt. Il faut dire que, de tout temps, les coureurs n'ont pas manqué d'imagination pour éviter de se faire prendre au contrôle anti-dopage. L'une des références en la matière s'appelle Michel Pollentier. Le cycliste belge a participé à 8 éditions du Tour de France entre 1973 et 1981.

	L'astuce de la poire n'a pas fonctionné pour Pollentier...

Lors de la Grande Boucle 1978, il constate que les médecins chargés de prélever l'urine des coureurs à l'arrivée ne sont pas très rigoureux. Du coup, il imagine un stratagème pour contourner le contrôle. Au moment du test urinaire, il placera une poire sous son aisselle. Celle-ci sera remplie avec de l'urine "propre", provenant d'une tierce personne, et un petit tuyau reliera la poire à l'entrejambe du cycliste. Une petite pression de l'aisselle et hop ! Ni vu, ni connu, le cycliste remplira le flacon avec une urine "saine".
Convaincu de l'ingéniosité de son système, Michel Pollentier se "charge" allègrement et prend de nombreux produits pour améliorer sa performance la veille de la grande étape de l'Alpe d'Huez. Le dopage marche bien : celui que l'on surnomme "Cuisses de mouche" remporte l'étape la plus exigeante du parcours !
A l'issue de la course, il se rend dans la caravane du contrôle anti-dopage. Manque de chance pour lui : le médecin chargé ce jour-là de faire uriner les cyclistes lui demande de faire ça face à lui. Le trucage est découvert et le Belge est exclu du Tour.
Cet épisode inspirera d'ailleurs une scène du film "Le vélo de Ghislain Lambert", où Benoît Poolvoerde reproduit excatement le même stratagème... et se fait prendre !

	La couverture de "Massacre à la chaîne" de Willy Voet

Sur le même principe mais en plus tordu, le soigneur de l'équipe Festina Willy Voet raconte dans son ouvrage "Massacre à la chaîne", publié en 1999 : "Il fallait se munir d'un tuyau en caoutchouc, flexible et rigide à la fois. À une extrémité, on fixait un bouchon, en liège le plus souvent. À l'autre, on accrochait un... préservatif, enfilé sur un tiers du tuyau. Enfin, pour plus de précaution, on collait des poils de moquette, voire des poils tout court, sur la partie qui sortait du préservatif. Dans le car de l'équipe où le coureur venait se changer avant de passer au contrôle, il ne restait plus qu'à passer à la deuxième étape : se glisser dans l'anus le bout du tuyau muni du préservatif, injecter avec une seringue de l'urine "ordinaire", boucher le tuyau et le coller à la peau, en épousant la forme du périnée, jusqu'au bord des glandes génitales. D'où les poils, pour masquer le tuyau si le médecin contrôleur décidait de se baisser jusqu'au plancher. Le préservatif chargé d'urine se déployait dans l'anus, ce qui présentait aussi l'avantage de tenir le liquide au chaud. Impa-ra-ble. Les médecins n'y ont jamais vu que du feu. J'ai usé de ce stratagème pendant trois ans en toute tranquillité".
Edifiant...

Astuce n°11 : arranger l'ordre d'arrivée

	Les patrons d'équipe décident parfois lequel de leurs poulains doit arriver en tête.

Un autre forme de tricherie consiste à décréter à l'avance l'ordre d'arrivée de sportifs de la même équipe. Cela s'est déjà produit en course automobile, en cyclisme...
Lors du Dakar 1989, deux équipages Peugeot se livrent une bataille fratricide. La dernière étape du rallye s'annonce pleine de suspense entre Ari Vatanen et Jacky Ickx. Mais Jean Todt, team manager du constructeur à l'époque, ne l'entend pas de cette oreille. Il redoute que la guerre entre ses deux pilotes pousse l'un ou l'autre, voire même les deux, à la faute et que, finalement, la victoire échappe aux 405. Todt joue alors la victoire à pile ou face ! Ari Vatanen est le chanceux : c'est lui qui prend donc les commandes de la dernière étape et qui remporte le rallye. Cette décision du manager de Peugeot provoque un scandale. Beaucoup d'observateurs estiment que l'éthique est bafouée au profit des intérêts économiques et commerciaux de la marque.
En 1996, lors de la classique cycliste Paris-Roubaix, l'équipe Mapei-GB réussit le triplé. Le Belge Museeuw remporte la classique en sprintant mollement devant ses deux partenaires : l'ordre d'arrivée avait été décidé par téléphone entre le directeur sportif et le patron de l'équipe italo-belge.
En Formule 1, on a pu constater à plusieurs reprises que les équipiers successifs de Michael Schumacher se sont souvent sacrifiés pour lui : Barrichello s'arrêtant avant la ligne d'arrivée pour laisser gagner le Baron rouge, Irvine laissant passer l'Allemand devant lui, Ferrari modifiant l'ordre des ravitaillements pour que Massa finisse derrière Schumi...
Par ailleurs, ce dernier a été accusé de tricherie en 2006, lors des essais du GP de Monaco. Pour être sûr de décrocher la pôle-position, Michael Schumacher stationne sa F1 dans un virage, obligeant son principal concurrent Fernando Alonso à contourner l'obstacle, ce qui lui fait perdre du temps. Le pilote allemand prétexte un incident technique mais personne n'est dupe. Il est rétrogradé en dernière position sur la grille de départ lors de la course le lendemain

Astuce n°12 : jouer la comédie

C'est l'un des grands classiques du sport : la simulation. Les footballeurs sont notamment passés maîtres en la matière.


L'affaire Roberto Rojas
Franchement, on se demande encore comment le gardien chilien, véritable star dans son pays, a pu avoir une idée aussi tordue. En 1990, lors d'un match de qualification pour la Coupe du monde entre le Brésil et le Chili, et alors que les Chiliens mènent 1-0, un fumigène est lancé à proximité du "Condor" Roberto Rojas. Celui-ci, le visage en sang, est porté hors du terrain. Ses coéquipiers refusent de reprendre le match, expliquant que la sécurité des joueurs n'est plus assurée.
Quelques jours après cet incident, les images vidéo montrent que le goal a en fait triché pour que le Chili gagne la rencontre sur tapis vert. On voit en effet Roberto Rojas s'entailler lui-même l'arcade sourcillière. Il avait caché une lame dans son gant. Preuve que l'acte était prémédité !
Face à cette escroquerie, la FIFA accorda la victoire au Brésil, exclut le Chili de compétitions officielles pendant plusieurs années et suspendit Roberto Rojas à vie.

	Ces actes d'anti-jeu méritent des cartons rouges.

L'affaire Johan Micoud


Récemment, c'est le Bordelais Johan Micoud qui a subi les foudres de ses adversaires, de la presse, des arbitres... pour une simulation qui a entraîné l'octroi d'un penalty. Lors d'un match crucial contre Nancy (les deux équipes étaient au coude à coude pour la 2e place du championnat), le Girondin se laisse tomber dans la surface de réparation, plongeant littéralement alors que son adversaire, Chris Malonga, ne le touche pas. Le cinéma de Micoud convaint l'arbitre de la rencontre, M. Poulat, d'accorder un penalty aux Girondins, qui s'imposeront finalement 2-1.
Mais la polémique enfle rapidement. "Au vu des images, il apparaît que le joueur a commis un acte de tricherie délibéré dans le seul but de me tromper, déclare l'arbitre 4 jours plus tard. Je considère donc cette tricherie comme extrêmement grave et je trouve inadmissible qu'un joueur professionnel ait pu avoir une attitude aussi abjecte et dépourvue de moralité." La commission de discipline de la Ligue de Football Professionnel a sanctionné Johan Micoud d'un match de suspension ferme pour simulation.
Si le geste du Bordelais est indéniablement condamnable, Micoud semble quand même avoir fait les frais d'un certain acharnement. La simulation est devenue monnaie courante dans le sport et les footballeurs qui jouent les accusateurs aujourd'hui pourraient bien être les tricheurs de demain...

Astuce n°13 : payer un espion

	Ferrari a été victime d'espionnage au profit de McLaren Mercedes.

Dans certains sports, comme la Formule 1, la technologie a pris une place considérable. Les spécificités techniques des voitures sont des secrets bien gardés par chaque écurie. Enfin presque... En 2007, McLaren a été impliquée dans une sale affaire d'espionnage.
La presse révèle en juin qu'à la suite d'une plainte de Ferrari, la justice italienne a ouvert une enquête sur Nigel Stepney.
Le chef-mécanicien, devenu l'un des meilleurs managers techniques de la Scuderia, était en conflit avec sa direction depuis une restructuration. Mais rien ne laissait présager une quelconque traîtrise. Or, Ferrari a enquêté en interne et découvert que Stepney a communiqué des informations confidentielles à un membre de l'écurie rivale McLaren-Mercedes, Mike Coughlan. Les deux techniciens impliqués sont licenciés par leurs écuries respectives.
Mais cela n'exonère pas pour autant le constructeur britannique, dont il est prouvé que ses ingénieurs et ses pilotes (Alonso et de la Rosa) étaient largement au courant grâce à Nigel Stepney des décisions de Ferrari (réglages des voitures, stratégies de course...)
Sur le plan sportif, à l'issue des auditions, la Fédération Internationale de l'Automobile déclare l'écurie McLaren coupable de tricherie. Celle-ci est exclue du Championnat du monde des constructeurs et condamnée à payer une amende de 100 millions de dollars.
Sur le plan de la justice civile, l'affaire est toujours en cours.

Astuce n°14 : mentir sur son âge

	En gymnastique, il est interdit de participer aux JO avant l'âge de 16 ans.

Les gymnastes chinoises
Un mois avant les JO de Pékin, le New York Times émet des doutes sur l'âge de plusieurs gymnastes chinoises. Selon le journal américain, certaines n'auraient que 14 ans. Or, en gymnastique, il faut avoir 16 ans minimum pour participer aux Jeux.
Cette polémique concerne notamment He Kexin, qui sera sacrée championne olympique par équipes et en individuel aux barres asymétriques. Le New York Times prétend disposer de deux listes officielles, datant de 2006 et 2007, présentant He comme née le 1er janvier 1994.
Les officiels chinois réagissent immédiatement à ces allégations en envoyant une copie du passeport de la Chinoise, où l'on peut constater qu'elle est née le 1er janvier 1992. Un passeport émis le 14 février... 2008, soit quelques semaines seulement avant le début des Jeux Olympiques.
La polémique rebondit lorsqu'un hacker affirme sur son blog qu'il a découvert des documents chinois prouvant que He Kexin n'a que 14 ans. Le quotidien The Times confirme alors que ces documents portent le sceau officiel de l'administration générale sportive de Chine. "Il a d'abord essayé Google, et a vu que l'âge de la gymnaste n'était pas accessible. C'est dans le cache du site chinois Baidu qu'il a trouvé des documents montrant que sa date de naissance était le 1er janvier 1994". Cela incite le CIO à ouvrir une enquête et à demander à la Fédération Internationale de Gymnastique de procéder à un contrôle plus poussé de l'âge des athlètes. Mais les médailles d'or de la talentueuse petite Chinoise n'ont pas été remises en cause.

Les Espoirs mexicains

D'autres sports sont concernés par les mensonges sur l'âge des sportifs. De nombreux témoignages font état de cette pratique en Afrique par exemple, où l'on change la date de naissance pour faire gonfler la "valeur marchande" de jeunes prodiges.
En 1998, un journaliste mexicain révèle aussi que certains joueurs de la sélection nationale Espoirs (moins de 23 ans) ont tout à coup été rajeunis grâce à des falsifications d'actes de naissance et l'établissement de faux passeports par des dirigeants peu scrupuleux.
Rafael del Castillo, responsable du foot juniors mexicain, réagira mollement : "Pourquoi le Mexique n'aurait-il pas le droit de ruser, quand d'autres pays le font et que tout le monde trouve cela naturel ?"
(source : Le Monde Diplomatique) Avec des arguments comme ça, le problème ne risque pas d'être réglé...

Astuce n°15 : être imaginatif

autres tricheries :

	Au golf, les joueurs s'arbitrent eux-mêmes.

Le golf est un sport où les fondements sont l'auto-arbitrage et le fair-play. En 1985, le jeune Ecossais David Robertson dispute les qualifications d'un tournoi dans le Kent. Après 14 trous, les golfeurs qui jouent avec lui se plaignent auprès d'un officiel, arguant que Robertson n'a pas replacé correctement sa balle sur le parcours après un coup. Après une longue discussion, l'Ecossais est disqualifié. Le joueur arrivait en effet en premier sur le green et faisait semblant de marquer sa balle. En fait, il la rapprochait plus près du trou. Finalement, il dut payer une amende de 20 000 £ et fut interdit de participation au PGA European Tour pendant 20 ans.

En 1984, l'écurie automobile Tyrrell est exclue du Championnat du monde de F1 : elle faisait partir ses voitures en-dessous du poids légal, puis les lestait en fin de course avec des billes de plomb injectées dans le réservoir lors d'un simulacre de ravitaillement en eau du système de freinage. Les monoplaces passaient ainsi sans problème le contrôle technique d'après-course.

JO de Münich 1972 : les Etats-Unis affrontent les Soviétiques en finale du tournoi de basket. Alors qu'ils mènent 50-49 à 3 secondes de la fin du match, les arbitres remettent 3 secondes au chronomètre, permettant ainsi à l'équipe soviétique de marquer un panier et de remporter la médaille d'or. Les joueurs américains refusent de recevoir leur médaille d'argent. A noter toutefois : si les Américains s'estiment volés, il existe une grosse controverse sur l'octroi des 3 secondes en question. Journaliste au Los Angeles Times, Randy Harvey écrit alors : "Les arbitres ont dû ré-ajuster le compteur, et les Soviétiques ont donc eu une nouvelle chance. Les Américains ont pensé que c'était tricher, alors qu'en fait ce n'était sans doute pas le cas."