Sport > Tennis > Colères au tennis

Coups de sang sur le court

Mikhail Youzhny n'a pas supporté la perte d'un point à sa portée.

Un joueur énervé qui monte en tribunes pour se battre, un autre qui arrache le micro de l'arbitre, un troisième qui se retrouve sans raquette après les avoir toutes cassées... Sur un court de tennis, les esprits s'échauffent souvent !

Mikhail Youzhny s'ouvre le crâne
Il y a les joueurs qui, quand ils manquent un tir facile, s'en prennent à l'arbitre, à l'adversaire, aux spectateurs bruyants ou aux journalistes peu discrets. Mais il existe une autre catégorie : ceux qui se maudissent et s'en prennent à eux-même. Mikhail Youzhny appartient à cette seconde famille.

La scène se passe en mars 2008, lors du 3e tour du Masters Series de Miami. Le Russe, 11e au classement ATP, affronte Nicolas Almagro, 25e joueur mondial. Dans la dernière manche, décisive, Youzhny a l'occasion de revenir à 5-5. L'Espagnol, au service, fait durer l'échange. Vingt coups sont échangés avant que Youzhny, manquant de lucidité, envoie la balle dans le filet.

Furieux contre lui-même, le Moscovite se donne trois violents coups de raquette successifs sur le crâne. Seulement voilà, le sang commence à couler abondamment sur son visage. Il est obligé de faire appel au médecin pour se soigner avant de reprendre la partie (qu'il gagnera au tie-break).

Serena Williams menace la juge

Serena Williams s'est faite pénaliser pour une faute de pied au service.

10 000 $ d'amende (le maximum) + un point de pénalité qui lui fait perdre le match : la grosse colère piquée par Serena Williams en demi-finale du dernier US Open lui a coûté très cher...

Rappel des faits : nous sommes à 6-4, 6-5 à l'avantage de Kim Clijsters, qui mène 15-30 sur le service de Williams. Sur son second service, l'Américaine commet une faute de pied qui lui coûte le point. 15-40. Serena Williams, furieuse, se rue sur la juge de ligne qui a fait l'annonce pour l'intimider. Ou l'insulter, comme l'explique la concernée, qui affirme avoir été menacée de mort par l'actuelle n°1 mondiale.

L'arbitre principale, qui ne peut laisser passer l'outrage, inflige alors un point de pénalité à la fautive. Un point perdu synonyme de défaite pour l'Américaine.

Une sanction lourde ?
Ce qui peut paraître énorme pour nous (10 000 $ + 500 $ d'amende pour avoir cassé sa raquette dans le 1er set) ne reste qu'une bagatelle pour celle qui a battu le record de gains en une carrière, avec plus de 28 millions de dollars (dont 6,5 en 2009).

Un temps, il a été question d'une suspension à l'Open d'Australie, en janvier prochain. Mais l'opération "Sauvez Williams", menée par le président de la Fédération internationale, semble fonctionner : la n°1 mondiale n'est plus inquiétée à l'heure actuelle.

Marc Gicquel monte en tribunes

Marc Gicquel s'en est pris à des spectateurs trop expressifs.

Les joueurs et joueuses de tennis se montrent souvent agacés au moindre bruit. Les spectateurs agités subissent même parfois la foudre des champions. Peut-être vous souvenez-vous de la colère de Novak Djokovic, en 2008 à l'Open d'Australie ? A plusieurs reprises, le Serbe avait invectivé le public de Melbourne, trop dissipé à son goût.

Marc Gicquel, lui, ne s'est pas contenté de provoquer l'assistance par le verbe. Lors du tournoi de Barcelone en 2009, il est carrément monté dans les tribunes pour se battre avec deux supporters de son adversaire, Alberto Martin, natif de la ville catalane !

Heureusement, le joueur s'est fait raisonner (et retenir physiquement, surtout) par Guillaume Peyre, un entraîneur français présent en tribunes ce 20 avril 2009. Marc Gicquel a ensuite repris la partie, mais il n'a pas réussi à renverser la vapeur : 53e joueur mondial, il s'est incliné en deux sets (3-6, 4-6) face à un modeste joueur classé au-delà du top 100.

Roger Federer voit rouge à l'US Open

Il arrive que Roger Federer sorte lui aussi de ses gonds.

Avant que Roger Federer ne devienne le maître de sa discipline, le Suisse était perçu dans le mileu comme un joueur impatient, voire nerveux. Difficile aujourd'hui d'imaginer Federer dans de telles dispositions, et pourtant...

Il est arrivé que le n°1 mondial retombe dans ses travers de jeunesse. Très rares, ces accès de fièvre en sont d'autant remarqués et commentés.

1re alerte, en avril 2009 : face à Novak Djokovic, en demi-finale du Masters de Miami. Lors du 3e set, alors qu'il glissait dangeureusement vers l'élimination, Federer perd un point sur une énième faute de main. Hors de lui, le Suisse explose sa raquette de rage.

2e coup de sang, six mois plus tard : contre Juan Martin Del Potro, en finale de l'US Open. Agacé par une décision de l'arbitre, qui accorde à son adversaire le droit d'utiliser un "challenge" (le recours à la vidéo), Federer perd ses nerfs : "Je n'ai pas eu le droit de challenger après 2 secondes. Lui, il le fait après 10 (...) Ne me demandez pas d'être calme, d'accord. Quand j'ai envie de parler, je parle. Je n'en ai rien à f*** de ce qu'il a dit". Le Suisse écopera d'une amende de 1 500 $ pour cet incident.

Goran Ivanisevic casse toutes ses raquettes

Goran Ivanisevic lors du tournoi AFAS Tennis Classics de 2008.

La saison 2000 n'est qu'un enchaînement de revers pour Goran Ivanisevic, ancien n°2 mondial. Quand il débarque au tournoi de Brighton (Angleterre), fin novembre, le Croate occupe la 136e place du classement ATP. Miné par une blessure récurrente à une épaule, il vient de subir 9 éliminations successives au 1er tour des tournois auxquels il a participé.

Petit événement : après six mois désastreux, Ivanisevic parvient enfin à passer le 1er tour, en venant à bout de l'Italien Gianluca Pozzi. Au tour suivant, il affronte le Coréen Hyung-Taik Lee, 99e joueur mondial.

Le premier set est perdu de justesse (5-7). Dans le deuxième, Ivanisevic se ressaisit : il remporte la manche in extremis, au tie-break (7-6). Pour autant, le Croate ne retrouve pas ses sensations. Il ne remporte que la moitié de ses 2e services, une statistique effrayante.

A 1-3 en sa défaveur, Ivanisevic craque et jette sa raquette par terre. La nouvelle sanction que lui inflige l'arbitre cache une autre conséquence, encore plus dramatique : le joueur croate n'a plus assez de raquettes pour jouer, il les a toutes cassées ! Conséquence : l'arbitre donne la victoire au Coréen, pour "faute de matériel approprié".

Au fond du trou, Goran Ivanisevic songe un temps à prendre sa retraite à l'issue du tournoi, le dernier de la saison. Pourtant, il s'accrochera et, huit mois plus tard, invité par les organisateurs, il s'imposera à Wimbledon

John McEnroe choque tout Wimbledon

John McEnroe joue son propre rôle dans le film "La plus belle victoire".

Si l'Américain se faisait surnommer McBrat (Mac le voyou), ce n'est pas un hasard. Aussi génial que provocateur, John McEnroe a autant usé les nerfs de ses adversaires que ceux... des arbitres.

Au début des années 90, le New Yorkais se taille une réputation de "bad boy" après quelques coups de sang mémorables. A l'Open d'Australie, en 1990, il est disqualifié au 4e tour après avoir reçu 3 avertissements : un pour avoir intimidé un juge de ligne (posté devant lui, il exécute une série de jongles en tapant la balle sous le nez de celui-ci), un autre pour avoir jeté sa raquette, et un dernier pour avoir insulté l'arbitre de chaise.

L'année suivante, John McEnroe choque le monde policé de Wimbledon, injectivant l'arbitre avec un désormais mythique "You can not be serious. The ball is on the line !" Vainqueur du tournoi, alors qu'il a manqué de se faire exclure au 1er tour, l'Américain n'a en revanche pas eu le droit d'obtenir "l'honorary club membership", pourtant traditionnellement offert à tout joueur remportant Wimbledon pour la première fois.

"Je culpabilisais ensuite"
Dans un entretien accordé à L'Express, en 2003, McEnroe regrettait ses excès... tout en les justifiant : "Chaque fois que je pétais un plomb sur un court, je culpabilisais ensuite (...) Je cherchais à me faire expulser mais personne n'osait prendre cette décision. Si on me renvoyait chez moi, tout le monde perdait de l'argent".

Jeff Tarango se fait la malle

Il est rare de voir un joueur abandonner à cause de l'arbitre.

Bon joueur en double, Jeff Tarango n'a jamais brillé en simple. Son meilleur classement, obtenu en novembre 1992, l'avait mené à la 42e place mondiale. Pourtant, vous avez peut-être déjà entendu parler de lui.

En 1995, lors d'un match comptant pour le 3e tour de Wimbledon, le Californien rentre dans une colère noire au deuxième set, alors qu'il est mené 6-7, 1-3. Persuadé d'avoir réussi son 5e ace de la partie, l'Américain explose après que le juge de ligne l'ait annoncé faute.

Les spectateurs se rangent du côté de l'arbitre et siffle Tarango, qui les insulte en retour ("fermez-la !") Résultat : Bruno Rebeuh, l'arbitre de chaise, le punit d'un point de pénalité. C'en est trop pour l'Américain, qui s'approche de l'officiel et lui hurle : "Vous êtes l'arbitre le plus corrompu que je connaisse, vous ne pouvez pas faire ça". Tarango, qui récolte un nouveau point de pénalité, prend alors son sac et quitte le court...

L'incident se poursuivra en dehors du terrain. Benedicte, la femme du joueur, mettra deux claques à Rebeuh pour venger son mari ! Puni par une amende de 63 000 $, Jeff Tarango sera suspendu pendant deux tournois du Grand Chelem.

Andre Agassi crache face aux caméras

Andre Agassi à Roland Garros en mai 2003.

En 1990, le jeune Andre Agassi (20 ans) arrive à l'US Open dans la peau de n°4 mondial. Récent finaliste de Roland Garros, le Texan perd pourtant ses nerfs dès le 2e tour.

L'incident a lieu au cours du match qui l'oppose à Petr Korda. Agacé par l'arbitre australien Wayne McKewan, qui accorde un point litigieux au Tchèque, Andre Agassi lâche un gros mot audible par tout le public. McKewan lui inflige alors une pénalité.

Colère de l'Américain, qui insulte alors directement l'arbitre (par respect pour sa mère, nous tairons le juron...) Inarrêtable, Agassi crache - discrètement, pense-t-il - dans la direction de McKewan. Pas malin, il niera les faits malgré la présence de nombreuses caméras de télévision, qui confirment l'agression. Ce jour-là, Agassi écopera d'une amende de 500 $ pour l'insulte et d'une autre de 2 500 $ pour le crachat.

Agassi, multi-récidiviste
2e tour de Roland Garros, 1994 : nouvelle insulte qui vaut une pénalité à Agassi. L'Américain est à deux doigts de se faire exclure du tournoi par l'arbitre, Bruno Rebeuh.

2e tour du tournoi d'Indianapolis, 1996 : ça y est, Agassi rejoint le club très fermé des joueurs exclus d'un tournoi de l'ATP, après avoir violemment pris à partie l'arbitre de chaise

Jimmy Connors insulte l'arbitre

Jimmy Connors jouant en 1983 lors du Stella Artois Championships au Queen's Club.

C'est assurément une des plus grandes colères qui aient jamais éclaté sur un court de tennis. Cela se passe à la fin de l'été 1991 sur le court principal de Flushing Meadows. Jimmy Connors affronte son compatriote Aaron Krickstein au 4e tour de l'US Open (tournoi qu'il a déjà remporté 5 fois).

Au 2e set, les deux hommes disputent un tie-break très serré. Le score est de 7 partout quand Jimmy Connors manque une volée facile. L'arbitre, qui l'annonce d'abord bonne, se déjuge et remet la balle à jouer. "Jimbo" entre alors dans une colère noire et s'emporte contre l'officiel, David Littlefield. "Kiss me before you *** with me, you sonovabitch", hurle-t-il à la face de Littlefield. "Get out of the chair. You're a bum. Get your ass down here (Descend de cette chaise. Tu es un incapable. Descend tes fesses de cette chaise)".

Plus tard dans la partie, Connors sort à nouveau de ses gonds alors qu'une de ses frappes est annoncée faute. Le malheureux Littlefield se fait une nouvelle fois copieusement insulter. "Don't give me that crap. You're an abortion". Traiter un arbitre de fœtus avorté (abortion signifie littéralement avortement) n'a rien coûté à Jimmy Connors, ni pénalité, ni amende.

Ilie Nastase refuse de jouer

Des bagarres ont éclaté dans les tribunes pendant le match Nastase-McEnroe.

Lors de l'édition 1979 de l'US Open, Ilie Nastase et John McEnroe se livrent une véritable guerre psychologique. Le premier conteste toutes les décisions arbitrales litigieuses, le second prend le maximum de temps avant chaque service.

Sur une énième contestation, l'arbitre inflige un jeu de pénalité au Roumain. Les spectateurs, partagés entre pro et anti-Nastase, deviennent hystériques ; ils se battent dans les gradins, jettent des détritus sur le court. Pour calmer les esprits, l'arbitre abandonne sa sanction.

Mais Nastase, en colère, refuse de reprendre le jeu. Après une minute d'attente, l'arbitre le disqualifie et annonce "jeu, set et match McEnroe". Le directeur du tournoi se mêle alors à l'affaire. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il annule la décision de l'arbitre de chaise et impose aux deux joueurs de reprendre le match, qui se termine dans la confusion et par une victoire de l'Américain.

Ce jour-là, Ilie Nastase n'a peut-être jamais autant mérité son surnom de "Nasty Nastase" (nasty signifie méchant en anglais).

Tim Henman et la ramasseuse de balle

Les ramasseurs de balle sont exposés à la colère des joueurs.

En 1995, Tim Henman est entré dans les annales de Wimbledon de manière bien involontaire : cette année-là, il est devenu le premier joueur de tennis à être exclu du prestigieux tournoi londonien.

Rappel des faits : nous sommes le 26 mai 1995 en fin de journée. Plus tôt dans l'après-midi, Henman s'est fait sortir de la compétition par Pete Sampras, après avoir bataillé 2 heures sur le Court central. Le Britannique poursuit néanmoins le tournoi en double.

Dans le 4e set, Tim Henman et son compatriote Jeremy Bates se rapprochent de la victoire : le score est de 6 partout, il leur suffit de remporter le tie-break. Pourtant, Henman craque mentalement après avoir commis une faute. De rage, il frappe fort dans une balle... qui vient heurter de plein fouet la tête d'une jeune ramasseuse, Caroline Hall.

Alan Mills, le superviseur du tournoi de Wimbledon, n'a d'autre choix que d'exclure le jeune "Tiger" Henman, 20 ans seulement.

Marat Safin baisse son short

Marat Safin est connu pour avoir un caractère bien trempé.

Marat Safin, c'est un CV garni de 15 titres individuels (dont un US Open et un Open d'Australie), 12 finales et une place de n°1 mondial conquise au tournant des années 2000-01.

Mais Marat Safin, c'est aussi une carrière faite de coups de sang et... de 600 raquettes cassées, de l'aveu même du néo-retraité ! A hauteur de 500 $ l'amende, la facture s'élève donc à environ 300 000 $ sur l'ensemble de son œuvre. Rassurez-vous pour lui, il a tout de même empoché plus de 14 millions de dollars en gains de tournois...

Parmi tous ses accès de colère, celui déclenché le 28 mai 2004 sur le court de Roland Garros a fait date. Au terme d'un échange magnifique, conclu au filet par le Russe, celui-ci, exténué par les courses à répétition, baisse son short. Pourquoi ? Lui seul le sait. Toujours est-il que l'arbitre de chaise lui inflige un point de pénalité. Sa débauche d'énergie n'aura donc servi à rien.

Furieux, le n°20 mondial hurle depuis le fond du court puis vient exprimer sa colère aux pieds de l'arbitre central. Finalement, la pénalité lui sera retirée et il gagnera le match en 5 sets et 4h37 de jeu (6-4, 2-6, 6-2, 6-7, 11-9). Néanmois, il écopera d'une amende de 500 $ pour avoir cassé sa raquette, plus tôt dans le match !

Pancho Gonzales arrache un micro

Hors de lui, Richard "Poncho" Gonzales avait arraché le micro de l'arbitre.

Richard "Pancho" Gonzales était un des meilleurs joueurs de tennis des années 1960-70. Joueur professionnel, il a remporté une fois l'US Championship (l'ancêtre de l'US Open), ainsi que Wimbledon et Roland Garros en double.

Réputé pour sa fougue, l'Américain a fait beaucoup parler de lui. Un jour de match, Pancho Gonzales, mécontent que l'arbitre de chaise lui refuse un point, lui avait arraché son micro ! Lors d'une autre rencontre, vexé, il avait brisé une horloge qui se trouvait en tribunes, en dégageant, de rage, une balle. Des photographes, également, ont souvent été pris pour cible par le bouillonnant Gonzales.

Ses adversaires, eux, ne craignaient qu'une chose, c'est qu'il ne se mette en colère. Explications de Rod Laver : "On espérait tous qu'il ne soit pas contrarié ; car sinon, il devenait encore meilleur".

Le comeback de 1969
Cette année-là, Pancho Gonzales fait un retour sur le circuit, à 41 ans. Au 1er tour de Wimbledon, face au jeune Charles Pasarell (25 ans), il jette sa raquette contre la chaise de l'arbitre car celui-ci refuse d'arrêter le match malgré la tombée de la nuit. Le public de Londres siffle l'Américain, qui y gagne en motivation. Le lendemain, il remporte la partie : 22-24, 1-6, 16-14, 6-3, 11-9. C'est encore à ce jour le match le plus long de l'histoire de Wimbledon (5h12).

Martina Hingis craque à Roland Garros

Martina Hingis au Warsaw Open de Pologne en 2006.

La finale 1999 de Roland Garros oppose l'étoile montante du tennis, Martina Hingis (triple vainqueur de l'Open d'Australie), à la multi-titrée Steffi Graf, dont c'est la dernière participation à Paris. La partie semble bien engagée pour la jeune Suisse, qui a remporté le premier set (6-4) et mène dans le deuxième, 2-0.

Pourtant, sur un échange anodin (Graf mène alors 15-0 dans le 3e jeu), Martina Hingis s'agace après qu'une juge de ligne ait annoncé sa balle fausse. Persuadée d'être dans son bon droit, elle fait pression sur l'arbitre de chaise pour que celle-ci aille vérifier la marque. Malheureusement pour Hingis, la décision de l'assistante est confirmée.

La Suisse ne veut rien savoir. Sous les sifflets du public parisien, et sous le regard incrédule des officiels, Hingis passe de l'autre côté du filet et s'en va juger par elle-même. Cet écart de conduite, interdit par le règlement, lui vaut de recevoir une pénalité.

Dès lors, les spectateurs de la porte d'Auteuil se rangeront définitivement derrière Steffi Graf. Martina Hingis se fera huer à chacune de ses contestations et craquera mentalement : après avoir mené 5-4 dans le deuxième set, elle se fera remonter (5-7) avant de s'effondrer dans la dernière manche (2-6).

Eliot Teltscher bouscule l'arbitre

Une fois encore, l'arbitre de chaise est impliqué dans l'incident.

Nous sommes le 25 mai 1981 à Roland Garros. Le 1er tour met aux prises Eliot Teltscher, un jeune Américain de 22 ans (classé 10e mondial), au vétéran Ilie Nastase, 34 ans, ancien n°1 mondial.

Dans le 3e set, le Roumain obtient une balle de match et la transforme. Seulement, Teltscher est persuadé que sa balle était bonne. Il s'en prend à l'arbitre, Patrick Flodrops, qui tente de le calmer.

L'histoire aurait pu en finir là... Mais Teltscher ne décolère pas et continue d'invectiver l'arbitre. Peu à peu, une douzaine de spectateurs envahit le court, créant une certaine confusion. Dans la cohue, Telscher bouscule Flodrops. Pire : il le retient par la cravate et l'insulte.

Pour se disculper, le perdant tente de se justifier en donnant une version différente lors de la conférence de presse d'après-match : "J'essayais simplement de me frayer un chemin à travers la foule pour quitter le court, explique-t-il aux journalistes. Je ne savais pas que l'homme que je poussais était l'arbitre". Pas physionomiste pour un sou, ce Teltscher !

Andy Roddick furieux en Australie

Andy Roddick s'en est pris violemment à l'arbitre de chaise lors de l'Open d'Australie 2008.

18 janvier 2008, 3e tour de l'Open d'Australie : Andy Roddick, trois fois demi-finaliste à Melbourne, affronte l'Allemand Philipp Kohlschreiber. Dans ce match à rallonge, qui durera 3h53, Roddick est anormalement nerveux.

Dans le 4e set, à 4-3 en sa faveur, l'Américain va se plaindre auprès de l'arbitre du bruit causé par les supporters allemands. Trois jeux plus tard, Roddick devient furieux contre l'arbitre. Pendant près d'une minute, il refuse de reprendre le jeu et nargue l'arbitre : "Je vais parler très lentement pour que vous puissiez me comprendre", dit-il avec mépris. L'objet de sa colère : l'arbitre a accordé un point d'abord jugé faute à Kohlschreiber, après utilisation de la vidéo. Ce point était synonyme d'égalisation à 5-5 pour le joueur allemand.

Roddick ne décolère pas et s'en prend alors au public, qui le siffle et le hue constamment. Malgré l'obtention du 4e set, il perdra la dernière manche 8-6, et donc le match... ainsi qu'une raquette, qui fera les frais de sa frustration.